CHAPITRE IV.
Des Figures.
Le mot figure, pris dans toute son extension, signifie la forme extérieure des objets : une figure de géométrie ; cet homme a une belle figure.
Dans ce sens, il est vrai de dire que tous les mots sont des figures, puisqu’ils expriment tous, sous une forme sensible, les idées qu’ils représentent, et dont ils sont réellement les images.
Dans un sens plus restreint, dans celui que nous voulons lui donner, les figures sont ou grammaticales ou littéraires.
FIGURES GRAMMATICALES.
Les figures grammaticales sont des manières de parler qui s’écartent des règles ordinaires, et que l’on emploie pour donner à la pensée plus de clarté, plus d’étendue ou de précision, plus de force, plus d’agrément.
Il y a quatre figures de grammaire : l’ellipse, le pléonasme, la syllepse, l’hyperbate, auxquelles on peut joindre l’hellénisme.
ARTICLE I.
de l’ellipse.
L'ellipse (de ελλειψς, omission, manque, suppression) est une figure qui consiste à supprimer dans le discours un ou plusieurs mots nécessaires à la construction pleine et entière de la phrase.
L'ellipse rend le discours plus vif, plus animé, plus concis ; elle donne plus de grâce au style et plus d’intérêt à la pensée.
Pour qu’une ellipse soit bonne, il faut que les mots sous-entendus puissent facilement se suppléer par le bon sens et la raison de ceux qui lisent ou qui écoutent.
Il y a deux sortes d’ellipses : l’une absolue, l’autre relative. La première a lieu quand on supprime dans une phrase un ou plusieurs mots qui n’ont point été exprimés auparavant ; la seconde, quand on sous-entend des mots déjà exprimés dans une autre phrase, ou dans une autre proposition.
PREMIÈRE ESPÈCE D'ELLIPSE.
I
ellipse des substantifs.
Tout adjectif suppose un substantif exprimé ou sous-entendu. Ainsi, quand on dit liber, servus, nobilis ou generosus, on suppose vir ou homo sous-entendus ; et parce que bubula, equina, ferina, sont des adjectifs, ils supposent caro sous-entendu : de la chair de bœuf, de cheval, de bête sauvage.
Il en est ainsi dans les exemples suivants : Tendimus hinc rectâ Beneventum. Hor. (Sous-ent. viâ.) Nous allâmes droit à Bénévent. Per apertum ire (sous-ent. cœlum). Marcher sous un ciel pur. Suprema persolvere (sous-ent. officia). Rendre les derniers devoirs. In altum solvere naves (sous-ent. mare). Gagner la haute mer.
On sous-entend aussi le substantif construit avec certains adjectifs déterminatifs. Ex. : Ex quo te vidi (sous-ent. tempore). Depuis que je vous ai vu. Ea quæ dixisti mihi probata sunt (sous-ent. negotia). J'ai approuvé ce que vous avez dit. Hœc mea sunt (sous-ent. bona). Ces biens sont à moi. Primas tibi defero (sous-ent. partes). Je vous cède le premier rang.
II
ellipse des adjectifs.
Les Latins aimaient à sous-entendre les adjectifs ou les participes qui n’offraient qu’un intérêt secondaire et que l’esprit pouvait facilement suppléer. Ainsi, ils disaient : Crescit in dies gloria justi (sous-entent. singulos). La gloire du juste croît de jour en jour. Sic erit ut voluisti (sous-ent. factum). Il sera fait comme vous l’avez voulu.
On supprime aussi fréquemment :
1° L'adjectif démonstratif is, ea, id, devant le relatif qui, quæ, quod ; surtout quand l’un et l’autre sont au nominatif, ou même à l’accusatif. Ex. : Maximum ornamentum amicitiæ tollit, qui ex eâ tollit verecundiam (sous-ent. is). Celui qui retranche la pudeur de l’amitié, lui enlève son plus bel ornement.
2° Les adjectifs possessifs, quand on voit clairement quel est l’objet possesseur. Ex. : Casus adversos fortiter tulerunt. Ils ont supporté courageusement leurs malheurs. Pedibus timor addidit alas. La crainte a mis des ailes à ses pieds. Fratrem lugebant ademptum. Ils pleuraient la mort de leur frère.
Remarques. 1° Si l’on voulait insister sur l’idée de possession, ou indiquer un contraste, il faudrait exprimer l’adjectif possessif. Ex. : Ego tibi consilium meum aperiam. Je vous ferai connaître mon dessein.
2° S'il y avait deux substantifs, il suffirait d’exprimer une seule fois l’adjectif possessif. Ex. : Meum casum luctumque doluerunt amici. Mes amis ont déploré mes malheurs et mon affliction.
III
ellipse des verbes.
Toute proposition se compose essentiellement d’un sujet et d’un verbe. Si donc le verbe n’est pas exprimé, il faut en conclure qu’il est sous-entendu.
Les verbes qui se sous-entendent le plus souvent sont :
1° Le verbe esse entre le sujet et l’attribut, surtout dans les axiomes, les sentences, les proverbes. Ex. : Corpori indulgendum, non serviendum. Il faut avoir de l’indulgence pour son corps, mais ne point en être l’esclave. Virtutum amicitia adjutrix, non vitiorum comes (sous-ent. debet esse). L'amitié doit être le soutien de la vertu, mais non la compagne du vice. Promisi ultorem (sous-ent. me fore). J'ai promis d’être son vengeur.
Le verbe esse se sous-entend aussi fréquemment après les participes passés et futurs, dans les propositions infinitives. Ex. : Ædui juraverunt sese neque obsides à Sequanis repetituros, neque auxilium à populo romano imploraturos, neque recusaturos quominùs in perpetuum sub illorum imperio essent. Cæs. Les Eduens s’étaient engagés par serment à ne pas réclamer leurs ôtages auprès des Séquanais, à ne pas implorer le secours du peuple romain, et à se soumettre pour toujours à leur domination. Omissum illud ac præteritum cave ne dicas (sous-ent. fuisse). Gardez-vous de dire que cela a été omis et passé sous silence.
2° Les verbes dicere, censere. Ex. : Quid multa ? quid plura ? (sous-ent. dicam) ; ne plura ou pluribus ; pour ne pas en dire davantage. De même : Quid ergo ? quid enim ? quid verò (sous-ent. censes). De même aussi : Bona verba, quæso (sous-ent. dic). De his hactenùs (sous-ent. dictum est). Il a été assez dit sur ce point. Hæc igitur indocti ; quid vos philosophi ? (Sous-ent. dicunt au premier membre, et dicitis au second.) Voilà ce que disent les ignorants ; vous, philosophes, que dites-vous ?
3° Les verbes pertinet, refert, prodest, oportet. Ex. : Quid ad me ? Nihil ad vos ; nihil ad rem. Quorsùm hæc longior oratio ? A quoi bon un si long discours ? Quid mihi innumerabiles libros (sous-ent. prodest et habere). Mene incœpto desistere victam ? (Sous-ent. oportet).
4° Les verbes agere ou facere. Ex. : Quid aliud, quàm monemus cives nos eorum esse ? (Sous-ent. agimus.) Que faisons-nous autre chose que de leur rappeler que nous sommes leurs concitoyens ? Eâ quidem nocte nihil, præterquàm vigilatum est (sous-ent. actum est). Cette nuit on s’est contenté de faire bonne garde.
5° Les verbes orare, rogare, precari. Ex. : Per ego vos deos patrios ; construisez : Vos oro per deos patrios. Je vous en supplie, au nom▶ des dieux de la patrie. Per deorum atque hominum fidem (sous-ent. rogo). Je vous en conjure, par la bonne foi des dieux et des hommes.
6° Les verbes ait, inquit, quand on cite les paroles d’un autre. Ex. : Turpemque aperto pignore errorem probans : En, hoc declarat quales sitis judices. Phæd. Et prouvant leur grossière erreur par ce témoignage évident : Voici qui démontre, leur dit-il, quels juges vous êtes.
IV
ellipse des adverbes.
Dans les propositions corrélatives, on sous-entend fréquemment le premier terme de comparaison, soit adjectif, soit adverbe, quand l’esprit peut facilement le suppléer. Ex. : Discipulum maximè probo, qualem te fore promisisti (sous-ent. talem). Un disciple tel que vous avez promis de l’être, jouit de toute mon estime. Umbræ ibant tenues, quàm multa in sylvis avium se millia condunt. Virg. (Sous-ent. tam multæ.) Les ombres légères accouraient aussi nombreuses que cette foule d’oiseaux qui se réfugient dans les forêts. Quantùm potui, rebus tuis invigilavi (sous-ent. tantùm). J'ai veillé à vos intérêts autant que je l’ai pu.
De même magis et potiùs sont sous-entendus quelquefois devant quàm, second terme de comparaison. Ex. : Statuit igitur congredi, quàm cum tantis copiis diffugere. Corn. (Sous-ent. potiùs.) Il résolut d’engager le combat plutôt que de prendre la fuite avec des troupes si nombreuses.
De même aussi les adverbes priùs et post. Ex. : Quadringentesimo anno, quàm urbs condita est (sous-ent. post). Quatre cents ans après la fondation de Rome.
V
ellipse des prépositions.
Nous avons exposé, soit dans le cours de la grammaire, soit au commencement de ce traité, les cas les plus fréquents où l’on sous-entend les prépositions ; nous ne ferons qu’ajouter ici quelques particularités.
i
On supprime souvent devant le relatif qui, quæ, quod, la préposition déjà exprimée avant son antécédent. Ex. : In eâdem opinione fui, quâ reliqui omnes. Cic. (Sous-ent. in quâ.) J'ai eu la même opinion que tous les autres.
ii
La préposition ad est fréquemment sous-entendue devant les accusatifs hoc, id, illud, unum, quid, aliquid, quœdam, multa, etc. Ex. : Quid frustrà laboras ? (Sous-ent. ad). Pourquoi travaillez-vous en vain ? Id ætatis jam sumus, ut omnia fortiter ferre debeamus (sous-ent. ad id spatium). Nous sommes arrivés à un âge où nous devons tout souffrir courageusement.
De même, la préposition secundùm, comme en grec la préposition ϰατα. Ex. Os humerosque deo similis (sous-ent. secundùm). Semblable à un dieu par la figure et par la taille. Expleri mentem nequit. Il ne peut rassasier son esprit.
III
Les prépositions antè.) et post se suppriment devant les ◀noms▶ qui indiquent les divisions du mois romain. Ex. : Natus est Augustus nono calendas octobres. Suet. (Sous-ent. antè.) Auguste naquit neuf jours avant les calendes d’octobre.
VI
ellipse des conjonctions.
1° La conjonction et se supprime le plus souvent dans une énumération rapide, et devant les mots placés par gradation, ou étroitement liés entre eux par l’analogie des idées. Ex. : Huic, ab adolescentià, bella intestina, cœdes, rapinæ, discordia civilis, grata fuere. Sall. Dès sa jeunesse, il aima les guerres intestines, les meurtres, les rapines, les discordes civiles. Vastus animus immoderata, incredibilia, nimis alta semper cupiebat. Sall. Son vaste génie aspirait sans cesse à des choses immodérées, incroyables et trop élevées. Abiit, excessit, evasit, erupit. Cic. in Catil. Il est parti, il s’est retiré, il nous a échappé, il s’est enfui.
2° La conjonction et et les conjonctions suivantes : an, ne, vel, sive, autem, verò, se suppriment aussi, quand on veut établir un contraste entre certains mots ou certaines propositions. Ex. : Melius, pejus ; prosit, obsit ; nihil vident, nisi quod lubet. Plin. Que la chose soit meilleure ou pire, utile ou nuisible ; ils ne considèrent que ce qui leur plaît. Velis, nolis ; scias, nescias. Que vous vouliez ou non, que vous sachiez ou que vous ne sachiez pas.
3° Les conjonctions nam, namque, enim, etenim, et quelques autres se sous-entendent fréquemment, quand il est facile de voir le rapport qui existe entre la première et la seconde proposition. Ex. : Nimium ne crede colori ; alba ligus tra cadunt, vaccinia nigra leguntur. Virg. (Sous-ent. nam et dùm). Ne comptez pas trop sur la beauté de votre teint ; car le troëne blanc tombe à terre, tandis qu’on recueille les fruits du noir vacciet.
4° Les conjonctions sic ou ità dans un premier membre de phrase, et ut dans un second membre, doivent toujours se correspondre ; si donc l’une d’elles n’est pas exprimée, elle est nécessairement sous-entendue. Ex. : Verè factum est, ut amici tui dictitant (sous-ent. ità). Il a été fait réellement ainsi que vos amis se plaisent à le répéter. Mihi quidem, ut tibi, res gravior visa est (sous-ent. ità). J'ai cru, comme vous, que la chose était plus grave.
5° La conjonction si se supprime quelquefois devant le présent ou l’imparfait du subjonctif. Ex. : Tu quoque magnam partem opere in tanto, sineret dolor, Icare, haberes ! Virg. (Sous-ent. si devant dolor.) Vous auriez aussi une grande part dans un si grand travail, ô Icare, si la douleur l’eût permis. Pessima sit, nulli non sua forma placet. Ovid. (Sous-ent. etiamsi.) On aime sa figure, quelque laide qu’elle soit.
6° La conjonction ut se supprime aussi quelquefois, quand il y a deux propositions subordonnées, l’une négative et précédée de ne, et l’autre affirmative. Ex. : Monere cœpit Porum ne ultima experiri perseveraret, dederetque se victori. Q. C. (Sous-ent. ut avant dederet.) Il conseilla à Porus de ne pas s’obstiner à tenter les dernières extrémités, et de se soumettre au vainqueur.
SECONDE ESPÈCE D'ELLIPSE.
Jusqu’ici, nous avons parlé de la première espèce d’ellipse, celle où l’on sous-entend des mots qui n’ont point été exprimés auparavant.
Il nous reste à parler de celle où l’on supprime des mots déjà exprimés de la même manière, ou d’une manière différente. Elle a lieu :
1° Quand on sous-entend dans une ou plusieurs propositions le sujet, le verbe ou le complément de la même manière qu’ils ont déjà été exprimés. Ex. : Tenera arbor facilè erigitur, annosa autem inflexibilis est (sous-ent. arbor). Il est facile de redresser un jeune arbre ; mais quand il est vieux on ne peut plus le fléchir.
Trojugena, interpres divûm, qui numina Phæbi,Qui tripodas, Clarii lauros, qui sidera sentis,Et volucrum linguas, et prœpetis omina pennœ.
Dans cette phrase, le verbe sentis est sous-entendu cinq fois.
2° Quand on sous-entend le sujet, le verbe ou le complément, avec quelque changement soit dans le genre, soit dans le nombre, soit dans le cas, soit dans la personne.
exemples :
Différence de genre : Utinam aut hic surdus, aut hœc muta facta sit. Ter. Plût à Dieu que celui-ci fût devenu sourd, et celle-là muette !
Différence de nombre : Sociis et rege recepto, c’est-à-dire : Sociis receptis et rege recepto. Les compagnons et le roi ayant été retrouvés.
Hic illius arma, hic currus fuit. Virg. Là étaient ses armes, là était son char.
Différence de cas : Quid ille non fecerit, quem neque pudet quicquam, nec metuit quemquam ? Ter. (Sous-ent. qui nec metuit.) Que n’a-t-il pas fait cet homme qui ne rougit de rien, qui ne craint rien ?
Différence de personnes : Ille ludo, ego studio delector. Il se plaît au jeu, et moi à l’étude.
Quamvis ille niger, quamvis tu candidus esses. Virg. Quoiqu’il fût noir, et que tu sois d’une grande blancheur.
Remarques. 1° Au lieu de répéter un verbe déjà exprimé, on le sous-entend le plus souvent dans une première ou une seconde proposition. Ex. : Ut enim vitiis principum infici solet tota civitas, sic emendari continentiâ (sous-ent. solet). Comme toute une cité a coutume de se laisser corrompre par les vices des princes, elle a coutume aussi de se corriger par l’exemple de leurs vertus.
2° On sous-entend même quelquefois un verbe ayant un sens positif, après un verbe négatif. Ainsi, dicere est quelquefois sous-entendu après negare, jubere après vetare, etc. Ex. : Plerique negant Cæsarem in eam conditionem mansurum, et (dicunt sous-ent.) postulata hœc ab eo interposita esse, quo minùs quod opus esset ad bellum à nobis pararetur. Cic. La plupart disent que César ne tiendra pas ces conditions, et qu’il a fait ces demandes pour empècher nos préparatifs de guerre.
3° On sous-entend aussi l’infinitif du verbe principal, dans une proposition relative. Ex. : Non facile irascetur judex cui tu velis (sous-ent. eum irasci). Ne illam quidem consequuntur quam putant gratiam (sous-ent. se consecuturos). Ils ne gagnent pas même les bonnes grâces du peuple, comme ils en avaient l’espoir19.
ARTICLE II.
du pléonasme.
Le pléonasme (de la racine πλεος, plein) consiste dans l’emploi de mots superflus, quant au sens et à la construction, mais servant à donner plus de force, plus de grâce, plus de clarté ou d’harmonie à la pensée. Le pléonasme est donc le contraire de l’ellipse, puisque celle-ci retranche des mots et que l’autre en ajoute. Le pléonasme, qui est d’un usage assez fréquent, surtout chez les poètes, a lieu dans les cas suivants :
1° Quand il y a deux sujets ou deux compléments, un ◀nom▶ et un pronom, pour désigner la même personne. Ex. : Posthumius autem, de quo senatus decrevit ut statim iret in Ciliciam, is negavit se iturum sine Catone. Cic. (Le ◀nom▶ propre Posthumius et le pronom is sont tous deux sujets du verbe negavit.) Erant omninò itinera duo, quibus itineribus domo exire possent. Cæs.
2° Quand il y a dans une proposition, ou même dans une phrase deux mots employés dans le même sens pour exprimer la même pensée. Ex. : Neque enim permissum est ut impunè nobis liceat quod alicui eripuerimus id alteri tradere (liceat et permissum est présentent le même sens). Cic. Il n’est pas permis d’enlever à quelqu’un ce qui lui appartient pour le donner à d’autres.
3° Enfin quand on ajoute des mots qui ne sont point nécessaires au sens de la phrase, mais qui donnent au discours plus de grâce, plus de force ou d’harmonie. Ex. : Auribus meis illud audivi. J'ai entendu cela de mes propres oreilles. Meismet oculis eum vidi. Je l’ai vu de mes propres yeux. Ibis tandem aliquandò. Vous irez enfin. Nisi verò existimetis. A moins que vous ne pensiez, etc.
Remarque. On trouve fréquemment chez les poètes anciens des expressions prolixes et fastueuses, qui avaient leur raison d’être dans la naïve simplicité des premiers âges, et que l’usage avait consacrés. Des pléonasmes de ce genre ne seraient plus admissibles à notre époque.
ARTICLE III.
de la syllepse.
La syllepse (de ϭυλληψις, conception) est une figure par laquelle on construit les mots selon les idées qui sont présentes dans l’esprit, plutôt que selon les règles de la construction grammaticale. Ainsi, au lieu de dire : elles sont six heures, on dit : il est six heures, parce que l’esprit voulant exprimer un temps précis, savoir la sixième heure, porte son attention sur celle-ci en particulier plutôt que sur les autres heures qu’il lui importe peu de connaître à ce moment.
Il y a plusieurs espèces de syllepses :
1° Syllepse dans le genre, quand un adjectif est à un autre genre que le ◀nom▶ auquel il se rapporte. Ex. : Samnitium duo millia cæsi (au lieu de cæsa). Il y eut deux mille Samnites de tués. De même quand Horace a dit : Daret ut catenis fatale monstrum, quæ generosius perire quærens, etc. Afin de livrer aux fers ce monstre fatal qui, cherchant une mort plus glorieuse… Il a mis quæ, faisant rapporter ce mot à Cléopâtre, dont monstrum rappelle l’idée.
2° Syllepse dans le nombre, quand le sujet est au singulier et le verbe au pluriel, et réciproquement. Ex. : Turba ruunt. Virg. La foule se précipite. Missi magnis de rebus uterque legati. Hor. Tous deux furent députés pour de grandes affaires. Si tempus est ullum jure hominis necandi, quæ multa sunt. Cic. S'il est des circonstances où l’on ait droit de tuer un homme, et ces circonstances sont nombreuses.
De même, quand on dit en grec : Τα ζῶα τρεχει, on met le verbe au singulier, parce que l’esprit perçoit une généralité sous ce mot animalia, comme s’il y avait omne animal currit.
3° Syllepse dans le genre et dans le nombre. Ex. : Pars in crucem acti, pars bestiis objecti. Sall. Les uns furent mis en croix, les autres furent exposés aux bêtes. Cohors peligna velitaribus armis adversùs tela hostium, quòd ea levia sunt, muniti. Sall., Jug. La cohorte pélignène fut armée comme les vélites, pour repousser les traits légers des ennemis.
4° Syllepse relative, quand on fait rapporter le relatif à un antécédent qui n’a point été exprimé, mais que le sens de la phrase fait concevoir. Ex. : Per litteras me consolatus sum, quem librum ad te mittam. Cic. Je me suis consolé par la culture des lettres, dans un ouvrage que je vous enverrai. (Per litteras se prend pour la composition du livre, et amène naturellement l’idée de quem librum.) De sextiano negotio, valdè enim hunc amo, velim cures. Cic. (Hunc se rapporte à Sextius, qui n’est point exprimé, mais dont l’idée est éveillée par ces mots sextiano negotio.)
5° Il faut rapporter à la fois à l’ellipse et à la syllepse ces façons de parler qui donnent tant de grâce au style, et où il y a un relatif qui n’a point d’antécédent. Ex. : Vos quidem, quæ vestra est prudentia, quid optimum factu sit videbitis. Cic. (C'est-à-dire pro prudentiâ quæ prudentia est vestra.) Ayant autant de prudence que vous en avez, vous verrez sans doute ce qu’il y a de mieux à faire. Si mihi permisisses, qui meus amor in te est, hoc negotium confecissem. Cic. Sì vous me l’eussiez permis, l’amour que j’ai pour vous m’aurait à poussé à terminer cette affaire.
ARTICLE IV.
de l’hyperbate.
L'hyperbate (de υπερϐατον, transposition) est une figure qui consiste dans le déplacement, le mélange, la confusion naturelle des mots.
Il y a cinq espèces d’hyperbates, qui sont :
1° L'anastrophe ou renversement des mots (de άναστροφή, renversement), comme mecum, tecum, secum, nobiscum ; quamobrem, pour ob quam rem ; quàm potiùs, pour potiùs quàm ; his accensa super… pour super his.
2° La tmèse (de τµῆσις coupure), quand un mot est coupé en deux parties séparées par d’autres mots. Ex. : Quò me cumque rapit tempestas. Hor. Partout où me porte la tempête. Satis mihi fecit, reique publicæ curam suscepit. Il m’a satisfait et a veillé aux intérêts de la république.
3° La parenthèse, qui interrompt le sens de la phrase. Ex. : Tityre, dùm redeo (brevis est via) pasce capellas. Virg. Tityre, jusqu’à mon retour (je ne vais pas loin) fais paître mes chèvres.
4° La synchyse (de σύγχυσις, confusion, mélange) est une transposition de mots qui trouble et confond l’ordre des mots, la construction naturelle des phrases et des périodes. Ex. : Saxa vocant Itali mediis quæ in fluctibus aras. Virg. Æn., I, 112. C'est-à dire : Itali vocant aras saxa illa quæ sunt in mediis fluctibus. Les Italiens appellent autels ces écueils qui sont au milieu des flots.
Remarque. La synchyse est plutôt un défaut qu’une beauté, si ce n’est quand on veut peindre une violente agitation, une confusion dans les éléments. Elle n’est permise qu’aux poètes qui sont quelquefois obligés, pour la mesure ou la rime, d’introduire quelque désordre dans l’arrangement des mots.
5° L'anacoluthe (de ἀναϰολουθια, incohérence), quand les mots n’ont presque nulle suite et nulle disposition, comme dans Térence : Nam omnes nos quibus est alicundè aliquis objectus labor, omne quod est intereà tempus, priusquàm id rescitum est, lucro est. Et même dans Cicéron : Prætor intereà, ne pulchrum se ac beatum putaret, atque aliquid suâ sponte loqueretur, ei quoque carmen compositum est. Cic. pro Mur.
ARTICLE V.
de l’hellénisme.
L'hellénisme (de ελληνισµος, imitation des Grecs) consiste à imiter dans le discours certaines manières de parler, certains tours de phrase particuliers à la langue grecque.
Il y a plusieurs sortes d’hellénismes :
1° Hellénisme par attraction, quand un ◀nom▶ ou un pronom, ou un adjectif, sont attirés à tel genre, à tel cas, par un autre ◀nom▶ ou pronom qui précède. Ainsi, l’on dit en grec : Περι λογων ὦν ελεξα, et l’on dirait en latin, par imitation : De verbis quibus dixi, pour quæ dixi. Démosthène a dit : Eϰ τῶν ἐπιστολων τῶν ἐϰείνωυ µαθὴσετε, ὦν εὶς Нελοπόνησον ἔπεµψε. Ex epistolis ejus cognoscetis, quibus (pour quas) in Peloponesum misit.
C'est ce que les Latins ont souvent ²imité, comme lorsqu’ils ont dit : Mihi non licet esse pigro. (Pigro est attiré au datif par mihi.) Sensit medios delapsus in hostes. Virg. (Delapsus est attiré au nominatif par le sujet de sensit.) Istum quem quæris ego sum. (Istum est attiré à l’accusatif par quem.
2° Hellénisme de la préposition ϰατα. Les Latins ont imité souvent les accusatifs grecs régis par les prépositions ϰατα ou περι sous-entendues. Ainsi, ils ont dit : Os humerosque deo similis. Virg. (Sous-ent. juxtà ou secundùm.) Semblable à un dieu par la figure et par la taille. Fractus membra (sous-ent. secundùm). Expleri mentem nequit. Pacem te poscimus omnes, etc.
3° Hellénisme de la préposition εϰ. Les Grecs sous-entendent si souvent cette préposition, qui gouverne le génitif, et les Latins ont si souvent imité cette manière de parler, que plusieurs grammairiens ont cru qu’il y avait quantité de verbes ou d’adjectifs latins qui par eux-mêmes gouvernaient le génitif, tandis qu’il n’y a le plus souvent qu’un simple hellénisme, comme dans les exemples suivants :
Abstine irarum. Ne te mets pas en colère. Desine lachrymarum. Cesse de pleurer. Felix ac libera legum. Heureuse et exempte des lois. Implentur veteris Bacchi, pinguisque ferinæ. Ils se remplisent de vin vieux et d’une grasse venaison, etc.
4° Hellénisme de l’infinitif. C'est encore par hellénisme qu’on met l’infinitif au lieu du gérondif et du supin. Par exemple :
Audax omnia perpeti gens humana ruit per vetitum nefas. La race humaine, qui a l’audace de tout oser, se précipite à travers tous les crimes.
Omne cùm Proteus pecus egit altos visere montes. Hor. Lorsque Protée conduisit son troupeau sur les hautes montagnes.
Sed si tantus amor casus cognoscere nostros. Virg. Mais si vous désirez tant connaître nos malheurs.
L'usage fera connaître les autres sortes d’hellénismes.
DES TROPES.
Outre les figures grammaticales dont nous venons de parler, il en est d’autres qui tiennent, si l’on peut dire ainsi, moins au corps qu’à l’âme du discours, et que l’on emploie pour donner plus de couleur, plus de variété au style ; plus de grâce, plus de noblesse, plus de vivacité à la pensée.
Parmi ces figures, les unes sont plus spécialement du domaine de la rhétorique. Telles sont l’interrogation, l’apostrophe, l’exclamation, etc.
Les autres sont d’un usage si fréquent, qu’il importe de les connaître dès que l’on commence à traduire les poètes.
Ces figures sont appelées tropes (du grec τρόπος, tour, changement, tiré du verbe τρἐπω, je tourne,) parce qu’elles consistent à changer le sens propre d’un mot en un autre sens, avec lequel il a des rapports de ressemblance, et dont il réveille naturellement l’idée. C'est ainsi qu’on dit cent voiles pour cent vaisseaux, et qu’on appelle lion un homme doué d’une force, d’un courage extraordinaire.
