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64. (1854) Éléments de rhétorique française

Nous plantons un arbre dont le sommet s’élèvera jusqu’au soleil, dont les branches s’étendront au loin, et seront vues à une grande distance. […] La prose française gardait, sous le burin de Montesquieu, la précision, la vigueur, la pureté du trait et l’éclat des images de Pascal ; elle s’élevait, avec Buffon, à cette magnificence de paroles qui est l’éloquence sans la passion ; elle était, dans Rousseau, tour à tour sévère et didactique, ou véhémente et colorée. […] La réfutation se lie naturellement à la confirmation ; car une vérité n’est établie que lorsque les objections qui s’élevaient contre elles ont été détruites. […] Après la physionomie et le regard, viennent les attitudes et les mouvements du corps : « Que l’attitude de l’orateur soit noble et simple ; que sa tête soit droite et dans son assiette naturelle, à moins que, pour exprimer les différentes affections, il ne soit nécessaire de l’élever, de la tourner ou de l’incliner. » (Quintilien.) […] Il faut surtout qu’ils nourrissent leur âme de croyances religieuses : qu’ils s’élèvent jusqu’à l’idée d’un être immatériel, immuable, infini ; qu’ils méditent sur cette source éternelle de beauté, de justice, d’amour et d’intelligence ; sur cette cause suprême qui a créé la lumière, la raison des sages, l’âme des héros et le cœur des mères.

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