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25. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIII. du corps de l’ouvrage. — argumentation, confirmation, réfutation  » pp. 175-188

Cicéron, au deuxième livre de l’Orateur, donne sur le choix des preuves d’excellents préceptes. […] Que son syllogisme dérive le plus souvent à l’épichérème de Cicéron ou à l’enthymème de Démosthène ; que la majeure ne soit pas invariablemen suivie de la mineure, et de concert avec elle n’amène pas invariablement la conclusion ; qu’il supprime certains membres de l’argumentation faciles à suppléer, ou que, en les développant, il en intervertisse l’ordre normal. […] Bien que les plus grands orateurs et les plus grands capitaines n’aient pas dédaigné la théorie, ce n’est pourtant pas précisément pour les Mirabeau qu’ont écrit Cicéron et Quintilien, non plus que Végèce et Folard pour les Napoléon. […] « Comme vous ne pouvez, dit Cicéron, réfuter les objections de la partie adverse, sans confirmer vos arguments, ni confirmer ceux-ci, sans réfuter celles-là, ces deux parties du discours s’unissent par leur nature, leur but, et la manière dont on les traite. » La réfutation est sérieuse ou ironique : sérieuse, elle repousse les principes de l’adversaire ou les conséquences qu’il en a tirées, elle lui démontre qu’il a manqué de raison ou de logique ; ironique, elle tourne en ridicule ses idées ou sa personne. […] Socrate et Cicéron la prirent sous leur patronage ; mais ce mode de réfutation appartient surtout aux Français, et ressort, dès l’origine, du génie de la nation.

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