(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre I. » pp. 73-74
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(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre I. » pp. 73-74

Chapitre I.

Remarquez combien ces premières lignes rattachent naturellement la Poétique à la Rhétorique  elles ont d’ailleurs beaucoup d’analogie avec les préambules d’autres ouvrages d’Aristote, par exemple avec ceux des Météorologiques et des petits traités qui suivent le Traité de l’âme.

Presque tous les genres de musique qui emploient la flûte.] Tῆς αὐlhτɩᵡῆς ἡ πlɛίστh s’explique très-bien par un passage d’Athénée, XIV, p. 618, où sont énumérées quatorze αὐλήσɛɩ; qui toutes accompagnent une danse mimique.

Trois différences.] Le Tasse part de ces trois différences marquées par Aristote, lorsque, dans son deuxième Discours sur l’Art poétique, il s’efforce de montrer, contre l’opinion de quelques critiques ses contemporains, que le roman en vers appartient au même genre de poésie que l’épopée, et que par conséquent il doit se conformer aux mêmes lois, entre autres à la loi de l’unité.

Avec la voix.] Δɩὰ τῆς φωνῆς, leçon des manuscrits, que j’ai cru devoir conserver  elle offre un sens raisonnable dès qu’on traduit σχήματα par les gestes. Cf. Morale Nicom. III, 13 : Οἱ χαίροντɛς τοῐς δɩα τῆς ὄψɛως , οἴον χρώμασɩ χαì σχήματɩ ϰαì γραφῆ; Rhétorique, II, 8 : σχήμασɩ ϰαì φωναῖς ϰαì ὲσθῆτɩ. — En lisant δɩ’ ὰμφοῖν au lieu de δɩα τῆς φωνῆς,, comme ont fait la plupart des éditeurs, et en traduisant σχήματα par le trait, on obtient une symétrie plus satisfaisante entre les deux termes de la comparaison marquée par les mots ᾥσπβρ — οὒτω. Peut-être aussi les mots ἔτɛροɩ δὲ δɩὲ τῆς φωνῆς sont-ils une annotation marginale qui aura passé dans le texte.

L’épopée n’emploie que la prose ou les vers.] Sur λόγοις ψɩλοῖς, voy. plus bas, p. 71. « Aristote, dont les jugements sont des lois, dit positivement que l’épopée peut être écrite en prose ou en vers : et ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’il donne au vers homérique ou vers simple un nom qui le rapproche de la prose, ψɩλομɛτρία, comme il dit de la prose poétique, ψɩλοί λόγοɩ. » (Chateaubriand, Préface des Martyrs.) Le rapprochement n’est qu’ingénieux  le grand écrivain n’a pas vu que ψɩλός, dans ψɩλομɛτρία, au chap. II, indique seulement l’absence de tout accompagnement musical. Chateaubriand cite ensuite un témoignage de Denys d’Halicarnasse, qui ne prouve rien pour sa thèse  il eût pu tirer de la Poétique (chap. IX, etc.) d’autres observations plus décisives contre l’opinion de ceux qui veulent que la poésie ne parle qu’en vers. — Ce qui est remarquable ici, c’est qu’Aristote semble ne pas savoir que les poëmes d’Homère aient jamais été chantés. Homère, cependant, ne connaît pas d’autres poëtes que les aèdes ou chanteurs  les rhapsodes étaient aussi des chanteurs  or il y avait encore des rhapsodes, et du temps d’Aristote, et longtemps après lui.

Xénarque.] Il y a eu un poëte de la moyenne comédie qui portait ce nom et qu’il ne faut sans doute pas confondre avec Xénarque, fils de Sophron  ce dernier semble indiqué par Suidas, à l’article Σωτάδη:, comme ayant écrit des ’Іωνɩϰοì λόγοɩ. Si ce rapprochement est juste, dès le fils de Sophron la comédie syracusaine aurait admis l’usage du dialecte attique. Ce qui est certain, c’est que Sopatros, poëte comique syracusain, que l’on place après Rhinton, nous est connu par un assez long fragment en dialecte attique.  — Le Lexique de Photius, au mot ’Рηγίνους dit, en propres termes, que Xénarque, « fils de Sophron le mimographe, » avait joué les Rhéginiens pour leur lâcheté.

Les dialogues Socratiques.] Athénée, XI, p. 505, cite un passage du traité d’Aristote Sur les Poëtes, où l’auteur faisait à peu près la même observation.

Homère et Empédocle.] Plutarque, De la Manière d’entendre les poëtes, chap. II : « Nous ne connaissons pas une fable sans poésie et sans fiction. Les vers d’Empédocle et de Parménide, les Thériaques de Nicandre et les Sentences de Théognis sont des discours qui empruntent seulement à la poésie le ton sublime et le mètre, et, en quelque sorte, son char pour ne pas marcher à pied. »

En composant une imitation.] Je suis la leçon des manuscrits. IIροἵοɩτο est une conjecture ingénieuse, mais inutile, de Hermann. Pour Aristote, l’essence de la poésie n’est pas seulement dans l’imitation, mais dans l’imitation du général  on peut donc composer une imitation en vers qui ne soit pas de la poésie.

On ne l’appellera pas pour cela un poëte.] Οὒϰ ἤδη manque dans plusieurs manuscrits. La leçon οὐχ ἤττον est encore moins autorisée : Batteux, qui l’admet, traduit : « Mériterait-il moins le nom de poëte ?  » Cela me semble bien contraire à la pensée d’Aristote. Si, selon notre philosophe, on n’est pas poëte parce qu’on emploie le vers héroïque ou le distique élégiaque, comment peut-il dire qu’on sera poëte pour avoir amalgamé plusieurs espèces de mètres ?