Les principaux tropes sont :
I
La métaphore.
La métaphore (du grec µεταφορα, translation) est une figure par laquelle on transporte, pour ainsi dire, le sens propre d’un mot à un autre sens qui ne lui convient qu’en vertu d’une comparaison qui est dans l’esprit. Ainsi, quand on dit que le mensonge se pare souvent des couleurs de la vérité, le mot couleurs n’a plus sa signification primitive, il ne désigne plus cette lumière qui nous fait voir les objets ou blancs, ou rouges, ou jaunes, etc. ; il exprime les dehors, les apparences morales, et cela par analogie avec le sens propre du mot couleur et les dehors d’un homme qui nous en impose sous le masque de la sincérité.
Quand Homère a dit, en parlant d’Achille : Ce lion s’élance, il a fait une métaphore, parce qu’il a appliqué à ce héros l’idée d’un mot qui ne lui convient que sous une comparaison.
Ardere, dans le sens propre, signifie brûler, être en feu. Domus ardet. Mais si l’on applique ce mot à un homme qui est en colère, et qu’on dise : Ardet irâ, ardet cupiditate, on fait aussi un métaphore. Il en est de même quand on dit : La chaleur du sentiment, la rapidité de la pensée, un déluge de mots, des torrents de plaisirs, etc.
« La métaphore est la plus belle, la plus riche et la plus fréquente de toutes les figures ; c’est elle qui fournit au discours une infinité d’expressions, qui relève les pensées les plus basses, en les présentant sous une forme plus gracieuse ; c’est par elle que le style s’embellit et se colore, que tout est vivant dans la poésie et dans l’éloquence20. »
Quand la métaphore est continuée et qu’elle s’applique à une suite de phrases servant à développer la même pensée, elle prend le ◀nom▶ d’allégorie, Ainsi, en lisant l’idylle de Mme Deshoulières :
Dans ces prés fleurisQu'arrose la Seine,Cherchez qui vous mène,Mes chères brebis, etc.,
on ne tarde pas à voir, sous cette allocution d’une bergère à son troupeau, la requête d’une mère en faveur de ses enfants.
Il y a dans Horace une magnifique allégorie : c’est l’ode où il représente la république romaine sous l’image d’un navire battu par la tempête :
O navis, referent in mare te noviFluctus ! O quid agis ? Fortiter occupaPortum. Nonne vides utNudum remigio latus,Et malus celeri saucius Africo,Antennæque gemant ? etc. Ode 13, l. I.
O vaisseau, de nouveaux flots vont te reporter sur la haute mer ! Oh ! que fais-tu ? Tiens-toi fortement dans le port. Ne vois-tu pas que tes flancs sont dépouillés de leurs rames, que ton mât est endommagé par la violence des vents, que tes antennes gémissent ? etc.
Les métaphores sont défectueuses 1° quand elles sont tirées de sujets bas. On fait avec raison un reproche à Tertullien d’avoir dit : Diluvium generale naturæ lixivium. Le déluge universel fut la lessive de la nature. 2° Quand elles sont forcées, prises de loin, que le rapport n’est point assez naturel, ni la comparaison assez sensible ; par exemple, quand Théophile a dit : Je baignerai mes mains dans les ondes de tes cheveux. 3° Quand on passe brusquement d’une image à une autre dans une même phrase, comme si l’on disait : C'est un torrent qui menace de tout dévorer, au lieu de dire, qui menace de tout engloutir. 4° Enfin, il faut aussi avoir égard aux convenances des différents styles. Il y a des métaphores qui conviennent au style poétique, et qui seraient déplacées dans le style oratoire.
Chaque langue a des métaphores particulières qui ne sont point en usage dans une autre langue. Les Latins disaient, en parlant d’une armée : dextrum et sinistrum cornu ; et nous disons : l’aile droite et l’aile gauche.
II
la catachrèse.
La catachrèse (du grec ϰατάπχρησις, abus, mauvais emploi) est une figure par laquelle certains mots s’emploient abusivement, faute de meilleures expressions, pour exprimer certaines idées avec lesquelles ils n’ont que des rapports éloignés.
Ainsi, nous disons qu’un cheval est ferré d’argent, parce que nous n’avons point d’autre mot par lequel nous puissions exprimer l’idée du verbe ferrer.
Quand Horace a dit : equitare in arundine longâ, aller à cheval sur un bâton, il a fait un usage un peu exagéré de cette figure ; il est difficile, en effet, de se représenter un bâton sous la forme d’un cheval.
Le mot feuille se dit par extension des choses qui sont plates et minces comme les feuilles des plantes. Ainsi, l’on dit : une feuille de papier, une feuille de carton, une feuille de fer-blanc, une feuille d’or.
La langue, qui est le principal organe de la parole, a aussi prêté son ◀nom▶ pour désigner l’idiome ou le langage des différentes nations. Ainsi, l’on dit : la langue latine, la langue française, etc.
La catachrèse n’est donc qu’une métaphore tirée de loin, à laquelle on a recours, quand il n’y a point de mots propres pour exprimer clairement telle ou telle pensée.
III
la métonymie.
La métonymie (de µετα, qui marque le changement, et ονοµα, ◀nom▶) est une figure qui consiste à prendre une chose pour une autre, à substituer un mot à un autre mot dont le sens est plus étendu ou plus restreint.
On fait usage de cette figure, quand on prend :
1° La cause pour l’effet. Ainsi, l’on dit vivre de son travail, au lieu de dire vivre de ce que l’on gagne en travaillant.
Les païens s’imaginaient que Cérès était la déesse des moissons, que Bacchus était le dieu du vin, Mars le dieu de la guerre, etc. ; c’est pourquoi ils donnaient au blé le ◀nom▶ de Cérès, au vin le ◀nom▶ de Bacchus, et à la guerre le ◀nom▶ de Mars. Ainsi Virgile a dit :
Tum cererem corruptam nudis, cerealiaque arma
Expediunt…
Alors ils retirent des vaisseaux le blé gâté par les ondes, ainsi que les instruments de Cérès.
Il a dit aussi en parlant des Troyens :
Implentur veteris Bacchi, pinguisque ferinæ.
Ils se remplissent d’un vin vieux et d’une grasse venaison.
On disait les travaux de Mars pour les travaux de la guerre, les Muses pour les beaux arts.
Nous faisons aussi une métonymie, quand nous prenons le ◀nom▶ d’un auteur pour ses ouvrages. J'ai lu Boileau, j’ai expliqué Virgile, Cicéron, Homère.
C'est aussi par métonymie que l’on dit le pinceau pour la peinture, une belle main pour une belle écriture, les insignes pour la profession. Il a quitté la robe pour l’épée, c’est-à-dire il a renoncé à la magistrature pour entrer dans la milice.
2° L'effet pour la cause, comme l’ombre pour les arbres qui procurent de l’ombrage, le froid pour l’hiver, la moisson pour l’automne, etc. Ovide a dit : Non habet Pelion umbras. Le mont Pélion n’a plus d’ombre, c’est-à-dire n’a plus d’arbres qui produisent de l’ombrage. Virgile a dit : Ante focum si frigus erit, si messis in umbrâ (frigus pour hiems et messis pour autumnus). Les poètes disent : la pâle mort, les pâles maladies, parce que les maladies, la mort rendent le corps pâle.
3° Le contenant pour le contenu, comme la coupe pour le vin, la maison pour ceux qui l’habitent, l’étable pour le troupeau, la terre pour les peuples de la terre, etc.
Nous voyons dans Virgile que Didon ayant présenté à Bitias une coupe pleine de vin, celui-ci la prit et s’arrosa de cet or pur, c’est-à-dire de la liquer contenue dans ce vase d’or.
……. Ille impiger hausit
Spumantem pateram, et pleno se proluit auro.
4° Le ◀nom▶ du lieu où une chose se fait pour la chose elle-même. Ainsi l’on dit un Caudebec pour désigner un chapeau fait à Caudebec ; on dit du Sedan, de l’Elbeuf, pour dire du drap fait à Sedan, à Elbeuf, etc.
C'est ainsi que le Lycée, lieu célèbre près d’Athènes, se prend pour l’école d’Aristote, qui se tenait dans le Lycée ; le Portique pour l’école de Zénon.
5° Le signe pour la chose signifiée. Ainsi, la robe se prend pour la magistrature, l’épée pour la profession militaire, le laurier pour la victoire, les faisceaux et les haches pour le consulat ; le sceptre est pris pour la royauté dans ces vers de Quinault :
« Dans ma vieillesse languissante,« Le sceptre que je tiens pèse à ma main tremblante. »
Cicéron a dit aussi que les armes doivent céder à la toge : Cedant arma togæ, concedat laurea linguæ ; pour dire, comme il l’explique lui-même, que la paix et le repos valent mieux que le tumulte des armes.
6° Le ◀nom▶ de la matière pour la chose qui en est faite. Ainsi, le pin se prend pour le vaisseau. Nec nautica pinus mutabit merces. Virg. Le fer se prend pour l’épée. In me convertite ferrum, o Rutuli ! L'or et la pourpre se prennent pour des vêtements d’or et de pourpre. Regali conspectus in auro nuper et austro. Hor.
7° Le ◀nom▶ abstrait pour le ◀nom▶ concret. Ainsi, l’on dit servitus pour servi, custodia pour custodes. Noctem custodia ducit insomnem. Les sentinelles passent la nuit sans dormir. Pietas pour viri pii. Victa jacet pietas.
C'est dans le même sens que Phèdre a dit : tua calamitas non sentiret ; c’est-à-dire : tu calamitosus non sentires. Il a dit aussi avec beaucoup d’élégance, en parlant de la grue : credens colli longitudinem, pour collum longum. Il a dit de même : corvi stupor, pour corvus stupidus. On fait usage de la même figure, lorsqu’on dit à un grand : Votre Grandeur ; à un roi : Votre Majesté, etc.
8° Les parties du corps qui sont regardées comme le siège des passions et des sentiments, pour les passions et les sentiments. Ainsi, l’on dit : Il a du cœur, c’est-à-dire du courage, de l’affection, de la reconnaissance. De même, le cerveau, siège principal de l’âme, se prend pour l’esprit, le jugement. Οια ϰεφαλη, ô la belle tête ! s’écrie le renard ; puis il ajoute : ϰαι ἐγϰἓφαλον ουϰ έχει, mais elle n’a point de cervelle.
9° Le ◀nom▶ du maitre de la maison se prend aussi pour la maison qu’il habite. Ainsi, Virgile a dit : Jam proximus ardet Ucalegon (pour Ucalegonis domus). Déjà la maison d’Ucalégon est tout en flammes.
IV
la synecdoche.
La synecdoche (du grec συνεχδοϰὴ, compréhension) est une espèce de métonymie qui consiste à prendre :
1° La partie pour le tout. Ainsi, l’on dit cent voiles pour cent vaisseaux, le toit pour la maison, l’été ou l’hiver pour l’année, une tête si chère pour une personne si chère. Virgile a dit :
Tum pavidæ tectis matres ingentibus errant.
Les mères toutes tremblantes errent parmi les vastes appartements. (Tectis pour ædibus.)
Les ◀noms▶ de villes, de fleuves, de lieux particuliers, se prennent aussi pour les ◀noms▶ de provinces, de nations. Ainsi, les Pélasges, les Argiens, les Doriens, peuples particuliers de la Grèce, se prennent pour tous les Grecs chez les poètes anciens.
On dit le Tibre pour les Romains, le Nil pour les Egyptiens, la Seine pour les Français.
« La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Césars. »
2° Le tout pour la partie, comme le fleuve pour l’eau du fleuve, la mer pour l’eau de la mer, l’arbre pour l’une de ses branches. Ex. : Aut Ararim Parthus bibet, aut Germania Tigrim. Virg. Ou le Parthe boira de l’eau de la Saône, ou le Germain de l’eau du Tigre.
3° Le genre pour l’espèce, ou l’espèce pour le genre. Quand on dit les mortels pour les hommes, c’est le genre pour l’espèce ; car les animaux sont sujets à la mort comme les hommes. Quand on prend le lis, la rose pour toute autre fleur ; le pin, le chêne pour un arbre quelconque, la vallée de Tempé pour désigner un beau vallon, c’est l’espèce pour le genre.
4° Le singulier pour le pluriel et réciproquement. Ainsi, l’on dit le soldat pour les soldats ; l’ennemi vient à nous, c’est-à-dire les ennemis. Le Germain révolté, l’Américain farouche, pour les Germains, les Américains. On dit nous pour je, et vous pour toi. Si vos valetis, nos valemus (pour ego valeo). Cic.
5° Un nombre certain pour un nombre incertain. Il m’a dit cela dix fois, cent fois, c’est-à-dire bien souvent. Boileau a dit de même :
« Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. »
Remarque. La synecdoche diffère de la métonymie en ce que celle-ci prend un ◀nom▶ pour un autre, comme la cause pour l’effet, et l’effet pour la cause, le contenant pour le contenu, le signe pour la chose signifiée, etc. ; tandis que la synecdoche prend le plus pour le moins, ou le moins pour le plus, comme la partie pour le tout, le genre pour l’espèce, etc.
V
l’antonomase.
L'antonomase (du grec ἁντί, pour, au lieu de, et ονοµα, ◀nom▶) est une seconde espèce de métonymie qui consiste à employer un ◀nom▶ commun pour un ◀nom▶ propre, ou un ◀nom▶ propre pour un ◀nom▶ commun.
Ainsi, les mots philosophe, orateur, poète, roi, ville, etc., sont des ◀noms▶ communs ; mais, par antonomase, on en fait des ◀noms▶ particuliers équivalant à des ◀noms▶ propres.
Quand les auteurs anciens disent le Philosophe, ils entendent Aristote ; et quand les Latins disent l’Orateur, ils entendent Cicéron ; quand ils disent le Poète, ils veulent nommer Virgile. Chez les Grecs, au contraire, l’un est Démosthène, l’autre le grand Homère.
Quand nos théologiens disent le Docteur Angélique ou l’Ange de l’Ecole, ils veulent parler de saint Thomas.
Le mot Urbs, chez les Romains, désignait la ville de Rome. Romani ex agris in Urbem demigrant.
Les adjectifs sont des mots destinés à qualifier les substantifs ; l’antonomase en fait des ◀noms▶ particuliers : le juste, le sage, le grand, le conquérant, etc.
L'antonomase prend aussi un ◀nom▶ propre pour un ◀nom▶ commun. Ainsi, l’on dit, en parlant d’un voluptueux : C'est un Sardanapale ; d’un prince méchant et cruel : C'est un Néron. On dit : Les Bossuets, les Massillons, les Fénelons sont rares à notre époque, pour dire : Il y a peu ou point d’hommes semblables à Bossuet, à Massillon, à Fénelon.
Outre les figures grammaticales et les tropes, dont nous venons de parler, il en est qui sont plus spécialement du domaine de la pensée, et dont la littérature se réserve la connaissance et l’usage. Mais comme la pensée est le fait de toute âme raisonnable, nous avons jugé à propos d’exposer ici les figures de pensées qui sont les plus simples, les plus faciles et les plus indispensables pour l’intelligence et la traduction des auteurs.
I
de l’hypallage.
L'hypallage (du grec υπαλλαγη, changement) est une figure mixte21 qui consiste à changer le rapport naturel des idées et des mots. Elle a lieu :
1° Quand on change la nature des compléments, et que, par suite de ce changement, on fait remplir à un ◀nom▶ le rôle qu’il ne devrait pas avoir. Ainsi, Virgile a dit : dare classibus austros, au lieu de dare classes austris. (On expose les vaisseaux aux vents, et ◀nom▶ le vent aux vaisseaux.)
2° Quand on fait rapporter un adjectif à un autre ◀nom▶ que celui auquel il devrait se rapporter. Virgile a dit, en parlant d’Enée et de la Sibylle : Ibant obscuri solâ sub nocte per umbram, au lieu de dire : Ibant soli per umbram sub nocte obscurâ. Les locutions de ce genre sont très-fréquentes chez les poëtes anciens.
II
de l’antithèse.
L'antithèse (de αντι, contre, en face, et τιθηµι, je place) est aussi une figure mixte, qui porte à la fois sur la constructions et sur la pensée, et qui consiste à opposer les mots aux mots, les pensées aux pensées. Par ex. : Vicit pudorem libido, timorem audacia, rationem amentia. La licence a vaincu la pudeur, l’audace la crainte, la démence la raison. Cicéron a dit, en s’adressant à Catilina : De te autem, Catilina, quùm quiescunt, probant ; quùm patiuntur, decernunt ; quùm tacent, clamant. Quand c’est à toi, Catilina, que je parle ainsi, si les sénateurs restent calmes, c’est qu’ils m’approuvent ; s’ils supportent mon langage, c’est qu’ils prononcent contre toi ; s’ils se taisent, c’est qu’ils proclament leur jugement. Il a dit aussi, en parlant de l’amitié : Quocircà et absentes adsunt, et egentes abundant, et imbecilles valent, et, quod difficilius dictu est, mortui vivunt. C'est pourquoi les absents sont présents, les pauvres sont riches, les faibles sont forts, et, ce qui est plus difficile à dire, les morts reviennent à la vie. Nous citerons aussi ce beau vers de Sénèque le Tragique :
Ducunt volentem fata, nolentem trahunt.
Le destin conduit celui qui cède, il entraîne celui qui résiste.
Les antithèses employées avec goût plaisent infiniment dans les ouvrages d’esprit ; elles y font à peu près le même effet que dans la peinture les ombres et les couleurs qu’un peintre habile sait disposer convenablement, ou dans la musique les voix hautes et basses qui, en se combinant avec art, forment une délicieuse harmonie.
Au contraire, les antithèses qui sont l’effet de la contrainte et qui résultent du contraste forcé des idées et des mots, sont infiniment désagréables ; elles ressemblent, a dit Pascal, à ces fausses fenêtres que l’on dissimule sur les murs d’un appartement, pour y établir quelque symétrie.
III
de la périphrase.
La périphrase ou circonlocution consiste à exprimer en plusieurs mots ce qu’on aurait pu dire plus brièvement et souvent même en un seul mot. Par exemple : le vainqueur de Darius, au lieu de dire Alexandre ; l’astre du jour, pour dire le soleil.
On se sert de périphrases, soit par bienséance, pour envelopper comme d’un voile des idées basses ou peu honnêtes. Corneille, dans Polyeucte, a dit, en parlant du démon :
« Ainsi du genre humain l’ennemi vous abuse. »
Pour désigner les Parques, on dit : les trois déesses infernales, qui filent la trame de nos jours. Pour désigner le bourreau, on dit : l’exécuteur des hautes œuvres.
Soit aussi par précaution oratoire, pour atténuer ou dissimuler ce qui serait défavorable à la cause, ce qui serait pénible ou odieux à entendre. Cicéron, dans son discours pro Milone, au lieu de dire nettement que les esclaves de Milon tuèrent Clodius, cherche à déguiser ce fait, en disant qu’ils firent ce que chacun voudrait que ses esclaves fissent en pareille circonstance : Fecere servi Milonis quod suos quisque servos in tali re facere voluisset.
On se sert aussi de périphrases pour l’ornement du discours, surtout en poésie. Le génie du poëte consiste à amuser l’imagination par des images qui, au fond, se réduisent souvent à une seule pensée présentée sous une forme plus étendue, plus gracieuse ou plus noble.
Au lieu d’annoncer simplement l’apparition de la lumière, un poëte dira :
L'Aurore cependant, au visage vermeil,Ouvrait dans l’orient le palais du soleil ;La Nuit en d’autres lieux portait ses voiles sombres ;Les Songes voltigeants fuyaient avec les ombres.
Virgile a dit, en parlant du jour à son déclin :
Et jam summa procul villarum culmina fumant,Majoresque cadunt altis de montibus umbræ.
On se sert aussi de périphrases par nécessité, quand, dans une traduction, on ne trouve point de mots propres qui répondent exactement aux expressions que l’on veut traduire.
IV
de la gradation.
La gradation, qui est d’un usage si fréquent parmi les orateurs, consiste à disposer les mots par degrés, de telle sorte que l’intérêt aille toujours en croissant, jusqu’à ce que l’idée que l’on veut inculquer ait acquis le plus haut degré de vivacité, soit en plus, soit en moins, selon que la gradation est ascendante ou descendante.
On peut citer comme un modèle de gradation ascendante cette belle période de Cicéron : Facinus est vincire civem romanum ; scelus verberare ; propè parricidium necare ; quid dicam in crucem tollere ? In Verr., 66. C'est un crime de mettre aux fers un citoyen romain, c’est un attentat de le battre de verges, c’est presque un parricide de le faire mourir ; que sera-ce de l’attacher à une croix ?
Dans cette autre période du même auteur, la gradation est descendante d’abord, puis ascendante. Nihil agis, nihil moliris, nihil cogitas, quod ego non modò non audiam, sed etiam non videam, planèque sentiam. Tu ne fais rien, tu ne trames rien, tu ne projettes rien que je n’apprenne moimême, ou plutôt que je ne voie et dont je ne sois vivement pénétré.
Boileau, dans le second chant du Lutrin, nous offre aussi un bel exemple de gradation descendante :
« …… La Mollesse oppressée« Dans sa bouche, à ces mots, sent sa langue glacée ;« Et, lasse de parler, succombant sous l’effort,« Soupire, étend les bras, ferme l’œil et s’endort. »
V
de la litote.
La litote (de λιτὸτης, simplicité, diminution) est une figure qui consiste à dire moins, par modestie ou par égard, pour faire entendre plus. Prise à la lettre, la litote semble affaiblir la pensée ; mais les idées accessoires en font sentir toute la force.
Quand Chimène dit à Rodrigue : Va, je ne te hais point, elle lui fait entendre bien plus que ces mots ne signifient. Il en est de même quand Horace désigne Pythagore par ces mots : Non sordidus auctor naturæ verique ; et quand Virgile fait dire à Corydon : Nec sum adeò informis.
Il en est ainsi dans ces façons de parler : Je ne dédaigne pas vos présents, c’est-à-dire j’en fais beaucoup de cas. Il n’est pas sot, c’est-à-dire il a beaucoup d’esprit.
VI
de l’hyperbole.
L'hyperbole (de υπερϐολη, excès, surabondance) est une figure qui consiste à exagérer en plus ou en moins la vérité des choses dont on parle, afin d’impressionner davantage l’esprit de l’auditeur.
Si nous voulons peindre la légèreté d’un cheval à la course, nous disons qu’il va plus vite que le vent. Au contraire, si l’on veut faire entendre qu’une personne marche avec une extrême lenteur, on dit qu’elle marche plus lentement qu’une tortue.
Nos formules de compliments, qui plaisent tant à la vanité humaine, sont presque toutes d’extravagantes hyperboles. Une chose nous semble-t-elle renfermer des qualités remarquables, aussitôt nous l’accompagnons d’une épithète exagérée, et nous la présentons comme la chose la meilleure que nous ayons jamais vue. L'imagination se plaît ainsi à grossir les objets, et, selon qu’elle est plus ou moins vive, le langage est aussi plus ou moins hyperbolique. Voilà pourquoi les jeunes gens font un si grand usage de cette figure ; voilà aussi pourquoi elle est plus familière aux Orientaux, qui ont une imagination plus ardente que les Européens.
Il y a plusieurs hyperboles dans l’Ecriture sainte ; par exemple : Je vous donnerai une terre où coulent des ruisseaux de lait et de miel ; c’est-à-dire une terre extrêmement fertile.
Remarque. L'imagination du lecteur n’est point toujours disposée à s’élever jusqu’au ton de l’hyperbole ; elle en est même souvent blessée, parce qu’elle sent qu’on lui fait violence et qu’on exige d’elle un effort qui lui est pénible et désagréable. Il faut donc user sobrement de cette figure, et l’adoucir, si l’on peut, par quelque correctif : pour ainsi dire, si l’on peut dire ainsi, etc.
VII
de la personnification ou prosopopée.
La prosopopée (du grec πρὸσωπον, visage, figure, personne, et ποιεω, je fais) est une figure qui consiste à animer les choses purement matérielles, à leur prêter du sentiment, de l’action, du mouvement ; à faire parler les absents comme s’ils étaient présents, les morts comme les vivants. Cicéron, en parlant du cas de légitime défense, emploie ces expressions : Aliquandò nobis gladius ad occidendum hominem ab ipsis porrigitur legibus. Pro Mil. Quelquefois les lois elles-mêmes nous présentent le glaive pour frapper un homme. Ici les lois sont personnifiées. Pline l’Ancien dit que la terre se réjouissait d’obéir à un soc couronné de lauriers et d’être cultivée par un triomphateur : Gaudente terrâ vomere laureato et triumphali aratore.
Les personnifications sont très-fréquentes dans la poésie ; on peut même dire qu’elles en sont l’âme et la vie. Homère et Virgile, ces princes de la poésie grecque et latine, sont pleins de cette figure. La guerre, la paix, les lances, les javelots, les villes, les fleuves, les montagnes, toute la nature est vivante dans leurs écrits.
Le charme de ce style figuré est de nous associer à tout ce qui existe, de nous inspirer de l’intérêt même pour les choses inanimées, d’établir entre elles et nous une sorte de liaison, par la sensibilité qu’on leur attribue. Le passage suivant nous en offre un bel exemple :
« Là s’avance, du côté de l’orient, le puissant roi du jour, répandant la joie sur toute la nature. Les nuages qu’il dissipe, l’azur des cieux qu’il colore, les monts sourcilleux dont il dore la cime, s’empressent d’annoncer son retour. Le ruisseau, dont il épure les eaux, hâte sa course à travers la prairie. Le rocher à pic revêt des formes plus gracieuses, le désert se réjouit dans ses tristes solitudes, etc. »
Le degré le plus élevé de la personnification consiste à représenter les objets inanimés non seulement comme pensant et agissant, mais comme nous adressant la parole et prêtant l’oreille à nos discours. Cette figure, la plus hardie de toutes, ne convient qu’aux passions les plus exaltées, et ne peut être bien employée que dans le cas où l’âme est fortement émue. Une légère personnification, où l’on représente quelque objet inanimé comme agissant, peut plaire au milieu d’une description paisible, quand l’esprit ne sort point de son état habituel ; mais il faut avoir perdu de vue le cours ordinaire de ses idées, il faut éprouver de violentes émotions, pour faire parler et entendre des objets insensibles.
Fléchier nous offre un bel exemple de cette espèce de prosopopée dans l’oraison funèbre du duc de Montausier, dont le caractère dominant fut toujours une noble franchise.
« Oserai-je, dans un discours où la franchise et la candeur font le sujet de nos éloges, employer la fiction et le mensonge ? Ce tombeau s’ouvrirait, ces ossements se rejoindraient et se ranimeraient pour me dire : « Pourquoi viens-tu mentir pour moi qui ne mentis jamais pour personne ? Ne me rends pas un honneur que je n’ai point mérité, à moi qui n’en voulus jamais rendre qu’au mérite. Laisse-moi reposer dans le sein de la vérité, etc. »
Bossuet, s’adressant aux morts, s’écrie :
« Dormez votre sommeil, riches de la terre, et demeurez dans votre poussière. Ah ! si quelques générations ; que dis-je ? si quelques années après vous reveniez, hommes oubliés du monde, vous vous hâteriez de rentrer dans vos tombeaux, pour ne pas voir votre ◀nom▶ terni, votre mémoire abolie, etc. »
VIII
de l’ironie.
L'ironie est une figure qui consiste à dire le contraire de ce qu’on pense et de ce qu’on veut faire entendre.
Boileau, qui n’a pas rendu à Quinault toute la justice qu’il méritait, a dit de lui par ironie :
« Je le déclare donc, Quinault est un Virgile. »
Il voulait dire un mauvais poète.
Cicéron, voulant faire voir que Clodius n’était point un personnage qu’on dût regretter beaucoup, s’exprime ainsi : Sed stulti sumus qui Drusum, qui Africanum, Pompeium, nosmetipsos cum Clodio conferre audeamus. Tolerabilia fuerunt illa : Clodii mortem æquo animo nemo ferre potest : luget senatus, mœret equester ordo, tota civitas confecta senio est, squalent municipia, afflictantur coloniæ, agri denique ipsi tam beneficum, tam salutarem, tam mansuetum civem desiderant. Je suis un insensé d’oser comparer les Drusus, les Scipion, les Pompée, de me comparer moi-même à Clodius. Ces attentats furent tolérables : Clodius est le seul dont la mort ne puisse être supportée. Le sénat gémit ; les chevaliers se lamentent ; Rome entière est en pleurs ; les villes municipales se désolent ; les colonies sont au désespoir ; les campagnes elles-mêmes déplorent la perte d’un citoyen si bienfaisant, si utile, si débonnaire.
