Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume.
A.
Achab, roi d’Israël, plus impie et plus déréglé que tous ses prédécesseurs. Il s’empara, pour agrandir ses jardins, de la vigne du pauvre et vertueux Naboth, qu’il fit mourir, et périt bientôt lui-même dans une bataille contre Aminadab, roi de Syrie, l’an 898 avant J.-C. Les chiens léchèrent le sang qui coulait de ses blessures.
Achille, roi de la Phthiotide, province de la Thessalie (aujourd’hui la Janna ou Jannina, dans la Turquie d’Europe). Il était fils de Pélée, à qui la fable a donné pour épouse Thétis, une des déesses de la mer. Elle ajoute que sa mère le plongea dans les eaux du Styx, fleuve des enfers, pour le rendre invulnérable, et qu’il le fut eu effet, excepté au talon, par lequel elle le tenait. Ce héros si célèbre fut le plus vaillant et le plus fort de tous les Grecs, au siège de Troie. Mais s’étant brouillé avec Agamemnon, au sujet d’une jeune esclave nommée Briséis, il cessa de combattre ; et pendant tout le temps de son inaction, les Grecs n’éprouvèrent que des revers. La mort de son ami Patrocle, tué par Hector, lui fit reprendre les armes. Il terrassa dans un combat singulier le prince troyen, qu’il traîna trois fois autour des murailles de Troie. Peu de temps après, atteint lui-même au talon d’une flèche empoisonnée que lui décocha Pâris, frère d’Hector, il mourut de cette blessure, l’an 1200 avant J.-C. Les Grecs l’enterrèrent sur le promontoire de Sigée, où ils lui élevèrent un tombeau. On dit qu’Alexandre le Grand, dans le cours de ses conquêtes, passant en Phrygie, l’an 334 avant J.-C., visita ce tombeau d’Achille, et porta envie au double honneur de ce héros, d’avoir eu un ami si fidèle pendant sa vie, et un chantre tel qu’Homère, après sa mort.
Agamemnon, fils d’Atrée et d’Érope, suivant Homère, et roi d’Argos et de Mycènes, dans le Péloponnèse (aujourd’hui la Morée, dans la Turquie européenne). Il fut le chef général des dix rois de la Grèce, qui assiégèrent la ville de Troie. La flotte ayant été arrêté par les vents contraires dans le port d’Aulide, près de l’île Eubée (aujourd’hui Nègrepont), il sacrifia aux Dieux sa fille Iphigénie, qui, suivant plusieurs auteurs, ne fut point immolée, ayant été enlevée par Diane. Le jour même qu’Agamemnon rentra dans sa patrie, après la prise de Troie, Clytemnestre, sa femme, lui fit préparer un grand festin, au milieu duquel il fut assassiné par Égysthe, fils de Thieste, frère d’Atrée, l’an 1209 avant J.-C. Cette princesse agissait de concert avec le meurtrier, qu’elle épousa bientôt après.
Albe, ancienne ville d’Italie, bâtie par Ascagne ou Iule, fils d’Énée, environ 300 ans avant la fondation de Rome, et 1054 avant J.-C. Après avoir subsisté pendant près de quatre siècles, elle fut détruire par Tullus Hostilius, troisième roi de Rome, qui y transféra les habitants, dont les principaux furent incorporés dans le sénat. C’est sur ses ruines qu’a été bâtie la ville épiscopale d’Albano, à quatorze milles de Rome ; entre le lac Castel-Gandolphe et le Monte-Albano ou Monte-Cavo.
Alger, ville fameuse par ses pirateries, et capitale du royaume de ce nom en Afrique. Elle est située près de la mer, vis-à-vis l’île de Minorque, sur la pente d’une montagne, et bâtie en amphithéâtre. On compte dans ses environs dix-huit mille jardins, qui ont été faits par des esclaves. Elle fut bombardée en 1682 et 1687 par les flottes de Louis XIV. C’était anciennement la ville de Césarée en Mauritanie, bâtie et embellie par Juba, roi de cette contrée.
