L’enthousiasme et le malheur Si l’enthousiasme enivre l’âme de bonheur, par un prestige singulier il soutient encore dans l’infortune ; il laisse après lui je ne sais quelle trace lumineuse et profonde qui ne permet pas même à l’absence de nous effacer du cœur de nos amis. […] Je me sens un obstacle à tout bien pour mes enfants et pour mes amis. […] Les deux plus intimes amis de madame de Staël, Mathieu de Montmorency et madame Récamier, venaient d’être successivement exilés pour avoir éveillé les défiances d’un pouvoir absolu par une visite à la châtelaine de Coppet. […] Parmi mes amis, il en est qui se sont associés à mon sort avec une admirable générosité ; mais j’ai vu les sentiments les plus intimes se briser contre la nécessité de vivre avec moi dans la solitude, et j’ai passé ma vie depuis huit ans entre la crainte de ne pas obtenir des sacrifices et la douleur d’en être l’objet. »