Le plus souvent c’est le ton de la voix et la connaissance des sentiments de celui qui parle et de ceux à qui il parle, qui nous révèlent l’ironie. C'est un éloge qui devient une satire selon les circonstances.
IX
de l’euphémisme.
L'euphémisme (du grec εὖ, bien, et φηµἰ, je dis) est une figure par laquelle on déguise des idées désagréables, odieuses ou tristes, sous des ◀noms▶ qui ne sont point les ◀noms▶ propres de ces idées, mais qui leur servent comme de voile, en les présentant sous des images plus agréables ou plus honnêtes.
C'est ainsi qu’on dit, en parlant du bourreau : le maître, ou l’exécuteur des hautes œuvres.
Nous disons aussi : Dieu vous assiste, Dieu vous bénisse, plutôt que de dire : Je n’ai rien à vous donner.
Sostrata, dans Térence, dit à son fils Pamphile : Quid lacrymas ? Quid es tam tristis ? Pourquoi pleurez-vous ? Pourquoi êtes-vous si triste ? Et le fils répond : Rectè, mater. Tout va bien, ma mère.
Il faut rapporter à la même figure l’adjectif sacra dans ces paroles de Virgile : Auri sacra fames. Sainte soif de l’or (pour dire soif exécrable).
La mer Noire, qui est très-dangereuse pour la navigation, se nomme Pont-Euxin, Pontus-Euxinus, par euphémisme ; c’est-à-dire mer favorable aux voyageurs.
Voilà pourquoi Ovide a dit que le ◀nom▶ de cette mer était un mensonge :
Quem tenet Euxini mendax cognomine littus.
Remarque. L'étude des figures, beaucoup trop négligée, est cependant pleine d’intérêt et d’utilité. Elle habitue les jeunes élèves à se rendre compte des procédés ingénieux du langage ; elle leur révèle des voies mystérieuses dont les grands écrivains avaient seuls le secret ; elle ouvre devant eux un horizon qu’ils aimeront à parcourir, quand leur âme se sera épanouie sous l’influence féconde des études littéraires. Gardons-nous bien de croire que les anciens, et parmi les modernes tant de critiques sérieux, se soient imposé une tâche stérile, en s’appliquant à rechercher et à définir les figures du langage.
SYNONYMES LATINS.
Nous ne rapportons ici que les synonymes les plus fréquents, que ceux dont l’usage est le plus habituel, et la connaissance plus nécessaire.
I. — Acies, exercitus, agmen.
Acies (du grec αϰη, pointe) désigne proprement la partie aiguë ou tranchante d’un instrument. Acies ferri, le tranchant du fer. Au figuré, il signifie partie fine, délicate, pénétrante. Acies oculorum, la pénétration de la vue. Acies ingenii, la vivacité de l’esprit. Il s’emploie spécialement pour désigner une armée rangée en bataille. Aciem instruere, ranger une armée en bataille.
Exercitus (de exercere, exercer) signifie proprement un corps de troupes formées par l’exercice. Exercitum ducere, conduire une armée. Au figuré, il se prend quelquefois dans le sens de peines, angoisses.
Agmen (de agere, conduire) signifie une troupe quelconque en marche. Agmen muliebre, une troupe de femmes. Agmen aligerum, une troupe d’oiseaux. Il désigne spécialement une armée en marche. Primum agmen ducere, conduire l’avant-garde ; et, par analogie, marche, mouvement Effuso agmine, à marche forcée.
II. — Abdere, condere, abscondere, recondere, occulere, occultare.
Tous ces verbes expriment une idée générale, celle de cacher ; mais ils diffèrent en ce que abdere (de dare ab) signifie éloigner de la vue. Ille se in interiorem partem ædium abdidit. Cic. Au figuré, abdere se litteris, Cic., s’enfoncer dans l’étude des lettres. — Condere (dare cum), mettre avec, mettre ensemble. Pecuniam, fructus condere. Au figuré, condere historiam, Liv., faire une histoire, parce qu’on joint ensemble plusieurs évènements. — Abscondere (dare cum abs), mettre ensemble hors de la vue. Erant fortassè gladii, sed ii absconditi. Cic. — Recondere (de re pour rursùm ou retrò), enfermer de nouveau, cacher avec soin. Gladium cruentum in vaginam recondidit. Cic. Au figuré : Reconditæ artes. Cic. — Occulere (de ob et oculus), ne pas laisser à la vue, couvrir. Vulnera Appii apparent, nec occuli possunt. Cic. — Occultare (fréquentatif d’occulere), cacher avec soin. Un homme qui craint, se in remotiorem ædium partem abdit ; le laboureur, condit fruges et fructus in horreâ ; le jardinier avant les gelées, occulit cinaras, couvre ses artichauts ; un avare, occultat nummos.
III — Abjicere, projicere, deponere.
Abjicere (de jacere ab, jeter loin de) marque ordinairement de la passion ou du mépris. È muro se in mare abjecit, lecto Platonis libro. Cic. — Projicere (de jacere pro ou porrò), jeter loin, jeter çà et là. Projice tela manu. Virg. Cadavera projecta jacent. Id. — Deponere (ponere de), déposer sans efforts. Corpora sub ramis deponunt. Virg. Abjiciunt n’irait pas si bien.
IV. — Abire, discedere, decedere, excedere, proficisci.
Abire (ire ab), s’en aller. Iidem abeunt qui venerant. Cic. — Discedere, decedere, excedere, se retirer ; mais decedere (cedere de), faire place à un autre ; excedere (cedere ex), non seulement faire place, mais sortir du lieu ; discedere (de cedere dis pour diversim), quitter pour aller ailleurs. — Proficisci, partir en voyage. Adolescentulus miles ad Capuam profectus sum. Cic.
V. — Abnuere, renuere, recusare, negare, abnegare, denegare.
Abnuere (de nutus, signe de tête, et ab, qui marque éloignement), faire connaître par un signe de tête qu’on ne consent pas. Vos imperium abnuistis. Liv. — Renuere, faire connaître par un signe qu’une chose déplaît. Oculo renuente negavi. Ov. — Recusare, refuser ce qui est offert. Recusare munus legationis. Cic. — Negare, refuser de donner, refuser ce qu’on demande. Alimenta miseris negare. Ov. Par extension, dire que non. Negant quemquam virum bonum esse, nisi sapientem. Cic. — Denegare ajoute à l’idée de negare. Denegare auxilium. — Abnegare, refuser constamment de donner.
VI. — Absolvere, perficere.
Absolvere (de solvere ab), proprement délier, détacher. Est vinculis alligatus, sed ego illum absolvam. Au figuré, 1° Absoudre. Absolutus est tali crimine. 2° Achever. Nullus pictor Veneris eam partem, quam Apelles inchoatam reliquerat, absolvit. Cic.
Absolvere, dans ce dernier sens, est finir de quelque manière que ce soit ; au lieu que perficere (de facere, faire, per, parfaitement) est finir de manière qu’il ne manque rien. Pensum absolvisti, non perfecisti.
VII. — Abstrahere, detrahere, abripere.
Abstrahere (trahere abs), entraîner, marque de la violence. De complexu amicorum abstrahi. Cic. In servitutem abstrahi. — Detrahere (trahere de), enlever, retrancher. Detrahere vestem alicui. Ter. — Abripere (rapere ab), enlever de force. A liberis suis abstractus. Cic.
VIII. — Accendere, incendere, inflammare, succendere, cremare, urere.
Accendere, mettre le feu à quelque chose, l’allumer. Deus ipse solem, quasi lumen accendit. Cic. — Incendere, mettre une chose en feu. Urbem incendere. Cic. — Inflammare, faire paraître la flamme. Classem inflammari, incendique jussit. Cic. — Succendere (de accendere sub), mettre le feu dessous. In succensum rogum corpora injecerunt. Liv. — Cremare, réduire en cendres. Nùm incensa cremavit Troja viros ? Virg. Urere, brûler. Cedrum urere. Virg.
IX. — Accusare, incusare, arguere, insimulare.
Accusare (de cudere, frapper, ou causa, cause), accuser, imputer une faute. Is apud sacerdotem rei capitalis accusatus est. Cic. — Incusare, rejeter la faute sur quelqu’un, la lui reprocher en particulier. Quid me incusas, Clytipho ? Ter. — Arguere signifie 1° Manifester. Degeneres animos timor arguit. Virg. 2° Convaincre. Harum rerum nullum crimen erat apertum, quo argui posset. Cic. — Insimulare (de similis), proprement, faire semblant. Fugere insimulavi. Cic. Plus souvent, accuser, faire comprendre que quelqu’un est coupable. Marcellum insimulabat sinistros de Tiberio habuisse sermones. Tac.
X. — Acervus, congeries, strues, cumulus.
Acervus (de αϰις, pointe, ou de αγειρειν, rassembler) désigne un amas de choses de même espèce. Acervus frumenti, acervus scutorum. — Congeries (de gerere cum), amas de choses apportées ensemble. Lignorum congeries. Ov. — Strues, un tas, un monceau. Strues salinarum. Cic. — Cumulus, comble, amas considérable. Consulis corpus, quia obrutum super stratis Gallorum cumulis erat, inveniri non potuit. Liv.
XI. — Adorare, colere, observare, venerari, revereri.
Adorare (de orare ad) signifie 1° Adorer. Deum adorare. 2° Prier, demander humblement. Cum dictator à diis pacem adorasset. Liv. — Colere, dont le premier sens est cultiver, signifie, comme synonyme des autres, honorer, rendre un culte. Deum maximè Mercurium colunt. Cic. — Observare (de servare ob), dont le premier sens est observer, examiner, signifie ici faire sa cour, être assidu auprès de quelqu’un. Regem non sic Ægyptus observat. Virg. — Venerari (quasi veniam orare), invoquer. Venerari aliquem ut Deum. Cic. Il signifie aussi respecter, révérer. Venerari memoriam alicujus. Cic. — Revereri est l’effet d’une crainte respectueuse. Deum solum adoramus, colimus Deum et parentes, Deum veneramur et memoriam sanctorum ; patrem observat filius ; subditi præstantem virum reverentur.
XII. — Adoriri, aggredi, impugnare.
Adoriri (oriri, se lever, ad, vers), sortir vers, attaquer de près. Hostes à tergo novissimum agmen adorti. — Aggredi (de gradi, marcher, ad, vers), aller vers, aborder, attaquer. Quis audeat benè comitatum aggredi ? Cic. — Impugnare (de pugnare in), combattre contre.
XIII. — Adversarius, inimicus, hostis.
Adversarius signifie proprement celui qui est opposé. Adversarii duces. Celui qui intente un procès. Adversarii Milonis ante judices stabant. Il se prend aussi pour adversaire, ennemi qui résiste. — Inimicus (non amicus) désigne un ennemi particulier. Non sumus inimici tui, sed amicissimi. — Hostis se prend ordinairement pour un ennemi de guerre. Hostes mœnia obsident.
XIV. — Adulari, assentari, blandiri.
Adulari, caresser, convient proprement aux chiens. Canes fidè et constanter dominos adulantur. Il signifie le plus souvent flatter bassement. Ne adulari nos sinamus. Cic. — Assentari (fréquentatif de assentire, être du même avis) signifie applaudir, consentir à tout. Assentatio nonnunquàm auget contemptum. — Blandiri (de blandus, doux), flatter par des paroles doucereuses. Discipuli magistros blandiuntur.
XV. — Ædes, templum, delubrum, fanum.
Ædes, au singulier, désigne ordinairement un lieu saint élevé en l’honneur de la divinité. Ædes Vestæ. Cic. Au pluriel, il signifie édifice public, et par extension toute autre maison, logis, appartement. — Templum était un lieu profane consacré par les augures. On appelait templum la tribune aux harangues et différents palais consacrés par les augures. Templum, pris pour un temple, était plus vaste que delubrum, qui n’était qu’un petit temple, ou même une partie de temple. Au Capitole était un temple dans lequel il y avait trois petits temples, delubra, renfermés dans la même enceinte. Delubrum Junonis, Jovis et Minervæ. Cic. Delubrum était l’endroit où l’on plaçait la statue de la divinité. — Fanum (de fari) était proprement un lieu consacré par les augures pour la construction d’un temple. On appelait aussi fana les maisons consacrées par les pontifes.
XVI. — Allicere, attrahere, compellere.
Allicere (de l’inusité lacire, attirer dans un piège), gagner, attirer, allécher. Allicit homines ad diligendum virtus. Cic. Au figuré : Magnes lapis ferrum ad se allicit. Cic. — Attrahere (de trahere ad) marque une sorte de violence, entraîner. Bis ad subsellia attractus. Cic. Attiré deux fois devant le tribunal. Au figuré : Ad amicitiam nihil tam allicit et attrahit, quàm similitudo morum. Cic. — Compellere (pellere cum), pousser ensemble, rassembler. Compellere greges in unum. Virg.
XVII. — Ambire, cingere, redimire, circumdare, circumducere.
Ambire (du grec αµφι, autour, et εω, je vais), entourer de plusieurs côtés, en tous sens. Terram ambit aër. Cic. — Cingere, ceindre. Comam lauro cingere. Cic. — Redimire (de δεσµος, lien, et re), attacher autour, se dit proprement des bandelettes, rubans, festons. Redimitus tempora lauro. Virg. — Circumdare (dare circum), mettre autour, environner. Nova mœnia circumdedit oppido. Cic. — Circumducere, mener, conduire autour. Aratrum circumducere. Cic.
XVIII. — Amens, demens, excors, insanus, vesanus.
Amens (de a, privatif, et mens, esprit) est un homme dominé par une passion, au point de n’avoir plus sa raison. An me tam amentem putas ? Cic. — Demens (de mens, esprit et de, qui marque privation) est un homme qui manque de tête et de jugement dans certaines choses. Quærere mortem in infelicitate dementis est. — Excors (de cor, cœur, ex, hors de), qui n’a point de cœur, qui ne sent pas ce que les autres sentent. Neque tu eras tam excors tamque demens, ut nescires. Cic. — Vecors (de ve, particule privative, et cor), qui a un mauvais cœur, pervers, téméraire, extravagant. O vecors et amens ! — Cic. Insanus (non sanus), non sain d’esprit, qui ne suit plus sa raison. Tunc insanus eris. Virg. — Vesanus est celui qui, esclave d’une passion, est dans une espèce de délire. Homo vesanus et furiosus. Cic.
XIX. — Animus, anima, mens, spiritus.
Animus (d’ανεµος, vent) désigne l’âme en général en tant qu’elle sent, qu’elle pense, qu’elle souffre. Animus est qui viget, qui sentit, qui meminit, qui movet corpus. Cic. — Anima (même racine), vent, souffle, vie, l’air que nous respirons. Ignem ad flammas anima perducit anili. Ov. Il se prend aussi dans le sens de animus. Anima consilii est rationisque particeps. Cic. — Mens se dit de l’esprit, de la partie intelligente de l’âme. Mens stetit in dubio. L. — Spiritus (de spirare), air, souffle, respiration. Demostheni angustior erat spiritus. Au pluriel : cœur, courage, fierté.
XX. — Artifex, faber, opifex, operarius, mercenarius.
Artifex (d’ars et de facere), artiste, qui observe les principes de son art. — Faber, tout ouvrier en matière dure, qui travaille sur les métaux. Faber ærarius, chaudronnier ; faber aurarius, orfèvre ; faber lignarius, charpentier. — Opifex (opus faciens), un ouvrier qui fait des ouvrages à la main. Opus opificem probat. Ph. A l’œuvre on reconnaît l’ouvrier. — Operarius, manœuvre, homme à la journée. — Mercenarius (de merces), mercenaire.
XXI. — Auferre, adimere, eripere, diripere, subripere.
Auferre (de ferre, porter, à, loin de), emporter d’un lieu. — Adimere (de emere, ôter, è, de), ôter, retrancher. — Eripere (de rapere ex), ôter de force, ravir. — Diripere (diversim rapere), enlever, ravir de différents côtés. — Subripere (rapere sub), enlever furtivement.
XXII. — Aura, ventus, flatus, flamen.
Aura (du grec αὒρα), vent doux, léger souffle. Aura lenis, un air doux. — Ventus, le vent en général, air poussé d’un lieu à un autre avec plus ou moins de violence. — Flatus (de flare, souffler), souffle, médiocre agitation de l’air. — Flamen, vent impétueux, s’emploie en poésie.
XXIII. — Auxiliari, adjuvare, opitulari, subvenire, succurrere.
Auxiliari (de augere), augmenter les forces. Nihil Numantinis auxiliatæ sunt corporis vires. — Adjuvare, aider à porter un fardeau, seconder. Adjuva me ; sub onere deficio. — Opitulari de ops, opis, et ferre, tuli), aider de son crédit ou de ses richesses ceux qui sont dans le besoin. Ut quisque maximè opis indiget, ita ei opitulari. Cic. — Subvenire, aller au secours. — Succurrere, courir, voler au secours.
XXIV. — Beatus, felix, fortunatus.
Beatus désigne l’état d’une âme pleinement satisfaite, celui qui a ce qu’il désire. Qui his in terris beatus est, beatior esse potest. — Felix exprime l’état du cœur disposé à goûter le plaisir, et à le trouver dans les biens dont il jouit ; heureux, qui a du succès. Res prosperæ felicem faciunt virum. — Fortunatus, qui est favorisé de la fortune. Fortunata domus. Pr.
XXV. — Benignus, beneficus, liberalis, largus, prodigus, munificus, profusus.
Benignus, bienfaisant, qui aime à faire du bien. Benigno animo esse in aliquem. Ter. — Beneficus (de benefacere), qui aime à donner. Beneficus est qui non sui, sed alterius causâ benignè facit. Cic. — Liberalis est un homme qui donne noblement, généreusement. Liberalis dicitur qui officium, non fructum sequitur. Cic. — Largus est celui qui donne abondamment. Largum, beneficum, liberalem esse, hæ sunt regiæ laudes. Cic. — Prodigus, celui qui donne avec profusion. Duo sunt genera largorum, quorum alteri prodigi, alteri liberales. Cic. — Munificus (munus faciens), qui fait des présents, généreux. Convenit in dando munificum esse. Cic. — Profusus (de fundere pro), qui aime à répandre.
XXVI. — Blandus, dulcis, lenis, suavis, mansuetus, mitis.
Blandus se dit du toucher, qui flatte, qui caresse de la main. Lacertis blandis tenere puerum. Ov. Canes blandi. Virg. Au figuré, insinuant. Blanda oratione falli. Cic. Blandi doctores. Ov. — Dulcis, doux au goût. Mustum dulce. Virg. Dulcior melle. Ov. — Lenis, doux au toucher. Lene et asperum. Cic. Au figuré : Non lenis dominus. Hor. — Suavis convient à l’odorat. Odor suavis et jucundus. Cic. Au figuré : Suavis homo. — Mansuetus (quasi manui assuetus), doux, traitable. Ex. : Mites fecit ac mansuetos. Cic. — Mites se dit des fruits mûrs. Sunt nobis mitia poma…
XXVII. — Capere, sumere, rapere.
Capere, prendre, se saisir d’une chose. Capere pecuniam. Au figuré : Capere consilium. Il s’emploie aussi dans le sens de contenir. Nec te Troja capit. Virg. — Sumere, prendre une chose toute prête, une chose qui nous appartient. Epistolam sumit et perlegit. Sall. — Rapere marque de la vitesse ou de la violence. Non sumit, sed rapit.
XXVIII. — Carere, egere, indigere, vacare.
Carere, proprement, être privé d’une chose agréable ou désagréable qu’on a eue. Carere pecuniâ. Expetuntur voluptates, ut dolore careas. — Egere, manquer, ne point avoir. Egere consiliis. — Indigere exprime la même idée, mais avec plus de force. Omnibus indigent. — Vacare (de vacuus), être vide. Tota domus superior vacat, tout l’appartement d’en haut est vide. Au figuré, être exempt. Vacare culpâ. Cic. Il se prend aussi pour vaquer à, s’appliquer. Vacare philosophiæ. Il signifie aussi être loisible. Scribes aliquid, si vacet. Cic.
XXIX. — Castigare, punire, animadvertere, plectere, mulctare.
Castigare (castum agere), rendre bon, chaste, irréprochable, châtier. Castigare aliquem verbis, dictis, litteris. Cic. — Punire (de pœna), punir. Il se dit principalement d’une punition corporelle. Quipunit, aut verbis castigat. Cic. On châtie celui qui a commis une faute pour l’empêcher d’y retomber. On punit celui qui a fait un crime. Dieu châtie en ce monde, et il punit dans l’autre. — Animadvertere (de vertere animum ad), punir, sévir contre, avec cette différence qu’il ne se dit que des juges et de ceux qui ont autorité. Magister animadvertit in discipulos. — Plectere (de πλησσω, frapper). 1° Plier. Plectere de vimine calathos. Virg. 2° Battre, punir. Plecti à tergo. Cic. — Mulctare (de mulcta), condamner à une amende. Il se prend plus généralement : Vitia hominum damnis, vinculis, verberibus mulctantur. Cic.
XXX. — Celare, silere, tacere, obticere, reticere, conticere, obmutescere.
Celare, céler, ne pas donner à connaître. Non celavi te sermonem meum. Cic. — Silere, ne rien dire, être silencieux. Muta silet virgo. Au figuré : Inter arma silent leges. Cic. — Tacere, se taire, quand on pourrait ou l’on devrait parler. Quùm deberet loqui, tacet. — Obticere (de tacere ob), se taire dans quelque occasion, n’oser continuer de parler. Chorus turpiter obticuit sublato jure nocendi. Hor. — Conticere (tacere cum), garder un profond silence, se taire tous ensemble. Conticuere omnes. Virg. — Obmutescere, devenir muet, ne savoir que dire. Tali aspectu obmutuit.
XXXI. — Celerare, festinare, maturare, properare.
Celerare, avancer, se presser, faire diligence. Agere et celerare statuit. Tac. — Festinare, faire avec diligence et précipitation. Quæ causa cur Romam festinaret ? Cic. — Maturare (de maturus), proprement, atteindre la maturité. Uva maturata dulcescit. Cic. Au figuré, faire de bonne heure par précaution, se hâter. Maturate fugam. Virg. — Properare, se presser, terminer à la hâte. Rem properavi deducere in judicium. Cic.
XXXII. — Censere, sentire.
Censere, être d’avis sur un point énoncé. De re istâ censeo ut tu ipse sentis. Il signifie aussi faire un état de son bien. Prædia mea censui. J'ai fait la déclaration de mes héritages. — Sentire, être convaincu intérieurement. De cæteris rebus quid senserim, quidve censuerim audisse te arbitror. Cic. Sentire se dit du corps et de l’âme. Propter morbum, suavitatem cibi non sentiunt.
XXXIII. — Citus, properus, festinus, rapidus, velox, celer, levis, pernix, præpes, alacer, promptus.
Citus (de ciere, exciter), mu, poussé, excité. Incessus modò citus, modò tardus. Sall. — Properus, qui se hâte et qui est hâté. Properam ancillam video venientem. Plaut. Cursus properus. Ov. — Festinus, qui s’empresse de faire une chose. Cursu festinus anhelo. Ov. — Rapidus (de rapere), rapide, véhément. Venti rapidi. Virg. Rapidus amnis. Id. — Velox, vif, qui va vite, tant au physique qu’au moral. Velox animus. Hor. Pedites velocissimi. Cæs. — Celer, qui fait vite, qui ne perd point de temps. Evaditque celer ripam irremeabilis undæ. Virg. Animus celer. Id. — Levis, proprement, léger, qui n’est point pesant. Pondus leve. Ov. Levis exilit. Hor. Au figuré : Puer levis. Spes levis. Hor. — Pernix (niti per), qui s’efforce d’avancer. Pedibus celerem, et pernicibus alis. Virg. — Præpes (de præ et πετοµαι, voler), prompt dans son vol. Avis præpes. Cic. Præpetibus pennis ausus est se credere cœlo. Virg. — Alacer, gai, vif, prompt, actif. Equus alacer. Ov. Alacer ad bellum animus. Cæs. — Promptus (de emere, tirer, pro, devant), tiré, mis dehors. Aliud clausum in pectore, aliud in linguâ promptum habere. Sall. Au figuré, tout prêt, tout disposé. Gallorum ad bella suscipienda alacer et promptus animus. Cæs.
XXXIV. — Civitas, urbs, oppidum.
Civitas (de civis, formé de coire) désigne une totalité de citoyens formant un corps politique. Cœtus hominum jure sociati, quæ civitates appellantur. Cic. En ce sens, il peut y avoir plusieurs villes dans une seule cité. — Urbs est la ville et ses édifices. Domicilia conjuncta, quas urbes dicimus, mœnibus sepserunt. Cic. — Oppidum (de opes), place forte. Oppidorum appellatio orta est, quòd opem darent. Cic.
XXXV. — Clades, strages.
Clades (de ϰλαδος, rameau) se dit proprement des branches rompues par le vent ou autrement. Au figuré, défaite, désastre. Clades exercituum. Tac. — Strages (de sternere), abattis, renversement Strages arborum. Au figuré, ravage, massacre. Quas ego pugnas et quantas strages edidi ? Cic.
XXXVI. — Clarus, illustris, insignis, nobilis, celeber, inclytus.
Clarus, clair, qui répand de la lumière. Clarus dies. Au figuré, remarquable. Genere et factis clarus. Cic. — Illustris (de in et lux), éclairé, qui a du jour, qui est au jour. Via illustris et lata. Sall. Au figuré, illustre, célèbre par quelque chose de louable. Vir honore et nomine illustris. Cic. Factum illustre. Ib. — Insignis (de in et signum), qui a des signes remarquables. Maculis insignis et auro. Virg. Au figuré : Insignis genere, insignior contumeliâ. Cic. — Nobilis (de nosse), connu, célèbre, distingué. Vir nobilis et clarus doctrinâ. Cic. — Celebris ou celeber, célèbre, fréquenté. Celebris homo, dit Valla, qui celebratur, qui frequentatur ab honoratis hominibus. Locus celebris. Cic. Forum celebre. Id. Au figuré, célèbre, illustre. — Inclytus (de in et ϰλυω, audio), dont on parle beaucoup. Armis inclytus. Virg.
XXXVII. — Clemens, misericors, indulgens, placidus.
Clemens (quasi clinans mentem) se dit d’un homme paisible, qui possède son âme en paix ; et par extension, clément, débonnaire. O clemens ! ô pia ! — Misericors (de cor et miseret), qui prend part à la misère des autres, miséricordieux. Scimus in alios te esse misericordem. — Indulgens, indulgent, complaisant, qui ne refuse rien. Pater nimis indulgens in liberos. — Placidus, paisible, tant au physique qu’au moral. Aliquem iratum placidum ac mollem reddere. Cic.
XXXVIII. — Clypeus, parma, scutum, umbo, pelta, ancile.
Clypeus (de γλυφω, creuser) était un bouclier rond et creux ; il couvrait toute la poitrine. — Parma était aussi un bouclier rond, mais plus petit. — Scutum (de σϰυτος, peau, cuir) était le bouclier long. Scutis protecti corpora longis. Virg. — Umbo est proprement la bosse du bouclier. — Pelta (de πελτη), petit bouclier en croissant. Ducit Amazonidum lunatis agmina peltis. Virg. — Ancile (de an pour am, autour, et cædere, couper), bouclier échancré des deux côtés.
XXXIX. — Cogere, colligere.
Cogere (de cum agere) se dit des choses qu’on rassemble ou qu’on épaissit. Tityre, coge pecus. Virg. Frigore mella cogit hyems. Id. Au figuré, contraindre, forcer. Nemo te coegit. — Colligere (de legere cum), cueillir, ramasser. Fructus colligere. Hor. Au figuré : Colligere animos, reprendre ses esprits. Colligere iram, se mettre en colère.