Ambres (le marquis d’), officier d’un grade distingué. Il se signala par sa bravoure, dans le fort de la mêlée, au passage du Rhin.
Amour (l’) ou Cupidon, que les poètes font dieu de l’amour, et fils de Mars et de Vénus. Ils le représentent sous la figure d’un enfant nu, avec un arc et un carquois rempli de flèches ardentes, dont il blesse les cœurs. Ils lui mettent aussi presque toujours un bandeau sur les yeux.
Amours (les). La fable, qui les a personnifiés, les représente sous la figure de petits enfants ailés.
Amphitrite, fille de Nérée, dieu marin, et de sa sœur Doris. Neptune voulant l’épouser, toute rebelle qu’elle était à ses désirs, lui envoya deux dauphins, qui la trouvèrent au pied du mont Atlas (sur la côte de l’Océan Atlantique, un peu en-deçà des îles Canaries), et qui la lui amenèrent sur un char en forme de coquille. Cette déesse de la mer est représentée ayant la partie supérieure du corps semblable à celle de la femme, et le reste semblable à celle d’un poisson.
Angleterre (Henriette Anne d’), la dernière des enfants de Charles I, roi d’Angleterre, et de Henriette-Marie de France. Elle fut mariée, en 1661 à Monsieur, frère unique de Louis XIV, et mourut en 1670 à l’âge de 26 ans, regrettée de la cour et de la ville.
Antoine (Marc), Romain d’une illustre origine, né l’an 86 avant J.-C. Il s’était déjà fait connaître avantageusement, lorsqu’il embrassa le parti de César, qu’il vint trouver dans les Gaules, déguisé en esclave ; et c’est alors que le sénat, à l’instigation de Cicéron, le déclara ennemi de la république. Nommé gouverneur de l’Italie dès que César s’en fut rendu le maître, il commanda l’aile gauche de son armée à la bataille de Pharsale. Le dictateur ayant été assassiné, Antoine harangua le peuple, en lui montrant la robe du mort encore teinte de sang, et excita une sédition contre ses meurtriers. On lui opposa le jeune Octave, fils adoptif et héritier de César. Après quelques combats, ces deux ennemis se réconcilièrent, et formèrent avec Lépide ce fameux triumvirat qui fit couler tant de sang, et taillèrent en pièces l’armée de la république, commandée par Brutus et Cassius. D’après le partage que les Triumvirs s’étaient fait de l’empire, Antoine avait pour lui l’orient. Il s’y livra à la débauche, et conçut la plus violente passion pour Cléopâtre, reine d’Égypte. Bientôt il se brouilla avec Octave, dont il avait répudié la sœur peu de temps après l’avoir épousée. Ces deux rivaux se joignirent dans le golfe d’Ambracie (aujourd’hui Larta), près des côtes d’Épire (aujourd’hui la Basse-Albanie, dans la Turquie d’Europe), à la hauteur d’Actium (aujourd’hui Capo-Figallo). C’est là que se livra, l’an 31 avant J.-C., cette grande bataille navale qui décida de l’empire du monde. Antoine vaincu, s’enfuit précipitamment en Égypte, et s’enferma dans Alexandrie. Mais craignant de tomber entre les mains de son ennemi, qui vint assiéger cette ville, et se croyant d’ailleurs trahi par Cléopâtre, il se donna la mort, l’an 30 avant J.-C.
