(1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — NOTIONS PRÉLIMINAIRES. » pp. 264-266
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(1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — NOTIONS PRÉLIMINAIRES. » pp. 264-266

NOTIONS PRÉLIMINAIRES.

Les vers sont des assemblages de mots et de syllabes soumis à une mesure déterminée et disposés selon certaines règles.

Les syllabes qui entrent dans la composition des vers sont longues, ou brèves, ou communes 23.

Les syllabes longues se prononçent lentement ; elles se marquent ainsi : pāstōrēs.

Les syllabes brèves se prononcent rapidement ; elles se marquent ainsi : făcĭnŏră.

Les syllabes communes sont longues ou brèves à volonté ; elles se marquent ainsi : illĭus.

Remarque. — Il y a des syllabes brèves de leur nature qui deviennent longues par position ; ce qui arrive quand elles sont suivies de deux consonnes, l’une finale, l’autre initiale du mot suivant. Ainsi, a est bref dans ăt ego, mais il devient long dans ăt t pater, parce qu’il est suivi de deux consonnes. Ces sortes de syllabes se nomment douteuses.

La réunion de plusieurs syllabes brèves et longues forme ce qu’on appelle un pied.

On distingue six pieds principaux : les uns de deux syllabes, les autres de trois syllabes.

Les pieds de deux syllabes sont :

1° Le spondée, formé de deux longues, gēntēs.

2° L'iambe, formé d’une brève et d’une longue, dĭēs.

3° Le trochée, formé d’une longue et d’une brève, Rōmă.

Les pieds de trois syllabes sont :

1° Le dactyle, formé d’une longue et de deux brèves, cārmĭnă.

2° L'anapeste, formé de deux brèves et d’une longue, pĭĕtās.

3° Le tribraque, formé de trois brèves, făcĕrĕ.

Le dactyle et le spondée sont les pieds les plus usités.

On distingue, dans les pieds qui composent un vers, la césure et l’élision.

1°De la césure.

La césure (de cædere, couper) est une syllabe longue qui finit un mot et commence un pied.

Nōs pătrĭ | ǣ fī | nēs ēt | dūlcĭă | līnquĭmŭs | ārυă.

Dans ce vers, les syllabes ǣ et nēs sont des césures ; car 1° elles sont longues, 2° elles finissent un mot, 3° elles commencent un pied.

Un monosyllabe peut former une césure, quand il est étroitement lié au mot qui précède, tant pour le sens que pour la prononciation24.

Opprime | dum nova | sunt, subi | ti mala | semina | morbi. Ov.

Dans ce vers, le monosyllabe sunt forme une bonne césure.

Remarque. — Les enclitiques, ou particules ajoutées à la fin d’un mot, comme que, ve, ne, sont censées être la dernière syllabe du mot. Ainsi, il n’y a point de césure au cinquième pied du vers suivant25 :

Os homi | ni su | blime de | dit, cœ | lumque tu | eri.

2e De l’élision.

L'élision (de elidere, briser, détruire) est le retranchement ou la suppression d’une syllabe à la fin d’un mot.

L'élision a lieu quand un mot finit par une voyelle ou une diphthongue, ou un m, et que le mot suivant commence par une voyelle. Ainsi, au lieu de dire : Ille ego, antè alios, cœlicolæ omnes, illum etiam, etc. , on dira : Ill’ ego, ant’ alios, cœlicol’ omnes, ill’ etiam.

Exemples :

Ille ego qui quondam gracili modulatus avena.
Illum etiam lauri, illum etiam flevere myricæ.
Necdum etiam causæ irarum, sævique dolores…

Scandez :

Ill’ĕgŏ | quī quōn | dām grăcĭ | lī mŏdŭ | lātŭs ă | υēnā.
Ill’ĕtĭ | ām lāυr’ | īll’ ĕtĭ | ām flē | υērĕ m[ATTcaractere] | rīcǣ.
Nēcd’ ĕtĭ | ām cāus’ | īrā | rūm sǣ | υīquĕ dŏ | lōrēs.

Il faut excepter les interjections ah, o, heu, hei, pro, io, qui ne s’élident jamais.

O pătĕr | ō hŏmĭ | nūm dī | υūmq’ ǣ | tērnă pŏ | tētās.

La voyelle élidée se lit et s’écrit comme si elle ne l’était pas, mais sans aucun signe de quantité ; on ne la retranche qu’en scandant le vers.

Remarques. — 1° Il ne faut pas multiplier les élisions, elles nuiraient à l’harmonie du vers ; elles sont défectueuses au cinquième pied, et plus encore au sixième.

2° Il faut éviter, autant qu’on le peut, l’élision des monosyllabes, surtout au commencement du vers26.