/ 132
77. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Qu’il expose ses preuves dans l’ordre le plus logique et le plus serré, en appuyant chaque raison principale de preuves secondaires ; qu’il unisse ses arguments par des transitions naturelles, fortes soudures qui ne laissent pas la moindre prise à la contradiction ; qu’il concentre toutes ses preuves dans la péroraison ; qu’il s’oublie surtout pour ne laisser parler que sa cause : chaque développement, dans une œuvre ainsi conçue, répandra sur l’ensemble une lumière nouvelle et ajoutera à l’évidence ; les raisons, poussées l’une par l’autre, comme le flot par le flot, entreront de gré ou de force dans l’intelligence des auditeurs : l’esprit ébranlé entraînera le cœur à son tour, le triomphe de l’éloquence sera complet. […] — C’est qu’il avertissait ses auditeurs que, le dimanche suivant, il prêcherait sur la pénitence. » Evitez ces deux excès. […] Calme et modérée à l’exorde, la voix a des notes discrètes et des modulations caressantes ; souple et variée dans la narration, elle prend tous les tons des scènes qu’elle expose et des personnages qu’elle fait parler ou agir : arrivée à la discussion des preuves, elle devient aiguë et pénétrante ; elle imprime, comme avec une pointe acérée, la vérité dans l’âme des auditeurs ; veut-elle remuer les passions, tantôt elle s’attendrit et se trempe de larmes, tantôt elle gronde, éclate et se précipite.

/ 132