Apollon, fils, selon la fable, de Jupiter et de Latone. Il était dans le ciel Phœbus, ou le Soleil, monté sur un char resplendissant traîné par quatre chevaux ; et sur la terre Apollon, dieu des arts et des sciences, et chef des neuf Muses. Il habitait avec elles les monts Parnasse, Hélicon, Pinde, Pierius, et les bords de l’Hippocrène et du Permesse (dans la Turquie d’Europe d’aujourd’hui), lieux où paissait le cheval Pégase qui leur servait de monture. Ce dieu ayant, suivant la fable, tué les Cyclopes qui avaient forgé la foudre dont son fils Esculape avait été frappé par Jupiter, fut chassé du ciel et privé des honneurs de la divinité pendant neuf ans. Il erra sur la terre avec Neptune, exilé comme lui, pour avoir conspiré contre Jupiter ; et ils se virent tous les deux réduits à faire des briques, sous les ordres de Laomédon qui élevait les murs de Troie. On représente Apollon sous la figure d’un jeune homme sans barbe, avec une lyre, un bouclier, un carquois et des flèches, ayant auprès de lui des instruments pour les arts.
Aquilons. Vents froids et violents qui soufflent du Septentrion. Le principal, que les poètes appellent aussi Borée, souffle entre le nord et le levant. On le représente avec des brodequins aux pieds et des ailes aux épaules, couvert quelquefois d’un manteau.
Asphalite (Lac), appelé aujourd’hui Mer Morte, à dix lieues est de Jérusalem. Il reçoit le Jourdain, et plusieurs autres rivières. L’eau en est très chaude et très salée : elle jette sur ses bords beaucoup de bitume, que les Arabes ramassent.
Athalie, fille d’Achab et de Jézabel, et femme de Joram, roi de Juda. Après la mort de son mari, la soif de régner la porta à faire massacrer tous les enfants de son fils Ochosias qui n’existait plus. Le seul Joas, encore à la mamelle, fut dérobé à sa fureur par sa tante Josabeth, épouse du grand-prêtre Joïada ou Joad, qui, quelques années après, le montra au peuple, et le fit aussitôt couronner. Athalie étant accourue au bruit de la cérémonie, fut mise à mort par le peuple même et par les soldats, l’an 883 avant J.-C.
Athènes. Ville célèbre par les grands hommes en tout genre qu’elle a produits, et capitale de l’Attique (aujourd’hui Livadie, dans la Turquie d’Europe). C’est de ce même nom que les Grecs appelaient Minerve ; et c’est ce qui a donné lieu à cette fiction des poètes, que la ville d’Athènes fut ainsi nommée par cette déesse, qui l’emporta sur Neptune, en faisant sortir du sein de la terre un olivier chargé de fruits, après que ce dieu eut fait sortir un cheval fougueux. Athènes, située sur le golfe d’Enguia, s’appelle aujourd’hui Atina ou Sétines par corruption. Elle conserve très peu de vestiges de son ancienne splendeur. On y voit quelques restes de l’ancien temple de Minerve, un des plus beaux édifices de l’univers, et d’autres antiquités curieuses.
Automne. Divinité poétique, représentée sous la figure d’un jeune homme qui tient d’une main une corbeille de fruits, et qui de l’autre caresse un chien. Mais c’est le plus souvent Pomone elle-même, déesse des fruits.
Autriche (Marie - Thérèse d’), infante d’Espagne, fille de Philippe IV et d’Élisabeth de France, sœur de Louis XIII, qui avait épousé Anne d’Autriche, sœur de ce même Philippe. Marie-Thérèse fut mariée à Louis XIV en 1660, et mourut en 1683, âgée de 45 ans. Le roi, qui honorait sa vertu, dit en apprenant sa mort : Voilà le premier chagrin qu’elle m’ait jamais donné. Il répéta plusieurs fois dans sa douleur : Je suis veuf de la princesse du plus grand mérite.
B.
Baal. Une des anciennes divinités du paganisme, et à laquelle on offrit en sacrifice des victimes humaines. Les prêtres de ce dieu se faisaient des incisions avec des couteaux et des lancettes, jusqu’à ce que le sang coulât. Les Israélites lui dressèrent souvent des autels, et l’adorèrent.
