(1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE III. Règles particulières de la quantité. » pp. 274-294
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(1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE III. Règles particulières de la quantité. » pp. 274-294

CHAPITRE III.

Règles particulières de la quantité.

Les règles particulières de la quantité sont relatives aux créments, aux parfaits et aux supins, aux voyelles et aux consonnes finales, aux mots dérivés et composés.

ARTICLE I.

des créments.

Le crément (de crescere, croître) est un accroissement de syllabes qui a lieu dans les noms, les adjectifs et les verbes. Iter, itineris ; miser, miserorum ; lego, legebamus ; audis, audiveritis.

Le crément n’est jamais la dernière syllabe du mot, mais bien la pénultième, si le mot croît d’une syllabe ; la pénultième et l’antépénultième, si le mot croît de deux syllabes, etc. Ainsi, dans virtutis, le crément est la pénultième tu ; dans virtutibus, le premier crément est l’antépénultième tu, et le second, la pénultième ti.

PARAGRAPHE I.

créments dans les noms et les adjectifs. 36

On distingue, dans les noms et les adjectifs, les créments du singulier et ceux du pluriel.

I
créments du singulier .

Première déclinaison.

La première déclinaison n’a de crément au singulier que dans l’ancienne forme de génitif en , comme aulaï, pictaï, où a crément est long.

Exemple :

Dives equum, dives pictāi vestis et auri. Virg.

Deuxième déclinaison.

Les noms en us et en um de la deuxième déclinaison n’ont pas de crément au singulier ; ceux en er en ont un, qui est bref : puer, puĕri ; vir, vĭri ; miser, misĕri 37.

Exemple :

Maxima debetur puĕro reverentia…

Troisième déclinaison.

1re règle.

A crément du singulier est long dans les noms et les adjectifs de la troisième déclinaison ; comme voluptas, voluptātis ; pietas, pietātis ; audax, audācis, etc.

Exemple :

Si te nulla movet tantæ pietātis imago. Virg.

Exceptions.

A crément du singulier est bref : 1° dans les noms neutres en a : poema- ă tis.
diadema- ă tis.
2° dans les génitifs en Pallas- ă dis.

adis :

aris :

lampas- ă dis.
Cæsar- ă ris.
par, păris et ses composés.

3° dans les noms propres en al : Annibal-ălis.

4° dans les noms anas-ătis, Arabs-ăbis, fax-ăcis, trabs-ăbis, sal-ălis, daps (inusité), dăpis.

2e règle.

E crément du singulier est bref dans les noms et les adjectifs de la troisième déclinaison ; comme grex, grĕgis ; seges, segĕtis ; funus, funĕris, etc.

Exemple :

Et grĕge de intacto septem mactare juvencos. Virg.

Exceptions.

E crément du singulier est long : 1° dans les noms en en-ēnis : siren-rēnis.
2° dans les noms en er et en es, qui ont en grec un η au génitif :

ver-vēris (en grec ηρ-ηρος).

crater-ēris (en grec ϰρατηρ-ηρος).

tapes- ē tis,

magnes- ē tis.

Joignez-y les noms hébreux Abel-ēlis, Daniel-ēlis, etc.

3° dans hær-es, ēdis ; lex, lēgis ; locupl-es, ētis, merc-es, ēdis ; plebs, plēbis ; qui-es, ētis ; rex, rēgis ; verv-ex, ēcis.

3e règle.

I et Y créments du singulier sont brefs dans les noms et les adjectifs de la troisième déclinaison ; comme hom-o, ĭnis ; carm-en, ĭnis ; mart-yr, ĭris, etc.

Exemple :

Ultima Cumæi venit jam carmĭnis ætas. Virg.

Exceptions.

I crément du singulier est long : 1° dans les monosyllabes

Dis, Dītis, Pluton.

glis, glīris, loir.

lis, lītis, procès.

et dans vīres, pluriel de vis.

