Racan.
(1589-1670.)
[Notice]
Quoiqu’il fût le disciple, et même le disciple chéri de Malherbe Racan fut très-loin
de lui ressembler. Il n’est pas rare que des humeurs fort diverses se rapprochent et
que leurs dissemblances soient comme des liens qui les unissent1. Par la facilité et le charme
naïf, Racan, né en 1589 à la Roche-Racan, en Touraine, page dès sa plus tendre
jeunesse et qui porta les armes beaucoup d’années2, se
rattachait à Marot. Mais la discipline de Malherbe lui fut fort utile : en le
contraignant à s’observer un peu, elle nous valut quelques belles pièces qui ont fait
vivre son nom. Il a surtout réussi en chantant, comme le dit l’Art
poétique, « Philis, les bergers et les bois »
. Devancier de la
Fontaine, il a trouvé d’heureux accents pour exprimer le charme de la solitude3. Son style, élégant et nombreux, malgré ses négligences
et ses incorrections trop fréquentes, a cette mollesse gracieuse et cette mélancolie
douce qui conviennent au genre de la pastorale, dont Racan est demeuré l’un des
modèles. Il a rencontré aussi parfois des inspirations élevées et généreuses : ses
odes et même ses psaumes, rarement soutenus dans leur ensemble, offrent du moins des
strophes très-remarquables4.
Psaume sur la puissance de Dieu1.
Les Bergeries1.
(Fragment.)
Acte I, Scène III.
Un vieillard reproche à sa fille le goût frivole qu’elle éprouve pour un jeune désœuvré, au lieu de consentir à prendre un époux sensé et laborieux.
Silène.
Arténice.
Silène.