Chapitre III.
Troisième espèce de mots.
L’adjectif.
17. — L’Adjectif est un mot que l’on ajoute au nom pour marquer la qualité d’une personne ou d’une chose, comme bon père, bonne mère ; beau livre, belle image : ces mots bon, bonne, beau, belle, sont des adjectifs joints aux noms père, mère, etc.
On connaît qu’un mot est adjectif, quand on peut y joindre le mot personne ou chose : ainsi, habile, agréable, sont des adjectifs, parce qu’on peut dire personne habile, chose agréable.
18. — Les adjectifs ont les deux genres masculin et féminin. Cette différence de genres se marque ordinairement par la dernière lettre.
Comment se forme le féminin dans les adjectifs.
19. Règle générale. — Quand un adjectif ne finit point par un e muet, on y ajoute un e muet pour former le féminin : prudent, prudente ; saint, sainte ; méchant, méchante ; petit, petite ; grand, grande ; poli, polie ; vrai, vraie, etc.
20. — Exceptions. Première exception. — Les adjectifs suivants▶, cruel, pareil, fol, mol, ancien, bon, gras, gros, nul, net, sot, épais, etc., doublent au féminin leur dernière consonne avec l’e muet : cruelle, pareille, folle, molle, ancienne, bonne, grasse, grosse, nulle, nette, sotte, épaisse.
Beau et nouveau font au féminin belle, nouvelle, parce qu’au masculin, on dit aussi bel, nouvel, devant une voyelle ou une h muette : bel oiseau, bel homme, nouvel appartement.
Deuxième exception. — Blanc, franc, sec, frais, font au féminin blanche, franche, sèche, fraîche.
Public, caduc, font publique, caduque.
Troisième exception. — Les adjectifs, bref, naïf, font au féminin, brève, naïve, en changeant f en v ; long fait longue.
Quatrième exception. — Malin, bénin, font maligne, bénigne.
Cinquième exception. — Les adjectifs en eur font ordinairement leur féminin en euse : trompeur, trompeuse ; parleur, parleuse ; chanteur, chanteuse ; cependant pécheur fait pécheresse : acteur fait actrice ; protecteur fait protectrice.
Sixième exception. — Les adjectifs terminés en x se changent en se : dangereux, dangereuse ; honteux, honteuse ; jaloux, jalouse, etc., cependant doux fait douce ; roux fait rousse.
Comment se forme le pluriel dans les adjectifs.
21. — Le pluriel, dans les adjectifs, se forme comme dans les noms, en ajoutant s à la fin : bon, bonne ; au pluriel, bons, bonnes, etc.1.
Mais la plupart des adjectifs qui finissent par al, n’ont pas de pluriel masculin, comme filial, fatal, frugal, pascal, pastoral, naval, trivial, vénal, littéral, conjugal, austral, boréal, final 2.
Accord des adjectifs avec les noms.
22. — Règle. Tout adjectif doit être du même genre et du même nombre que le nom auquel il se rapporte.
Exemples. Le bon père, la bonne mère : bon est au masculin et au singulier, parce que père est du masculin et au singulier ; bonne est au féminin et au singulier, parce que mère est du féminin et au singulier.
De beaux jardins, de belles fleurs : beaux est du masculin et au pluriel, parce que jardins est du masculin et au pluriel, etc.
23. — Quand un adjectif se rapporte à deux noms singuliers, on met cet adjectif au pluriel, parce que deux singuliers valent un pluriel.
Exemple. Le roi et le berger sont égaux après la mort : (et non pas égal.)
24. — Si les deux noms sont de genres différents, on met l’adjectif au masculin.
Exemple. Mon père et ma mère sont contents : (et non pas contentes.)
25. — Quant à la place des adjectifs, il y en a qui se mettent avant le nom, comme beau jardin, grand arbre, etc. D’autres se mettent après le nom, comme habit rouge, table ronde, etc. L’usage est le seul guide à cet égard.
Régime des adjectifs 1.
26. — Règle. Pour joindre un nom à un adjectif précédent, on met de ou à entre cet adjectif et le nom : alors on appelle ce nom le régime de l’adjectif.
Exemples. Digne de récompense, content de son sort, utile à l’homme, semblable à son père, propre à la guerre. Récompense est le régime de l’adjectif digne, parce qu’il est joint à cet adjectif par le mot de. L’homme est le régime de l’adjectif utile, parce qu’il est joint à cet adjectif par le mot à.
Degrés de signification dans les adjectifs.
27. — On distingue dans les adjectifs trois degrés de signification, le positif, le comparatif et le superlatif.
Le positif n’est autre chose que l’adjectif même, comme beau, belle, agréable.
28. — Le comparatif, c’est l’adjectif avec comparaison : quand on compare deux choses, on trouve que l’une est ou supérieure à l’autre, ou inférieure à l’autre, ou égale à l’autre.
Pour marquer un comparatif de supériorité, on met plus devant l’adjectif, comme : la rose est plus belle que la violette.
Pour marquer un comparatif d’infériorité, l’on met moins devant l’adjectif, comme : la violette est moins belle que la rose.
Pour marquer un comparatif d’égalité, on met aussi devant l’adjectif, comme : la rose est aussi belle que la tulipe.
Le mot que sert à joindre les deux choses que l’on compare.
Nous avons trois adjectifs qui expriment seuls une comparaison : meilleur, au lieu de plus bon, qui ne se dit pas ; moindre, au lieu de plus petit ; pire, au lieu de plus mauvais : comme, la vertu est meilleure que la science ; le mensonge est pire que l’indocilité.
29. — L’adjectif est au superlatif, quand il exprime la qualité dans un très-haut degré, ou dans le plus haut degré. Pour former le superlatif, on met très, ou le plus, devant l’adjectif, comme : Paris est une très-belle ville, et alors le superlatif s’appelle absolu ; ou Paris est la plus belle des villes : et ce superlatif s’appelle relatif, parce qu’il marque un rapport aux autres villes.
Noms et adjectifs de nombre.
30. — Les noms de nombre sont ceux dont on se sert pour compter1.
Il y en a de deux sortes : les noms de nombre cardinaux, et les noms de nombre ordinaux.
Les noms de nombre cardinaux sont : un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt, trente, quarante, cinquante, soixante, quatre-vingts, cent, mille, etc.
Les noms de nombre ordinaux se forment des cardinaux : ces noms sont, premier, second, troisième, quatrième, cinquième, sixième, septième, huitième, neuvième, dixième, etc.
31. — Il y a encore des noms de nombre qui servent à marquer une certaine quantité, comme : une dizaine, une douzaine, etc.
Il y en a d’autres qui marquent les parties d’un tout, comme : la moitié, le tiers, le quart, etc.
Enfin, il y en a qui servent à multiplier, comme : le double, le triple, etc.