2° dans les noms de peuples : Quir-is, ītis ; Samn-is, ītis ; et d’autres noms en is ou en in, dérivés du grec : Delph-is ou in, génitif Delph-īnis ; Salam-in, īnis, etc.
3° dans les noms et les adjectifs en ix, comme rad-ix, īcis ; fel-ix, īcis, etc. Exceptez : cal-ix, ĭcis ; fil-ix, ĭcis ; forn-ix, ĭcis ; nix, nĭvis ; pix, pĭcis ; sal-ix, ĭcis ; et vĭcis (sans nominatif).

Y crément du singulier, ordinairement bref, est long dans bombyx, ӯcis, ver à soie, et dans quelques autres noms peu usités.

4e règle.

O crément du singulier est long dans les noms et les adjectifs de la troisième déclinaison ; comme hon-or, ōris ; serm-o, ōnis ; maj-or, ōris, etc.

Exemple :

Infandum regina jubes renovare dolōrem. Virg.

Exceptions.

O crément est bref : 1° dans les noms neutres qui ont le génitif en oris :

marm-or, ŏ ris.

eb-ur, ŏ ris.

pect-us, ŏ ris.

Exceptez os, ōris, bouche, et les comparatifs neutres, comme maj-us, ōris ; utili-us, ōris, qui suivent la règle générale.
2° dans les noms qui ont en grec un omicron au génitif, comme Hect-or, ŏris ; rhet-or, ŏris ; trip-us, ŏdis ; Strym-on, ŏnis, etc.
3° dans la plupart des noms de peuples anciens, comme Sax-o, ŏnis ; Æthi-ops, ŏpis.
4° dans arb-or, ŏris ; bos, bŏvis ; comp-os, ŏtis ; ops (inus. au nom.), ŏpis ; inops-ŏpis ; lep-us, ŏris ; memor-ŏris ; præc-ox, ŏcis.

5e règle.

U crément du singulier est bref dans les noms de la troisième déclinaison ; comme dux, dŭcis ; crux, crŭcis ; cons-ul, ŭlis ; murm-ur, ŭris, etc.

Exemple :

Aspice, ventosi ceciderunt murmŭris aurœ. Virg.

Exceptions.

U erément est long :

1° dans les noms en us dont le génitif est en udis, uris, utis. Ex. : pal-us, ūdis ; tell-us, ūris ; sal-us, ūtis, etc.

Exceptez : Ligus ou Ligur-ŭris ; pec-us, ŭdis ; interc-us, ŭtis.

2° dans les quatre noms fur, fūris ; frux, frūgis ; lux, lūcis ; Poll-ux, ūcis.

Remarques. — 1° Les noms de la troisième déclinaison qui ont deux créments au singulier, les font brefs au génitif ; comme iter, itĭnĕris ; anceps, ancĭpĭtis, etc.

2° Les créments du singulier de la quatrième et de la cinquième déclinaison suivent la première règle générale qui dit qu’une voyelle suivie d’une voyelle dans le même mot est brève. Il faut excepter la voyelle e placée entre deux i au génitif et au datif singulier de la cinquième déclinaison, qui est toujours longue, comme dans diēi, speciēi, etc.

II
créments du pluriel .

Les créments du pluriel se connaissent, comme ceux du singulier, en comparant le nominatif avec les autres cas. Si l’on trouve au génitif ou dans les cas suivants une syllabe de plus qu’au nominatif, la pénultième sera crément. Ainsi, rosæ a deux syllabes, rosarum en a trois ; la pénultième sa sera donc le crément du génitif pluriel.

1re règle.

Les créments du singulier conservent la même quantité au pluriel. Ainsi, ō long au crément du singulier dans labōris, est également long dans labōres, labōrum, etc.

Exemple :

Sed nova per duros instruxit membra labōres.

2e règle.

A, e, o créments du pluriel sont toujours longs : musārum, diērum, dominōrum.

Exemple :

Plena fides damnis verisque dolōribus adsit.

3e règle.

I et u créments du pluriel sont toujours brefs. Ex. : montĭbus, portŭbus, etc.

Exemple :

Vidimus undantem ruptis fornacĭbus Ætnam.

PARAGRAPHE II.

créments dans les verbes.