Bacchus, fils, selon la fable, de Jupiter et de Sémélé, fille de Cadmus, qui fonda la ville de Thèbes en Béotie (aujourd’hui la Livadie du milieu). Après avoir conquis l’Asie et l’Inde, d’où il est surnommé le vainqueur du Gange, Bacchus passa en Égypte, où il fut le premier à planter la vigne, et fut adoré comme le dieu du vin. Dans la guerre des Géants, il se transforma en lion pour les dévorer, et se montra le plus puissant des dieux après Jupiter. On le représente sur un char traîné par des tigres, des lynx ou des panthères, et armé d’une espèce de pique ornée de pampre et de lierre, appelée thyrse, et dont il s’était servi pour faire couler des fontaines de vin. On lui met quelquefois des cornes à la tête, ou pour marquer sa force, ou parce que dans ses voyages il s’était couvert de la peau d’un bouc, animal qu’on lui sacrifiait. Assez souvent aussi, on le représente sur un tonneau, la tête ceinte d’une branche de lierre, un verre à la main, et des cothurnes aux pieds.
Bellone, sœur du dieu Mars, selon la fable, et déesse, comme lui, de la guerre et des combats. On la représente armée d’un casque et d’une cuirasse, les cheveux épars, une pique ou une torche à la main, ayant quelquefois un fouet, pour animer les troupes au carnage.
Benjamin. Douzième et dernier fils du patriarche Jacob et de Rachel, né l’an 1738 avant J.-C., et chef d’une des douze tribus du peuple de Dieu.
Beringhen (le marquis de), premier écuyer du roi, et colonel du régiment Dauphin. Au passage du Rhin, il se jeta dans le bateau du prince de Condé, parce que son cheval ne voulait pas passer. Il reçut, après le passage, un coup de mousquet dans la mamelle droite, et plusieurs coups dans ses habits.
Béziers, ville du Bas-Languedoc, appelée du temps des Romains Colonie des Septimances, c’est-à-dire de la septième légion. Elle est dans une charmante situation, sur une colline, au pied de laquelle coule la rivière d’Orbe ou Orb, à deux lieues de la mer.
Bourbon (Charles de). Il mourut en 1537, laissant trois fils, Antoine, roi de Navarre, et père de Henri IV ; Louis I, tige de la maison de Condé, et Charles, cardinal, que Mayenne, chef des Ligueurs, fit proclamer roi de France, en 1589, sous le nom de Charles X. Ce prélat était alors prisonnier à Fontenai en Poitou, où il mourut l’année suivante, âgé de 67 ans.
Brisach, ville d’Alsace à une demi-lieue du Rhin, bâtie par ordre de Louis XIV, et fortifiée par le maréchal de Vauban.
Brutus (Marcus Junius), né à Rome, et descendant, selon quelques-uns, du fameux Brutus, fondateur de la république. Il conspira avec Caius Cassius, préteur comme lui, contre César, dont ils furent les meurtriers. Cassius s’engagea Brutus, par des trames sourdes, dans cette conspiration. Il fit mettre d’abord au bas de la statue de l’ancien Brutus, ces paroles : Plût aux Dieux que tu vécusses encore ! et répandit ensuite ce billet : Tu n’es pas le vrai Brutus, puisque tu dors. L’exécution de leur entreprise ne produisit que des effets bien funestes. Forcés, très peu de temps après, de sortir de Rome ; poursuivis par Antoine et Octave jusques dans la Macédoine, ils y furent défaits près de la ville de Philippes, et se donnèrent eux-mêmes la mort, l’an 42 avant J.-C. La république perdit en eux ses derniers défenseurs. Il y en a qui disent que Brutus était né d’un mariage secret de César avec Servilie, sœur de Caton d’Utique. Il en fut du moins toujours traité comme un fils chéri qui lui dut sa fortune et sa vie. César combattant à Pharsale, avait recommandé qu’on épargnât les jours de Brutus ; et lorsqu’en plein sénat, tombant sous les coups de ses assassins, il vit au milieu d’eux Brutus armé d’un poignard, et toi aussi, mon cher Brutus ! s’écria-t-il en expirant. Cassius avait été aussi dans l’armée de Pompée à Pharsale ; et César vainqueur avait eu la générosité de lui donner la vie.
