Chapitre XI.
De l’orthographe.
150. — L’orthographe est la manière d’écrire▶ correctement tous les mots d’une langue.
Orthographe des noms.
151. — 1° La première lettre des noms propres, des noms de dignité, doit être une lettre capitale : Pierre, Paris.
2° Tous les noms qui ne finissent point par s au singulier en prennent une au pluriel. Exemple : un jardin charmant, des jardins charmants.
3° C’est une faute d’◀écrire▶ sans h les mots qui commencent par cette lettre. ◀Écrivez▶ l’honneur et non pas l’onneur : quoiqu’on ◀écrive▶ honneur avec deux nn, il n’y en a qu’une dans honorer.
4° On ◀écrit▶ avecmp, compte, compter, pour signifier supputer ; avec m seulement comte, comté, titre, dignité ; avec une n, conte, conter, pour signifier raconter.
5° On ◀écrit▶ avec mp, champ, pour signifier terre, et avec nt, chant pour signifier l’action de chanter.
6° On ◀écrit▶ ainsi faim, besoin de manger, et fin, le terme où finit une chose : la mort est la fin de la vie.
Mots en ace et en asse.
152. — On ◀écrit▶ ainsi par ce, glace, besace, grimace, espace, place, race, grâce, etc.
Et par sse, terrasse, basse, grasse, tous les imparfaits du subjonctif de la première conjugaison : j’aimasse, j’appelasse, etc.
Mots en ance et en ence.
153. — On ◀écrit▶ par a les mots suivants, abondance, constance, vigilance, distance, etc.
Et par e, prudence, conscience, absence, clémence, éloquence, etc.
(On suit à cet égard l’orthographe latine : abundantia, prudentia.)
Mots en èce et en esse.
154. — On ◀écrit▶ ainsi par ce, nièce, pièce, et par sse, adresse, blesse, paresse, etc.
Mots en ice et en isse.
155. — On ◀écrit▶ ainsi par ce, calice, office, artifice, précipice, etc.
Et par sse, écrevisse, réglisse, jaunisse ; tous les imparfaits du subjonctif de la deuxième et de la quatrième conjugaison : je finisse, je rendisse.
Mots en sion, tion, xion, ction.
156. — On ◀écrit▶ par une s, appréhension, dimension, pension, convulsion, ascension, etc., et par t, attention, condition, agitation, discrétion, etc.
Remarque. T conserve sa prononciation dans les noms où il est précédé d’une s ou d’un x : question, indigestion, mixtion ; autrement, il se prononce comme s, attention, prononcez attention.
On ◀écrit▶ par x, fluxion, réflexion, complexion, génuflexion, etc. ; et par ct, action, distinction, séduction, prédilection, etc.
(Ces observations ne peuvent être réduites en règles générales, la lecture et le dictionnaire doivent en tenir lieu.
Orthographe des verbes.
Présent de l’indicatif.
157. — Singulier. 1° Si la première personne finit par e ; j’aime ; j’ouvre, etc., on ajoute s à la seconde : la troisième est semblable à la première. Exemple : J’aime, tu aimes, il aime.
2° Si la première personne finit par s ou x, la seconde est semblable à la première ; la troisième finit ordinairement en t : je finis, tu finis, il finit. (Dans quelques verbes, la troisième personne se termine en d : il rend, il prétend.)
Pluriel. Le pluriel, dans toutes les conjugaisons, se termine toujours par ons, ez, ent : nous aimons, vous aimez, ils aiment ; nous finissons, vous finissez, ils finissent.
Imparfait de l’indicatif.
158. — Il se termine toujours de cette manière : ais, ais, ait, ions, iez, aient.
J’aimais, tu aimais, il aimait, nous aimions, vous aimiez, ils aimaient.
Passé défini.
159. — Le passé défini a quatre terminaisons : ai, is, us, ins, de cette manière :
J’aimai, tu aimas, il aima, nous aimâmes, vous aimâtes, ils aimèrent.
Je finis, tu finis, il finit, nous finîmes, vous finîtes, ils finirent.
Je reçus, tu reçus, il reçut, nous reçûmes, vous reçûtes, ils reçurent.
Je devins, tu devins, il devint, nous devînmes, vous devîntes, ils devinrent.
Futur de l’indicatif.
160. — Il se termine toujours ainsi : rai, ras, ra, rons, rez, ront.
J’aimerai, tu aimeras, il aimera, nous aimerons, vous aimerez, ils aimeront.
Je recevrai, tu recevras, il recevra, nous recevrons, vous recevrez, ils recevront1.
Conditionnel présent.
161. — Il se termine toujours ainsi : rais, rais, rait, rions, riez, raient.
J’aimerais, tu aimerais, il aimerait, nous aimerions, vous aimeriez, ils aimeraient.
Je recevrais, tu recevrais, il recevrait, nous recevrions, vous recevriez, ils recevraient.
Présent du subjonctif.
162. — Il se termine toujours ainsi : e, es, e, ions, iez, ent.
Que j’aime, que tu aimes, qu’il aime, que nous aimions, que vous aimiez, qu’ils aiment.
Imparfait du subjonctif.