Pour connaître les créments dans les verbes, il faut comparer le nombre des syllabes de la seconde personne du singulier de l’indicatif présent avec le nombre de syllabes des autres personnes du verbe. Autant il y aura de syllabes de plus, autant il y aura de créments. Ainsi, legis a deux syllabes, legitis en a trois ; il y a donc un crément, la pénultième gi ; legebatis en a quatre ; il y a donc deux créments, la pénultième ba et l’antépénultième ge ; legeremini a cinq syllabes, il y a donc trois créments, ge, re et mi.

Pour trouver le crément dans les verbes déponents, on leur suppose une seconde personne de l’indicatif présent actif. Ainsi, imitas, seconde personne supposée de imitor, a trois syllabes, imitabamur en a cinq ; il y a donc deux créments : ta et ba.

1re règle.

A crément des verbes est long : amāmus, audiebātis, monebātur, etc.

Exemple :

Pastores, hedera crescentem ornāte poetam.

Exception. A est bref au premier crément du verbe dare et de ses composés : dămus, circumdăbant, etc. ; mais il est long au second crément : dăbāmus, dăbātur.

2e règle.

E crément des verbes est long : legēbam, monērem, docērëmur, scripsērunt, etc.

Exemple :

Conticuēre omnes, intentique ora tenēbant.

Exceptions.

E crément des verbes est bref :

1° dans les temps en ĕram, ĕro, ĕro, ĕrim : fuĕram, monuĕro, legĕrim.

2° aux secondes personnes du futur passif en bĕris, bĕre : amabĕris, imitabĕre.

3° devant r au premier crément de la troisième conjugaison (au présent de l’ind. et de l’inf., à l’impératif, et à l’imparfait du subjonctif) : legĕre, legĕrem, legĕris 38. Il est long au second crément : legĕrēris.

Remarque. —  E est quelquefois abrégé, par licence, à la troisième personne du pluriel des parfaits en ērunt, dans les verbes dederunt, steterunt, miscuerunt, et dans quelques autres qui, sans cette licence, n’auraient pu entrer dans un vers, comme contŭlĕrunt, profŭĕrunt.

3e règle.

I crément des verbes est bref, comme dans legĭmus,amabĭtis, etc.

Exemple :

Discĭte justitiam monĭti, et non temnere divos.

Exceptions.

I est long :

1° au premier crément des verbes de la quatrième conjugaison : audīmus, venītis 39, etc. (I est bref dans audĭunt, audĭam, audĭerim, etc., parce qu’il est suivi d’une voyelle.)

2° au premier crément des parfaits en ivi, et des temps qui en sont formés : audīvĭmus°; quœsivēram.

Mais I est toujours bref dans ĭmus terminaison du parfait, que ce soit le premier ou le second crément.

3° au subjonctif présent des verbes volo, nolo, malo, sum et ses composés : velīmus, nolītis, sīmus, possītis, et dans nolīo, nolīte.

I crément s’allonge quelquefois, pour la facilité du vers, dans les finales en rimus, ritis, des verbes attributifs.

Exemple :

Accepisse, simul vitam dĕdĕrītis in unda. Ov.

4e règle.

O crément des verbes est long : estōte, legitōte, etc.

Exemple :

Venturæ memores jam nunc estōte senectæ. Ov.

Il faut excepter la forme irrégulière fŏre, fŏrem, du verbe sum et de ses composés.

5e règle.

U crément des verbes est bref : sŭmus, volŭmus, etc.

Exemple :

Sic patriæ volŭmus, sic nobis vivere cari.

Il faut excepter les participes futurs en rus, ra, rum, qui ont la pénultième longue : lectūrus, auditūrus, etc.

ARTICLE II.

des parfaits et des supins.

I

PARFAITS.

1 re règle.

Les parfaits de deux syllabes, et les temps qui en sont formés, ont la première syllabe longue, comme vēni, vīdi vīci, vēneram, vīdissem, etc. Il en est ainsi dans leurs composés : devēnerim, provīdissem, etc.

Exemples :

Vēnit summa dies, et ineluctabile tempus. Virg.
Vīdisset lacrymas, vultus vīdisset amantis.

Exceptez les sept parfaits suivants : bĭbi, dĕdi, fĭdi (de findo), scĭdi (de scindo), stĕti (de sto), stĭti (de sisto), tŭli (de fero), et, suivant la règle générale, ceux qui ont une voyelle devant i, comme rŭi, fŭi, lŭi.

