Rousseau aucun de ses mérites, sans refuser de le reconnaître pour le disciple le plus habilement fidèle de Racine et de Boileau, on ne saurait lui accorder la gloire du génie lyrique. « Il a parfois, dit Sainte-Beuve, le labeur heureux, mais il ne charme pas, il ne ravit jamais. » Les Odes de Houdar de Lamotte sont froides et sèches, comme méritait de les faire celui qui a dit d’Homère ce que l’on sait. […] Henry, on passe à ceux du dix-huitième, on serait tenté de croire que le génie même de Racine a porté malheur à la tragédie. […] Tel est le caractère commun que présentent, dans la diversité de leur génie et de leurs œuvres, les poètes dramatiques, depuis la mort de Racine jusqu’à la Révolution17. » Voltaire seul se montra capable de soutenir, sans trop fléchir, le lourd héritage que Corneille et Racine transmettaient au dix-huitième siècle ; et, dans l’étude de son théâtre, il conviendra de relever, d’une part, ses efforts heureux pour animer la scène, intéresser les yeux à l’action, varier et étendre la matière du drame ; d’autre part, comment ses préoccupations philosophiques ont altéré, dans plusieurs de ses pièces, la vérité humaine et historique. […] Ce fut aussi pendant ces années actives qu’il écrivit son traité sur le Libre Arbitre et une lettre critique sur Corneille et Racine, qui amena entre Voltaire et Vauvenargues des relations d’un caractère bientôt affectueux.