163. — Il a quatre terminaisons : asse, isse, usse, insse, de cette manière :
J’aimasse, tu aimasses, il aimât, nous aimassions, vous aimassiez, ils aimassent.
Je finisse, tu finisses, il finît, nous finissions, vous finissiez, ils finissent.
Je reçusse, tu reçusses, il reçût, nous reçussions, vous reçussiez, ils reçussent.
Je devinsse, tu devinsses, il devînt, nous devinssions, vous devinssiez, ils devinssent.
Remarquez que les secondes personnes plurielles des verbes ont ordinairement un z à la fin.
Remarques sur l’orthographe des pronoms ; adverbes et autres mots.
164. — Leur ne prend jamais s à la fin, quand il est joint à un verbe ; alors il signifie à eux, à elles : ces enfants ont été sages, je leur donnerai un prix.
Leur, suivi d’un nom pluriel, prend une s ; alors il signifie d’eux, d’elles : un père aime ses enfants, mais il n’aime pas leurs défauts.
165. — On ne met point d’accent sur o dans notre, votre, quand ils sont devant un nom : votre père, notre maison ; mais on met un accent circonflexe sur ô dans le nôtre, le vôtre, la nôtre, la vôtre. Exemple : mon livre est plus beau que le vôtre.
166. — On met un accent sur là, adverbe de lieu : allez là ; on n’en met point sur la, article : la dame ; ni sur le pronom féminin la : je la connais.
167. — On met un accent grave sur où, adverbe de lieu : où allez-vous ? on n’en met point sur ou, conjonction : c’est vous ou moi.
168. — On met un accent grave sur à préposition : je vais à Paris ; on n’en met point sur a troisième personne du verbe avoir : il a de l’esprit.
169. — On met un accent circonflexe sur dû, participe du verbe devoir : rendez à chacun ce qui lui est, dû ; on n’en met point sur du, article : la lumière du soleil.
De l’apostrophe.
170. — L’apostrophe (’) marque le retranchement d’une de ces trois lettres, a, e, i.
a, e, suivis d’une voyelle ou d’une h muette, se retranchent dans le, la, je, me, te, se, de, ne, que, ce.
Le, on dit : l’ami, l’enfant, l’instinct, l’oiseau, l’univers, l’honneur, etc., pour le enfant, etc.
La, on dit : l’abeille, l’épée, l’intention, l’oisiveté, etc., pour la abeille, la épée, etc.
Je, on dit : j’apprends, j’étudie, j’honore, j’oublie, etc., pour je apprends, etc.
Me, on dit : vous m’aimez, vous m’estimez, vous m’instruisez, etc., pour me aimez, etc.
Te, on dit : je t’avertis, je t’ennuie, je t’invite, etc., pour te avertis, etc.
Se, on dit : il s’amuse, il s’ennuie, il s’instruit, il s’occupe, pour se amuse, etc.
De, on dit : beaucoup d’apparence, d’ignorance, d’orgueil, pour de apparence, etc.
Ne, on dit : je n’aime pas, je n’estime pas, il n’obéit pas, pour ne aime, etc.
Que, on dit : qu’avez-vous fait ? qu’importe ? pour que avez-vous fait ? etc.
Ce, on dit : c’est la vérité, pour ce est, ect.
Quelque perd e devant un, autre : quelqu’un,quelqu’autre.
Entre ne perd e que dans la composition des mots : s’entr’aider, entr’ouvrir, mais on ◀écrit▶ entre eux, entre elles, entre autres, et non entr’eux, entr’elles, entr’autres.
Jusque, perd e devant à, au, aux, ici : jusqu’à Paris, jusqu’ au ciel, jusqu’ ici.
I, se retranche dans le mot si devant il, ils : s’il arrive, s’ils viennent.
Du trait d’union.
171. — Le trait d’union (-) se met entre le verbe etje, me, moi, toi, tu, nous, vous, il, ils, elle, elles, le, la , les, lui, leur, y, en, ce, on, quand ces mots sont placés après le verbe.
Exemples :Irai-je ? ; viens-tu ? ; donnez-lui ; achèvera-t-il ? ; viendra-t-elle ? ; a-t-on fait ? ; prenez-en, etc.
172. — On met encore le trait d’union entre deux mots tellement joints ensemble qu’ils n’en font plus qu’un :chef-d’œuvre, courte-pointe, avant-coureur.
Du tréma.
173. — Letréma (¨). On appelle ainsi deux points placés sur le voyelles, i, u, e,quand ces lettres doivent être prononcées séparément de la voyelle qui précède comme haïr, païen, aïeul, ambiguë, Saül ; pour empêcher qu’on ne prononce ce dernier mot comme fatigue.
De la cédille
174. — La cédille (ç). On appelle ainsi une petite figure qu’on met sous le c devant a, o, u pour avertir qu’il doit avoir le son de s comme dans façon, leçon, façade, reçu.
De la parenthèse.
175. — laparenthèse. On appelle ainsi deux croissants () dans lesquels on renferme quelques mots détachés.
Exemple : Celui qui évite d’apprendre (dit le sage) tombera dans le mal.