2 e règle.

Les parfaits qui ont un redoublement font les deux premières syllabes brèves ; comme cĕcĭdi (de cado), pĕpŭli (de pello), dĭdĭci (de disco), etc.

Exemple :

Felix qui dĭdĭcit contentus vivere parvo.

Il faut excepter cecīdi (de cædo) et pĕpēdi (de pedo), qui ont la seconde syllabe longue, de même que ceux où le crément est suivi de deux consonnes, comme fĕfēlli, cŭcūrri, tĕtēndi.

Les autres verbes conservent au parfait la quantité du présent : hăbeo, hăbui°; dŏceo, dŏcui°; sūdo, sūdavi, etc. Exceptez : divīsi (de divĭdo), pŏsui (de pono).

II

SUPINS.

1 re règle.

Les supins de deux syllabes, et les participes qui en sont formés, ont la première syllabe longue, comme mōtum, mōtus ; vīsum, vīsus, vīsurus, etc.

Exemples :

Quos ego… sed mōtos præstat camponere fluctus. Virg.
Vīsuri Æneadas, pars et certare parati. Virg.

Exceptez les neufs suivants : dătum, cĭtum (de cieo), ĭtum (de eo), lĭtum (de lino), rătum (de reor), sătum (de sero), sĭtum (de sino), stătum (de sisto), et rŭtum (de ruo). Ces deux derniers n’ont que des participes composés : constĭturus, dirŭturus.

2 ° règle .

Les supins de plus de deux syllabes en atum, etum, otum, utum, ont la pénultième longue : amātum, delētum, amōtum, solūtum.

Exemple :

Hei mihi, qualis erat ? quantum mutātus ab illo
Hectore, qui redit exuvias indūtus Achillis ! Virg.
3 e règle.

Les supins en itum ont la pénultième longue dans les verbes qui ont le parfait en ivi, comme audītum, petītum, etc.

Exemple :

Nulla tuarum audīta mihi, neque visa sororum. Virg.

Les autres supins en itum ont la pénultième brève : sonĭtum, monĭtum, etc.

ARTICLE III.

des voyelles finales.

I

A final.

A est bref à la fin des mots, comme dans rosă, templă, sanctă, etc.

Exemple :

Ostiă jamque domus patuere ingentiă centum. Virg.

Exceptions.

A final est long :

1° à l’ablatif sing. de la première déclin. : rosā, filiā.

2° au vocatif des noms en as tirés du grec :

Æneas, vocatif Æneā ; Pallas, vocatif Pallā.

(Ceux en es abrégent a final au vocatif : Orestes, vocat. Orestă.)

3° à l’impératif des verbes en āre : amāre, amā, laudāre, laudā 40.

4° dans les adverbes et les prépositions qui finissent en a, comme ā, circā, suprā, infrā, frustrā, ultrā 41.

Il faut excepter ces quatre mots : eiă, ită, quiă et pută (adverbe), qui suivent la règle.

A final est commun, mais le plus souvent long, dans les nombres cardinaux : trigint[ATTcaractere], quadragint[ATTcaractere], etc.

II

E final.

E est bref à la fin des mots, comme dans dominĕ, sororĕ, amarĕ, legitĕ, propĕ, facilĕ, etc.

Exemple :

Incipĕ°; Mopsĕ, prior, deindĕ sequerĕ, Menalca. Virg.

Exceptions.

E final est long :

1° aux nominatif, vocatif et ablatif des noms en e et en es de la première déclinaison : musicē, Anchisē.

2° à l’ablatif des noms de la cinquième déclinaison : rē, diē, etc., et de leurs composés quarē, hodiē, etc. Ajoutez famē, ablatif de l’ancienne forme fam-es, ei. et les noms qui ont en grec un η, comme cetē, tempē.

3° à l’impér. des verbes en ēre, eo : monē, timē. Il est commun dans cav[ATTcaractere], et quelquefois bref dans vide, vale.

4° dans les adverbes formés des adjectifs de la deuxième déclinaison, comme verē, œgrē, indignē. Exceptez : benĕ, malĕ.

Il faut ajouter les adverbes ferē, fermē, et l’interjection ohē.

