(1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE II. Règles générales de la quantité. » pp. 271-273
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(1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE II. Règles générales de la quantité. » pp. 271-273

CHAPITRE II.

Règles générales de la quantité.

1re règle.

Une voyelle suivie d’une voyelle dans le même mot est brève, comme dans Dĕυs, pŭer, pĭetas, nĭhil, etc.32

Exemple :

O Melibæe, dĕus nobis hæc otĭa fecit.

Exceptions.

1° devant e, dans āer, l’air ; āerius, aérien.
2° dans āio, je dis, aux personnes où i est élidé.
A est long : 3° dans quelques noms propres en aius Cāius, Grāius, et d’autres tirés du grec, où cette voyelle est longue, comme Nāis, Lāocoon, āonia, Menelāüs.
4° dans les anciennes terminaisons en ai : aulāi, pictāi, pour aulæ, pictæ.
1° entre deux i au génitif et au datif singulier de la cinquième déclinaison : diēi, speciēi.
E est long : 2° dans quelques noms propres qui ont en grec la diphthongue ει, ou la longue η : Pompēius, Ænēas (en grec : Poµπήιος, Aίvειας).
3° dans l’interjection ēheu.

1° dans le génitif alīus (pour aliius) ; il est commun dans les autres génitifs en ius : unĭus, illĭus, nullĭus, etc. Il est bref dans alterĭus.
I est long 2° dans les temps du verbe fior ne se trouve pas : fīam, fīent. Il est bref aux autres temps : fĭeri, fĭerem.
I est commun dans Orĭon, Dĭana, Marĭa.

O est long dans les noms qui, en grec, ont un oméga, comme trōes, herōes, etc. (en grec : τρώες, ἠρωες). Il est commun dans [ATTcaractere]he.

1° après la lettre q : quŏd, quāre, equōs, etc.
U ne compte pour rien : 2° après la lettre g précédée d’un n : anguĭs, linguă, etc.
3° après la lettre s dans suādere, suēscere, suētus, suāvis (on trouve quelquefois suŭāvis).

2e règle.

Les diphthongues sont longues de leur nature : cǣlum, aūrum, pǣna, rosǣ, etc.

Exemple :

…… Del | phines in | orbem
Æquora | verre | bant ca ū | dis, ǣ s | tumque se | cabant.

Exception. La préposition præ est brève dans les mots composés où elle est suivie d’une voyelle, comme dans præest, præibat, etc.

3e règle.

Une syllabe formée de deux syllabes par contraction33

est longue, comme cōgo pour coago, jūnior pour juvenior, nīl pour nihil, dī pour dii, etc.

Exemples :

Dī prohibete minas, dī talem avertite casum.
……. mori me denique cōges.

Il faut excepter quelques mots composés, comme semiănimis, anteĕo, où les voyelles finales de semi et de ante sont considérées comme élidées.

4e règle.

Une voyelle est longue, quand elle est suivie, dans le même mot, de deux consonnes, ou d’une lettre double, j, x, z (j pour deux i, x pour cs, z pour ds).

Exemple :

Quāmvis mūlta ēxiret vīctima sēptis.

Dans ce vers, a est long dans quāmvis, parce qu’il est suivi de deux consonnes ; de même u dans mūlta, i dans vīctima, e dans sēptis ; de même aussi e dans ēxiret, parce qu’il est suivi d’une lettre double.

Exception. Si la seconde des deux consonnes est une liquide (l ou r), et qu’elles appartiennent toutes deux à la même syllabe34, comme dans locuples, lacrymas, supremus, patris, etc., la voyelle qui précède devient commune. Ainsi, i, bref dans lĭber, est commun dans l[ATTcaractere]bri ; e, bref dans păter, est commun dans p[ATTcaractere]tris ; il en est ainsi dans ten[ATTcaractere]brœ, s[ATTcaractere]premus, loc[ATTcaractere]ples, etc.

A moins toutefois que la voyelle ne soit longue de sa nature. Ainsi, māter fait mātris ; frāter, frātris ; salūber, salūbris, etc. ; parce que, dans ces mots, a est naturellement long.

Remarque. — Dans les mots composés, la lettre j placée en tête du second mot ne change pas la quantité de la voyelle qui précède. Ex. : Bĭjugus (compose de bis et de jugum), jurĕjurando, etc.35

5e règle.

Une voyelle brève devient longue, quand elle est suivie de deux consonnes, dont l’une finit un mot, et l’autre commence le mot suivant.

Exemple :

Agricolām laudāt jurīs.

Dans ce vers, a, dernière voyelle de agricolam, qui est brève de sa nature, devient longue par position, parce qu’elle est suivie de deux consonnes, m et l. Il en est de même de a dans laudat et de i dans juris.