NOTIONS PRÉLIMINAIRES.
Les vers sont des assemblages de mots et de syllabes soumis à une mesure déterminée et disposés selon certaines règles.
Les syllabes qui entrent dans la composition des vers sont longues, ou brèves, ou communes 23.
Les syllabes longues se prononçent lentement ; elles se marquent ainsi : pāstōrēs.
Les syllabes brèves se prononcent rapidement ; elles se marquent ainsi : făcĭnŏră.
Les syllabes communes sont longues ou brèves à volonté ; elles se marquent ainsi : illĭus.
Remarque. — Il y a des syllabes brèves de leur nature qui deviennent longues par position ; ce qui arrive quand elles sont suivies de deux consonnes, l’une finale, l’autre initiale du mot suivant. Ainsi, a est bref dans ăt ego, mais il devient long dans ăt t pater, parce qu’il est suivi de deux consonnes. Ces sortes de syllabes se nomment douteuses.
La réunion de plusieurs syllabes brèves et longues forme▶ ce qu’on appelle un pied.
On distingue six pieds principaux : les uns de deux syllabes, les autres de trois syllabes.
Les pieds de deux syllabes sont :
1° Le spondée, formé de deux longues, gēntēs.
2° L'iambe, formé d’une brève et d’une longue, dĭēs.
3° Le trochée, formé d’une longue et d’une brève, Rōmă.
Les pieds de trois syllabes sont :
1° Le dactyle, formé d’une longue et de deux brèves, cārmĭnă.
2° L'anapeste, formé de deux brèves et d’une longue, pĭĕtās.
3° Le tribraque, formé de trois brèves, făcĕrĕ.
Le dactyle et le spondée sont les pieds les plus usités.
On distingue, dans les pieds qui composent un vers, la césure et l’élision.
1°De la césure.
La césure (de cædere, couper) est une syllabe longue qui finit un mot et commence un pied.
Nōs pătrĭ | ǣ fī | nēs ēt | dūlcĭă | līnquĭmŭs | ārυă.
Dans ce vers, les syllabes ǣ et nēs sont des césures ; car 1° elles sont longues, 2° elles finissent un mot, 3° elles commencent un pied.
Un monosyllabe peut former une césure, quand il est étroitement lié au mot qui précède, tant pour le sens que pour la prononciation24.
Opprime | dum nova | sunt, subi | ti mala | semina | morbi. Ov.
Dans ce vers, le monosyllabe sunt ◀forme une bonne césure.
Remarque. — Les enclitiques, ou particules ajoutées à la fin d’un mot, comme que, ve, ne, sont censées être la dernière syllabe du mot. Ainsi, il n’y a point de césure au cinquième pied du vers suivant25 :
Os homi | ni su | blime de | dit, cœ | lumque tu | eri.
2e De l’élision.
L'élision (de elidere, briser, détruire) est le retranchement ou la suppression d’une syllabe à la fin d’un mot.
L'élision a lieu quand un mot finit par une voyelle ou une diphthongue, ou un m, et que le mot suivant commence par une voyelle. Ainsi, au lieu de dire : Ille ego, antè alios, cœlicolæ omnes, illum etiam, etc. , on dira : Ill’ ego, ant’ alios, cœlicol’ omnes, ill’ etiam.
Exemples :
Ille ego qui quondam gracili modulatus avena.Illum etiam lauri, illum etiam flevere myricæ.Necdum etiam causæ irarum, sævique dolores…
Scandez :
Ill’ĕgŏ | quī quōn | dām grăcĭ | lī mŏdŭ | lātŭs ă | υēnā.Ill’ĕtĭ | ām lāυr’ | īll’ ĕtĭ | ām flē | υērĕ m[ATTcaractere] | rīcǣ.Nēcd’ ĕtĭ | ām cāus’ | īrā | rūm sǣ | υīquĕ dŏ | lōrēs.
Il faut excepter les interjections ah, o, heu, hei, pro, io, qui ne s’élident jamais.
O pătĕr | ō hŏmĭ | nūm dī | υūmq’ ǣ | tērnă pŏ | tētās.
La voyelle élidée se lit et s’écrit comme si elle ne l’était pas, mais sans aucun signe de quantité ; on ne la retranche qu’en scandant le vers.
Remarques. — 1° Il ne faut pas multiplier les élisions, elles nuiraient à l’harmonie du vers ; elles sont défectueuses au cinquième pied, et plus encore au sixième.
2° Il faut éviter, autant qu’on le peut, l’élision des monosyllabes, surtout au commencement du vers26.