5° dans les monosyllabes ē, mē, tē, sē, dē, nē (de peur que).

III

I final.

I final est long, comme dans dominī, sororī, accepī, dicī, serī.

Exemple :

Cura piis diī sunt, et quī coluere coluntur. Ov.

Exceptions.

I final est bref :

1° au vocatif des noms en is imités du grec, comme Daphnis, Daphnĭ ; Alexis, Alexĭ.

2° dans nisĭ, quasĭ. (On trouve quelquefois ē long chez les vieux poètes.)

I final est commun :

1° aux datifs grecs en i : Pallad[ATTcaractere], Parid[ATTcaractere].

2° dans mih[ATTcaractere], tib[ATTcaractere], sib[ATTcaractere], ib[ATTcaractere], ub[ATTcaractere]. (Cuī, monosyllabe long, se rencontre quelquefois en deux syllabes brèves, cŭĭ, et même en une brève et une longue, cŭī. De tels exemples ne sont pas à imiter.)

IV

O final.

O final est long :

1° aux datifs et ablatifs de la deuxième déclinaison : dominō, templō ; et aussi dans les adverbes qui en sont formés : rarō, primō, meritō, profectō, etc. Exceptez citŏ et modŏ, qui sont brefs.

2° dans les gérondifs en , qui sont de véritables datifs ou ablatifs : amandō.

3° dans les noms qui ont en grec un oméga à la dernière syllabe, comme Cliō, Didō.

4° dans les adverbes quō, eō, et leurs composés : quōvis, quōlibet, adeō, ideō, etc.

5° dans les monosyllabes ō, dō, prō, prōh, quō, nō (de nare), stō (de stare) ; dans l’interjection , dans ergō mis pour causā.

O final est commun :

1° dans les noms, au nominatif et au vocatif : hom[ATTcaractere], le[ATTcaractere], car[ATTcaractere], etc.

2° dans les verbes, aux personnes qui finissent en o : habe[ATTcaractere], fini[ATTcaractere], legit[ATTcaractere], etc.

Nous faisons remarquer ici que, dans ces deux cas, les poètes du siècle d’Auguste faisaient o final long, quand la pénultième était longue, comme dans vīrgō, sērmō, canto, ībō, etc. O final précédé d’une longue n’est devenu commun qu’à une époque postérieure. Il en fut ainsi de quand[ATTcaractere] et ses composés aliquand[ATTcaractere], etc. ; de amb[ATTcaractere], oct[ATTcaractere].

O final est génér. bref : dans egŏ, duŏ ; dans les adverbes citŏ, modŏ et ses composés dummodŏ, quomodŏ, etc. ; dans sciŏ, nesciŏ, putŏ, volŏ, cedŏ (mis pour da ou dic) ; dans l’interjection ehŏ.

V

U final.

U est long à la fin des mots, comme tū, diū, manū, cornū, (genit., dat. et abl.)42, dictū.

Exemple :

Afflictus vitam in tenebris luctūque trahebam. Virg.

Remarque. — Les ablatifs de la quatrième déclinaison, le noms neutres en u et les supins éprouvent une contraction. Ainsi, manū est pour manue ; cornu au datif est pour cornui, à l’ablatif pour cornue ; le supin dictu est pour dictui. Ces mots sont donc naturellement longs à la dernière syllabe.

VI

Y final.

Y final ne se trouve que dans un très-petit nombre de mots dérivés du grec. Cette voyelle suit en latin la quantité du primitif ; elle est brève ou longue selon que la finale grecque en υ admet l’une ou l’autre de ces quantités.

ARTICLE IV.

des consonnes finales.

I

Finales B, D, T.

Les finales en b, en d et en t sont naturellement brèves, comme ŏb, ăd, quĭd, capăt, movĕt, etc.

Exemple :

Sæpe tener nostris ăb ovilibus imbuĕt agnus. Virg.

Exceptions. B est long dans quelques mots grecs et hébreux, où cette finale est longue, comme Jōb (en grec Iώϐ), Jacōb (en grec Iαϰώϐ), etc.

II

C final.

Les finales en c sont longues, comme sīc, hōc, dūc, hīc (adverbe).