C.
Camille, amazone, fille de Metabus, et reine des Volsques, peuple d’Italie. Exercée dès sa jeunesse à la chasse et au maniement des armes, elle devint bientôt célèbre par ses exploits guerriers, et soutint longtemps l’armée de Turnus contre Énée, qui voulait s’établir en Italie. Elle fut tuée dans cette guerre par un Troyen nommé Arruns.
Carthage, ville d’Afrique, fondée, l’an 883 avant J.-C., par Didon, venue de Phénicie, qui y fit bâtir la forteresse appelée depuis Byrsa. Elle fut la capitale de la république des Carthaginois, et devint si puissante, qu’elle se déclara la rivale de Rome, contre laquelle elle soutint trois guerres, fameuses dans l’histoire, sous le nom de Puniques. Dans la première, elle subit la loi du vainqueur ; dans la seconde, elle en fut tributaire, et dans la troisième, elle fut détruite, l’an 146 avant J.-C. Elle fut rétablie sous Jules César. Mais les Sarrasins ou Arabes la rasèrent entièrement, l’an 698 de l’ère chrétienne. On en voit encore quelques ruines à trois lieues de Tunis, dans cette partie de l’Afrique qu’on appelle aujourd’hui Barbarie.
Cassius. (Voyez le mot Brutus.)
Catilina (Lucius), d’une des plus illustres familles de Rome. Né avec de grands talents, mais avec les inclinations les plus perverses, il se laissa emporter par l’ambition de changer le gouvernement de la république, et forma une conjuration, dans laquelle il eut l’adresse de faire entrer des gens de tous les états. Le plan de cette conjuration était de tuer les deux consuls, d’égorger tous les sénateurs, et de mettre le feu en même temps dans les douze quartiers de Rome. Cicéron, alors consul, averti par une femme nommée Fulvia, prévint l’effet de cet horrible complot. Catilina, instruit que son projet avait été découvert, passa en Étrurie (aujourd’hui Toscane), y rassembla quelques légions mal armées, et tenta la fortune d’un combat, où, après avoir fait des prodiges de valeur, il se fit tuer, l’an 62 avant J.-C.
Cavais (Louis d’Oger, marquis de), grand maréchal-des logis de la maison du roi. Il donna de grandes preuves▶ de valeur au passage du Rhin.
Centaures, Monstres, suivant la fable, moitié hommes et moitié chevaux. Ce qui a donné lieu à cette fiction, c’est que les premiers hommes qui montèrent à cheval, parurent de loin avoir cette forme. Ces hommes habitaient un canton de la Thessalie (aujourd’hui la Janna ou Jannina, dans la Turquie d’Europe).
Cérès, fille, selon la fable, de Saturne et de Cybèle, et déesse de l’agriculture et des moissons. On la représente la tête couronnée d’épis, et une faucille à la main.
César (nom de). On donne ordinairement ce nom aux douze premiers empereurs de Rome. Celui dont il s’agit, est Néron. (Voyez ce mot.)
