(1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE I. Des différentes sortes de vers. » pp. 267-270
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(1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE I. Des différentes sortes de vers. » pp. 267-270

CHAPITRE I.

Des différentes sortes de vers.

Il y a plusieurs sortes de vers ; les plus usités sont le vers hexamètre et le vers pentamètre.

I

du vers hexamètre.

Le vers hexamètre (de εξ, six, et µετρον, mesure) est composé de six pieds. Les quatres premiers sont dactyles ou spondées ; le cinquième doit être un dactyle, le sixième un spondée ou un trochée 27.

Exemple :

Tīt[ATTcaractere]rĕ | tū pătŭ | lǣ rĕcŭ | bāns sūb | tēgmĭnĕ | fāgī,
Sylυēs | trēm tĕnŭ | ī mū | sām mĕdĭ | tārĭs ă | υēnā ;
Nōs pātrĭ | ǣ fī | nēs ēt | dūlcĭă | līnquĭmŭs | ārυă.

Le vers hexamètre peut avoir trois césures, l’une au second pied, l’autre au troisième, et l’autre au quatrième. A leur défaut, il doit en avoir au moins une au troisième pied ; et, si cela n’était pas possible, il en faudrait deux dans le vers, l’une au second pied, l’autre au quatrième28, comme on le voit dans le vers suivant :

Dēspĭcĭ ēns mărĕ υēlĭυŏlūm tērrāsqυĕ jăcēntēs .

Les césures rendent le vers plus harmonieux ; il ne faut donc pas craindre de les multiplier. On doit seulement éviter d’en mettre une au cinquième pied, et par conséquent de finir le vers par un mot de quatre syllabes29.

Le vers hexamètre doit se terminer par un mot de deux ou de trois syllabes. Par exemple :

Cōntĭcŭēre ōmnēs īntēntīque ōră tĕnēbānt ;
Indĕ tŏrō pătĕr Ænēās sīc ōrsŭs ăb āltō.

Il se termine aussi quelquefois par deux monosyllabes, ou par le verbe est précédé d’une élision. Par exemple :

Grāmmătĭcī cērtānt, ĕt ădhūc sūb jūdĭcĕ līs ēst. Hor.
Qυōd sī tāntŭs ămōr mēntī, sī tāntă cŭpīdo ēst. Virg.

Ces cas exceptés, les monosyllabes doivent être proscrits à la fin du vers30, à moins que l’on ne veuille produire un effet d’harmonie, comme dans ce vers de Virgile :

Stērnĭtŭr, ēϰănĭmīsqυĕ trĕmēns prōcūmbĭt hŭmī bōs .

II

du vers pentamètre.

Les vers pentamètre (de πεντε, cinq, et µετρον, mesure) est composé de cinq pieds. Les deux premiers sont dactyles ou spondées ; le troisième est un spondée ; le quatrième et le cinquième sont anapestes.

Sǣpĕ sŭ | ō υīc | tōr lē | nĭs ĭn hōs | tĕ fŭ | ĭ t.

On peut aussi, pour plus de facilité, diviser le vers pentamètre en deux hémistiches renfermant chacun deux pieds et demi :

Sǣpĕ sŭ | ō υīc | tōr lē | nĭs ĭn hōs | tĕ fŭ | ĭ t.

Alors les deux pieds du premier hémistiche sont dactyles ou spondées. Après eux vient une césure qui a la valeur d’un demi-pied ; comme :

Sǣpĕ sŭ | ō υīc | tōr

Les deux pieds du second hémistiche doivent être des dactyles suivis d’une syllabe qui finit le vers, et qui peut être ou longue, ou douteuse, ou commune. (Le vers finirait moins bien par une voyelle brève non suivie d’une consonne.)

…… lēnĭs ĭn hōstĕ fŭĭt.

Le premier hémistiche ne doit pas enjamber sur le second ; ce qui arriverait s’il finissait par un adjectif conjonctif, par une préposition, par une conjonction dont le complément ferait partie du second hémistiche.

Le vers suivant est donc défectueux :

Dīlŭυĭi ūndās quǣ | sprēυĕrăt, īgnĕ pĕrit.

Le vers pentamètre doit se terminer par un mot de deux syllabes, comme ĕrūnt, ăυis, mănυs ; quelquefois cependant il finit par un monosyllabe précédé d’un autre monosyllabe, par un mot de quatre, de cinq et même de six syllabes, ou par le verbe est précédé d’une élision. Mais il faut éviter avec soin de finir ce vers par un mot de trois syllabes, tel que celui-ci :

Cūltŏr ŏdōrātǣ diυĕs Arābs sĕgĕtēs. Tib.

En composition, le vers pentamètre et le vers hexamètre sont joints ensemble pour former un distique. Exemple :

Dōnĕc ĕrīs fēlīx mūltōs nŭmĕrābĭs ămīcōs ;
Tēmpŏră sī fŭĕrīnt nūbĭlă, sōlŭs ĕris.

Dans ce cas, le sens doit finir après chaque distique, afin que le vers pentamètre n’enjambe pas sur le vers hexamètre suivant31.