Exemple :

Sīc ait, et dicto citius tumida æquora placat. Virg.

Il faut excepter nĕc, donĕc, făc, où la finale est brève, et hἵc (pronom), où elle est commune.

III

L final.

Les finales en l sont brèves, comme dans tribunăl, semĕl, procŭl, nihĭl, etc.

Exemple :

Cum semĕl effluxit, non est revocabilis hora.

Il faut excepter sāl, sōl, nīl (pour nihil), et les noms hébreux, comme Daniēl, Michaēl, Nabāl.

IV

M final.

Les finales en m sont brèves de leur nature ; mais, dans les vers, elles deviennent longues devant une consonne, et s’élident devant une voyelle.

Exemple :

Tantum infelicēm nimiūm dilexit amicum. Virg.

V

N final.

Les finales en n sont longues ou brèves.

N final est long :

1° dans les noms en ēn, gén. enis : rēn, renis ; sir-ēn, enis ; hym-ēn, enis.

2° dans les noms qui ont en grec une longue pour finale, comme Titān, Anchisēn, Salamīn, Æneān, Athōn, etc.

3° dans ēn, nōn, quīn, sīn, deīn, exīn

N final est bref :

1° dans les noms en ēn qui font inis au génitif, comme num-ĕn, inis ; flum-ĕn, inis, etc.

2° dans les noms qui ont en grec un omicron à leur finale, comme Peliŏn, Iliŏn. Ajoutez les accusatifs grecs des noms en is : Daphnĭn, Parĭn, et quelques accusatifs fém. en ān, comme Maiăn, Æginăn.

3° dans ăn, ĭn, tamĕn et leurs composés : forsăn, dĕĭn (et mieux deīn, par contraction), attamĕn ; dans vidĕn, nostĭn pour videsne, nostine, et autres semblables.

VI

R final.

Les finales en r sont brèves, comme dans puĕr, labŏr, vĭr, datŭr, etc.

Exemple :

Fortitĕr ille facit qui misĕr esse potest. Mart.

R final est long :

1° dans les monosyllabes cūr, fūr, fār, lār, nār, vēr, pār et ses composés impār, dispār

2° dans les noms en er qui ont un êta en grec, comme aēr, œthēr, cratēr, Celtibēr.

Remarque. — Patĕr et matĕr ont la finale brève, quoiqu’ils aient en grec un êta43.

VII

S final.

Les mots qui se terminent par s sont très-nombreux. Pour plus de facilité, nous les diviserons en deux catégories.

1° as, es, os finals.

Les finales en as, es, os, sont longues, comme dans pietās, diēs, animōs, amās, audiēs, etc.

Exemple :

Rumpe morās omnēs, et turbata arripe castra. Virg.

Exceptions :

AS final est bref :

1° dans les noms en as, adis, dérivés du grec : Arc-ăs, adis ; Pall-ăs, adis, etc. ; joignez-y anăs-atis ; văs, vadis.

2° à l’accusatif pluriel des noms grecs de la troisième déclinaison : heroăs, Arcadăs, etc.

ES final est bref :

1° dans les noms qui ont le crément bref, comme div-ĕs, ĭtis ; seg-ĕs, ĕtis. (Exceptez les six suivants : abiēs, ariēs, Cerēs, pariēs, rēs, pēs et ses composés bipēs, etc.)

2° dans penĕs, dans ĕs et ses composés : potĕs, adĕs, prodĕs, etc.

3° au nominatif et au vocatif pluriels des noms dérivés du grec, comme Troĕs, Arcadĕs, (Ces noms font ēs long à l’accusatif.)

OS final est bref :

1° dans compŏs, impŏs, ŏs (génitif ossis) et son composé exŏs.

2° dans les noms qui, en grec, ont un omicron, comme Samŏs, Chiŏs, Rhodŏs, melŏs. Ajoutez les génitifs grecs en os de la troisième déclinaison : Arcadŏs, Palladŏs, etc.

2° is, us, ys.

Les finales en is, us, ys, sont brèves : orbĭs, sanguĭs, legĭs, Deŭs, manŭs, Tiph[ATTcaractere]s, chlam[ATTcaractere]s, etc.

