(1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre VI. Sixième espèce de mots.  » pp. 38-40
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(1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre VI. Sixième espèce de mots.  » pp. 38-40

Chapitre VI.

Sixième espèce de mots.

Le participe.

84. — Le Participe est un mot qui tient du verbe et de l’adjectif, comme aimant, aimé : il tient du verbe, en ce qu’il en a la signification et le régime : aimant Dieu, aimé de Dieu ; il tient aussi de l’adjectif, en ce qu’il qualifie une personne ou une chose, c’est-à-dire qu’il en marque la qualité.

Accord des participes.

Participe présent.

Aimant, finissant, recevant, rendant.

 

85. — Règle. Le participe présent ne varie jamais, c’est-à-dire qu’il ne prend ni genre ni nombre.

EXEMPLES.

Un homme lisant. Une femme lisant.
Des hommes lisant. Des femmes lisant.

 

Remarque. Ce qu’on appelle gérondif n’est autre chose que le participe présent, devant lequel on met le mot en, comme : les jeunes gens se forment l’esprit en lisant de bons livres 1.

Participe passé.

Aimé, fini, reçu, rendu.

 

85. — Le participe passé s’accorde ou avec son sujet ou avec son régime direct.

Accord du participe passé avec le sujet.

86. — Première règle. Le participe passé, quand il est accompagné du verbe auxiliaire être, s’accorde en genre et en nombre avec son sujet, c’est-à-dire que l’on ajoute e, si le sujet est féminin, et s, si le sujet est pluriel.

EXEMPLES.

Mon frère a été puni. Ma sœur a été punie.
Mes frères ont été punis. Mes sœurs ont été punies1.
Mon frère est tombé. Ma sœur est tombée.
Mes frères sont tombés. Mes sœurs sont tombées.

 

87. — Exception unique. Dans les temps composés des verbes réfléchis, le participe ne s’accorde pas avec son sujet ; on dit d’une femme : elle s’est mis cela dans la tête (et non pas mise) ; quelques païens se sont donné la mort (et non pas se sont donnés).

 

88. — Deuxième règle. Mais quand le participe passé est accompagné du verbe auxiliaire avoir, il ne s’accorde jamais avec son sujet.

EXEMPLES.

Mon père a écrit une lettre. Ma mère a écrit une lettre.
Mes frères ont écrit une lettre. Mes sœurs ont écrit une lettre.

(Le participe écrit ne change point, quoique le sujet soit masculin ou féminin, singulier ou pluriel.)

Accord du participe passé avec le régime.

89. — Première règle. Le participe passé s’accorde toujours avec son régime direct, quand ce régime est devant le participe.

EXEMPLES.

La lettre que vous avez écrite, je l’ai lue.

Les livres que j’avais prêtés, on les a rendus.

Quelle affaire avez-vous entreprise ?

Combien d’ennemis n’a-t-il pas vaincus !

Quand la race de Caïn se fut multipliée

 

On voit que le régime mis devant le participe est ordinairement pronom : que, me, te, se, le, lu, les, nous, vous, quels.

 

90. — Deuxième règle. Mais quand le régime n’est placé qu’après le participe, ce participe ne s’accorde pas avec son régime.

EXEMPLES.

J’ai écrit une lettre. J’ai écrit des lettres.
Vous avez acheté un livre. Vous avez acheté des livres.

(Écrit, acheté, ne changent pas, quoique le régime soit singulier ou pluriel, masculin on féminin, parce que ce régime est après le participe.)

 

91. — Remarque. On dit sans faire accorder : les vertus que j’ai entendu louer ; les vices que j’ai résolu d’éviter : que n’est pas ici le régime des participes entendu, résolu, mais des infinitifs suivants, louer, éviter. Pour connaître si le régime dépend du participe, il faut voir si l’on peut mettre ce régime immédiatement après le participe. On ne peut pas dire ici : j’ai entendu les vertus ; j’ai résolu les vices.