XL. — Collis, clivus, mons, jugum, tumulus, agger.
Collis, colline, éminence. Exercent vomere colles. Virg. — Clivus (de ϰλινω, pencher) est la pente d’une colline. Descendere per clivum. Ov. — Mons, montagne. Altiludo montium. Cic. — Jugum (de jungere). 1° Joug. Demere juga fatigatis bobus. Hor. 2° Comme jugum se met sur la tête des bœufs, il a signifié figurément le haut d’une montagne. Summum montis jugum ascendere. Cæs. — Tumulus (de tumere, tertre, éminence). Prope muros tumulus est terreus. — Agger (de gerere ad) se dit d’un amas de terre, d’une terrasse. Fossas aggere complent. Virg.
XLI. — Cohibere, continere, coercere, comprimere, frænare, compescere.
Cohibere (de habere cum), retenir. Crinem cohibere nodo. Hor. Cohibere gradum, retenir ses pas. — Continere (tenere cum), contenir. Exercitum castris continuit. Cæs. Non potest is exercitum continere, qui seipsum non continet. — Coercere (de arcere, repousser, retenir, cum), arrêter. Clausa domo teneor gravibusque coercita vinclis. Ov. — Comprimere (de premere cum), presser, serrer ensemble ou avec, comprimer. Comprimere oculos, fermer les yeux. Comprimere vocem, retenir sa voix. Au figuré : Comprimere seditionem. — Frænare (de frenum), mettre un frein à un cheval, brider. Au figuré : Spes frenare avidas, réprimer ses désirs avides. Frenare impetum, arrêter son impétuosité. — Compescere (de cum et de pascua), proprement, retenir dans les mêmes pâturages ; usité seulement au figuré ; modérer. Hunc frenis, hunc tu compesce catenâ. Hor.
XLII. — Comes, socius, sodalis.
Comes (ire cum), compagnon de voyage. Ipse comes Niso graditur. Virg. — Socius (de sequi), associé, compagnon de fortune. Periculorum socius. Cic. — Sodalis, compagnon de plaisirs. Epulabar cum sodalibus.
XLIII. — Comitia, concilium, concio, cœtus, conventus.
Comitia (de cum ire), les comices, l’assemblée pour élire des magistrats, ou pour établir des lois. Venio ad comitia sive magistratuum, sive legum. Cic. — Concilium, réunion, assemblée d’un peuple pour délibérer. Concilio convocato. Cæs. Il se dit plus spécialement de l’assemblée des grands. Concilium primorum civium. — Concio (de ciere cum), assemblée du peuple ou des soldats. Vocati sunt cives ad concionem. — Cœtus (de coire), assemblée quelconque. Cœtus matronarum. Cic. Cœtus nefarii. Id. — Conventus se dit des personnes assemblées en un même lieu. Virorum et mulierum conventus.
XLIV. — Consuetudo, mos, mores, usus.
Consuetudo (de suescere cum), coutume, habitude, familiarité. In consuetudinem alicujus venire, se familiariser avec quelqu’un. Familiaritas quotidiana consuetudine augetur. Id. — Mos, mode, coutume, pratique. Mos est ita facrendi. Cic. More suo vivebat. — Mores se dit ordinairement des mœurs. Labuntur ad mollitiem mores. Cic. Il se prend pour coutumes établies. Est in patriis moribus post meridiem quiescere. — Usus, usage. Si velit usus, si l’usage le veut. Ce que le grand nombre pratique, consuetudo est ; ce qui se pratique depuis longtemps, mos est.
XLV. — Crassus, densus, spissus.
Crassus, gros, épais, grossier. Crassas gurgite volvit aquas. Ov. Il roule des eaux épaisses dans son gouffre. Crassa manus, crassus aër, crassus homo. Au figuré : Crassâ et pingui Minervâ, avec le gros bon sens. — Densus, condensé, serré. Densior aëre tellus. Ov. Et densos fertur in hostes. Virg. Densus aër est moins fort que crassus aër. — Spissus se dit. d’une forêt, d’un buisson. Arbor spissa ramis, umbræ spissæ. Virg. Caligo spissa.
XLVI. — Creare, gignere, generare.
Creare, créer, donner l’être, faire sortir du néant. Deus creavit cœlum et terram. Au figuré : Creare magistratum. — Gignere (de γιγνοµαὶ), produire. Ova gignunt pisces. Quæ in terris gignuntur, ad usum hominum omnia creantur. Cic — Generare (de genus), engendrer. Homines hominum causâ generati sunt. Cic.
XLVII. — Credere, confidere, committere.
Credere, qui veut dire proprement croire, ajouter foi, comme nous le considérons ici, est l’effet de l’estime ; et confidere l’effet de la confiance. Cette phrase de Tite-Live nous le fait comprendre : Et consules magis non confidere, quàm non credere militibus suis. Les consuls avaient moins de confiance dans les soldats, qu’ils ne doutaient de leur courage. Credere aciem campo. Virg. Confidere promissis alicujus. — Committere (de mittere cum), commettre, abandonner. Arbitrio alicujus aliquid committere. Committere se fluctibus.
XLVIII. — Crepitus, fremitus, strepitus, stridor, murmur, susurrus.
Crepitus (de crepare, craquer), craquement, bruit. Crepitus dentium. Cic. Forium crepitus. PI. Viridis materiæ crepitus. Liv. — Fremitus (de fremere), frémissement, bruit effrayant. Maris murmurantis fremitus. Cic. Horribilis fremitus armorum. Id. — Strepitus (de strepere), bruit rude et confus. Ingens valvarum strepitus. Cic. Strepitus armorum, le fracas des armes. — Stridor, bruit aigu. Stridor serræ. Cic. Stridorque rudentum. Virg. — Murmur, bruit, gazouillement, murmure. Maris murmur. Cic. Jucundo labentes rivi murmure. Ov. Ventosi ceciderunt murmuris auræ. Id. — Susurrus, petit bruit que l’on fait en parlant tout bas. Lenes sub noctem susurri. Gazouillement des eaux. Lympharum susurrus. Hor.
XLIX. — Crimen, culpa, delictum, peccatum, scelus, facinus, flagitium, nefas.
Crimen (de ϰρίνω), signifie accusation, reproche. Crimen diluere, se justifier d’une accusation. Il se prend quelquefois dans le sens de crime. Vitasque et crimina discit. Virg. Il apprend la vie et les crimes de chacun. — Culpa est une faute légère ou de faiblesse. Si quâ culpâ tenemur, à scelere certè liberati sumus. Si nous avons commis quelques fautes, nous ne sommes point coupables de grands crimes. — Delictum (de linquere de) est une faute où l’on omet ce que l’on devrait faire. — Peccatum est celle où l’on fait ce que l’on ne devrait pas faire. Necesse est qui velit peccare, aliquando primùm delinquere. Il faut que celui qui pèche par action, ait d’abord péché par omission. — Scelus est un grand crime. Solvere breves pœnas magnis sceleribus. Sen. Expier de grands forfaits par de légers châtiments. — Facinus (de facere) est en général une action hardie, audacieuse. L'adjectif auquel il est joint le fait prendre en bonne ou en mauvaise part. Aliquo negotio intentus præclari facinoris. Sall. Appliqué à quelque grande action. S'il n’y a pas d’adjectif ou d’autres mots déterminatifs, il se prend en mauvaise part. Homines ad vim, ad facinus cædemque detecti. Cic. Des hommes surpris à des actes de violence, à des crimes et à des assassinats. — Flagitium (de flagitare, solliciter) signifie proprement demande pressante, bruit, tumulte, désordre ; et par extension, faute, crime honteux. Quod facinus à manibus unquàm tuis, quod flagitium à toto corpore abfuit. Cic. — Nefas (non fas), action spécialement défendue par les lois divines. Nefas est scelus impii et sacrilegi.
L. — Cruor, sanguis.
Cruor est le sang qui coule d’une blessure. Arma nondùm expiatis uncta cruoribus. Hor. Les armes teintes d’un sang que l’on n’a point expié. — Sanguis est le sang qui coule dans les veines. Sanguis per venas in omne corpus diffunditur. Cic.
LI. — Cultus, ornatus, munditiæ, ornamentum.
Cultus (de colere, cultiver), proprement culture. Au figuré, manière d’honorer, culte. Synonyme d’ornatus, il a pour objet les habits, l’or, les pierreries, etc., et se règle par l’éclat et la magnificence. — Ornatus consiste dans le soin des cheveux, du visage et de tout le corps, et se règle sur la mode et la décence. Cultus in auro et argento et gemmis et vestibus deputatur ; ornatus in capillis et cute. Tert. — Munditiæ (de mundus) se dit de la propreté. Munditiæ, et ornatus, et cultus, hæc fœminarum insignia sunt, his gaudent et gloriantur. Liv. — Ornamentum se dit de tout ce qui orne en général. Hæc domus erat ornamento civitati. Cic. Ornamenta orationis. Id.
LII. — Cupere, concupiscere, optare, avere, desiderare, velle.
Cupere, souhaiter, se dit des choses éloignées. Tuâ virtute frui cupimus. Cic. — Concupiscere (fréquentatif de cupere), convoiter, marque plus d’empressement. Divitias concupiscere. Cic. — Optare marque du choix, du discernement. Tuum est, o regina, quid optes dicere. Virg. — Avere, avoir envie, marque du sentiment et du goût. Valdè aveo scire quid agas. Cic. — Desiderare, désirer ce qu’on a eu, regretter, attendre. Neque enim vires desidero adolescentis. Cic. — Velle, vouloir, marque de la connaissance et de la réflexion. Cupio omnia quæ vis. Hor.
LIII. — Curiosus, diligens, attentus, sedulus, studiosus, officiosus.
Curiosus (de cura), soigneux, curieux, qui veut tout savoir. Ad investigandum curiosior. Cic. — Diligens (de diligere), diligent, exact avec discernement. In omni genere diligens. Cic. — Attentus (de tendere ad), attentif, appliqué. Attentiores ad rem senes omnes sunt. — Sedulus, plein de soin. Assideat custos sedula semper anus. Tib. — Studiosus, 1° qui aime l’étude, 2° attaché, zélé. Democritus studiosus erat notabilitatis. Cic. — Officiosus, officieux, obligeant. Officiosus et liberalis vir. Cic.
LIV. — Damnosus, perniciosus, exitiosus, exitialis, capitalis.
Damnosus (de demere), dommageable, qui cause du dommage. Damnosus pecori, damnosior agris. Ov. — Perniciosus (de per et de nex), pernicieux, qui cause la ruine ou la mort. Motus civiles multis sunt perniciosi. — Exitiosus et exitialis, désastreux. Il se dit spécialement des villes et des états. Exitiosa civitati fuit conjuratio. Exitialis eventus. — Capitalis (de caput), mortel, funeste, criminel. Nulla capitalior pestis quàm voluptas. Cic.
LV. — Dare, dedere, tradere.
Dare, donner, faire don, accorder. Tibi dabo librum quem desideras. — Dedere (de dare), livrer, abandonner. Dedere se hostibus. — Tradere (trans dare), faire passer. De manu in manum tradere. Cic.
LVI. — Decipere, deludere, fraudare, fallere, frustrari.
Decipere (capere de), attraper, duper. Neque decipitur ratio, nec decipit unquàm. Man. — Deludere (ludere de), jouer, se jouer de. Deludi vos diutius patiemini ? Cic. — Fraudare, faire quelque chose qui blesse la probité, ne pas payer ce qui est dû. Fraudare creditores, duper ses créanciers. — Fallere, induire l’esprit en erreur, tromper dans ses paroles. Fallere vulgus blandis sermonibus. — Frustrari (de frustrà), frustrer, abuser. Nihil exspecto ; noli me frustrari.
LVII. — Delirare, desipere, insanire, furere.
Delirare (de de et lira, sillon), proprement, sortir du sillon. Au figuré, extravaguer, s’écarter de la droite raison. Multos ego deliros senes, sed qui magis quàm Phormio deliraret, neminem vidi. Cic. — Desipere (de sapere, sentir, avoir du goût, et de, qui marque le contraire), s’écarter du bon sens, de la sagesse, se livrer à quelque folie. Nimio gaudio, vel nimiâ tristitiâ penè desipere. Cic. — Insanire (non sanus), devenir fou, être fou. Insanire amore. Plin. Aimer jusqu’à la folie. — Furere, être en fureur. Eò commotus erat, ut insanire omnibus, ac furere videretur. Cic.
LVIII. — Desidia, socordia, segnities, inertia, ignavia, otium, pigritia, mollities.
Desidia (de sedere, être assis) est l’état d’un homme qui reste les bras croisés ; inaction, fainéantise. Desidiam puer iste sequi solet, odit agentes. Ov. — Socordia (sine corde), l’état d’un homme sans cœur, sans âme ; nonchalance, indolence. Ubi te socordiæ tradideris, nequicquam deos implorabis. — Segnities (sine igne), défaut d’ardeur, indolence. Nunc locus non est segnitiei et socordiæ. — Inertia (sine arte), manque d’habileté, inertie. Sunt qui in turpi inertâ capiunt voluptatem. Cic. — Ignavia (non navus, non actif), lâcheté, poltronnerie. Ignaviam fortitudo odit et aspernatur. Cic. — Otium, loisir, repos. Otium scribendi non est. Je n’ai pas le temps d’écrire. Otium dulce. Otium triste. — Pigritia, paresse, haine du travail. Pigritia est odium et metus laboris. — Mollities, mollesse, manque de vigueur. Sunt qui officium deserunt mollitie animi. Cic.
LIX. — Despicere, spernere, fastidire, temnere, contemnere, aspernari, negligere.
Despicere (de spicere, regarder, de, de haut en bas), regarder au dessous de soi. Omnes despicere ; præ se neminem putare. Cic. — Spernere, proprement, rejeter. Spernere voluptates. Cic. — Fastidire, dédaigner, mépriser avec hauteur. Fastidire preces alicujus. Liv. — Temnere (de τεµνω, couper), voir avec mépris. Si genus hominum, et mortalia temnitis arma. Virg. Jejunus stomachus rarò vulgaria temnit. Hor. — Contemnere ajoute à l’idée de temnere. Despiciunt nos et contemnunt. Cic. — Aspernari, rejeter avec mépris. Gustus quod valdè dulce est aspernatur et despuit. Cic. — Negligere (non legere), faire peu de cas, négliger. Imperium alicujus negligere. Cæs. Injurias negligere. Cic.
LX. — Confligere, dimicare.
Confligere (de l’inusité fligere, frapper, et cum), se heurter, se choquer, en venir aux mains. Venti confligunt. Confligere acie. — Dimicare (diversim micare), proprement, faire briller les épées, combattre. Dimicare gladiis. Virg.
LXI. — Dilacerare, dilaniare, discerpere.
Dilacerare (diversim lacerare), déchirer, lacérer de divers côtés. Feris alitibusque dilaceratur. Cat. — Dilaniare (de lanius, boucher), couper en morceaux comme font les bouchers. Clodii cadaver nocturnis canibus dilaniandum reliquisti. Cic.
LXII. — Dirigere, digerere, ordinare, disponere, dispensare.
Dirigere (diversim regere), rendre droit de plusieurs côtés, diriger. In quincuncem dirigere ordines arborum. Cic. — Dirigere (diversim gerere), porter de différents côtés, arranger. Digerere stercus in agros. Col. Répandre l’engrais sur les champs. Digerere pœnam in omnes. Ov. Répartir la peine sur tous. — Ordinare, mettre en ordre. Ordinare milites. Liv. — Disponere (diversim ponere), placer de différents côtés, disposer. Vigilias per urbem disponere. Liv. — Dispensare (de diversim et de pensare, peser), proprement, distribuer par poids. Dispensare panes æquis partibus.
LXIII. — Discernere, distinguere, secernere.
Discernere (diversim cernere), voir de plusieurs côtés, discerner, démêler, distinguer. Alba ab atris discernere. Cic. — Distinguere (diversim et l’inusité stinguo, marquer), diversifier, parsemer, entremêler, séparer, distinguer. Distinguere gemmis pocula. Cic. Enrichir des vases de pierreries. Planitiem crebri rivi distinguunt. La plaine est entrecoupée de ruisseaux. Vera à falsis distinguere. Cic. — Secernere (seorsim cernere), voir à part, séparer. Secernere taurum à grege. Séparer un taureau du troupeau. Secerni blandus amicus à vero potest. On peut distinguer un ami véritable d’un ami complaisant.
LXIV. — Disertus, eloquens, facundus.
Disertus (de diversim et serere, semer) est un homme qui sait et qui dit beaucoup de choses d’une manière facile, claire et élégante. — Eloquens (de ex et loqui) est un homme disert, qui a du nerf dans l’expression, de l’élévation dans la pensée et de la chaleur dans le sentiment ; un homme qui émeut, qui touche, qui persuade. — Facundus (de fari) est un homme qui s’énonce en beaux termes et avec agrément.
LXV. — Disputare, disserere, disceptare.
Disputare (diversim putare), raisonner pour ou contre sur divers objets. Disputare de omni re in contrarias partes. Cic. — Disserere (diversim serere), traiter un sujet avec quelque étendue, discourir, disserter. Illi disputabant, ego contra disserebam, Cic. — Disceptare (de δις et σϰεπτοµαι, examiner), examiner, discuter les raisons dans une affaire contentieuse, pour arriver à une décision. Disceptare controversius inter se. Vider ensemble ses différends.
LXVI. — Diversorium, hospitium, hospitalitas.
Diversorium (diversim vertere), lieu où l’on s’arrête en voyage, hôtellerie, auberge. Diversoria nota sunt petenda. — Hospitium, hospice, maison où les étrangers sont reçus. Comme il n’y avait point d’hôtelleries publiques chez les anciens, on allait loger chez ses amis. Te hospitio agresti accipiemus. Cic. — Hospitalitas, l’hospitalité, l’action de bien recevoir les étrangers. Rectè laudata est hospitalitas. Cic.
LXVII. — Dives, locuples, opulentus.
Dives (quasi divus), celui qui ne manque de rien. Quem inveniemus divitem ? Cic. Par extension, celui qui a beaucoup de biens. Dives agris, dives positis in fœnore nummis. Hor. — Locuples (quasi locis plenus), riche en fonds de terre. A possessionibus locorum locuple tes sunt appellati. Cic. — Opulentus (d’opes), opulent. Reges Asiæ opulentissimi.
LXVIII. — Doctor, magister, præceptor, pædagogus.
Doctor (de docere), maître qui enseigne un art, une science. Panætius Possidonii doctor fuit. Cic. — Magister se dit de celui qui a de l’autorité, et qui joint l’exemple aux leçons. Magister philosophiæ fuit Aristoteles. — Præceptor (de præcipere), celui dont l’enseignement a pour objet principal de donner des règles de conduite. Aristoteles Alexandri Magni fuit præceptor et magister. — Pædagogus (de παῖς, enfant, et αγειν, conduire), celui qui est chargé de conduire les enfants. Inter probos pædagogi sunt eligendi.
LXIX. — Donum, munus, præmium.
Donum est un don pur, indépendant de toute espèce d’obligation. Dona quæ conveniunt regi, vasa aurea argenteaque data sunt. — Munus se prend ordinairement pour un présent que l’usage, les circonstances ou des intérêts particuliers engagent à faire. Munera, crede mihi, iratos homines placant. — Præmium est une récompense de la supériorité, de la victoire. Sunt hic etiam sua præmia laudi. Virg. Ici le mérite a aussi sa récompense.
LXX. — Epistola, littera.
Epistola (d’επιστελλω, envoyer), lettre, épître. Epistola copiosè et suaviter scripta. — Littera, lettre de l’alphabet. Il n’est synonyme d’epistola qu’au nombre pluriel. Il veut avec lui le nombre distributif, et epistola le nombre cardinal. On dit binæ litteræ, et duæ epistolæ.
LXXI. — Execrari, detestari, abominari, horrere, abhorrere, odisse.
Execrari (d’ex et sacer), avoir en exécration, maudire. Omnes te oderunt, te execrantur. — Detestari (de testis et de), proprement, prendre à témoin ce qu’il y a de plus sacré pour affirmer qu’une chose n’est pas ; par extension, détester, rejeter avec indignation. Procacem linguam detestor. — Abominari (d’ab et omen), avoir en abomination. Abominandæ sunt iniquitates. — Horrere, au propre, se hérisser. Comæ horruerunt. Ov. Au figuré, éprouver une frayeur qui empêche d’approcher. Te negligit, aut horret. Hor. Minas illius horreo. Cic. — Abhorrere (horrere ab), avoir de l’horreur, et, par suite, de l’éloignement. Abhorreo famam nebulonis. — Odisse, avoir de la haine.
LXXII. — Exhibere, ostendere, ostentare, monstrare, demonstrare.
Exhibere (habere ex), produire. Vires exhibere. Ov. — Ostendere (quasi os tendere), montrer, faire voir. Ostende mihi, quæso, epistolam tuam. — Ostentare (fréquentatif d’ostendere), montrer souvent, faire parade, montrer avec soin. Opes sidonias ostentat Dido. Virg. — Monstrare (de monstrum), désigner, faire connaître. Erranti monstrare viam. Cic. — Demonstrare, démontrer, mettre en évidence.
LXXIII. — Exigere, expellere, ejicere, depellere.
Exigere (agere ex), faire sortir, chasser d’un lieu. Exigere reges è civitate. Cic. — Expellere (pellere ex), repousser (semble marquer l’emploi des forces pour chasser). Expellere hostes finibus. Cic. — Ejicere (jacere ex), jeter dehors, chasser, renvoyer. Ejicere ex senatu. — Depellere, chasser, pousser d’un lieu élevé. Hostes loco superiore depellere.
LXXIV. — Exilis, tenuis, gracilis, macer.
Exilis, menu, mince. Exiles artus. Ov. Exilis vox. — Tenuis, délié, fin, délicat. Tenuia ovium vellera. Natura oculos membranis tenuissimis vestivit. Cic. — Gracilis, grêle, effilé. Quidam arctissimè vinciunt corpus, ut graciles sint. — Macer (de µαϰρος, long), maigre. Macra cavum repetes, quem macra subisti. Hor. Maigre tu es entrée, maigre il te faut sortir.
LXXV. — Expugnare, debellare, vincere, superare.
Expugnare, prendre de force une ville, une place, et quelquefois assiéger. Carthaginem Romani expugnaverunt. — Debellare, terminer la guerre par des victoires. Debellatum est cum Græcis. La guerre avec les Grecs est terminée. Au figuré : Debellare superbos, abattre les superbes. — Vincere, vaincre, se rendre maître du champ de bataille. Funditùs hostes vincere. Cic. Au figuré : Vinci à voluptate. Cic. Labor improbus omnia vincit. Virg. — Superare (super ire), passer, franchir, surpasser. Superant montes et flumina tranant. Synonyme des autres, il signifie surmonter, vaincre les obstacles. Constantiâ aliquem superare. Cic. Dolores superare. Injurias fortunæ superare.
LXXVI. — Extremus, ultimus, postremus.
Extremus (superlatif de exterus), le plus extérieur, le plus en dehors ; il est opposé à intimus, le plus en dedans. Extrema Galliæ civitas. — Ultimus (superlatif d’ultrà, ulterior), le plus reculé au commencement ou à la fin. Mors pars ultima vitæ. — Postremus (superlatif de posterior), celui qui vient après tous les autres. In cursu postremus.
LXXVII. — Facere, agere, gerere.
Facere, faire, être l’auteur, produire. Facere versus, faire des vers. Facere cædem, commettre un meurtre. — Agere, agir, être en action, jouer un rôle, pousser, avancer, traiter. (Il exprime non le principe ni l’auteur, comme facere, mais une suite de soins et d’activité.) Agere negotium, traiter une affaire. Agere navem, diriger un vaisseau. Agere cuniculos, conduire des mines, miner. Agere diem, passer le jour. — Gerere, au propre, porter un fardeau ; au figuré, faire les choses dont on est chargé. Gerere magistratum, exercer une magistrature. Gerere rempublicam, gouverner la république. Gerere bellum, faire la guerre.
LXXVIII. — Facultas, ops, divitiæ, copia.
Facultas (de facere), faculté, puissance. Facultas dicendi, le talent de la parole. Facultas vindictæ. Ov. Le pouvoir de se venger. Au pluriel, il désigne aussi les biens, la fortune des particuliers. Sunt mihi omninò modicæ facultates. Je n’ai que très-peu de ressources. Au figuré : Facultates ingenii. Cic. — Ops, secours, aide. Ad te confugimus, à te opem petimus. Cic. Au pluriel, il signifie ordinairement richesses, pouvoir. Magnas inter opes inops. Hor. Pauvre au milieu de grandes richesses. Vos juvabo opibus meis. — Divitiæ, grande fortune, biens, richesses. Divitiis affluere, regorger de biens, Divitiæ apud sapientem virum in servitio sunt, apud stultum in imperio. Sen. — Copia (cum et ops), abondance. Copia frugum, abondance de récoltes. Copias suas in hanc provinciam attulerunt. Cic.
LXXIX. — Fama, rumor.
Fama (de φηµη, bruit) et rumor (de ρεω) diffèrent en ce que fama se dit de la renommée, de la réputation, et suppose plus d’importance. Fama super æthera notus. Virg. Au lieu que rumor est simplement un bruit qui court. Nihil aliud, nisi rumor, ad aures venit.
LXXX. — Fari, loqui, dicere, perhibere.
Fari (de φηµι, parler), user de la faculté de parler, de produire ses idées, ne fût-ce que par un mot. De là infans (de in, priv., et fans, part. prés.), enfant qui ne parle pas. Fari a quelque chose de plus noble que loqui et dicere. — Loqui (de λογος), parler avec intelligence. Sit mihi fas audita loqui. Virg. Haud ignota loquor. Id. — Dicere (de δειϰω, montrer), exposer une suite de pensées. Quidam cùm permulta locuti sunt, pauca tamen dixisse videntur. Loqui convient aux dialecticiens, et dicere aux orateurs. — Perhibere, dire avec assurance. Perhibent te vatem optimum. On assure que vous êtes un excellent devin.
LXXXI. — Ferax, fertilis, fecundus, uber.
Ferax (de ferre), qui se plaît à produire. Terra ferax Cerere, multòque feracior uvis. Ov. — Fertilis (de la même racine), qui est capable de produire. Ager, quamvis fertilis, sine culturâ fructuosus esse non potest. Cic. — Fecundus, fécond, qui peut produire beaucoup. Tellus Ægypti frugibus fecundissima. Pisces sunt ovorum fecundissimi. — Uber se dit d’un fonds excellent, de ce qui est très-abondant. Niveis arbor uberrima pomis.
LXXXII. — Ferre, portare, vehere.
Ferre, porter, supporter, soit qu’on demeure en place, soit qu’on passe d’un lieu à un autre. Il se dit de même des choses physiques et morales. Ferre jugum. Hor. Lecticâ per oppidum ferri. Cic. Ferre dolorem. Id. — Portare (de πορος, passage), porter d’un lieu à un autre. Il ne se dit que des choses matérielles, ou considérées comme telles. Naves portabant legatos Romam. Liv. — Vehere, voiturer de quelque manière que ce soit. Vehere fructus ex agris. Liv. Curru vehi. Cic.
LXXXIII. — Fessus, defessus, fatigatus, defatigatus, lassus.
Fessus (de fatiscere, s’épuiser), épuisé, affaibli. Fessus vulnere, cursu. Liv. Fessus ætate. Cic. — Defessus, qui est si épuisé qu’il se rend. — Fatigatus, fatigué, harassé. Ludo et somno fatigatus. Fessus onere ; longo itinere fatigatus. — Defatigatus ajoute à l’idée de fatigatus. — Lassus, las, abattu. Tisdem laboribus lassi sumus. La continuation d’une même chose lasse, le travail fatigue. Quand on est las, lassi, il faut suspendre ou changer le travail. Quand on est fatigués, fatigati, il faut se reposer ; et quand on est harassés, defatigati, il faut se rétablir.
LXXXIV. — Finis, modus, terminus, limes, meta.
Finis, fin, terme. Operum longorum finis. Hor. Ad extremum finem Galliæ. Cæs. Au figuré : Intrà fines naturæ vivere. — Modus signifie 1° Manière. Modus vivendi. Cic. 2° Règle, mesure. Est modus in rebus, sunt certi denique fines, extrà citràque nequit consistere rectum. Il est une mesure dans les choses, il y a des limites déterminées, en deçà et au delà desquelles le bien ne saurait être. 3° Fin, borne. Ponere modum orationi, mettre fin à un discours. — Terminus (de termes, branche qui sert de borne), borne qui sépare un champ. Non de terminis, sed de totâ possessione inter nos contentio est. Cic. Au figuré : Angustus ævi terminus. V. — Limes. pierre qui sert de borne. Limes agro positus. Il signifie aussi sentier, chemin de traverse. Lato te limite ducam. Virg. — Meta, borne en forme de pyramide autour de laquelle devaient tourner les chariots sans y toucher. Meta fervidis evitata rotis. Hor.