Exemple :

Hei mihi, qualĭs erat ! quantum mutatŭs ab illo ! Virg.

Exceptions.

IS final est long :

1° aux datifs et ablatifs pluriels : dominīs, templīs, meīs, nobīs, etc.

2° dans les quatre monosyllabes Dīs, Dītis, Pluton ; glīs, glīris, loir ; līs, lītis, procès ; vīs, au pluriel vīres ; ajoutez Samn-īs, Si-moīs, et quelques autres peu usités qui ont en grec une finale longue.

3° à la deuxième personne du sing. indic. des verbes de la quatrième conjugaison, comme audīs, dormīs, etc.44 ; dans vīs (de volo) et ses composés mavīs, quivīs, quamvīs ; dans sīs et ses composés adsīs, possīs ; dans fīs (de fio) ; dans les subj. irrég. velīs, nolīs, malīs, ausīs, faxīs.

4° dans les adverbes gratīs et forīs.

Remarque. — Les poëtes allongent quelquefois is final au futur antérieur et au parfait du subjonctif. C'est une licence qui résulte du besoin de la césure.

US final est long :

1° dans les noms de la troisième déclinaison qui ont ū long pour crément : virt-ūs, ūtis ; sal-ūs, ūtis ; rūs, rūris, etc.

2° au génitif singulier, au nom., voc. et accus. pluriels de la quatrième déclinaison45 : man-ūs, fruct-ūs, etc.

3° dans les noms qui, en grec, finissent en ους, comme Jesūs (en grec Iησους), tripūs (composé de πους), etc.

Remarque. — Il ne faut pas confondre les finales en us et en eus. Celles-ci, dérivées de noms grecs en ευς, forment une diphthongue qui est toujours longue.

YS final est long dans Teth[ATTcaractere]s, Erinn[ATTcaractere]s, et d’autres noms en ys dérivés de mots grecs en υς long46.

ARTICLE V.

1° Des mots composés.

règle générale.

Les mots composés conservent généralement la quantité qu’ils ont en dehors de la composition, quand même il y a changement de voyelles. Ainsi prŏbus (bref) fait imprŏbus ; lĕg-o, is, perlĕgo ; lēg-o, as, delēgo ; l[ATTcaractere]do, illīdo ; c[ATTcaractere]do, incīdo ; [ATTcaractere]quus, inīquus ; claūdo, reclūdo ; facĭo, efficio ; cădo, incĭdo ; rătus, irrĭtus ; rĕgo, erĭgo ; stătuo, instĭtuo ; quătio, concătio ; etc.

Nous faisons remarquer ici les exceptions suivantes :

jūro : dejĕro, pejĕro (les autres composés ont ū long).
d ī co : causidĭcus, maledĭcus, fatidĭcus.
n ū bo : innŭba, pronŭba, subnŭba.
Ce sont les composés de s ō pitus : semis ŏ pitus.
n ō tus : cognĭtus, agnĭtus.
b ă culus : imb ē cillus.
hīlum (inus.) : nih[illisible]ilum.
ub[ATTcaractere] et ib[ATTcaractere] : ubīque, ibīdem, et ubĭvis, ubĭcumque.

Il faut aussi excepter les composés dans lesquels une préposition terminée par une voyelle est jointe à un mot commençant aussi par une voyelle ou un h. Dans ce cas, ou la préposition devient brève, comme dans præire, dĕhiscere, dĕambulare ; ou bien elle s’élide, comme dans seōrsim (pour seōrsim), deēsse (pour dĕēsse), dehīnc (pour dĕhīnc), etc.

règles particulières.

1° Les prépositions ā, ē, dē, dī (pour diversim), (pour seorsim), trā (pour trans), qui sont longues par elles-mêmes, conservent leur quantité en composition : āmitto, ērumpo, dēduco, dīmitto, sējungo, trāduco.

Il faut excepter dĭrimo (de diversim et emo) et dĭsertus (de diversim et sero), qui font ĭ bref.

