Ils parlent des agitations du forum, des événements qui occupent l’attention publique, et, par une pente insensible, arrivent à discuter de l’éloquence. […] Une fois l’action engagée, vous ne vous possédez plus, vous n’êtes plus à vous, vous êtes tout à la scène, aux personnages, aux événements ; vous oubliez que dans le spectacle que vous avez devant les yeux tout est joué, rien n’est réel, que ces personnages sont des acteurs, que ces événements sont imaginaires, que cette forêt est de carton, que ce soleil est un lustre. […] Mais voilà qu’arrivé à la péroraison, l’avocat s’avise de tirer du fond de son sac oratoire ce splendide développement : « Regardez, juges, la misère de la condition humaine ; regardez l’inconstance et la mobilité des événements ; regardez la vieillesse de Fabricius ; regardez… » Comme il disait : « Regardez ! […] Il prouvera ensuite que le seul moyen d’arriver au bonheur relatif réservé à notre condition mortelle, c’est de borner ses désirs, de lutter contre soi-même et de se mettre au-dessus des événements.