César (Caius Julius), né d’une ancienne et très illustre famille de Rome, l’an 98 avant J.-C., avec une ambition démesurée, et avec tous les talents propres à la satisfaire. Il s’éleva aux premières dignités de la république par son éloquence et ses exploits militaires, se ligua avec Pompée et Crassus pour donner des lois aux Romains (ligue qu’on appelle le premier Triumvirat), et passa dans les Gaules, dont il fit la conquête, ainsi que d’une partie de la Germanie et de la Grande-Bretagne, comme il avait fait celle de bien d’autres pays. Crassus avait été tué dans un combat contre les Parthes ; et Pompée, jaloux des belles actions de César, fit rendre au sénat un décret contre lui, et obtint le commandement de l’armée de la république. Le vainqueur des Gaules se hâta d’aller combattre son rival, et l’atteignit dans la plaine de Pharsale en Macédoine, où il remporta une victoire complète, à laquelle Pompée ne survécut pas longtemps. César battit ensuite les deux fils de ce même Pompée, et parvint enfin à la souveraine puissance dans Rome, sous le titre de dictateur perpétuel. Mais il fut assassiné en plein sénat, l’an 43 avant J.-C., par une troupe de conjurés, à la tête desquels étaient Brutus et Cassius. On dit que les sénateurs voyant bien que César n’avait voulu devenir leur maître que pour être leur bienfaiteur, se préparaient à lui déférer le titre de roi dans tout l’empire, excepté dans l’Italie. On convient du moins assez généralement que les grandes qualités de cet homme si célèbre, le rendaient tel que devait être le maître de Rome, si Rome avait dû en avoir un.
Charles I, roi d’Angleterre. Après un règne de 24 ans, continuellement agité par différentes factions, rempli de révoltes, de trahisons et de guerres intestines, ce monarque infortuné fut condamné par le parlement à avoir la tête tranchée ; ce qui fut exécuté le 9 février 1649, dans la 49e année de son âge. (Voyez le mot Cromwell.)
Coislin (Armand de Cambout, duc de). Il fut blessé, dans la mêlée, au passage du Rhin, de plusieurs coups de mousquet.
I. Condé (Louis de Bourbon, prince de), qui mérita le surnom de Grand. Il naquit à Paris, en 1621, de Henri de Bourbon, prince de Condé, et de Charlotte-Marguerite de Montmorenci. Élevé chez les Jésuites à Bourges, où son père faisait sa résidence la plus ordinaire, il montra, dès ses études, un génie précoce, et devint un héros dans les premières années de sa jeunesse. Vainqueur à Rocroi, à 22 ans, il le fut à Fribourg, dans trois combats de suite, à 23 ; à Nortlingue, à 24, et à Lens, à 29. Ces quatre victoires sont les plus mémorables de ce prince, qui tint, avec Turenne, le premier rang parmi les plus habiles capitaines de l’Europe, dans un siècle où l’art de la guerre fut approfondi plus qu’il ne l’avait jamais été. Malheureusement, son caractère fier et impétueux lui fit prendre, dans des temps de crise, les armes contre son roi. Mais dès le moment qu’il fut rentré dans le devoir, il devint, comme il l’avait été auparavant, un des sujets les plus fidèles ; et le roi ne balança pas à lui rendre ses bonnes grâces et toute sa confiance. C’est lui qui ouvrit l’avis du passage du Rhin ; entreprise glorieuse, à laquelle il eut la première part. Dans toutes les batailles que livra Condé, il fut tout à la fois soldat et général. Tourmenté de la goutte, il passa les dernières années de sa vie à Chantilli, dans la culture des lettres, et dans la pratique des vertus chrétiennes. Ce prince s’étant rendu à Fontainebleau pour voir la duchesse, sa petite-fille, qui avait la petite vérole, y mourut, en 1686, âgé de 65 ans.
II. Condé(Henri Jules de Bourbon, duc d’Enguien, puis prince de), fils du grand Condé. Il se signala à côté de son père au passage du Rhin, et ensuite à la bataille de Senef. Il mourut en 1709, âgé de 66 ans.