2° Les autres prépositions qui sont brèves de leur nature, comme ăb, ăd, ĭn, ŏb, sŭb, pĕr, antĕ, circŭm, intĕr, prœtĕr, supĕr, etc., restent brèves en composition, à moins qu’elles ne soient suivies de deux consonnes. Par exemple : ăbeo, ădimo, ŏmitto (o pour ob),, ĭnuro, antĕcedo, circŭmago, circŭmduco, īnfero, ābduco, etc.

3° La particule re (pour retrò ou rursùm) est brève en composition, quand elle n’est pas suivie de deux consonnes, comme dans rĕduco, rĕponco, etc. Elle est longue, quand elle est suivie de deux consonnes dont la seconde n’est pas une liquide, comme dans rēspicio, rēscindo.

Mais quand la seconde des consonnes est une liquide, comme dans recreo, reflecto, reclamo, la particule re est généralement brève ; quelquefois elle est commune, comme dans r[ATTcaractere]cludo, r[ATTcaractere]flecto, r[ATTcaractere]clino, etc. Il faut, à cet égard, consulter le dictionnaire, et suivre l’usage des bons poëtes.

Remarques. — 1° Dans l’impersonnel rēfert, rē (venant de res) est toujours long.

2° Au lieu de rĕligio, rĕliquiœ, rĕpulit, rĕperit, rĕtulit, les poëtes disent quelquefois : rēlligio, rēlliquiæ, rēppulit, rēpperit, rēttulit.

4° La préposition pro est généralement longue dans les mots composés : prōsum, prōmitto, prōfero, etc.

Elle est brève dans prŏcella, prŏceres, prŏfanus, prŏfugus, prŏfundus, prŏfestus, prŏfugio, prŏficiscor, prŏfiteor, prŏfari, prŏfectò, prŏnepos, prŏneptis, prŏpitius, prŏtervus, prŏpero, prŏpago (dans le sens de race ; elle serait longue dans le sens de rejeton de vigne, provin), prŏpheta, Prŏpontis, et généralement dans les mots composés où pro remplace la préposition grecque προ, antè. Pro est commun dans pr[ATTcaractere]curo, pr[ATTcaractere]pino, pr[ATTcaractere]pago (verbe) et Pr[ATTcaractere]serpina.

2° Des mots dérivés.

Les dérivés conservent généralement la quantité de leurs primitifs. Ainsi, ănĭmare, ănĭmosus, ănĭmal, ont les deux premières syllabes brèves, parce qu’ils dérivent de ănĭmus ; nātūralis a les deux premières syllabes longues, parce qu’il vient de nātūra, dérivé lui-même de nātus. La seconde syllabe est brève dans vīrgĭneus, sānguĭneus, parce qu’elle est brève dans virgĭnis, sanguĭnis, etc.

Cette règle souffre néanmoins plusieurs exceptions que l’usage apprendra. Telles sont : ăcerbus, ăcerbè, de ācer ; fīdere, fīducia, de fĭdes ; dĭcax, de dīco ; rēgula, de rĕgo ; sŏpor, de sōpio ; mŏlestus, de mōles ; mācero, de măcer ; etc.

Les mots dérivés du grec conservent en général leur quantité primitive : Σωϰράτης, Sōctratēs ; Aίνείας, Æηeās ; Ιλιον, Iliŏn ; Διδώ, Didō ; Фοῖϐος, Ph[ATTcaractere]bus ; µοῦσα, mūsa ; πυραµίς (ū long), p[ATTcaractere]ramis ; Ζέφυρος, Zĕph[ATTcaractere]rus, etc.

Cette règle souffre aussi des exceptions. Ainsi :

1. Les finales en or sont brèves en latin, quoiqu’elles aient en grec une voyelle longue ; comme Nέστωρ, Nestŏr ; ρήτωρ, rhetŏr, etc.

2. Les noms en a pur ont généralement la finale longue en grec, et brève en latin : θεά, deă ; λὺρα, lyră, etc.

3. O final est bref dans egŏ et long dans εγώ ; il est commun dans les verbes latins, bien que, dans le grec, il y ait un oméga, comme tremŏ, de τρεµω ; ed[ATTcaractere], de έδω, etc. De même, dans ergŏ, du grec έργψ ; dans Mil[ATTcaractere], de Mίλων ; dans Plut[ATTcaractere], de Pλούτων, etc.