LXXXV. — Fluvius, flumen, amnis, torrens.
Fluvius et flumen s’emploient fréquemment l’un pour l’autre ; cependant on doit remarquer que fluvius est le mot propre pour désigner un fleuve, une masse d’eau coulant dans le même lit ; au lieu que flumen signifie plutôt un flux très-abondant, soit d’eau, soit d’autres matières. — Amnis (de am et nare) donne l’idée d’un grand fleuve. Spumosus amnis. — Torrens, un torrent formé par l’abondance des pluies.
LXXXVI. — Fulgere, splendere, lucere, nitere, coruscare, radiare, rutilare, micare.
Fulgere, briller d’un vif éclat. Fulgentes auro et purpurâ. — Splendere, briller d’un éclat pur. Virtus lucet in tenebris, splendet verò per sese. Cic. Fulgere est plus l’effet de l’art, et splendere l’effet de la nature. — Lucere, luire, produire de la lumière. Luna lucet alienâ luce. Cic. — Nitere, briller d’un éclat doux, comme ce qui est poli. Galea nitens. — Coruscare (de ϰορυς, casque), reluire. Flamma inter nubes coruscat. — Radiare, rayonner, jeter des rayons. Lunæ radiantis imago. Virg. — Rutilare, avoir l’éclat de l’or. Aurum rutilat. — Micare (de mica, petits grains qui brillent dans le sable), briller, étinceler. Crebris micat ignibus æther. Virg.
LXXXVII. — Gaudere, lætari.
Gaudere marque une joie plus intérieure et plus modérée. Gaudere intrà se, se réjouir en soi-même. — Lætari marque une joie qui éclate au dehors. Lætaris tu in gaudio communi.
LXXXVIII. — Generosus, animosus, fortis, strenuus.
Generosus (de genus), regarde la naissance ; de naissance illustre. Stirpe generosâ profectus. Cic. Il se prend pour généreux, magnanime. — Animosus (d’animus) marque la disposition vigoureuse de l’âme. Animosus rebus angustis. Hor. Inébranlable dans l’adversité. — Fortis s’applique aux actes qui naissent de cette vigueur. Fortis ad pericula, brave dans les dangers. Fortia facta, actes de courage. — Strenuus, courageux, vaillant, brave. Sin minùs fortis, attamen strenuus. Cic.
LXXXIX. — Gens, familia.
Gens (de genus) était comme le tronc, la souche qui contenait souvent plusieurs familles. — Familia était comme les branches, et comprenait le père, la mère, les enfants, les esclaves, etc. Ainsi, dans la race des Cornélius, gens Cornelia, il y avait la famille des Cornélius Scipion, des Cornélius Lentulus, des Cornélius Dolabella, des Cornélius Rufinus, etc. — Familia se prend aussi quelquefois pour l’ensemble des valets d’une maison. Convocat familiam, et plures jubet occidi.
XC. — Gens, natio.
Gens, synonyme de natio, comprend la race entière. Gens trojana, gens romana, gens gallica. — Natio (de natus) est un peuple particulier sorti de la race dont on parle. Majorem Germamaniæ partem Suevorum gens obtinet, propriis nationibus nominibusque distincti. Tac.
XCI. — Gestire, exilire, exultare.
Gestire (de gestus), manifester ce que l’on sent par quelque mouvement du corps. Aviculi gestiunt evolare, les petits oiseaux brûlent d’envie de sortir de leurs nids. — Exilire (de ex et salire), sortir en sautant. Domo levis exilit. Hor. Au figuré, tressaillir. Exilire gaudio. — Exultare (saltare ex), bondir. In herbis. exultat juvenca. Ov.
XCII. — Gressus, gradus, passus, incessus.
Gressus (degradior), le pas, la démarche. Gressus ad mænia tendit. Veniebat gressu delicato et languido. Ph. — Gradus (de gradior), degré, marche d’un escalier. Scalarum gradus. Cic. Il se prend pour le pas, la marche. Accelerare gradum. Liv. Revocare gradum. Virg. — Passus (de pandere), un pas, l’espace de cinq pieds. Ut ab urbe abesset mille passus. Cic. Il signifie aussi les pas que l’on fait en marchant. Subsequitur patrem non passibus æquis. Hor. — Incessus exprime une démarche fière et noble. Vera incessu patuit dea. Virg.
XCIII. — Gurges, vorago, barathrum, præcipitium, abyssus.
Gurges, gouffre, endroit profond d’un fleuve où l’eau se rassemble et tournoie. Mater, Cyrene mater, quæ gurgitis hujus ima tenes. V. — Vorago (de vorare), ouverture de terre, tournant d’eau, abîme. Turbidus hic cœno vastâque voragine gurges æstuat. V. Ce gouffre bouillonne, troublé par la vase et par un vaste tourbillon. — Barathrum (de βαθος, creux), lieu profond et escarpé, gouffre où l’on précipitait les criminels chez les Athéniens. — Præcipitium (de præ et de caput), précipice, lieu escarpé de toutes parts. — Abyssus, abîme, profondeur immense.
XCIV. — Habitus, vestitus.
Habitus (de habere), manière d’être, port, contenance, tenue, dehors, extérieur. Habitus corporis, la tenue du corps. Habitus animi, l’état de l’âme. — Synonyme de vestitus, il comprend tout ce qui sert à orner le corps ; tandis que vestitus ne comprend que les vêtements. Vestitu et cætero habitu insignis erat.
XCV. — Homo, vir.
Homo est le terme générique, et s’applique aux deux sexes. Homines nati sunt ad laborem. — Vir se dit de l’homme par rapport à la femme. O uxor tali viro dignissima ! Il désigne aussi un homme de cœur, un homme de mérite. Hic vir, hic est tibi quem promitti sæpiùs audis. Virg.
XCVI. — Horribilis, horrendus, horridus, horrificus.
Horribilis (de horrere, être hérissé), horrible, qui fait horreur, effrayant. Horribilis visu Cacus erat. — Horrendus, dont on doit avoir horreur, redoutable. Monstrum horrendum. Virg. — Horridus, hérissé, inculte, grossier, horrible. Glacie riget horrida barba. Virg. Deformis atque horridus homo. Cic. — Horrificus (horrorem faciens), qui fait horreur, qui jette l’épouvante. Horrificum bellum. Cic.
XCVII. — Hortari, suadere, convincere, persuadere.
Hortari (d’ορω, exciter), exhorter, porter à quelque chose. Ad pacem hortari non desino. Cic. — Suadere, conseiller en apportant des raisons plausibles. Bellum suadere, conseiller la guerre. — Convincere (synonyme de persuadere), convaincre, faire croire ou admettre la vérité par les preuves que l’on en donne. De immortalite animarum multis rationibus te convincam. — Persuadere, persuader, c’est-à-dire agir sur le cœur, sur la volonté, de telle sorte qu’on la détermine à suivre la chose que l’on conseille. Suasi tibi, sed persuadere non potui. Cic. Je vous ai conseillé, mais je n’ai pu vous persuader.
XCVIII. — Hostia, victima.
Hostia (de hostis), hostie, victime, animal que chacun pouvait immoler avant ou après la victoire. Multa tibi ante aras nostrâ cadet hostia dextrâ. J'immolerai beaucoup de victimes au pied de tes autels. — Victima (de victor), victime qui n’était immolée qu’après la victoire, et par celui qui avait vaincu l’ennemi.
XCIX. — Humare, sepelire, tumulare.
Humare (de humus), proprement, couvrir de terre. Humare hostium cadavera. — Sepelire (de sepes), ensevelir, mettre dans le tombeau. Corpora sepulta quiescunt. Ov. — Tumulare (de tumulus, tertre, éminence), proprement, amonceler la terre sur l’endroit où est le corps.
C. — Humus, terra, tellus, solum.
Humus, terre, sol, champ, terroir. Spargite humum foliis. Virg. Jonchez la terre de feuillage. — Terra, la terre en général et tout ce qu’elle contient. Terra sita est in medio mundo. — Tellus (diminutif de terra), terrain, terre cultivable. Tellus habitabilis olim. Ov. — Solum est proprement une base solide. Il se prend pour la terre même, le sol. Nec sterilis culto surgat arena solo. Ov.
CI. — Ignominia, infamia, dedecus, opprobrium, probrum.
Ignominia (in priv. et nomen), ignominie, grand déshonneur. Ignominia notare aliquem. Cic. — Infamia (in priv. et fama), infamie, mauvaise réputation. Effugere infamiam crudelitatis. Cic. — Dedecus (de decus, honneur, et de, qui marque le contraire), déshonneur. Omnibus suis fuit dedecori. — Opprobrium (de ob et probrum, crime honteux), reproche, opprobre. Fugere opprobria sceleris. — Probrum, action déshonnête, crime honteux. Probris vitam suam dehonestare.
CII. — Illaqueare, illigare, irretire, implicare, impedire.
Illaqueare (de laqueus, lac, filet), proprement, prendre dans un filet. Il est plus usité au figuré. — Illigare (ligare in), lier, attacher. Illigare manus. Cic. — Irretire (de in et rete, filet), envelopper dans un filet. Il se dit mieux au figuré. Corruptelarum illecebris irretitus. Cic. — Implicare (de plicare, plier, et in), entrelacer, envelopper. Implicare lacertos circum colla. Ov. — Impedire (de in et pedes), embarrasser, retenir par les pieds. Impedire se in plagis. Se prendre dans des filets.
CIII. — Regnum, imperium, principatus, dominatio.
Regnum (de regere) signifie royaume. Regnum Hispaniæ. Il signifie aussi royauté, domination. Qui regnum occupare voluerunt. Cic. — Imperium (de imperare), signifie empire, vaste état composé de différentes nations. Imperium romanum. Il signifie aussi ordre, commandement, et plus souvent la souveraine puissance. Appius non modò auctoritatem, sed imperium in suos habebat. Cic. — Principatus (de primum caput), la première place, principauté. In eâ civitate de principatu contendebant. Cæs. — Dominatio et dominatus, domination, action de dominer, gouvernement. Cùm dominatu unius omnia tenerentur. Cic.
CIV. — Improbus, malus, pravus.
Improbus (non probus), sans probité. Improborum facta suspicio insequitur. Cic. — Malus, méchant, mauvais par nature. Mala mens, malus animus. — Pravus, au propre, tordu, contrefait, difforme. Pravis fultum malè talis. Hor. Mal appuyé sur des talons difformes. Au figuré, vicieux, méchant, dépravé.
CV. — Improvisus, inopinatus, insperatus.
Improvisus (non visus pro), imprévu. Nova res atque improvisa nunciatur. Cic. — Inopinatus (non opinatus), non imaginé, inopiné, qui arrive quand on y pense le moins. Improvisa et inopinata graviora sunt. Cic. — Insperatus (non speratus), inespéré. Insperata victoria.
CVI. — Incautus, improvidus, imprudens, inconsultus, inconsideratus.
Iucautus (non cautus, de cavere, prendre garde), qui ne prend pas garde, qui n’est pas sur ses gardes. Incautos hostis invasit. — Improvidus (de non videre pro), qui ne voit pas d’avance, imprévoyant. Aliud (malum) improvida pectora turbat. Virg. — Imprudens, qui ne sait pas, qui ne connaît pas. Illud imprudens feci. — Inconsultus (de non consultus), qui agit sans conseil, qui n’a pas été conseillé, imprudent, étourdi. Inconsulti juvenes. — Inconsideratus, inconsidéré, qui n’examine pas les choses. Inconsideratus homo. Cic.
CVII. — Incipere, cœpisse, inchoare, ordiri.
Incipere et cœpisse, commencer. Tempus est incipiendi, et tempus finiendi. Eum pœnitere cœpit. — Inchoare, ébaucher, mettre la première main. Multa inchoare, sed non perficere. Cic. — Ordiri, proprement, ourdir, faire une trame. Ordiri telam, commencer une toile. Au figuré : Tùm sic orsa vales. Virg.
CVIII. — Incolumis, salvus, sanus, sospes.
Incolumis (quasi in columine), sans atteinte, qui a conservé tous ses avantages. Incolumes genæ. Hor. Visage qui a conservé toute sa fraîcheur. Virtutem incolumem oderunt improbi. — Salvus, sans accident pour la vie, sain et sauf. Salvum te advenisse gaudeo. Cic. — Sanus, sain de corps et d’esprit. Ecce sanus factus es, sed noli ampliùs peccare. — Sospes, échappé au péril. Sospites omnes Romam advenerunt.
CIX. — Incorruptus, sincerus, integer.
Incorruptus (non corruptus), qui n’est point corrompu. Caro incorrupta. Frumentum incorruptum. Sanitas incorrupta. Cic. Incorruptus testis. Id. — Sincerus (de sine cerâ, sans cire, sans mélange), signifie pur, net, sans mélange. Sincerum nisi fas, quodcumque infundis acescit. Hor. Si un vase n’est pas pur, tout ce que vous y versez se corrompt. — Integer (de in priv. et tangere), qui n’a point été touché, entier. Integra caro, integer cibus. Au figuré, pur, chaste, intègre, irréprochable. Integer judex, juge impartial.
CX. — Intelligere, percipere, concipere.
Intelligere (legere inter), voir une chose parmi d’autres, la comprendre. Non tam multa intelligo, quàm multa dixisti. — Percipere (de capere per), au propre, cueillir. Fructus percipere. Au figuré, percevoir une chose, la saisir, la comprendre. Diligenter quæ dicuntur percipere. Cic. Percipere dit plus que intelligere ; l’un suppose un esprit net, et l’autre un esprit pénétrant. Id si minùs intelligitur quanta vis amicitiæ sit, ex discordiis percipi solet. Cic. — Concipere (de capere cum), proprement, prendre, recevoir, contenir. Concipere humorem, recevoir l’humidité. Concipere morbum, contracter une maladie. Au figuré, concevoir, entendre, comprendre. Concipere scelus in se. Cic. Méditer un forfait. Quod mens mea concepit, volo fieri.
CXI. — Invenire, reperire, nancisci, comperire.
Invenire (de venire in), venir sur, rencontrer, trouver, se dit proprement des choses qui se présentent à nous, soit en cherchant, soit par hasard. Quem quæritabam filium meum inveni. Multas res inveni quæ te oblectare possunt. — Reperire (de pario et rursùs), découvrir, trouver, se dit des choses inconnues, ou que nous cherchons. Multa reperies, quæ nondum fuerant comperta. Invenire marque la fécondité de l’esprit, et reperire la pénétration. — Nancisci, trouver par hasard, rencontrer. Il se dit des chasseurs. Belluas immanes venando nacti sumus. Cic. Nactus occasionem, ayant trouvé une occasion. — Comperire (de cum et pario), découvrir avec certitude, s’assurer. Cæsar comperiit per exploratores Gallos Rhodanum trajecisse.
CXII. — Invitus, coactus.
Invitus (non volens) a rapport à la volonté de celui qui exécute, malgré sa volonté, malgré lui. Id invitus feci. — Coactus (de cogere, rassembler par la force comme le pâtre rassemble son troupeau), forcé, contraint. Sapiens nihil facit invitus, nihil dolens, nihil coactus.
CXIII. — Iter, via, semita, callis, trames.
Iter (ab eundo), chemin, route. Hâc iter Elysium nobis. Virg. Il se prend pour la marche. Quò tenetis iter ? Où dirigez-vous vos pas ? — Via (quasi vehia, de vehere) se dit d’un chemin large par où les voitures peuvent passer. Ibam fortè via Sacra. J'allais par hasard dans la voie Sacrée. — Semita (quasi semi-iter), chemin étroit. De viâ in semitam digredi. PI. — Callis (de callum, cal, peau endurcie), sentier frayé. Rara per occultos ducebat semita calles. De rares chemins conduisaient dans des sentiers cachés. — Trames (de trans meare), sentier détourné. Non egrediar viâ, sed tramitibus.
CXIV. — Jus, æquitas, justitia.
Jus, le droit, l’objet de la justice, l’objet de la loi. Jus consulare, le droit des consuls. Jus domini in servos. — Æquitas (de æquus, uni, aplani, égal), au propre, ce qui est plat, uni, égal ; au figuré, équité. C'est la justice exercée avec une égale modération. Æquitas pugnat contrà iniquitatem. — Justitia, justice, ou conformité des actions avec le droit. Justitia propter sese colenda est.
CXV. — Labor, opus, opera.
Labor, travail, fatigue d’esprit ou de corps. Ad laborem nati sumus. — Opus, ouvrage, ce qui est produit par l’ouvrier. Deum agnoscimus ex operibus ejus. Cic. — Opera, la façon, le travail. Operæ nimium celeris versus. Hor. Vers faits trop à la hâte.
CXVI. — Lætus, hilaris.
Lætus, joyeux, content, satisfait. Lætus in præsens animus. Virg. — Hilaris, gai, enjoué. Hilari vultu atque læto. Cic.
CXVII. — Languere, languescere, marcere, marcescere, torpere, torpescere.
Languere, languir, être faible. Languens de viâ, affaibli par la route. — Languescere, devenir languissant. Corpus meum languescit. — Marcere, au propre, être flétri, fané ; au figuré, être lâche, énervé, abattu. Marcere vino, somno. Liv. Etre appesanti par le vin, par le sommeil. — Marcescere, devenir lâche, appesanti, languissant. Marcescere desidiâ et otio. Cic. — Torpere, être engourdi. Pigritiâ torpere. — Torpescere, devenir engourdi. Membra torpescunt gelu.
CXVIII. — Lapis, saxum, silex, cautes, calculus.
Lapis est le mot générique ; il se dit de toutes sortes de pierres. — Saxum se dit en général des pierres dures et d’une grosseur plus qu’ordinaire. Circumlita musco saxa. Virg. — Silex, pierre de la nature du caillou, silex, pierre à fusil. Durus silex. — Cautes, pierre dure, rude et raboteuse. Cautes obnoxia ventis. — Calculus, petit caillou rond.
CXIX. — Lar, penates, genius.
Les Lares ou Pénates étaient les dieux protecteurs des maisons, des villes et des empires. Ainsi, outre les lares domestiques, il y en avait de publics, dont les uns présidaient aux chemins, viales ; les autres aux carrefours, compitales ; d’autres à chaque ville, urbani. Lar est un mot étrusque ; il se prend pour la maison même. Parvo sub lare. Hor. — Genius était regardé comme le dieu protecteur de chaque homme ; c’était comme son génie particulier, qui avait ses inclinations, naissait et mourait avec lui. On lui en donnait même deux, un bon et un mauvais génie.
CXX. — Latus, spatiosus, laxus, prolixus.
Latus, large, étendu. Lata via. Cic. Latum mare. Id. — spatiosus, spacieux, qui a beaucoup d’étendue. Spatiosum ædificium, vaste édifice. Spatiosus campus, vaste plaine. — Laxus, lâche, qui n’est pas serré, large, ample. Laxus arcus. Virg. Laxa tunica. Ov. — Prolixus, prolixe, étendu en long. Prolixa barba. Liv. Longue barbe. Au figuré, libéral, abondant, prolixe, diffus. Prolixa oratio.
CXXI. — Lectus, cubile, thalamus, stratum, torus.
Lectus, lit, meuble où l’on repose, où l’on se couche. Lectus ad quietem datus. Cic. — Cubile (de cubare) se dit du lit et du lieu où l’on se retire pour passer la nuit. Cubile non erat instratum, le lit n’était pas fait. — Thalamus (de θαλαµος), lit nuptial ; par extension, chambre à coucher. — Stratum (de sternere), tout ce qu’on étend, tapis, couverture, lit. Dura strata. Ov. — Torus, au propre, signifie une corde formée de plusieurs lanières dont on se servait pour tendre les lits. De là vient qu’il se prend dans le sens de lit. Sternere torum. Ov.
CXXII. — Legio, cohors, manipulus, turma, caterva, phalanx.
Legio, légion. La légion romaine était un corps de trois mille fantassins et de cent cavaliers, sous Romulus ; sous les consuls, de quatre mille fantassins et deux cents cavaliers. Depuis elle fut de six mille hommes de pied et de trois cents cavaliers, — Cohors. La cohorte répondait à notre régiment d’infanterie. C'était la dixième partie de la légion. — Manipulus signifie proprement une gerbe. On a donné ce ◀nom▶ à une compagnie de soldats, parce que, sous Romulus, le drapeau était une botte de foin au bout d’une pique. Chaque cohorte était divisée en trois manipules. — Turma, compagnie de cavalerie de trente hommes seulement. — Caterva, corps d’armée qui, chez les Gaulois, répondait à la légion. Il se prend pour une troupe quelconque ; un cortége. — Phalanx, la phalange, bataillon à la macédonienne, composé de 8, 16, 20, 24 mille hommes.
CXXIII. — Lenire, mitigare, mulcere, placare, sedare.
Lenire (de lenis, doux) se dit proprement du toucher ; ôter ce qui est raboteux, rude. Il ne s’emploie guère qu’au figuré. Lenire dolorem. Lenire animos, calmer les esprits. — Mitigare (de mitis), proprement, mûrir. Fructus mitigat autumnus. Au figuré, adoucir, amollir, mitiger. Mitigare cibum. Cic. Digérer les mets. Mitigare vinum, tremper le vin, l’adoucir. Mitigare feritatem animalium, apprivoiser les animaux. — Mulcere (de µαλϰεω, amollir), rendre doux. Mulcere vinum, faire du vin miellé ; par extension, caresser, flatter de la main. Mulcere caput, passer doucement la main sur la tête. Mulcere aures, flatter les oreilles. Mulcere corda. — Placare, apaiser, adoucir. Æquora tumida placat Jupiter. Virg. Placare iram, furorem. — Sedare (quasi sedi dare), faire cesser, calmer, adoucir. Sedare bellum. Sedare sitim. Sedare mala.
CXXIV. — Lepos, sal, facetiæ.
Lepos, finesse, agrément. Magnus in jocando lepos. Plaisanterie pleine de finesse. Sermonis lepos. Agrément de la conversation. — Sal, au propre, sel ; au figuré, ce qu’il y a de piquant dans les plaisanteries, mots piquants. Salibus vehemens. Juv. Fort en reparties ingénieuses. — Facetiæ, facéties, enjouement, soit dans les paroles, soit dans les actions. Sale et facetiis Cæsar vicit omnes. Cic.
CXXV. — Levare, allevare, elevare, sublevare, extollere, erigere.
Levare, lever, dresser, mettre debout. Levare membra cubito. Ov. Au figuré : Levare pretia frugum, faire baisser le prix des blés. Levare aliquem ære alieno. Cic. Payer les dettes de quelqu’un. — Allevare (levare ad), lever en haut. — Elevare (levare ex), lever de terre. Au figuré, le plus souvent, rabaisser, affaiblir, amoindrir. Ce sens est tiré de la balance, dont le bassin le plus léger s’élève. Elevare auctoritatem. Cic. Diminuer l’autorité. Elevare ægritudinem. Id. Adoucir le chagrin. — Sublevare (levare sub), soulever. Sublevare humeris. PI. Porter sur ses épaules. Au figuré, soulager, secourir, aider. Sublevare alicujus inopiam. Vicinos facultatibus sublevare. — Extollere, hausser en élevant. Extollere oculos ad sidera. Au figuré : Fortunam meam deprimitis, vestram verò extollitis. Cic. — Erigere (de regere ex), dresser, rendre droit. Erigere scalas ad mœnia. Liv. Erigere animum alicujus, relever le courage de quelqu’un.
CXXVI. — Linquere, relinquere, derelinquere, deserere, destituere.
Linquere, quitter, laisser. Linquens terram quam hostis servaverat. Cic. — Relinquere (retro linquere), laisser derrière soi, après soi. Mihi turpe relinqui est, Hor. Il est honteux pour moi d’être laissé en arrière. — Derelinquere, laisser, abandonner. Communem causam derelinquere. Cic. — Deserere (de de et serere, lier, enchaîner), proprement, détacher de, rompre la liaison. Deserere vitam. Hor. Omnes noti me atque amici deserunt. Tac. Deserere dit moins que derelinquere. — Destituere (statuere de), abandonner. Et freta destituent nudos in littore pisces. Virg. Et les mers laisseront les poissons à sec sur le rivage.
CXXVII. — Lituus, tuba, cornu, buccina, classicum.
Lituus, clairon, cor, instrument recourbé. Lituo tubæ permixtus sonitus. Hor. Le son de la trompette mêlé à celui du clairon. — Tuba (de tubus), trompette, instrument droit, d’airain, ou de bois, ou de corne. Clangorque tubarum. V. — Cornu, espèce de trompette faite de corne. Rauco strepuerunt cornua cantu. V. — Buccina (de bucca), instrument recourbé, semblable à un cor de chasse, mais plus petit. — Classicum (de classis) est proprement le son de la trompette qui appelle les soldats. Vocatis classico militibus.
CXXVIII. — Locare, conducere.
Locare (de locus), placer. Fundamenta locant alii. Virg. Locare signifie aussi donner à loyer, faire marché pour un ouvrage. Xenonis fundus erat colono locatus. Cic. — Conducere (ducere cum), conduire dans un même lieu. Conducere cohortes dispersas. Il signifie prendre à loyer, faire prix pour un ouvrage. Cælius conduxit domum in monte Palatino.
CXXIX. — Lucrum, quæstus, compendium, emolumentum.
Lucrum, gain auquel on ne s’attendait pas. Apponere lucro, mettre à profit. — Quæstus (quasi quæsitus), gain qu’on a recherché. Quæstui sunt omnia munia, toutes les fonctions sont vénales. — Compendium (de pendere cum), gain, profit qui vient de son épargne. Il est opposé à dispendium, dépense. Compendium famuli facere. PI. Economiser un valet. — Emolumentum (de emolo, moudre), le profit que l’on retire d’un moulin. Il se dit de tout profit.
CXXX. — Lumen, lux.
Lumen est la cause, ce qui donne la lumière. Dum quærunt lumen, fur evasit. — Lux, clarté, jour. Hæc scripsi ante lucem. Au figuré, gloire, splendeur.
CXXXI. — Lustrum, olympias.
Lustrum, le lustre était un espace de cinq ans (de lustrare, faire une revue), parce que tous les cinq ans les censeurs faisaient la revue de l’armée et le dénombrement du peuple. Lustrum était aussi un sacrifice expiatoire, une cérémonie religieuse qui se faisait tous les cinq ans. Octavum lustrum. Hor. L'espace de quarante ans. — Olympias, olympiade, l’espace de quatre ans qu’il y avait d’une célébration des jeux olympiques à une autre célébration.
CXXXII. — Luxuria, luxus.
Luxuria et luxuries, trop grande abondance, sumptuosité, profusion. Luxuria vitis, la trop grande abondance de sarments dans une vigne. Il signifie aussi vie molle et sensuelle. Diffluere luxuriâ, vivre au sein des délices. — Luxus, luxe dans les habits, les meubles, la table, etc. Domus regali splendida luxu. Virg.
CXXXIII. — Magnus, ingens, grandis, amplus, procerus, vastus.
Magnus est le terme général qui désigne toute espèce de grandeur. Magnus acervus. Cic. Magnum ingenium. Id. — Ingens dit plus, il exprime une grandeur extraordinaire. Monstrum horrendum, informe, ingens. Virg. — Grandis (de gradior) se dit de la grandeur, tant au propre qu’au figuré. Grandis adolescens. Grandem pecuniam alicui credere. Cic. — Amplus se dit de l’étendue. Amplus locus ; ampla civitas. Cic. Amplis honoribus aucti. Hor. — Procerus, fort haut, fort long. Arbor procera. Procerum corpus. Proceros odisse lupos. Hor. — Vastus, vaste, d’une très-grande étendue. Vastosque volvunt ad littora fluctus. Virg.
