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103. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Si le prophète dit, par exemple : Qui sedes super Cherubim, vous qui êtes assis sur les Chérubins , l’âme du poète traducteur s’échauffe, son imagination s’enflamme, et il dira : Toi dont l’aile des Chérubins Soutient le trône inébranlable. […] Comme ce début grave et solennel s’empare d’abord de l’attention, et répand dans l’âme je ne sais quelle religieuse terreur qui la prépare à quelque chose d’extraordinaire ! […] Dans leurs liens ils se replacent, Les nerfs croissent et s’entrelacent, Le sang inonde ses canaux ; La chair renaît et se colore : L’âme seule manquait encore À ces habitants des tombeaux. […] Il ne se borne point à nous la représenter comme le guide fidèle de l’homme sur la terre, la dispensatrice des honneurs, des richesses, de la vraie félicité : il nous montre en elle l’élève, la compagne chérie du créateur tout-puissant, l’âme de tous ses conseils et de ses prodigieux travaux. […] Comme il n’y a point de figure qui caractérise mieux que la prosopopée cet état d’exaltation de l’âme, où tout ce qui lui échappe est nécessairement sublime, il n’en est point qui soit plus familière aux poètes inspirés, qui se place plus naturellement sous leur plume, et dont ils tirent un parti plus brillant.

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