Il n’est pas possible, dit Cicéron34, que celui qui écoute, se porte à la douleur, à la haine, à l’envie, à la crainte, aux pleurs, à la pitié, si l’orateur ne se montre touché des sentiments qu’il veut inspirer aux autres. […] Que reste-t-il ensuite à l’art de la composition, sinon qu’il faut, 1º commencer par un exorde qui nous concilie la bienveillance des auditeurs, qui les rende attentifs, et qui les dispose à nous écouter favorablement ; 2º exposer le fait d’une manière claire, si courte et si plausible, que l’on comprenne aisément l’état de la question ; 3º établir solidement ses moyens, et renverser ceux de l’adversaire, par des raisonnements concluants et placés avec ordre, de manière que l’on sente la liaison des conséquences avec les principes ; 4º terminer le discours par une péroraison, qui puisse allumer ou éteindre les passions, selon le besoin. […] Il faut alors qu’il s’exprime simplement, pour s’insinuer avec art dans l’esprit de ceux qui l’écoutent. […] Éloignés de leurs amis par tant de terres et par tant de mers, dans un pays où l’on ne pouvait les entendre, où l’on ne voulait pas même les écouter, ils eurent recours à M. de Lamoignon, comme à un homme incorruptible, qui prendrait le parti des faibles contre les puissants, et qui débrouillerait ce chaos d’incidents et de procédures, dont on avait enveloppé leur cause.