CXXXIV. — Manare, labi, fluere.
Manare désigne un écoulement plus lent, moins abondant, une matière moins fluide. Sudor ad imos manabat talos. Hor. — Labi, dont le premier sens est tomber, glisser, exprime un écoulement plus facile. Labitur ripâ sinistrâ Tiberis, le Tibre inonde sa rive gauche. Fugaces labuntur anni. Hor. — Fluere désigne un écoulement plus prompt. Variis fluit cursibus amnis.
CXXXV. — Mandare, jubere, imperare, præcipere.
Mandare (quasi manu dare), donner des ordres, une commission. Cuidam servulo hæc omnia mandavit. Au figuré : Mandare memoriæ, animis. — Jubere, exprimer la volonté, le désir. Non jubeo ut abeas, suadeo tantùm. — Imperars désigne avec plus de force l’exercice de l’autorité ; commander pour être obéi. Qui benè imperat, benè paruit. Jubeo, cogo atque impero. Ter. — Præcipere (capere præ, prendre d’avance), enseigner comment on doit faire, conseiller, commander, instruire, enseigner. Præcipe lugubres cantus, Melpomene. Hor.
CXXXVI. — Manere, remanere, commorari, habitare.
Manere (de manè) signifiait d’abord se coucher, passer la nuit dans un endroit. Plerùmque in tabernaculo maneo, je couche le plus souvent sous ma tente. Il signifie, par extension, rester, demeurer. Au figuré : Manere in officio. Cic. — Remanere (retrò manere), rester en arrière, après. Illi qui valetudinis causâ remanserant. Cæs. — Commorari (de mora, retard), séjourner, passer quelque temps dans un lieu. — Habitare, y faire constamment sa demeure. Commorandi natura diversorium nobis, non habitandi dedit. Cic.
CXXXVII. — Manubiæ, præda, spolium, exuviæ.
Manubiæ (de manus) se prend 1° pour les dépouilles des ennemis ; 2° pour le prix, l’argent qui revient des dépouilles. — Præda se dit non seulement des effets enlevés à l’enemi, mais de toute espèce de butin. — Spolium désigne aussi les dépouilles enlevées à l’ennemi ; il se dit proprement de l’armure. Spolia opima, les dépouilles opimes, celles qu’un général romain avait enlevées au général ennemi qu’il avait tué dans le combat. Il se prend aussi pour toute espèce de dépouilles. Aliorum spoliis suas opes augere. Cic. — Exuviæ (d’exuere), dépouilles. Qui redit exuvias indutus Achillis. Virg. Spolia renferme l’idée accessoire de violence ou de pillage qu’exuviæ ne renferme pas.
CXXXVIII. — Mare, æquor, pontus, pelagus, fretum, salum.
Mare, la mer. Terrâ marique aliquem conquirere. Cic. — Æquor (d’æquus), une plaine, une surface plane, une surface liquide. Quid tam planum, quàm mare placidum ? Ex quo etiam æquor illud poetæ vocant. Cic. — Pontus. Ce mot, selon les uns, désigne la partie de la mer depuis les Palus-Méotides jusqu’à Ténédos, et par métonymie, il désigne la mer en général. Selon d’autres, il serait tiré de Pontus, dieu de la mer, plus ancien que Neptune. Il se prend pour la mer : Hyems aspera ponti. Virg. — Pelagus désigne une mer profonde, la pleine mer. Ut pelagus tenuere rates. Virg. — Fretum (ab undarum fremitu), un détroit, lieu où la mer est resserrée entre deux terres. — Salum (de sal ou de αϰλευω, agiter) est une mer agitée. Spumante salo fit sonitus. Virg.
CXXXIX. — Maturus, tempestivus.
Maturus, mûr, se dit proprement des fruits, du blé. Unæ maturæ. V. Matura poma. Cic. Au figuré : Maturus animi, qui a un esprit mûr, développé. — Tempestivus (de tempus), qui est, qui se fait, ou arrive à temps. Ludum tempestivum pueris. Cic. Carpere fructus tempestivos. Id.
CXL. — Mediocris, modicus.
Mediocris (de medius), qui tient le milieu entre le grand et le petit. Ingenium mediocre. — Modicus (de modus), modique, modéré, mesuré. Cantharis modicis potare. Hor. Boire dans de modestes coupes. Exercitationibus modicis utendum. Cic.
CXLI. — Metuere, timere, vereri, formidare, tremere, pavere.
Metuere se dit d’une crainte éloignée. Metuensque futuri. Hor. — Timere, craindre un danger prochain. Timor est metus mali appropinquantis. Cic. — Vereri se dit d’une crainte respectueuse. Metuebant eum servi, verebantur liberi. Cic. — Formidare se dit d’une crainte vive et continuelle. Formidare malos fures, incendia, servos. Hor. — Tremere, trembler de peur. — Pavere se dit d’une frayeur qui trouble l’esprit. In tenebris pavitant pueri.
CXLII. — Ministrare, præbere, suggerere, suppeditare.
Ministrare, servir, présenter. Pocula ministrare. Cic. Furor arma ministrat. — Præbere (habere præ), tenir prêt, fournir, donner. Præbere materiam igni. Liv. Alimenter le feu. Præbere aures conviciis. Cic. Prêter l’oreille à des outrages. — Suggerere (gerere sub), suggérer, fournir. Suggerere rei sumptus. Ter. Faire les dépenses d’une chose. Suggerere materiam criminis. Fournir matière à une accusation. — Suppeditare (sub pedes dare), au propre, mettre sous les pieds. Il ne s’emploie qu’au figuré : donner, fournir ; par extension, être suffisant. Rerum omnium copiam alicui suppeditare. Cic. Suppeditant hæc ad victum. Id.
CXLIII. — Miser, miserabilis, miserandus, infelix.
Miser, qui est dans la misère, misérable. Ego miseris et laborantibus nihil possum negare. Cic. — Miserabilis enchérit sur miser, digne de pitié, déplorable. Nihil est tam miserabile, quàm ex beato miser. Cic. Voces miserabiles mulierum exaudiebantur. Liv. — Miserandus, qu’il faut déplorer. Hæc mihi videntur misera atque miseranda. Cic. — Infelix (non felix), qui n’est pas heureux. Infelix ego homo !
CXLIV. — Moderari, regere, gubernare.
Moderari (de modus, mesure), modérer, prescrire des bornes, retenir. Animo et verbis moderari, cùm sis in irâ, non mediocris est ingenii. Cic. — Regere (de rectà agere), proprement, mener droit, dresser. Au figuré, conduire, régler. Regere dictis animos, gouverner les esprits par son éloquence. — Gubernare (de ϰυϐερνᾶν, diriger un vaisseau), proprement, tenir le gouvernail ; et par extension, gouverner, conduire, administrer. Animi motus ratione gubernare.
CXLV. — Mœstus, tristis.
Mœstus, triste, morne, qui a la douleur dans l’âme. Mœstus atque anxius senex. — Tristis, triste, qui a la douleur peinte sur le visage. Tristis, capite demisso, terram intueri. Cæs.
CXLVI. — Monumentum, sepulchrum, tumulus.
Monumentum (de monere), monument, se dit de tout ce qui sert à faire souvenir, comme un édifice public, des vers, une histoire, et plus spécialement un tombeau. Suis monumentum, et pignus amoris erexerat. — Sepulchrum (de sepelire), qui renferme les os ou les cendres d’un mort. Ossa parentis sepulchro condita sunt. — Tumulus est proprement de la terre amoncelée ; il signifie aussi tombeau, parce qu’on élève de la terre sur un mort. Et tumulum facite, et tumulo superaddite carmen. Virg.
CXLVII. — Morari, tardare.
Morari (de mora), arrêter, s’arrêter, tarder. Belli celeritatem morari. Cic. — Tardare, retarder. Impetum inimici tardare. Cic.
CXLVIII. — Mori, oppetere, perire, interire, occidere, obire, occumbere.
Mori, mourir d’une mort naturelle. Moriendum certè est, et id incertum, an eo ipso die. Cic. — Oppetere (de ob et petere, sous-ent. mortem, aller au-devant de la mort) se dit d’une mort qu’on n’a pas évitée, à laquelle on s’est exposé. O terque, quaterque beati, queis antè ora patrum contigit oppetere. Virg. — Perire (ire per), périr, se perdre. Meo vitio pereo. Cic. — Interire (ire inter), se dissiper, se dissoudre, mourir. Interiit fame. Interire est plus général et plus fort que perire. — Occidere (de cadere ob), tomber en avant, faire une chute. Signa de cœlo occidunt. Par extension, tomber mort, mourir, être tué. Occidere ferro, mourir d’un coup d’épée. Au figuré, être ruiné, détruit, s’éteindre, disparaître. Occidit spes omnis. Hor. Tout espoir s’est évanoui. — Obire (ire ob), faire le tour, environner. Obit limbus chlamydem. Ov. Une frange entoure son manteau. C'est dans ce sens qu’on dit : diem supremum obire, aller devant son dernier jour ; c’est-à-dire, mourir. — Occumbere (de cubare ob), proprement, se coucher devant, et par extension, mourir. Occumbere morti, occumbere ferro. Ov.
CXLIX. — Mortalis, lethalis.
Mortalis, mortel, sujet à la mort. Vultus mortalis. Au figuré : Mortales inimicitias habere. Cic. — Lethalis, qui donne la mort. Frigus lethale. Venenum lethale.
CL. — Munerari, remunerari, retribuere.
Munerari (de munus), faire un présent. Me liberaliter muneratus est. — Remunerari, reconnaître un bienfait, récompenser. Utinam possim te remunerari munere simillimo. — Retribuere (de tribuere et re pour rursùm), donner une chose qui est due, rétribuer. Quid tibi retribuam pro omnibus quæ mihi tribuisti ?
CLI. — Munus, officium, munia, pensum.
Munus, don, présent, faveur. Acceptissima semper sunt munera. Synonyme des autres, il signifie emploi, charge. Munus imperatoris, munus consulare. — Officium, devoir, obligation. Tuum est munus, tuum officium. — Munia, fonctions, emploi. Obire regis munia, remplir les fonctions royales. Sunt belli pacisque munia. — Pensum (de pendere, peser), proprement, un certain poids de laine ou de fil qu’on donnait à filer chaque jour aux esclaves ; par extension, tâche, besogne que l’on donne à faire à quelqu’un, occupation. Pensum absolvere, remplir sa tâche.
CLII. — Murmurare, mutire, mussare, mussitare, susurrare.
Murmurare, faire un bruit sourd. Fremitus murmurantis maris. Cic. Par extension, grommeler, marmotter entre ses dents, murmurer. — Mutire, se plaindre en murmurant. — Mussare (fréquentatif de mutire), parler tout bas. — Mussitare (fréquentatif de mussare), marmotter tout bas. — Susurrare, dire en secret, dire à l’oreille, chuchoter. In aurem susurrare. Ov.
CLIII. — Narrare, enarrare, memorare, commemorare.
Narrare, raconter, faire le récit. Narrare historiam. — Enarrare, raconter par ordre et en détail. Rem omnem enarravit ordine. — Memorare, rapporter, faire mention, rappeler. Musa, mihi causas memora. Virg. — Commemorare marque plus d’ostentation.
CLIV. — Nasci, oriri.
Nasci, naître, venir au monde. Omnes nati sumus ad laborem. Cic. — Oriri, tirer son origine. Præclaris parentibus ortus est.
CLV. — Navis, navigium, ratis, scapha, linter, phaselus, cymba.
Navis, vaisseau, se dit ordinairement d’un grand vaisseau. Appellere naves, aborder. — Navigium, navire, se dit d’un vaisseau moins considérable. — Ratis, radeau, n’est autre chose que des poutres jointes ensemble. — Scapha (de σϰαπτειν, creuser), petite chaloupe, tronc d’arbre creusé. — Linter, petit bateau qui n’a ni mâts, ni voiles. — Phaselus, bateau long à l’usage des Campaniens. — Cymba, barque, bateau de pêcheur.
CLVI. — Negotium, res.
Negotium (non otium) signifie 1° Peine, travail. In otio sumus, potiùs quàm in negotio. 2° Affaire. Aliena negotia curare. — Res, chose, se dit indifféremment de tout. Res tua agitur. Res secundæ, res adversæ.
CLVII. — Nescire, ignorare.
Nescire, ne pas savoir ; ignorare, ne pas connaître. Nescire se dit plus spécialement des choses, et ignorare des personnes. Nescire latine loqui. Ignorare patrem suum. Nescire signifie aussi ne pas savoir ce qu’on a pu apprendre, ou ne pas savoir du tout ; ignorare, ignorer ce qu’on doit savoir, ne pas savoir assez.
CLVIII. — Nomen, prænomen, cognomen, agnomen.
Nomen était le ◀nom▶ propre qui distinguait la race d’où l’on sortait, comme Pompée, Manlius, Cornélius. — Prænomen était le premier ◀nom▶ qui distinguait chaque personne, comme Marcus, Lucius, Publius. — Cognomen était le surnom qui désignait la famille d’où l’on était, comme Scipion, Lentulus, Dolabella, branche des Cornélius. — Agnomen se donnait à cause de l’adoption, ou pour quelque grande action ; par exemple : Publius Cornélius Scipion l’Africain. Publius est prænomen ; Cornélius, nomen ; Scipion, cognomen ; l’Africain, agnomen.
CLIX. — Notio, notitia, cognitio, perceptio.
Notio, notion, idée que l’on a d’une chose. Habere notiones quasdam rerum naturalium. — Notitia, connaissance plus parfaite. Notitia Dei, notitia antiquitatis. Cic. — Cognitio (de noscere cum) indique l’action de connaître, et par extension, la connaissance. Cognitio rerum occultarum. — Perceptio (capere per), récolte, l’action de cueillir. Perceptio frugum, fructuum. Cic. Au figuré, perception ou impression qui se produit dans notre âme à la vue des objets. Animi perceptio. Cic.
CLX. — Novus, recens.
Novus, nouveau. Nihil erat novi in tuâ epistolâ. — Recens, frais, récent. Litteræ recentissimæ, lettre que l’on vient d’écrire ou de recevoir. Novæ ne s’emploierait que par rapport à d’autres précédentes.
CLXI. — Nubes, nimbus, nebula, caligo.
Nubes, nuée, désigne une grande quantité de vapeurs répandues dans l’air, et promettant de l’orage. — Nimbus, nuage, désigne un amas de vapeurs, un nuage très-condensé. — Nebula (de νεφελη, nuage), vapeur sombre et élevée. Resolvuntur nebulæ ventis et sole. Ov. — Caligo, brouillard qui rase la surface de la terre.
CLXII. — Nuntiare, indicere.
Nuntiare, porter une nouvelle, annoncer. Nuntiatum est mihi vim parari. Cic. — Indicere (dicere in), fixer à jour marqué, indiquer, déclarer. Concilium, ferias indicere. Liv.
CLXIII. — Obedire, obtemperare, obsequi, parere.
Obedire (quasi ob audire), obéir ponctuellement. Meum est imperare, tuum obedire. — Obtemperare (de temperare, régler, et ob, devant), obéir par esprit de soumission, comme un enfant obéit à son père. Sic mihi semper obtemperavit, tanquàm filius patri. Cic. — Obsequi (sequi ob), se conformer à la volonté des autres, avoir de la déférence. Juvenes æquum est senibus obsequi. — Parere, se soumettre. Parere legibus.
CLXIV. — Obitus, occasus, interitus.
Obitus (de ire ob), proprement, cours, révolution. Obitus stellarum. Cic. C'est dans ce sens qu’il se prend pour mort, ruine. Ante obitum felix nemo dici debet. Cic. — Occasus (cadere ob), chute, décadence. Occasus imperii. Cic. Ortus et occasus solis. Id. — Interitus (ire inter), ruine, dissolution, destruction, mort. Legum interitus.
CLXV. — Obligare, devincire.
Obligare (de ligare, lier, et ob), lier devant, autour, bander. Vulnus obligare. Au figuré, lier moralement, engager, obliger. Obligare suam fidem, donner sa foi. Obligare aliquem sibi beneficio, s’attacher quelqu’un par un bienfait. — Devincire (vincire de), lier, enchaîner. Catenis aliquem devincire. Au figuré : Homines caritate devincire, attacher les hommes par les liens de l’amitié.
CLXVI. — Obsidere, oppugnare.
Obsidere (sedere ob), assiéger. Mœnia obsident Romani. — Oppugnare (pugnare ob), attaquer, donner l’assaut à une ville. Consiliis ab oppugnanda urbe ad obsidendam versis. Liv. (Expugnare signifierait prendre d’assaut.)
CLVII. — Obstare, officere.
Obstare (stare ob), être, se tenir devant. Au figuré, être un obstacle, un empêchement, s’opposer. Conatibus alicujus obstare. Ov. — Officere (de facere ob), mettre un obstacle. Terræumbra soli officit. Cic. Au figuré : Libertati officere. Liv. Qui officit, contrà facit ; qui obstat, contrà stat, l’un nuit, l’autre arrête.
CLXVIII. — Obtendere, obtegere, obducere.
Obtendere (tendere ob), présenter devant. Proque viro nebulam et ventos obtendit inanes. Au figuré : Matris preces obtendebat. Tac. Il s’excusait sur les prières de sa mère. — Obtegere (tegere ob), couvrir en face, par devant. Seque servorum libertorumque suorum corporibus obtexit. Cic. Au figuré : Culpas adolescentiœ suæ obtegere. Cic. — Obducere (ducere ob), conduire, tirer devant. Obducere rebus tenebras, répandre les ténèbres sur un objet. Cicatrix obducta, une plaie fermée.
CLXIX. — Occidere, necare, interficere, adimere, interimere, perimere, trucidare, jugulare, obtruncare.
Occidere (de cædere, couper, et ob), tuer de quelque manière que ce soit. Occidit inimicum. Multos veneno occidit. Cæs. — Necare (de nex), faire mourir d’une mort violente. Ferro necare. Multi gladio necati sunt. — Interficere (de facere inter), proprement, séparer, et par extension, faire mourir. Equitem romanum interficiunt. — Adimere (de emere, ôter), et les autres composés de emere, comme interimere, perimere, ont tous la signification commune d’ôter la vie ; la préposition seule en fait la différence. — Trucidare (de trux, féroce, cruel), maltraiter affreusement en perçant, mutilant, coupant. Suppliciis cruciatos trucidando occidit. Liv. — Jugulare (de jugulum, gorge, gosier), couper la gorge. Ut jugulent homines surgunt de nocte latrones. Hor. — Obtruncare (d’ob et truncus), couper la tête.
CLXX. — Odium, simultas, inimicitia.
Odium, haine, ressentiment d’un cœur irrité. Odium est ira inveterata. Cic. — Simultas (de simulare, feindre), ressentiment, haine cachée, qui se dissimule. Simultates exercere odiosum est. — Inimicitia, inimitié, brouillerie qui survient entre les amis.
CLXXI. — Studium, officia, merita, beneficia.
Studium, zèle, bonne volonté. Tua in me studia mihi sunt jucundissima. — Officia, bons offices, services. Tua erga me officia plena sunt humanitatis. — Merita, services qui méritent de la reconnaissance. Magna ejus in nos officia, seu potiùs merita. — Beneficia, bienfaits, actes libres et spontanés.
CLXXII. — Omnis, totus, cunctus, universus.
Omnis est le terme employé pour désigner tous les individus, toutes les espèces, toutes les parties d’une chose, soit qu’on les considère comme réunies ou comme séparées. Omnis exercitus, omnes milites, omnes homines. — Totus signifie un tout par rapport à ses parties, un tout complet, une totalité. Totus exercitus, l’armée tout entière. — Cunctus se dit de l’assemblage de tous les individus, de toutes les espèces. Cuncta civitas, cuncta familia. — Universus ajoute à l’idée de cunctus ; il ne désigne pas seulement tous les objets réunis, mais tous à la fois, et tous sans exception. Universi clamare cœperunt, tous sans exception s’écrièrent à la fois.
CLXXIII. — Orare, rogare, precari, obsecrare, obtestari, supplicare.
Orare (d’os), proprement, parler. D'où le mot orateur. Talibus orabat Juno. V. Il signifie le plus souvent prier, demander avec prières. Talibus orabat dictis. V. — Rogare, demander comme une grâce. Submissa voce rogabat auxilium. — Precari, faire des prières pour obtenir ce qu’on désire. Animoque et voce Deum precari. — Obsecrare (de ob et sacer), prier au nom de la Divinité, conjurer instamment. Pro meâ vos salute non rogavit solùm, verùm etiam obsecravit. Cic. — Obtestari (de ob et testis), conjurer quelqu’un par une chose qui lui est chère. Oro obtestorque te pro vetere nostrâ conjunctione. Cic. — Supplicare (de plicare, plier, et sub, sous), supplier à genoux. Hunc ipsum orabo, etiamque supplicabo.
CLXXIV. — Oratio, sermo.
Oratio (d’orare) se dit d’un discours, d’une harangue. Ornatus orationis. Cic. — Sermo (de serere), discours familier, conversation. Ex tuis litteris et sermonibus illud intellexi. Sermo convient à tout le monde ; oratio ne convient qu’à l’orateur.
CLXXV. — Pandere, aperire, reserare, recludere, patefacere.
Pandere, proprement, étendre, étaler. Ulmus pandit ramos. Cic. Pandere vela. Ov. C'est dans ce sens que Virgile a dit : Panduntur portæ, parce qu’une porte s’étend quand elle s’ouvre. — Aperire, ouvrir, découvrir. Aperire litteras, ouvrir une lettre. Aperire iter ferro, se frayer un chemin par le fer. — Reserare (quasi seram retrahere), ouvrir la serrure, la fermeture. Reserare januam. — Recludere (claudere retrò), montrer le dedans, ôter la clôture, ouvrir. Portas recludere. Ensem recludere, tirer l’épée. Au figuré : Ebrietas operta recludit. Hor. — Patefacere (patens facere), ouvrir, faire une ouverture, donner jour, faire voir. Viam hostibus patefecerunt. Au figuré : Patefacere aures assentatoribus. Cic.
CLXXVI. — Parcere, ignoscere, indulgere.
Parcere, épargner tant au physique qu’au moral. Supplicibus parcere. Hor. Dolori et iracundiæ parcere. Cic. — Ignoscere (non noscere), détourner son esprit de la faute, ne s’y point attacher, pardonner. Ignoscite mihi, pardonnez-moi. — Indulgere (in priv. et urgere, presser), avoir de la complaisance, accorder par bonté, excuser la faute. Multi sibimet nimium indulgent.
CLXXVII. — Parens, pater, genitor.
Parens se dit du père et de la mère. Qui tanti talem genuere parentes ? Virg. — Pater, père. Ingenuo patre natus. Hor. — Genitor (de gignere), père par la naissance seulement. Dubio genitore creatus. Ov. Dieu est genitor, parce qu’il nous a créés, et pater, parce qu’il prend soin de nous.
CLXXVIII. — Paries, murus, mœnia.
Paries se dit ordinairement des murs d’un temple, d’une maison. Interiores templi parietes. Cic. — Murus est un mur qui entoure une ville, un camp, un jardin. Amplectitur latior murus urbem. Hor. — Mœnia (de munire), remparts, fortifications. Hostes mœnia obsident.
CLXXIX. — Pascere, pasci, vesci.
Pascere, paître et faire paître. Ovis pascit in prato. Boves pascere. Cic. — Pasci, se repaître, convient proprement aux bêtes. Sues glandibus pascuntur. Au figuré, il se dit aussi des hommes. Qui scelere et maleficio pascuntur. Cic. — Vesci, se nourrir, convient aux hommes. Vescor pane.
CLXXX. — Paternus, patrius.
Paternus, paternel, qui vient du père. Animus paternus est in filio, le fils a l’esprit de son père. — Patrius, de père, s’entend non seulement du père, mais encore des aïeux ; il est plus général que paternus.
CLXXXI. — Patina, lanx, patella, patera, calix, poculum, cyathus, cantharus, scyphus, cupa.
Patina (de patere), vase creux dont les anciens se servaient pour faire cuire ou mettre leurs ragoûts. — Lanx était plus large et moins profond que patina ; il servait pour les viandes rôties ou bouillies. — Patella, espèce d’assiette. — Patera (de patere) était la coupe dont on se servait dans les sacrifices et pour les libations. — Calix (de ϰυλιξ, coupe ronde), coupe, tasse de verre, de terre ou de métal. — Poculum, coupe pour boire. — Cyathus (de ϰυαθος), gobelet dont on se servait pour mesurer le vin et l’eau que l’on versait dans les tasses. Il se dit d’un verre à boire. — Cantharus était une coupe un peu plus grande, en forme d’escargot ; c’était la coupe de Bacchus. — Scyphus, gobelet dont se servaient les anciens ; petit vase qui n’avait ni pied, ni anse. — Cupa (de caupo), vase à boire dont on faisait usage dans les cabarets.
CLXXXII — Patruus, avunculus.
Patruus, l’oncle paternel, le frère du père. — Avunculus, l’oncle maternel, le frère de la mère.
CLXXXIII. — Pauper, indigens, egenus, mendicus, inops.
Pauper est celui qui n’a que le strict nécessaire et ne peut jouir des commodités de la vie. Manlius pauper fuit ; habuit enim ædiculas in Carinis, et fundum in Labicono. Cic. — Indigens (de in et egens), qui manque, qui est dans l’indigence ; il enchérit sur pauper et désigne le manque de plusieurs choses nécessaires. — Egenus (de egere) est celui qui est dans la disette, qui manque de tout, de vivres, de vêtements, etc. Omnium egenus. — Mendicus (quasi manu indicans), qui tend la main, qui est réduit à la mendicité. Sapientes, si mendici, at divites animo. — Inops (sine ope), qui a besoin de secours, dépourvu, sans ressource.
CLXXXIV. — Pellere, fugare, eliminare.
Pellere, pousser, chasser, Pellere aciem, atque in fugam convertere. Cæs. Au figuré : Curas gaudio pellere. — Fugare, mettre en fuite. Hostes fugare. Cic. — Eliminare (de ex et de limen), mettre à la porte. Extrà ædes eliminare.. Enn.
CLXXXV. — Pendere, pensare, pensitare.
Pendere, peser, se prend dans le sens actif et neutre. Cyatus pendit drachmas decem. Pl. Pendere mercedes. Par extension, payer. Pendere tributum, payer le tribut. Au figuré, apprécier, estimer. Pendere rem suo pondere, estimer une chose ce qu’elle vaut. Pendere aliquem non ex fortunâ, sed ex virtute. Cic. — Pensare (fréquentatif de pendere), peser plusieurs fois, peser exactement ; au figuré, apprécier. Pensare amicos ex factis. Pensitare (fréquentatif de pensare), peser souvent, peser scrupuleusement. Pensitare æquâ lance, peser dans une juste balance.
CLXXXVI. — Peragrare, percurrere, pervagari.
Peragrare (quasi per agros ire), littéralement, aller à travers les champs, parcourir. Rura peragrabant. Cic. — Percurrere (currere per), courir à travers, traverser en courant. Percurrit omnem agrum Æduorum, il traverse en courant tout le territoire des Eduens. — Pervagari, courir çà et là, se répandre de différents côtés. Milites quàm latissimè pervagabantur.
CLXXXVII. — Percontari, interrogare, sciscitari.
Percontari, s’informer, se mettre en quête. Ille me de nostrâ republicâ percontatus est. Cic. Il a plus de rapport aux nouvelles publiques, aux bruits qui courent. — Interrogare (rogare inter), interroger, a plus de rapport au sentiment, à l’opinion de celui qu’on interroge. Quid me sæpiùs interrogas ? — Sciscitari (de scire), s’enquérir pour savoir quelque chose de positif, de certain. Non desino per litteras sciscitari. Cic.
CLXXXVIII. — Pernicies, exitium, ruina.
Pernicies (de per et de nex), perte entière. In perniciem suam incurrere. — Exitium (de exitus), fin tragique, fléau, ruine. Catilina multis civibus fuit exitio. — Ruina (de ruere), ruine, chute. Ruinam dare, tomber en ruine. Prætermitto ruinas fortunarum tuarum. Cic.
