Ce grand contraste offrait un tableau qui appartenait de droit à la poésie ; aussi est-ce dans le rapprochement de mœurs et de temps si contraires que brille surtout le talent du poète, quoiqu’il s’en faille de beaucoup encore que la diction de M. de La Harpe soit ici à la hauteur d’un pareil sujet. […] Mais elle manque, ainsi que sa poésie, de nerf et de chaleur ; elle est froide, parce qu’il entrait dans la manière de l’auteur d’aimer à disserter, et de disserter longuement ; elle est sèche, parce que le ton et le style didactiques étaient naturels à M. de La Harpe ; de là ces lieux communs que l’on rencontre si fréquemment dans ses discours académiques, et qui n’appartiennent pas plus au style qu’au genre oratoire. […] Les défauts cependant, ainsi que les beautés, appartiennent dans M. de Chateaubriand à une seule et même cause, qui me paraît avoir échappé aux critiques qui m’ont précédé.