Il se peut que je ne puisse, avec le peu d’art que je possède, découvrir la fausseté de ses principes et démontrer ce qu’ils ont d’odieux ; mais je n’en serai pas moins certain qu’il choque, en parlant, la nature, la vraisemblance et la raison, qui sont les fondements de toutes les règles, et ma définition seule l’exclura du rang des bons rhéteurs. […] Ainsi, l’orateur qui me parlera des douceurs du crime et des fadeurs de la vertu corrompra son art, au lieu de l’améliorer ; il sera indigne du titre qu’il prend, du beau nom d’orateur. […] Voila le langage de Quintilien, qui envisageait surtout la rhétorique comme art de bien parler. […] Malheureusement l’art de bien penser n’est point encore fait. Si votre pensée est vraie, si elle est sage, on la recevra avec respect, comme tout ce qui est beau et bon, même lorsque vous l’exprimerez sans art ; c’est déjà quelque chose ; mais elle instruira, elle plaira, elle touchera, si vous avez suivi, en l’exposant, les préceptes de la Rhétorique, et votre triomphe sera plus complet.