CLXXXIX. — Petere, postulare, expostulare, flagitare, efflagitare, poscere, deposcere, exposcere.
Petere, demander. Peto à te, vel si pateris, oro. Cic. — Postulare, demander comme une chose due. Postulabat magis quàm petebat. — Expostulare ajoute à l’idée de postulare. Expostulas à me quod vix alius auderet postulare. — Flagitare, demander d’une manière pressante ou avec importunité, comme une chose due. — Efflagitare ajoute à l’idée de flagitare. Pro labore suo pactum præmium efflagitabat. — Poscere, demander comme prix ou comme salaire. Parentes pretium pro sepulturâ poscebat. Cic. — Deposcere se dit en particulier d’un transfuge, ou d’autres personnes que l’on réclame. Aliquem ad supplicium deposcere. Cic. — Exposcere ajoute plus d’instance ; il signifie demander avec ardeur la chose que l’on désire. Victoriam à diis exposcere. Cic.
CXC. — Pinguis, opimus, obesus.
Pinguis, gras. Pingues agni. V. Pingues boves. — Opimus, charnu, qui a de l’embonpoint. Opimum corpus. — Obesus (de ob et edere) donne l’idée de rondeur, de grosseur. Venter obesus.
CXCI. — Polliceri, pollicitari, promittere, spondere, despondere.
Polliceri. (de liceri, offrir le prix), promettre, offrir. Is mercedem nobis pollicitus est, et dabit profectò. — Pollicitari (fréquentatif), faire beaucoup d’offres et de promesses. Pollicitando omnium animos allicis. — Promittere (mitlere pro), envoyer, mettre en avant, et par extension, promettre, engager sa parole. Ad cœnam mihi promisit venire. — Spondere (de σπεννδω, faire un traité), promettre avec gage et assurance. Illud facturum promittit et spondet. Spondeo digna tuis ingentibus omnia cœptis. Virg. — Despondere ajoute à l’idée de spondere.
CXCII. — Porta, janua, fores, valvæ, ostium, limen.
Porta (de portare). Anciennement, quand on bâtissait une ville, on en traçait l’enceinte avec la charrue, et celui qui était chargé du plan portait cette charrue, en la soulevant, dans l’endroit où devait être l’entrée. Aratrum sustulit, dit Caton, et portam vocavit. Porta est l’ouverture de la muraille, la porte. Il se prend dans les poètes pour la porte suspendue et portée sur ses gonds. — Janua (de Janus) est l’entrée d’une maison, la porte d’entrée. — Ferire januam ou ad januam, frapper à la porte. — Fores (quæ foras aperiuntur) se dit proprement d’une porte suspendue, portée sur des gonds, et s’ouvrant du dehors. Fores portarum semi-apertæ. Cic. — Valvæ (de volvere) se dit des battants des portes ou des fenêtres. Valvæ bifores. Ov. Portes à deux battants. — Ostium (d’os), porte d’une chambre ou d’un appartement. Aperto ostio dormire. Cic. — Limen, le seuil ou le linteau d’une porte. Il se prend pour la porte entière. Limen carceris. Cic.
CXCIII. — Prælium, pugna, certamen, dimicatio.
Prælium, bataille. Committere prælium. — Pugna (de pugnus, poing). Les premiers hommes, n’ayant point d’armes, se servaient de leurs poings. Pugna est un combat de près, une action plus singulière que prælium, qui désigne une action générale. Les combats livrés à Cannes entre Annibal et les Romains, à Pharsale entre César et Pompée, sont dits prælia ; mais l’action des Horaces et des Curaces est dite pugna. — Certamen (de certare) se dit de toute rivalité où chacun tâche de l’emporter. In certamen cum aliquo venire. Cic. Certamen gladiatorium. Id. — Dimicatio (de dïs et micare), combat décisif. Nos autem jam in aciem dimicationemque veniamus. Cic.
CXCIV. — Prævidere, providere.
Prævidere (videre præ), voir d’avance, prévoir les choses avant qu’elles arrivent. Prævidebam rem malè cessuram. — Providere marque une prévoyance plus éloignée. Multùm in posterum providere. Cic. Il signifie, par extension, pourvoir. Providere rei frumentariæ, pourvoir aux approvisionnements de blé.
CXCV. — Primores, proceres, optimates.
Primores (de primus), les premiers, les plus distingués. Primores civitatis. Cæs. — Proceres (de procerus), les grands, ceux qui sont plus élevés que les autres. Misit ad me proceres senatûs. — Optimales (d’optimus), ceux qui ont le premier rang dans un Etat.
CXCVI. — Priscus, pristinus, antiquus, vetus.
Priscus se dit des choses et des siècles passés, qui n’existent plus. Prisca illa severitas. Cic. — Pristinus (quod priùs stetit), qui a été auparavant, autrefois ; se dit des choses qui ne sont pas susceptibles de vétusté. Dignitas pristina. Cic. — Antiquus, ancien, antique. Antiquissimi Macedonum reges. Cur. — Vetus, vieux, opposé à recens. Il ne désigne pas une aussi grande ancienneté qu’antiquus.
CXCVII. — Prodigium, portentum, ostentum, monstrum.
Prodigium est le terme général, et se dit de tous les prodiges. Multa sæpe prodigia vim numinis ostendunt. — Portentum se dit particulièrement des prodiges qui arrivent sur la terre et dans l’eau, une pluie de pierres, de l’eau changée en sang, etc. — Ostentum est une vision, une apparition. — Monstrum se dit des productions contre nature ; par exemple, un bœuf qui aurait la tête d’un cheval.
CXCVIII. — Progenies, proles, soboles.
Progenies (de pro et de gignere), progéniture, race. Progeniem sed enim trojano à sanguine duci audierat. Virg. — Proles (de pro et olere, croître) est proprement la nouvelle pousse de l’olivier ou des autres arbres. — Soboles (de sub et olere) est le rejeton qui pousse au pied de la souche. Ces deux ◀noms▶ se sont appliqués aux hommes, par métaphore, pour désigner la race, la lignée, les enfants.
CXCIX. — Pronus, supinus, cernuus.
Pronus, qui penche en avant. Pronus in mensam. — Supinus, renversé en arrière. Cubat in faciem, deindè supinus, il se couche sur le visage, puis sur le dos. — Cernuus, courbé, prosterné. Veneremur cernui.
CC. — Propagare, prolatare, porrigere.
Propagare (de pro et pangere), ficher au loin, étendre, provigner. Vites propagare. Propagare religionem, au figuré. — Prolatare (de pro et de ferre), étendre plus loin, prolonger. Prolatare imperium. Quint. Reculer les bornes de l’empire Prolatare vitam, prolonger la vie. — Porrigere (de regere porrò), étendre en allongeant. Manum in mensam porrigere. Cic. Porrigere pocula, présenter à boire.
CCI. — Pulcher, formosus, venustus, speciosus, bellus.
Pulcher (de πολύς et χάρις, grâce), beau, bien fait. Pulchra facies, pulchrum corpus. Au figuré, il a une signification très-étendue. Pulchra libertas. Pulcherrima præmia, etc. — Formosus (de forma) comprend le visage et toute la personne ; d’une belle figure, d’une belle apparence. Mulier formosa supernè. Hor. Formosi pecoris custos, formosior ipse. V. — Venustus (de Vénus, déesse de la beauté), gracieux, qui a de l’agrément. Facies ad aspectum venusta. Gestus corporis venustus. Cic. — Speciosus (de species), apparent, spécieux. Introrsùm turpis, speciosus pelle decora. Hor. — Bellus (diminutif de benus, pour bonus), gentil, joli. Bella puella, bella epistola, bellum convivium. Cic.
CCII. — Pyra, rogus, bustum.
Pyra (de πῦρ, feu) est un amas de bois pour brûler ; par extension, bûcher, pile de bois sur laquelle on brûlait les morts. Innumeras struxere pyras. Virg. — Rogus (de rogare, parce que c’était alors qu’on faisait les prières), le bûcher, lorsqu’il est en feu. Cùm ascenderet in rogum ardentem. Cic. — Bustum (quasi benè ustum), le lieu où le mort a été brûlé. Semiustaque servant busta. Virg.
CCIII. — Querela, querimonia, questus, lamentatio, plangor, planctus, gemitus.
Querela et querimonia, plainte, mécontentement, avec cette différence que querela est une plainte souvent déplacée, une querelle, au lieu que querimonia est une plainte fondée. Assurgere haud justis querelis. Virg. Magnâ omnium querimoniâ discesserunt. Cic. — Questus, plainte, expression de la peine ou de la douleur. Et mæstis latè loca questibus implet. Virg. — Lamentatio est le ton plaintif d’un homme qui exprime sa douleur. Lugubris lamentatio. Cic. — Plangor et planctus (de plangere, frapper), lamentations accompagnées de coups sur la poitrine ou ailleurs. — Gemitus, cris qui partent d’un cœur oppressé par la douleur.
CCIII bis. — Quicumque, quilibet, quivis, quisquis.
Il y a une différence assez délicate entre quicumque, quivis et quilibet : quicumque a plus de rapport à la nature, aux qualités des personnes ou des choses ; quivis et quilibet à la distinction de nombre ou de rang. Ainsi, l’on dit : Quamcumque rem gesseris ; quicumque sit iste. Au lieu qu’on dira : Quivis ex numero ; quilibet ex senatoribus. — Quisquis, qui que ce soit, diffère de quicumque en ce qu’il a toujours un verbe après lui. Quisquis est ille, si modò est aliquis. Cic. Au lieu que quicumque en manque quelquefois.
CCIII ter. — Quidam, quispiam, aliquis, quisquam.
Quidam désigne une personne ou une chose déterminées. Quidam de collegis. Cic. Certis quibusdam verbis. Cic. — Quispiam et aliquis désignent au contraire une personne ou une chose indéterminées. Quæret fortasse quispiam. Aliquis vir eligendus est. Cic. — Quisquam se met lorsqu’on interroge ou quand il y a une négation. Et quisquam numen Junonis adoret prætereà ? Virg. Nec est quisquam, qui, etc. Cic.
CCIIIquater. — Quietus, tranquillus.
Quietus (de quies, repos), qui est en repos, paisible. Gentes agitare quietas. Virg. Honores quos, quietâ republicâ desperant, turbatâ consequi se posse arbitrantur. Cic. — Tranquillus, calme, tranquille ; se dit proprement de la mer. Maris tranquillitas. Cætera videntur esse tranquilla, tranquillissimus autem animus meus. Cic. Quietus se dit des choses et des personnes, tranquillus ne se dit que des choses et de l’état de l’âme.
CCIV. — Reparare, reficere, recreare, relevare.
Reparare (de parare rursùs) signifie proprement acquérir de nouveau. Amissas res reparare. Hor. Et par extension, rétablir, remettre en son premier état. Reparare vires, rétablir ses forces. — Reficere (rursùs facere), refaire, rebâtir. Reficere navem, radouber un vaisseau. Au figuré : Sesé ex laboribus reficere. — Recreare (de rursùs creare), proprement, créer de nouveau. Recreare consules. Cic. Au figuré, ranimer, rassurer, récréer. Me reficit et recreat tuus in me amor. Cic. — Relevare (rursùs levare), relever. E terrâ corpus relevare. Ov. Au figuré, alléger, soulager, délivrer. Relevare sitim, relevare ægrum.
CCV. — Repens, repentinus, subitus.
Repens (de ἒρπω ramper), qui se traîne, qui rampe à terre. Repens humi. Pl. Au figuré, qui arrive sans être attendu. Repens hostium adventus. Cic. — Repentinus ne se dit qu’au figuré : qui n’a point été prévu. Leviora sunt ea quæ repentino motu accidunt. Cic. — Subitus (de subire), qui arrive soudain. Magis subita tempestas, quàm antè provisa, terret navigantes.
CCVI. — Repere, reptare, serpere.
Repere se dit des animaux qui marchent sur le ventre ; ramper. Vulpecula per rimam repserat. Hor. — Reptare, son fréquentatif, marque encore plus de lenteur. — Serpere, serpenter, se dit des animaux sans pieds. Vipera serpit humi. Ov.
CCVII. — Reprehensio, criminatio, vituperatio.
Reprehensio (de prehendere retrò), tirer en arrière. Il ne s’emploie qu’au figuré : l’action de reprendre quelqu’un en faute, réprimande. Reprehensionem patris accipere. — Criminatio (de crimen, accusation), l’action d’accuser. Falsa criminatio. — Vituperatio, l’action de blâmer, blâme. In vituperationem venire. Cic. Encourir le blâme.
CCVIII. — Reprobare, repudiare, respuere, rejicere.
Reprobare (de probare et re pour retrò), réprouver, désapprouver. Reprobavit tuam agendi rationem. — Repudiare (de retrò et pudor), répudier, renvoyer comme une chose honteuse. Repudiare uxorem. — Respuere (de spuere, cracher, et retrò), proprement, rejeter en crachant, repousser ; au figuré, rejeter avec mépris, dédaigner. Respuere aliquid, et pro nihilo putare. Cic. — Rejicere (de jacere retrò), rejeter, repousser, éloigner ; au figuré, rebuter, renvoyer. Rejicere aliquem, mépriser, rebuter quelqu’un.
CCIX. — Reus, nocens, sons.
Reus s’appliquait généralement à tous ceux qui avaient quelque contestation, soit civile, soit criminelle. Il se prend généralement pour accusé dans les bons auteurs. Si haberes nocentem reum. Cic. — Nocens (de nocere), nuisible, préjudiciable, malfaisant. Ferro nocentius aurum. Ov. Il signifie, par extension du premier sens, coupable, criminel. Nocens, nisi accusatus, condemnari non potest. Cic. — Sons (de σινω, noceo), un coupable, un criminel. Punire sontes. Cic.
CCX. — Rex, tyrannus.
Rex (de regere), roi. Magni reges. Hor. Rex convivii. Plaute. Le maître du festin. — Tyrannus (de τυραννος), maître absolu, souverain. Dans la suite, on a attaché à ce mot une idée odieuse : tyran, qui a usurpé le pouvoir, ou qui en abuse.
CCXI. — Rusticus, rusticanus, agrestis, agrarius, vicanus.
Rusticus, de la campagne, rustique. Homo imperitus morum, et rusticus. Cic. — Rusticanus ajoute à l’idée de rusticus. Marius quidem rusticanus vir, sed planè vir. Cic. — Agrestis (d’ager), agreste, qui croît à la campagne. Arbor agrestis. Cic. Auxilium vocat, et duros conclamat agrestes. Virg. Au figuré, sauvage, grossier. Rustica vox et agrestis. Cic. — Agrarius, qui concerne les terres. Agrariam rem tentare. Cic. Tenter le partage des terres. — Vicanus (de vicus), un villageois, qui est d’un village ou d’un petit bourg.
CCXII. — Sacer, sacratus, sanctus, sacrosanctus, religiosus.
Sacer, sacré. Ædes sacra. Il se prend en mauvaise part,
parce que les méchants étaient consacrés aux dieux infernaux. Sacrabantur, devovebantur diis inferis. — Sacratus, consacré. Vittasque resolvit sacrati capitis. Virg. — Sanctus (quasi sancitus), saint, inviolable. Sancti legali, quibus nocere nefas est. Sanctœ leges. Virgines sanctœ. Hor. Les vestales. — Sacrosanctus (sacro sancitus) ajoute à l’idée de sanctus ; qu’on ne peut violer impunément. — Religiosus, s’applique soit aux choses consacrées par la religion, quod à communi hominum usu, sanctitate quâdam, removetur ; soit aux personnes : Vir sanctus et religiosus. Cic.
CCXIII. — Salsus, facetus, dicax.
Salsus (de sal), proprement, salé. Æquora salsa. Au figuré, plein de sel, d’un esprit piquant. Salsus vir. Dictum salsum. Cic. — Facetus, plaisant, enjoué. Salsus erat et facetus. Cic. — Dicax (de dicere), diseur de plaisanteries. In conviviis faceti et dicaces.
CCXIV. — Saltus, sylva, nemus, lucus.
Saltus (de salire, sauter), synonyme des autres, est propreprement un défilé, un lieu où il faut sauter pour s’en tirer. Celeriter Pyrenæos saltus occupari jubet. Cæs. Il se prend ordinairement pour un lieu où il y a des bois et des pâturages. Saltibus in vacuis pascunt. Virg. Sylva est le mot général, un bois, une forêt. Genus humanum in montibus ac sylvis dissipatum. Cic. — Nemus, un bois de haute futaie, un bois pour l’agrément. Nemus quod nulla ceciderat ætas. Ov, — Lucus, un bois sombre consacré à quelque divinité. Pios errare per lucos. Virg.
CCXV. — Salus, valetudo, sanitas, sanatio, salubritas.
Salus, santé, salut. Qui medicis suis non ad salutem, sed ad necem utitur. Cic. — Valetudo, santé, soit bonne, soit mauvaise. Bona, adversa valetudo. Cic. — Sanitas, bonne santé. Qui incorrupta sunt sanitate. Cic. — Sanatio, guérison, l’action de guérir. Omnium malorum sanatio. — Salubritas, salubrité, se dit de l’air, des aliments, des lieux habités. Loci salubritas. Cœli aërisque salubritas.
CCXVI. — Scena, theatrum.
Scena (de σϰηνη, tente), proprement, un lieu entouré d’arbres touffus ; d’où vient cette expression de Virgile : Tum sylvis scena coruscis. Lieu ombragé par des bois agités au souffle du vent. Anciennement on représentait les pièces de théâtre à l’ombre des arbres ; et c’est de là que ce mot désigne la scène d’un théâtre. — Theatrum (de θεασθαι, voir), théâtre, lieu où l’on donne des spectacles.
CCXVII. — Secessus, recessus. secretum, solitudo.
Secessus (seorsim cedere) se dit d’un lieu à l’écart, d’un lieu paisible. Carmina secessum scribentis et otia quærunt. Ov. — Recessus (retrò cedere) semble être un lieu plus éloigné. Mihi solitudo et recessus provincia est. Cic. — Secretum (seorsim cernere) semble plus solitaire, plus à l’abri des importuns et des curieux. Horrendæque procul secreta Sibyllæ. Virg. — Solitudo (de solus, solitude, lieu désert. Discedere in aliquas solitudines. Cic.
CCXVIII. — Seges, messis.
Seges est proprement le blé en herbe, ou sur pied. Luxuries segetum. Cic. — Messis (de metere, moissonner) désigne du blé moissonné, ou prêt à être coupé. Gravidis onerati messibus agri. Virg.
CCXIX. — Segregare, seponere, semovere, removere, sejungere.
Segregare (seorsim à grege ou seorsim grex,) séparer du troupeau, écarter. Oves segregatas ostendit procul. Phed. — Seponere (seorsim ponere,) mettre à part, en réserve. Pecuniam in ædificationem templi seposuit Liv. — Semovere (seorsim movere), séparer par un mouvement, éloigner. — Removere (retrò movere.) éloigner en remuant. Mensæque remotæ. Virg. — Sejungere (seorsim jungere,) séparer ce qui est joint. Sejungere tabulas. Col.
— Senes, veteres, antiqui.
Senes, les vieillards qui ont beaucoup d’années, Longævosque senes, ac fessas æquore matres. Virg. — Veteres, ceux du temps passé, ceux qui étaient avant nous, quand même ils n’étaient pas arrivés à la vieillesse. Veteres auctores. Cic. — Antiqui se dit des uns et des autres ; les anciens.Plus apud me auctoritas antiquorum valet. Cic.
CCXXI. — Serus, tardus.
Serus, tardif, qui vient tard. Sera gratulatio. Cic. — Tardus, lent, paresseux à faire quelque chose. Tardior ad discendum.
CCXXII. — Significare, declarare, designare, monstrare, indicare.
Significare (signum facere,) faire connaître par des signes. Significare deditionem. Faire savoir qu’on est prêt à se rendre. Au figuré, faire savoir, avertir, faire entendre. Id mihi significavit per litteras. Cic. — Declarare(de clarus,) déclarer, faire connaître clairement. Hoc tibi non significandum modò, sed etiam declarandum arbitror. Cic. — Designare(de signum,) désigner. Notat et designat oculis ad cædem unumquemque nostrùm. Cic. — Monstrare, montrer, faire voir. Digito indice monstrat. Hor. — Indicare(d’index, délateur), indiquer, révéler. Vultus indicat mores. Cic.
CCXXIII. — Signum, vexillum.
Signum, pris pour enseigne, était une longue pique au haut de laquelle était attachée en forme de croix une petite planche sur laquelle était inscrit le ◀nom▶ de la cohorte qui suivait : Cohortis primœ, Cohortis secundæ, etc., convenire ad signa jubentur. Cæs. — Vexillum (diminutif de velum), étendard, drapeau ; c’était une petite bannière où était représentée en or ou en argent l’image des Césars avec le ◀nom▶ de l’empereur.
CCXXIV. — Simulachrum, effigies, imago, statua.
Simulachrum (de similis), portrait, se dit uniquement pour la ressemblance. Statuœ et imagines non animorum simulachra, sed corporum. Cic. — Effigies (d’effingere,) effigie. L'effigie tient place de la chose même. Effigies Neronis. Au figuré : Ad effigiem justi imperii. Cic. — Imago (d’ εἶγµα, ressemblance, tiré d’ ειχω, je ressemble), image, représentation idéale d’une chose ; il se dit de la peinture et de la sculpture. Agesilaüs neque pictam, neque fictam imaginem passus est. Cic. — Statua(de stare, se tenir debout), statue, figure en relief qui représente le visage et tout le corps ; au lieu que imago ne représente que le visage, et ne convient qu’à Dieu et à l’homme. Statua equestris. Cic.
CCXXV. — Singuli, universi.
Singuli, un à un, l’un après l’autre ; universi, tous en général. Dùm singuli pugnant, universi vincuntur. Tac. Ne combattant que l’un après l’autre, tous à la fin se trouvent vaincus.
CCXXVI. — Situs, squalor, sordes, illuvies.
Situs, synonyme des autres, moisissure. Situ corrumpi. Pl. — Squalor, malpropreté, crasse. Obsita squalore vestis. — Sordes, ordure, souillure. Collecta sorde dolentes auriculæ. Hor. — Illuvies(de non lavare), saleté. Ablue corpus illuvie squalidum. Curt.
CCXXVII. — Solvere, persolvere, luere, perluere.
Solvere, proprement, délier, détacher. Omne colligatum solvi potest. Cic. Au figuré : Solvere aliquem legibus. Cic. Solvere pecuniam. (Les dettes sont un lien moral.) — Persolvere ne se dit qu’au figuré : payer entièrement. Stipendium militibus persolutum. Cic. — Luere (de λυω, je délie, ou de λουω, je lave) a le sens de délier et de laver. Luere æs alienum, payer ses dettes. Luere maculas sanguine. Luere pœnas delicti. Subir une punition, expier sa faute. — Perluere ajoute à l’idée de luere.
CCXXVIII. — Somnus, sopor, somnium, insomnium.
Somnus, le sommeil. Somnus est mortis imago. Cic. — Sopor, assoupissement, profond sommeil. Gravitate soporis pressus. Ov. — Somnium et insomnium (quasi in somno,) songe, rêve. Falsa somnia. Virg.
CCXXIX. — Sonus, sonitus, fragor.
Sonus se dit du son en général. Aures sonum recipiunt. Cic. Il se dit particulièrement du son de la voix et des instruments. Sonus vocis. Cic. — Sonitus signifie un son plus éclatant, un grand bruit. Fracti sonitus tubarum. Virg. — Fragor (de frangere,) proprement, le bruit que fait une chose en se rompant. Arbores decidunt cum fragore. Plus généralement, fracas. Cœlum tonat omne fragore. Virg.
CCXXX. — Species, pulchritudo, venustas, formositas.
Species (de l’inusité spicere) est ce qui paraît au dehors. Ferre præ se speciem viri boni. Cic. — Pulchritudo, beauté. Eximiâ pulchritudine species. Cic. — Venustas (de Venus,) bonne grâce. Venustas decet mulieres. Cic. — Formositas (de forma), beauté, bonne mine, pour ce qui regarde la taille et la personne.
CCXXXI. — Spectare, speculari, contemplari, considerare.
Spectare (fréquentatif de l’inusité spicere), regarder, considérer pendant quelque temps. Spectatum veniunt. — Speculari (de specula, lieu élevé d’où l’on peut voir), observer de loin, regarder d’un lieu élevé. Signorum ortus obitusque speculantur. — Contemplari(de cum et de à templo. Id est, à loco qui ex omni parte adspici, vel ex quo omnis pars videri potest, quem antiqui templum nominabant), regarder fixement un objet, contempler, considérer. Oculis contemplari cœli pulchritudinem. Cic. — Considerare(de sidus, astre), proprement, considérer les astres ; par extension, regarder avec réflexion, considérer. Considerare quid sit agendum.
CCXXXII. — Sponsio, pactio, fœdus.
Sponsio, pactio, fœdus étaient les trois manières dont les peuples étrangers contractaient avec les Romains. Sponsio n’exigeait le consentement ni du sénat, ni du peuple ; le consentement des généraux suffisait. C'est ainsi que fut conclue la paix des Fourches-Caudines. Sponsio signifie aussi gageure. — Pactio(de paciscor) était une convention solennelle. — Fœdus était un traité public.
CCXXXIII. — Statio, vigilia, excubiœ.
Statio(de stare), poste, corps-de-garde, sentinelle. Disponere stationes. Cæs. — Vigilia, veille de nuit. Les Romains partageaient la nuit en quatre veilles, et chaque veille comprenait trois heures : la première, depuis six heures jusqu’à neuf, etc ; de là vient qu’on trouve prima, secunda, tertia, quarta vigilia. — Excubæ (cubare ex) se dit proprement de la garde qu’on fait pendant la nuit ; mais il se prend plus généralement : Vigilum excubiæ. Virg.
CCXXXIV. — Subducere, subtrahere.
Subducere (ducere sub ou super), retirer de dessous, conduire dessus. Aurum terræ subducere. C'est dans ce sens qu’on dit : Subducere naves, classem, parce que la terre est plus élevée que la mer. — Subtrahere (trahere sub), détourner, soustraire. Te aspectu ne subtrahe nostro. Virg.
CCXXXV. — Tangere, tractare.
Tangere, toucher. Tangere aras. Virg. Au figuré : Hæc modice me tangunt. Cic. — Tractare (fréquentatif de trahere), manier. Tractare calicem manibus unctis. Hor. Ignorans sua se tractare pericla. Ov.
CCXXXVI. — Tegere, operire, cooperire.
Tegere, couvrir, mettre à l’abri. Fronde teguntur aves Ov. — Operire, entourer, fermer. Pellis operit laios humeros. Virg. Operire ostium, fermer la porte. — Cooperire, entourer de tous côtés. Cooperire aliquem lapidibus. Au figuré : Coopertus sceleribus. Cic.
CCXXXVII. — Telum, hasta, hastile, gesum, sarissa, sparus, lancea, pilum, spiculum, sagitta, jaculum.
Telum (de τῆλε, loin) est le mot générique ; il se dit de toute arme offensive. Versari incolumis inter hostium tela. Cic. Il signifie plus spécialement : trait, dard, javelot, flèches lancées de loin. — Hasta (quod adstans solet ferri,) lance, pique. Eminùs hastâ, cominùs gladio uti. Cic. — Hastile, le bois de la pique. — Gesum, trait des anciens Gaulois. — Sarissa, pique à l’usage des Macédoniens. — Sparus (de σπείρω, spargere), espèce de dard à l’usage des gens de la campagne. — Lancea, lance, sorte de trait fort long. — Pilum, le javelot des Romains, dont la hampe était longue et la forme triangulaire. — Spiculum (de spica, épi), dard, et souvent : pointe d’une flèche, d’une lance. Hastarum spicula. Ov. — Sagitta, flèche, trait d’arbalète. — Jaculum (de jacere), trait, javelot.
CCXXXVIII. — Tempestas, procella.
Tempestas, tempête, ouragan sur terre ou sur mer. Tempestas cum grandine ac tonitribus. Liv. — Procella (de pro et de l’inusité cellere, émouvoir) est un vent impétueux sur mer, un orage. Procellæ exagitant mare.
CCXXXIX. — Toga, stola, peplum, palla, trabea, pallium, sagum, chlamys.
Toga (de tegere), toge, robe des anciens Romains en temps de paix. C'était un grand manteau qui se mettait sur la tunique. — Stola était l’habit ordinaire des femmes mariées, des femmes de condition. — Peplum (de πεπλος, voile d’une fine étoffe), espèce de robe à l’usage des dames. On en ornait les statues des dieux. Elle était particulièrement consacrée à Minerve. — Palla, longue robe portée par les femmes. C'était aussi l’habillement des hommes chez les Gaulois. — Trabea(de trabs), la trabée, vêtement des rois de Rome, et, après leur expulsion, celui des consuls, des augures et des chevaliers romains. — Pallium, longue robe ou manteau à l’usage des Grecs, surtout des philosophes. — Sagum, espèce de saye rouge que l’on mettait sur la tunique. C'était l’habit de guerre. — Chlamys, tunique de guerre. C'était aussi la robe que portaient les enfants.
