(1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE VI. De l’emploi et du mélange des différentes sortes de vers. » pp. 339-342
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(1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE VI. De l’emploi et du mélange des différentes sortes de vers. » pp. 339-342

CHAPITRE VI.

De l’emploi et du mélange des différentes sortes de vers.

I

vers employés seuls dans un poème.

Les vers qui s’emploient ordinairement seuls dans un poëme sont les hexamètres, les iambiques trimètres, les scazons, les vers trochaïques, les asclépiades, les phaléciens.

Le vers hexamètre est en usage dans l’églogue, l’épître, la satire, le poëme didactique et le poëme épique.

L'iambe trimètre figure dans l’apologue, dans l’ode et la poésie dramatique.

Le scazon convient à l’épigramme ; le vers trochaïque, à la poésie dramatique ; l’asclépiade, à l’ode ; le phalécien, aux sujets légers et à l’épigramme.

Deux ou plusieurs vers unis ensemble pour exprimer une pensée s’appellent stances ou strophes.

Les stances sont ordinairement de deux ou de quatre vers. Celles de trois vers sont d’un usage peu fréquent.

II

STANCES DE DEUX VERS.

Les stances de deux vers sont très-nombreuses ; nous ne mentionnerons que les plus ordinaires.

1° L'élégiaque (du mot grec ἕλεγοϛ, pleurs, parce qu’on s’en servait aux funérailles), qui se compose de l’hexamètre et du pentamètre.

Flebilis indignos, Elegia, solve capillos :
Heu nimis ex vero nunc tibi nomen erit. Ov.

2° L'hexamètre et le petit archiloquien.

Diffugere nives : redeunt jam gramina campis,
Arboribusque comœ. Hor.

3° L'hexamètre et le phalisque, qui en contient les quatre derniers pieds.

Dant alios furiœ torvo spectacula Marti :
Exitio est avidis mare nautis. Hor.

4° L'hexamètre et le diamètre iambique.

Nox erat, et cœlo fulgebat luna sereno
Inter minora sidera. Hor.

5° L'hexamètre et le trimètre iambique pur.

Altera jam teritur bellis civilibus œtas,
Suis et ipsa Roma viribus ruit. Hor.

6° Les iambiques trimètres et dimètres.

Ut gaudet insitiva decerpens pyra,
Certantem et uvam purpurœ ! Hor.

7° Le dimètre iambique et le trimètre imparfaits.

Truditur dies die,
Novœque pergunt interire lunœ. Hor.

8° Le glyconien et l’asclépiade.

O quisquis volet impias
Cœdes, et rabiem tollere civicam. Hor.

9° Le grand archiloquien, de sept pieds, et le trimètre iambique imparfait, de cinq pieds et demi.

Solvitur acris hiems grata vice veris et favoni,
Trahuntque siccas machinœ carinas. Hor.

10° Le trochaïque dimètre catalectique, de trois pieds et demi, et l’iambique trimètre catalectique, de cinq pieds et demi.

Non ebur, neque aureum
Meâ renidet in domo lacunar. Hor.

III

STANCES DE TROIS VERS.

Il n’y en a qu’une sorte dans Horace : un trimètre, un archiloquien et un dimètre.

Petti, nihil me, sicut anteà, juvat
Scribere versiculos,
Amore perculsum gravi. Hor.

IV

STANCES DE QUATRE VERS ET DE DEUX ESPÈCES DE VERS.

Il y en a de deux sortes dans Horace :

1° Trois petits asclépiades et un glyconien.

Lucem redde tuœ, dux bone, patriœ ;
Instar veris enim vultus ibi tuus
Affulsit populo ; gratior it dies,
Et soles melius nitent.

2° Trois saphiques et un adonique.

Auream quisquis mediocritatem
Diligit, tutus caret obsoleti
Sordibus tecti ; caret invidendâ
Sobrius aulâ.

IV

STANCES DE QUATRE VERS ET DE TROIS ESPÈCES DE VERS.

Il n’y en a aussi que de deux sortes dans Horace.

La première se compose de deux asclépiades, d’un phérécratique et d’un glyconien.

O navis, referent in mare te novi
Fluctus. O quid agis ? fortiter occupa
Portum : nonne vides ut
Nudum remigio latus ?

La deuxième, qui est la plus belle et la plus fréquente parmi les odes d’Horace (il y en a trente-sept de ce genre), comprend deux alcaïques, un iambique dimètre redondant (de quatre pieds et une syllabe) et un petit alcaïque (deux dactyles et deux trochées). Voir strophe alcaïque, page 334.

Vides ut altâ stet nive candidum
Soracte ; nec jam sustineant onus
Sylvœ laborantes, geluque
Flumina constiterint acuto.

Remarque. — En français, le sens de la phrase finit toujours après chaque strophe. Mais les Latins n’ont guère observé cette règle que dans les vers élégiaques, où le distique finit ordinairement par un ou deux points.

FIN