Cromwell(Olivier), né en Angleterre, dans la ville de Huntington, en 1603. Il prit le parti des armes durant la guerre civile, et servit dans l’armée du parlement contre le roi Charles I. Parvenu d’abord au grade de colonel, et ensuite à celui de lieutenant-général, il tailla en pièces l’armée royale au siège d’Oxford ; et après la prise de cette ville, il alla au parlement, où il fit prononcer, en 1646, la déposition du roi. L’année suivante, il fut proclamé généralissime des armées ; défit en 1648 les royalistes commandés par le duc de Buckingham, et entra dans Londres en triomphateur. L’infortuné Charles ayant eu la tête tranchée, au mois de février 1649, Cromwell fit abolir la monarchie un mois après, et gouverna dès ce moment l’Angleterre en maître absolu sous le titre de Protecteur du Peuple. Il finit ses jours, dévoré d’inquiétudes et de soupçons, tourmenté sans cesse par la crainte d’être assassiné, couvert d’une large et forte cuirasse, chargé d’armes offensives, environné d’une garde nombreuse, ne couchant jamais deux nuits de suite dans la même chambre, et mourut d’une fièvre lente en 1658, âgé de 55 ans. Son cadavre, embaumé et enseveli avec pompe dans le tombeau des rois, fut exhumé en 1660, traîné sur la claie, pendu et enterré au pied du gibet.
Cyclades. Îles de l’Archipel, au nombre de cinquante-deux, rangées en forme de cercle ; forme de laquelle, dit-on, elles tirent leur nom.
Cyclopes. (Voyez le mot Etna.)
D.
Danube, un des plus grands fleuves de l’Europe. Il prend sa source dans la Forêt Noire en Souabe, cercle d’Allemagne ; traverse la Bavière, l’Autriche, la Hongrie, la Servie, la Bulgarie, la Moldavie, et se jette dans la Mer Noire par deux embouchures. Il en avait autrefois sept, selon quelques auteurs. Mais elles ont été bouchées par les sables.
Dauphins ; sorte de gros poissons de mer, que la fable a personnifiés, et qu’elle a mis au rang des dieux subalternes.
David, roi des Juifs, et l’un des plus grands et des plus vertueux
monarques qui aient existé. Fils d’Isaï ou Jessé, de la
tribu de Juda, il naquit à Bethléem, l’an 1085 avant J.-C., et fut sacré roi du peuple Hébreu,
l’an 1063 avant J.-C., pendant qu’il gardait les troupeaux de son père, par le prophète Samuel, qui en avait reçu l’ordre de Dieu même. Si David,
dans le cours de son règne brillant, eut quelques faiblesses, il fut du moins un parfait
modèle de pénitence. Il mourut l’an 1515 avant J.-C., laissant 150 psaumes, où il célèbre les
grandeurs de Dieu par la plus belle et la plus sublime poésie. On a fort bien remarqué que la
morale de ces psaumes est qu’
il faut être toujours vrai dans ses paroles ;
n’user jamais de fraude ; rendre à chacun ce qui lui appartient ; exercer la justice, sans
avoir égard à la condition des personnes ; protéger la veuve et l’orphelin ; s’acquitter des
vœux que l’on a faits ; ne point donner d’argent à usure ; ne calomnier personne ; ne faire
jamais de mal à qui que ce soit, pas même à ses ennemis
.
Délos (Dieu de). Les poètes appellent ainsi Phœbus ou le Soleil, parce qu’il naquit avec Diane, sa sœur, dans l’île de ce nom, et que d’ailleurs, il y était adoré dans un temple magnifique. Cette île, autrefois si fameuse, et la plus célèbre des Cyclades dans la mer Égée (aujourd’hui l’Archipel), n’est plus qu’un écueil abandonné, que les Grecs appellent Dili, et qui sert de retraite aux corsaires.
Démétrius (Nicanor), roi de Syrie, l’an 146 avant J.C ; chassé du trône l’année suivante par Antiochus, fils de Balès ; rétabli l’an 131 avant J.-C., et mort deux ans après.