CCXL. — Torquere, angere, cruciare.
Torquere, proprement, tordre, contourner. Capillos torquere ferro. Ov. Au figuré, tourmenter. — Angere (d’ αγχω, serrer), gêner en serrant, serrer étroitement. Au figuré, affliger, chagriner. Angi animo. Cic. — Cruciare (de crux), proprement, mettre en croix. Au figuré, tourmenter cruellement.
CCXLI. — Transgredi, transire, trajicere, prætergredi.
Transgredi (gradi, marcher, trans, au delà), passer outre, franchir, traverser. Rhenum transgressus est. Cic. — Transire (ire trans), passer, aller au delà. Transiit urbem. — Trajicere (trans jacere), jeter au delà, traverser, passer, faire passer. Trajicere flumen nando. — Prætergredi, côtoyer, passer plus loin.
CCXLII. — Tributum, vectigal, census, exactio.
Tributum(de tribus, parce qu’on levait les impôts par tribus) était l’argent que payait chaque citoyen à raison de ses revenus. — Vectigal (de vehere) comprenait tous les droits que l’on payait pour les marchandises qui entraient ou qui sortaient. — Census (de censeo) était le revenu de chaque particulier ; il désignait aussi le dénombrement des biens et des familles. — Exactio, la levée des impôts.
CCXLIII. — Triumphare, ovare.
Triumphare, triompher, faire une entrée solennelle après quelque grande victoire. — Ovare, recevoir les honneurs du petit triomphe. Heri me ovantem et propè triumphantem populus romanus in Capitolium tulit. Cic.
CCXLIV. — Tueri, tutari, propugnare, protegere, de endere.
Tueri, protéger, mettre en sûreté. Ædem Castoris Junius habuit tuendam. Cic. — Tutari, son fréquentatif, marque plus d’action. — Propugnare (pugnare pro), combattre pour la défense. Propugnare pro æquitate. Cic. — Protegere (tegere pro), mettre à couvert, protéger. Africanus in acie Halienum scuto protexit. Cic. — Defendere (de l’inusité fendere, choquer, éloigner, et de), proprement, éloigner ; par extension, défendre.
CCXLV. — Tumere, tumescere, turgere, turgescere.
Tumere, être enflé, bouffi. Corpus tumet omne veneno. Ov. Au figuré : Laudis amore tumes. Hor. — Tumescere (inchoatif de tumere), devenir enflé, bouffi. Inflata colla tumescunt. — Turgere, être gonflé. — Turgescere, se gonfler. Semen turgescit in agris.
CCXLVI. — Turpis, deformis, fœdus.
Turpis, laid, honteux, se dit du corps et de l’âme. Turpe caput, tête difforme. Turpis fuga, fuite honteuse. — Deformis (de de et forma), difforme, défiguré. Hujus corporis partes deformem habent aspectum. Cic. — Fœdus, hideux. Caput fædum impexâ porrigine.
CCXLVII. — Tutus, securus.
Tutus(de tueri), qui est sans danger, qui n’a rien à craindre, qui est en sûreté. Ad omnes ictus tutus. Liv. — Securus (sine curâ), qui se croit en sûreté, qui est sans crainte. Securus est, non autem tutus.
CCXLVIII. — Vallare, sepire.
Vallare(de vallus, pieu), faire une palissade, entourer d’un rempart. Castra punica erant vallata. Liv. — Sepire(de sepes), proprement, entourer d’une haie. Il se prend plus généralement : Sepire muris urbem.
CCXLIX. — Velare, amicire, obnubere.
Velare(de velum, voile), couvrir d’un voile, voiler. Caput velare. Cic. — Amicire (de am pour αµρι, autour, et icere pour jacere), mettre un habit autour du corps, couvrir, envelopper. Croceo velantur amictu. Ov. — Obnubere (d’ob et de nubes), proprement, couvrir d’un nuage. Nubes obnubant cœlum. Var. Il signifie aussi couvrir d’un voile, voiler.
CCL. — Venter, ventriculus, alvus, abdomen.
Venter, le ventre, la cavité du corps où sont enfermés les intestins. — Ventriculus, le ventricule du cœur. — Alvus, le canal, ou la cavité intérieure du ventre. — Abdomen, la partie extérieure du bas-ventre.
CCLI. — Verber, scutica, flagellum, virga, ferula, fustis, lorum.
Verber, inusité au nomb. sing., fouet ; il se prend pour les coups mêmes. Necare aliquem verberibus. Cic. — Scutica (de σϰύτος, cuir), fouet de lanières de cuir dont se servaient les maîtres d’école. — Flagellum, fouet en usage pour punir les esclaves et les criminels. Ne scuticâ dignum horribili sectere flagello. Hor. — Virga, houssine, verge, baguette. Il était moins honteux d’être frappé de cet instrument que d’être flagellé. — Ferula, espèce de plante. La tige servait d’instrument pour châtier les enfants. — Fustis était un bâton pour frapper. Caput lumbosque saligno fuste dolat. Hor. Il lui caresse la tête et les reins avec un bâton de saule. — Lorum, courroie. Cœdere loris. Cic.
CCLII. — Vetare, impedire.
Vetare, défendre, faire défense. — Lex peregrinum vetat in murum ascendere. Cic. — Impedire(son synonyme, formé de in, pes et dare), mettre obstacle, empêcher. Gravioribus morbis vitæ jucunditas impeditur. Cic.
CCLIII. — Vicis, vicissitudo.
Vicis (usité à l’acc. et à l’abl. sing., et à tous les cas du pluriel) est un mot très-général ; il signifie le plus souvent tour, fonction, place, état, sort. Suâ vice, à son tour. Alias gerit vices, il remplit les fonctions d’un autre. — Vicissitudo, alternative, vicissitude, révolution.
CCLIV. — Videre, visere, invisere, revisere, visitare.
Videre, voir, se rapporte aux regards. — Visere concerne la politesse ou la curiosité. — Invisere, faire visite, visiter. — Revisere, retourner voir. — Visitare, visiter souvent.
CCLV. — Vigilare, excubare.
Vigilare, veiller, ne point dormir. Vigilare ad multam noctem. Cic. — Excubare(de ex, hors de, et cubare), n’être point couché, faire sentinelle. Excubare ad portas. Cic.
CCLVI. — Vindicare, ulcisci.
Vindicare, proprement, assurer les droits, garantir. Vindicare in libertatem. C. Mettre en liberté. Vindicare libertatem, recouvrer sa liberté. Vindicare signifie aussi venger, parce que, pour assurer les droits, il faut quelquefois punir. Maleficia vindicare. Cic. — Ulcisci, venger, punir, se dit de toutes sortes de personnes. Odi istum hominem ; utinam ulcisci possim. Cic.
CCLVII. — Vineæ, pluteus, crates, testudo.
Vineæ, mantelets. C'étaient des machines de guerre faites de bois et de claies, et garnies de terre ; elles étaient mues par des roues. Les assiégeants s’en servaient pour se garantir des traits et des autres projectiles, afin de pouvoir en sûreté saper les murs des ennemis. — Pluteus, espèce de machine de guerre en forme de casque, faite d’osier et recouverte de cuir, dont les soldats se couvraient la tête et une partie du corps pour aller à la sape des murailles. Ces machines s’appliquaient aussi aux tours et aux remparts. — Crates, claies, espèce de treillis d’osier que l’on couvrait de terre, et qui mettait à couvert les soldats. — Testudo, tortue. Scutis, dit Tite-Live, super capita densatis, stantibus primis, secundis submissioribus, tertiis magis et quartis, postremis etiam genu nixis, fastigiatam, sicut tecta, faciebant testudinem.
CCLVIII. — Virtus, fortitudo.
Virtus est le mot général qui désigne la force de l’âme, soit pour entreprendre, soit pour souffrir. Appellata est à viro virtus. Cic. — Fortitudo est cette force d’âme qui nous fait supporter les peines, les travaux, les périls. Fortitudo est considerata periculorum susceptio, et laborum perpessio. Cic.
CCLIX. — Vis, vires.
Vis se dit de la force en général. Vis nostra in animo et corpore sita est. — Vires ne se dit guère que des forces du corps. Vir maximis viribus.
CCLX. — Viscera, intestina, ilia, exta, præcordia.
Viscera, les entrailles. Visceribus miserorum et sanguine vescitur atro. Virg. — Intestina (d’intùs), intestin, boyau. Reliquiæ cibi per intestina depelluntur. Cic. — Ilia, les flancs, la partie qui est depuis le défaut des côtes jusqu’aux hanches. Ilia longo singultu tendunt. Virg. Ilia ducere, battre des flancs, être essoufflé. — Extra (de exstare, être saillant, ou exsecta, choses coupées), le cœur, les poumons, le principal organe de la respiration. Il signifie aussi les entrailles. Exta inspicere, examiner les entrailles des victimes. — Præcordia (de præ et de cor), les membranes qui séparent le cœur et les poumons du foie et de la rate, et par extension, le cœur, les entrailles. Redit in præcordia virtus. Le courage se ranime dans les cœurs.
CCLXI. — Vocare, appellare, nominare, citare, compellare.
Vocare (de vox), appeler pour faire venir. Vocare ad arma. Cic. — Appellare, appeler, donner un ◀nom▶. Appellare unumquemque suo nomine. — Nominare, nommer, dire le ◀nom pour distinguer. Suo proprio vocabulo rem aliquam nominare. Cic. — Citare(de cieo, exciter), faire mouvoir, faire venir, citer. Citare senatum in forum. Cic. — Compellare, adresser la parole à quelqu’un, interpeller. Ultrò verbis compellat amicis. Virg.
CCLXII. — Usurpare, nuncupare.
Usurpare (quasi in usum capere), faire usage, employer ; par extension, s’approprier, usurper. Ut Solonis dictum usurpem. Cic. Pour me servir de ce mot de Solon. — Nuncupare (nomen capere), employer les mots consacrés par l’usage ou par les rites. Collis erat quem vulgus nomine nostro nuncupat. Ov. Par extension, déclarer, désigner, appeler22
TABLE ALPHABÉTIQUE
des synonyme s latins
Nota. — Le chiffre indique les articles.
A
Abdere 2
Abdomen 250
Abhorrere 71
Abjicere 3
Abire 4
Abnegare 5
Abnuere 5
Abominari 71
Abripere 7
Abscondere 2
Abstrahere 7
Abundans 0
Abyssus 93
Accendere 8
Accusare 9
Acervus 10
Acies 1
Adimere 21
Adjuvare 23
Adorare 11
Adoriri 12
Adversarius 13
Adulari 14
Ædes 15
Æquitas 114
Æquor 138
Agere 77
Agger 40
Aggredi 12
Agmen 1
Agnomen 158
Agrarius 211
Agrestis 211
Alacer 33
Allevare 125
Allicere 16
Alvus 250
Ambire 17
Amens 18
Amicire 249
Amnis 85
Amplus 133
Ancile 38
Angere 240
Anima 19
Animadvertere 29
Animosu 88
Antiqui 220
Antiquus 196
Aperire 175
Appellare 261
Arguere 9
Artifex 20
Aspernari 59
Assentari 14
Attentus 53
Attrahere 16
Avere 52
Auferre 21
Aura 22
Avunculus 182
Auxiliari 23
B
Barathrum 1
Beatus 24
Bellus 201
Beneficus 25
Beneficia 171
Blandiri 14
Blandus 26
Buccina 127
Bustum 202
Benignus 25
C
Calculus 118
Caligo 161
Calix 181
Callis 113
Cantharus 181
Capere 27
Capitalis 54
Carere 28
Castigare 29
Caterva 122
Cautes 118
Celare 30
Celebris 36
Celer 33
Celerare 31
Censere 32
Census 242
Cernuus 199
Certamen 193
Chlamys 233
Cingere 17
Circumdare 17
Circumducere 17
Citare 261
Citus 33
Civitas 34
Clades 35
Clarus 36
Classicum 127
Clemens 37
Clivus 40
Clypeus 38
Coactus 112
Cœpisse 107
Coercere 41
Cœtus 43
Cogere 39
Cognitio 159
Cognomen 158
Cohibere 41
Cohors 122
Colere 11
Colligere 39
Collis 40
Comes 42
Comitia 43
Commemorare 153
Committere 47
Commorari 136
Compellare 261
Compellere 16
Compendium 129
Comperire 111
Compescere 41
Comprimere 41
Concilium 43
Concio 43
Concipere 110
Concupiscere 52
Condere 2
Conducere 128
Confidere 47
Confligere 60
Congeries 10
Considerare 231
Consuetudo 44
Contemnere 59
Contemplari 231
Conticere 30
Continere 41
Conventus 43
Convincere 97
Cooperire 236
Copia 78
Cornu 127
Coruscare 86
Crassus 40
Crates 257
Creare 46
Credere 47
Cremare 8
Crepitus 48
Crimen 49
Criminatio 207
Cruciare 240
Cruor 50
Cubile 121
Culpa 49
Cultus 51
Cumulus 10
Cunctus 172
Cupa 181
Cupere 52
Curiosus 53
Cyathus 181
Cymba 155
D
Damnosus 54
Dare 55
Debellare 75
Decedere 4
Decipere 55
Declarare 222
Dedecus 101
Dedere 55
Defatigatus 83
Defendere 244
Defessus 83
Deformis 246
Delictum 49
Delirare 57
Delubrum 15
Deludere 56
Demens 18
Demonstrare 72
Denegare 5
Densus 45
Depellere 73
Deponere 3
Deposcere 189
Derelinquere 126
Deserere 126
Desiderare 52
Desidia 58
Designare 222
Desipere 57
Despicere 59
Despondere 191
Destituere 126
Detestari 71
Detrahere 7
Devincire 165
Dicax 213
Dicere 80
Digerere 62
Dilacerare 61
Dilaniare 61
Diligens 53
Dimicare 60
Dimicatio 193
Dirigere 62
Diripere 21
Discedere 4
Disceptare 65
Discernere 63
Discerpere 61
Disertus 64
Dispensare 62
Disponere 62
Disputare 65
Disserere 65
Distinguere 63
Ditio 103
Diversorium 66
Dives 67
Divitiæ 78
Doctor 68
Dominatio 103
Donum 69
Dulcis 26
E
Effigies 224
Efflagitare 189
Egenus 183
Egere 28
Ejicere 73
Elevare 125
Eliminare 184
Eloquens 64
Emolumentum 129
Enarrare 153
Epistola 70
Erigere 125
Eripere 21
Exactio 242
Excedere 4
Excors 18
Excubare 235
Excubiæ 233
Execrari 71
Exercitus 1
Exhibere 72
Exigere 73
Exilire 91
Exilis 74
Exitialis 54
Exitiosus 54
Exitium 188
Expellere 73
Exposcere 189
Expostulare 189
Expugnare 75
Exta 260
Extollere 125
Extremus 76
Exultare 91
Exuviæ 137
F
Faber 20
Facere 77
Facetiæ 124
Facetus 213
Facinus 49
Facultas 78
Facundus 64
Fallere 56
Fama 79
Familia 89
Fanum 15
Fari 80
Fastidire 59
Fatigatus 83
Felix 24
Ferax 81
Ferre 82
Fertilis 81
Ferula 251
Fessus 83
Festinare 31
Festinus 33
Finis 84
Flagellum 251
Flagitare 189
Flamen 22
Flatus 22
Fluere 134
Flumen 85
Fluvius 85
Fœdus 232
Fœdus 246
Fores 192
Formidare 141
Formositas 230
Formosus 201
Fortis 88
Fortitudo 258
Fortunatus 24
Fragor 229
Fraudare 56
Fremitus 48
Frenare 41
Fretum 138
Frustrari 56
Fugare 184
Fulgere 86
Furere 57
Fustis 251
G
Gaudere 87
Gemitus 203
Generare 46
Generosus 88
Genitor 177
Genius 119
Gens 89
Gens 90
Gerere 77
Gestire 91
Gesum 237
Gignere 46
Gracilis 74
Gradus 92
Grandis 133
Gressus 92
Gubernare 144
Gurges 93
H
Habitare 136
Habitus 94
Hasta 237
Hastile 237
Hilaris 116
Homo 95
Horrendus 96
Horrere 71
Horribilis 96
Horridus 96
Horrificus 96
Hortari 97
Hospitalitas 66
Hospitium 66
Hostia 98
Hostis 13
Humare 99
Humus 100
I
Ignavia 58
Ignominia 101
Ignorare 157
Ignoscere 176
Ilia 260
Illaqueare 102
Illigare 102
Illustris 36
Illuvies 226
Imago 224
Impedire 102
Impedire 252
Imperare 135
Imperium 103
Implicare 102
Improbus 104
Improvidus 106
Improvisus 105
Imprudens 106
Impugnare 12
Incautus 106
Incendere 8
Incessus 92
Inchoare 107
Incipere 107
Inclytus 36
Incolumis 108
Inconsideratus 106
Inconsultus 106
Incorruptus 109
Incusare 9
Indicare 222
Indicere 162
Indigens 183
Indigere 28
Indulgens 37
Indulgere 176
Inertia 58
Infamia 101
Infelix 143
Inflammare 8
Ingens 133
Inimicitia 170
Inimicus 13
Inopinatus 105
Inops 183
Insanire 57
Insanus 18
Insignis 36
Insimulare 9
Insomnium 228
Insperatus 105
Integer 109
Intelligere 110
Interficere 169
Interimere 169
Interire 148
Interrogare 187
Intestina 260
Invenire 111
Invisere 254
Invitus 112
Irrelire 102
Iter 113
J
Jaculum 237
Janua 192
Jubere 135
Jugulare 169
Jugum 40
Jus 114
Justitia 114
L
Labi 134
Labor 115
Lætari 87
Lætus 116
Lamentatio 203
Lancea 237
Languere 117
Languescere 117
Lanx 181
Lapis 118
Lar 119
Largus 25
Lassus 83
Latus 120
Laxus 120
Lectus 121
Legio 122
Lenire 123
Lenis 26
Lepos 124
Lethalis 149
Levare 125
Levis 33
Liberalis 25
Limen 192
Limes 84
Linquere 126
Linter 155
Littera 70
Lituus 127
Locare 128
Locuples 67
Loqui 80
Lorum 251
Lucere 86
Lucrum 129
Lucus 214
Luere 227
Lumen 130
Lustrum 131
Lux 130
Luxuria 132
Luxus 132
M
Macer 74
Magister 68
Magnus 133
Malus 104
Manare 134
Mandare 135
Manere 136
Manipulus 122
Mansuetus 26
Manubiæ 137
Marcere 117
Marcescere 117
Mare 138
Maturare 31
Maturus 139
Mediocris 140
Memorare 153
Mendicus 183
Mens 19
Mercenarius 20
Merita 171
Messis 218
Meta 84
Metuere 141
Micare 86
Ministrare 142
Miser 143
Miserabilis 143
Miserandus 143
Misericors 37
Mitigare 123
Mitis 26
Moderari 144
Modicus 140
Modus 84
Mœnia 178
Mœstus 145
Mollities 58
Mons 40
Monstrare 72
Monstrum 222
Monumentum 146
Morari 147
Mori 148
Mortalis 149
Mos 44
Mores 44
Mulcere 123
Mulctare 29
Munditiæ 51
Munerari 150
Munia 151
Munus 69
Munus 151
Munificus 25
Murmur 48
Murmurare 152
Murus 178
Mussare 152
Mussitare 152
Mutire 152
N
Nancisci 111
Narrare 153
Nasci 154
Natio 90
Navigium 155
Navis 155
Nebula 161
Necare 169
Negare 5
Negligere 59
Negotium 156
Nemus 214
Nescire 157
Nimbus 161
Nitere 86
Nobilis 36
Nocens 209
Nomen 158
Nominare 261
Notio 159
Notitia 159
Novus 160
Nubes 161
Nuntiare 162
Nuncupare 262
O
Obducere 168
Obedire 163
Obesus 190
Obire 148
Obitus 164
Obligare 165
Obmutescere 30
Obnubere 249
Obsecrare 173
Obsequi 163
Observare 11
Obsidere 166
Obstare 167
Obtegere 168
Obtemperare 163
Obtendere 168
Obtestari 173
Obticere 30
Obtruncare 169
Occasus 164
Occidere 148
Occidere 169
Occulere 2
Occultare 2
Occumbere 148
Odisse 71
Odium 170
Officere 167
Officia 171
Officiosus 53
Officium 151
Olympias 131
Omnis 172
Opera 115
Operari us 20
Operire 236
Opifex 20
Opimus 190
Opitulari 23
Oppetere 148
Oppidum 34
Opprobrium 101
Oppugnare 166
Ops 78
Optare 52
Optimates 195
Opulentus 67
Opus 115
Orare 173
Oratio 174
Ordinare 62
Ordiri 107
Oriri 154
Ornamentum 51
Ornatus 51
Ostendere 72
Ostentare 72
Ostentum 197
Ostium 192
Otium 58
Ovare 243
P
Pactio 232
Pædagogus 68
Palla 239
Pallium 239
Pandere 175
Parcere 176
Parens 177
Parere 163
Paries 178
Parma 38
Pascere 179
Pasci 179
Passus 92
Patefacere 175
Pater 177
Patera 181
Patella 181
Paternus 180
Patina 181
Patrius 180
Patruus 182
Pavere 141
Pauper 183
Peccatum 49
Pelagus 138
Pellere 184
Pelta 38
Penates 119
Pendere 185
Pensare 185
Pensitare 185
Pensum 151
Peplum 239
Peragrare 186
Perceptio 159
Percipere 110
Percontari 187
Percurrere 186
Perficere 6
Perhibere 80
Perimere 169
Perire 148
Perluere 227
Pernicies 188
Perniciosus 54
Pernix 33
Persolvere 227
Persuadere 97
Pervagari 186
Petere 189
Phalanx 122
Phaselus 155
Pigritia 58
Pilum 237
Pinguis 190
Placare 123
Placidus 37
Planctus 203
Plangor 203
Plectere 29
Pluteus 257
Poculum 181
Polliceri 191
Pollicitari 191
Pontus 138
Porrigere 200
Porta 192
Portare 82
Portentum 197
Poscere 189
Postremus 76
Postulare 189
Potestas 103
Præbere 142
Præceptor 68
Præcipere 135
Præcipitium 93
Præcordia 260
Præda 137
Prælium 193
Præmium 69
Prænomen 158
Præpes 33
Prætergredi 241
Prævidere 194
Pravus 104
Precari 173
Primores 195
Principatus 103
Priscus 196
Pristinus 196
Probrum 101
Procella 238
Proceres 195
Procerus 133
Prodigium 197
Prodigus 25
Proficisci 4
Profusus 25
Progenies 198
Projicere 3
Prolatare 200
Proles 198
Prolixus 120
Promittere 191
Promptus 33
Pronus 199
Propagare 200
Properare 31
Properus 33
Propugnare 244
Protegere 244
Providere 194
Pugna 193
Pulcher 201
Pulchritudo 230
Punire 29
Pyra 202
Q
Quæstus 129
Querela 203
Querimonia 203
Questus 203
Quicumque 204
Quilibet 204
Quivis 204
Quisqu’s 204
Quidam 205
Quisquam 205
Quietus 206
R
Radiare 86
Rapere 27
Rapidus 33
Ratis 155
Recens 160
Recessus 217
Recludere 175
Recondere 2
Recreare 204
Recusare 5
Redimire 17
Reficere 204
Regere 144
Regnum 103
Rejicere 208
Relevare 204
Religiosus 212
Relinquere 126
Remanere 136
Removere 219
Remunerari 150
Renuere 5
Reparare 204
Repens 205
Repentinus 205
Repere 206
Reptare 206
Reperire 111
Reprehensio 207
Reprobare 208
Repudiare 208
Res 156
Reserare 175
Respuere 208
Reticere 30
Retribuere 150
Revereri 11
Revisere 254
Reus 209
Rex 210
Rogare 173
Rogus 202
Ruina 188
Rumor 79
Rusticus 211
Rusticanus 211
Rutilare 86
S
Sacer 212
Sacratus 212
Sacrosanctus 212
Sagitta 237
Sagum 239
Sal 124
Salsus 213
Saltus 214
Salubritas 215
Salum 138
Salus 215
Salvus 108
Sanatio 215
Sanctus 212
Sanguis 50
Sanitas 215
Sanus 108
Sarissa 237
Saxum 118
Scapha 155
Scelus 49
Scena 216
Sciscitari 187
Scutica 251
Scutum 38
Scyphus 181
Secernere 63
Secessus 217
Secretum 217
Securus 247
Sedare 123
Sedulus 53
Seges 218
Segnities 58
Segregare 219
Sejungere 219
Semita 113
Semovere 219
Senes 220
Sentire 32
Sepelire 99
Sepire 248
Seponere 219
Sepulchrum 146
Sermo 174
Serpere 206
Serus 221
Significare 222
Signum 223
Silere 30
Silex 118
Simulachrum 224
Simultas 170
Sincerus 109
Singuli 225
Situs 226
Soboles 198
Socius 42
Socordia 58
Sodalis 42
Solitudo 217
Solvere 227
Solum 100
Somnium 228
Somnus 228
Sonitus 229
Sons 209
Sonus 229
Sopor 228
Sordes 226
Sospes 108
Sparus 237
Spatiosus 120
Species 230
Speciosus 201
Spectare 231
Speculari 231
Spernere 59
Spiculum 237
Spiritus 19
Spissus 45
Splendere 86
Spolium 137
Spondere 191
Sponsio 232
Squalor 226
Statio 233
Statua 224
Stola 239
Strages 35
Stratum 121
Strenuus 88
Strepitus 48
Stridor 48
Strues 10
Studiosus 53
Studium 171
Suadere 97
Suavis 26
Subducere 234
Subitus 205
Sublevare 125
Subtrahere 234
Subvenire 23
Succedere 0
Succendere 8
Succurrere 23
Suggerere 142
Sumere 27
Superare 75
Supinus 199
Suppeditare 142
Supplicare 173
Susurrare 152
Susurrus 48
Sylva 214
T
Tacere 30
Tangere 235
Tardare 147
Tardus 221
Tegere 236
Tellus 100
Telum 237
Temnere 59
Tempestas 238
Tempestivus 139
Templum 15
Tenuis 74
Terminus 84
Terra 100
Testudo 257
Thalamus 121
Theatrum 216
Timere 141
Toga 239
Torpere 117
Torpescere 117
Torquere 240
Torrens 85
Torus 121
Totus 172
Trabea 239
Tractare 235
Tradere 55
Trajicere 241
Trames 113
Tranquillus 206
Transgredi 241
Transire 241
Tremere 141
Tributum 242
Tristis 145
Triumphare 243
Trucidare 169
Tuba 127
Tueri 244
Tumere 245
Tumescere 245
Tumulare 99
Tumulus 40
Tumulus 146
Turgere 245
Turgescere 245
Turma 122
Turpis 246
Tutari 244
Tutus 247
Tyrannus 210
U
Uber 81
Ulcisci 256
Ultimus 76
Umbo 38
Universus 172
Universi 225
Urere 8
Urbs 34
Usurpare 262
Usus 44
V
Vacare 28
Valetudo 215
Vallare 248
Valvæ 192
Vastus 133
Vecors 18
Vectigal 242
Vehere 82
Velare 249
Velle 52
Velox 33
Venerari 11
Venter 250
Ventriculus 250
Ventus 22
Venustas 230
Venustus 201
Verber 251
Vereri 141
Vesanus 18
Vesci 179
Vestitus 94
Vetare 252
Veteres 220
Vetus 196
Vexillum 223
Via 113
Vicanus 211
Vicis 253
Vicissitudo 253
Victima 98
Videre 254
Vigilare 255
Vigilia 233
Vincere 75
Vindicare 256
Vineæ 257
Vir 95
Virga 251
Virtus 258
Vires 259
Vis 259
Viscera 260
Visere 254
Visitare 254
Vituperatio 207
Vocare 261
Vorago 93