(1853) Éléments de la grammaire française « Préface. » p. 2
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(1853) Éléments de la grammaire française « Préface. » p. 2

Préface.

C’est par la langue maternelle que doivent commencer les études, dit M. Rollin. Les enfants comprennent plus aisément les principes de la Grammaire, quand ils les voient appliqués à une langue qu’ils entendent déjà, et cette connaissance leur sert comme d’introduction aux langues anciennes qu’on veut leur enseigner. Nous avons de bonnes grammaires françaises, mais je doute que l’on puisse porter un jugement aussi favorable des abrégés qui ont été faits pour les commençants. Les premiers éléments ne sauraient être trop simplifiés. Quand on parle à des enfants, il y a une mesure de connaissances à laquelle on doit se borner, parce qu’ils ne sont pas capables d’en recevoir davantage. Il est surtout important de ne pas leur présenter plusieurs objets à la fois : il faut, pour ainsi dire, faire entrer dans leur esprit les idées une à une, comme on introduit une liqueur goutte à goutte dans un vase dont l’embouchure est étroite : si vous en versez trop en même temps, la liqueur se répand, et rien n’entre dans le vase. Il y a aussi un ordre à garder ; cet ordre consiste principalement à ne pas supposer des choses que vous n’avez pas encore dites, et à commencer par les connaissances qui ne dépendent point de celles qui suivent. Enfin, il y a une manière de s’énoncer, accommodée à leur faiblesse : ce n’est point par des définitions abstraites qu’on leur fera connaître les objets dont on leur parle, mais par des caractères sensibles, et qui les rendent faciles à distinguer1.

On sent que, pour exécuter ce plan, il faut connaître les enfants. Appliqué, pendant vingt années, aux fonctions de l’instruction publique, j’ai été à portée de les observer de près, de mesurer leurs forces, de sentir ce qui leur convient : c’est cette connaissance, que l’expérience seule peut donner, qui m’a déterminé à composer des livres élémentaires. Puisse l’exécution remplir l’unique but que je me propose, celui d’être utile, et d’épargner à cet âge aimable une partie des larmes que les premières études font couler !