/ 243
64. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

Venez compter vos fils, vos amants et vos frères ; Venez sur ces débris disputer aux vautours L’espoir de vos vieux ans, le fruit de vos amours… Que de larmes sans fin sur eux vont se répandre ! […] rentrer tout seul dans sa maison déserte, Sans voir à votre approche une fenêtre ouverte, Sans qu’en apercevant son toit à l’horizon On dise : « Mon retour réjouit ma maison ; Une sœur, des amis, une femme, une mère, Comptent de loin les pas qui me restent à faire ; Et dans quelques moments, émus de mon retour, Ces murs s’animeront pour m’abriter d’amour !  […] mon pauvre Fido, quand, tes yeux sur les miens, Le silence comprend nos muets entretiens ; Quand, au bord de mon lit épiant si je veille, Un seul souffle inégal de mon sein te réveille ; Que, lisant ma tristesse en mes yeux obscurcis, Dans les plis de mon front tu cherches mes soucis, Et que, pour la distraire attirant ma pensée, Tu mords plus tendrement ma main vers toi baissée ; Que, comme un clair miroir, ma joie ou mon chagrin Rend ton œil fraternel inquiet ou serein, Révèle en toi le cœur avec tant d’évidence, Et que l’amour dépasse encor l’intelligence ; Non, tu n’es pas du cœur la vaine illusion, Du sentiment humain une dérision, Un corps organisé qu’anime une caresse, Automate trompeur de vie et de tendresse2 ! […] Je lis ailleurs dans M. de Lamartine :   « Voilà le toit que ma mère appelait avec tant d’amour sa Jérusalem, sa maison de paix !

/ 243