Jean-Baptiste Rousseau
1670-1741
[Notice]
Ce que nous savons de sa vie ne le recommande guère à l’estime de la postérité. Il y a autant d’alliage dans son talent que dans son caractère ; on chercherait vainement en lui ces accents sincères et passionnés qui attestent une généreuse nature de poëte. Il ignora l’inspiration vraie. Les sujets ne s’emparaient point de lui : il n’y voyait qu’une matière à traiter, et s’il parut se vouer à l’ode religieuse, ce ne fut pas par entraînement de cœur. Il eut l’intelligence plutôt que le sentiment de la poésie sacrée, et l’âme des prophètes ne l’échauffa guère.
Il est froid, artificiel ; il a le génie indigent, il se traîne sur des lieux communs mythologiques ; il travaille de mémoire, et pourtant, lorsqu’il est soutenu par un modèle ou des souvenirs, il a de l’harmonie, du rhythme, parfois même de la couleur et de la noblesse dans les détails du style. Mais sa langue est sèche et artificielle.