(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Avertissement de la deuxième édition. » pp. -
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(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Avertissement de la deuxième édition. » pp. -

Avertissement de la deuxième édition.

La Poétique d’Aristote ayant été récemment mise au programme des études pour la classe de rhétorique, il a paru opportun de réimprimer l’édition, avec traduction française et commentaire, que j’avais publiée, en 1849, dans l’Essai sur l’histoire de la Critique chez les Grecs, ouvrage depuis longtemps épuisé1. J’aurais voulu pouvoir remanier à loisir ce travail déjà ancien, le tenir au courant des derniers travaux de la philologie française et de la philologie étrangère sur l’opuscule si mutilé, si difficile, et pourtant si précieux, d’Aristote1. Le temps me manquait pour suffire à cette tâche. Dans la présente édition le texte grec n’est amélioré que sur quelques points  mais j’ai revu avec soin la traduction, avec le concours d’un jeune professeur de philosophie, dont l’attention scrupuleuse m’a suggéré plus d’une correction utile. Quant au commentaire, je l’ai approprié à sa nouvelle destination, en le dégageant de quelques renvois, désormais superflus, à l’Essai sur l’histoire de la critique, et en le complétant par quelques additions que le progrès des études sur Aristote avait rendues nécessaires. Comme on le verra plus bas, page 58, c’est à titre d’éclaircissement que j’ai cru devoir ajouter ici, avant les extraits des Problèmes, le passage de la Politique, qui complète et commente si heureusement la célèbre définition de la tragédie, par laquelle débute le chapitre vi de la Poétique.

La Poétique d’Aristote, dans son état actuel, est pleine d’obscurités, qui ne seront peut-être jamais éclaircies, à moins qu’on ne retrouve de cet ouvrage quelque copie moins imparfaite que tous les manuscrits retrouvés jusqu’à ce jour. Mais la connaissance générale des doctrines et de la langue philosophique d’Aristote s’est fort perfectionnée, depuis l’édition de Bekker, par des travaux comme les grands Index de Bonitz et de Heitz, par l’édition qui fait partie de la Bibliothèque grecque-latine de Firmin Didot, par beaucoup d’éditions et traductions spéciales des ouvrages du Stagirite. J’ai donc lieu d’espérer que les professeurs studieux ne manqueront pas de secours pour interpréter mieux qu’on ne le pouvait autrefois ce précieux opuscule, qui, ayant exercé une si grande influence sur la littérature dramatique de l’Occident, et en particulier sur la nôtre, méritait bien d’être replacé, dans le cadre de notre enseignement classique, auprès des deux poëmes didactiques d’Horace et de Boileau. Il y a dans la Poétique des pages qui ne peuvent être utilement discutées qu’entre les savants de profession  mais, ces pages mises à part, combien il en reste d’excellentes par la netteté du style et par la force lumineuse, par l’autorité durable de la doctrine ! C’est à celles-là que pourront, que devront s’attacher les maîtres jaloux de faire apprécier à nos rhétoriciens l’un des plus grands penseurs, l’un des meilleurs écrivains de l’antiquité.

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Dans la première édition du Commentaire, les renvois au texte de la Poétique étaient indiqués en français. Bien que le Commentaire soit aujourd’hui rattaché au texte grec, et non à la traduction, nous avons maintenu cette disposition. Mais, pour éviter les inconvénients qui pourraient en résulter, nous avons indiqué par des astérisques tous les passages du texte grec qui sont visés dans le commentaire.