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39. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

je ne suis pas un de vos anciens maîtres Qui vient redemander le toit de ses ancêtres2 ; Je ne suis pas un fils trente ans déshérité Qui rentre dans le lieu par sa race habité ; Je ne réclame pas le château de mes pères. […] qui fut la mienne, Me nomme chaque tour dont elle est gardienne, Me montre ces débris, pour moi si familiers, La salle et l’écusson des anciens chevaliers, La pierre qui, du haut des pentes ruinées, Paraît prête à tomber depuis quarante années ; Le manteau du foyer qui, de lierres tendu, Dans l’air, comme un balcon, demeure suspendu, Et, près du mur croulant où pendent quelques treilles, Le jardin où jadis bourdonnaient mes abeilles. […] Le cœur se reconnaît, Et l’homme tout entier quelques instants renaît, Soudain jeune, en voyant quelque pierre oubliée Où d’un ancien bonheur la mémoire est liée, Quelque nom, que sa main sur le hêtre a gravé, Et que mieux que son cœur l’écorce a conservé. […] Lebrun avait habité Tancarville, l’ancien manoir des Montmorency, lorsqu’il était receveur des finances en Normandie.

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