Diane, fille, selon la fable, de Jupiter et de Latone, et déesse des forêts et de la chasse. Elle était Phœbé, ou la lune dans le ciel ; Diane sur la terre, et Hécate dans les enfers. On lui avait élevé à Éphèse, dans l’Asie mineure (aujourd’hui Natolie) un temple qui passait pour une des sept merveilles du monde. Elle est représentée tantôt en habit de chasse, les cheveux noués par-derrière, sa robe retroussée avec une double ceinture, le carquois sur l’épaule, tenant un arc bandé dont elle décoche une flèche, et ayant à ses côtés un chien qui court ; tantôt sur un char traîné par des biches, armée d’un arc et d’un carquois rempli de flèches, et ayant sur sa tête un croissant.
Didon, fille de Bélus, roi de Tyr, dans la Phénicie, qui fait aujourd’hui partie de la Sourie, dans la Turquie d’Asie. Elle avait épousé un des plus riches Tyriens, nommé Sichée, que Pygmalion, frère de cette princesse, égorgea au pied des autels pour s’emparer de ses trésors. Mais Didon ayant eu l’adresse de les enlever, partit secrètement avec ceux qui fuyaient la cruauté du tyran, et aborda en Afrique, dans un port situé vis-à-vis un des trois promontoires de Sicile. C’est là qu’elle bâtit l’an 882 avant J.-C., la ville de Carthage. Peu de temps après, cette princesse craignant d’être forcée à épouser Hyarbas, roi de Mauritanie, qui l’aimait passionnément, fit élever un bûcher pour apaiser, disait-elle, les mânes de son mari, avant de former ce nouveau lien conjugal ; monta sur ce bûcher et se poignarda en présence du peuple, vers l’an 890 avant J.-C. Les amours d’Énée et de Didon, si bien décrites dans l’Énéide, sont une pure fiction de Virgile.
Diogène, né d’un banquier à Synope dans la Paphlagonie, province de l’Asie mineure (aujourd’hui la Natolie). Il était de la secte cynique, ainsi nommée d’un mot grec qui veut dire chien, parce que ceux qui en étaient, mordaient et déchiraient tout le monde. Ces philosophes se privaient d’ailleurs de toutes les commodités de la vie, et avaient pour uniforme un bâton et une besace. Diogène y ajouta un tonneau qu’il promenait avec lui, et qui lui servait de maison. Il n’en était pourtant pas moins orgueilleux ; car un jour étant entré chez Platon, il se mit à deux pieds sur un beau tapis, en disant : Je foule aux pieds le faste de Platon. – Oui, répliqua celui-ci, mais par un autre faste. Il mourut vers l’an 320 avant Jésus-Christ, âgé, dit-on, de 99 ans.
Discorde (la), divinité poétique, que la fable dit avoir été chassée du ciel par Jupiter, parce qu’elle brouillait continuellement les Dieux ensemble. On la représente coiffée de serpents, tenant une torche ardente d’une main, une couleuvre et un poignard de l’autre, ayant le teint livide, les yeux égarés, la bouche écumante et les mains ensanglantées.
Dryades, nymphes qui présidaient aux forêts. Les Hamadryades n’avaient chacune qu’un arbre sous leur protection.
E.
Egypans. Nom que l’on donne aux satyres. Voyez ce mot.
Égypte. Vaste contrée d’Afrique, située le long de la mer Rouge, qui la sépare de l’Asie. Elle est célèbre dans l’antiquité, non seulement par le génie de ses habitants, qui furent les premiers à cultiver les sciences, mais encore par ses pyramides d’une hauteur prodigieuse, ses obélisques, ses colosses, ses sphinx (figures qui ont le visage et le sein d’une femme, et le reste du corps d’un lion), ses statues, ses labyrinthes, et le nombre infini de ses temples. Elle est aujourd’hui habitée par des Maures, des Grecs, des Arabes, des Turcs, qui en sont les souverains, et des Cophtes qui sont les naturels du pays. Il ne pleut presque jamais en Égypte ; et son terroir ne doit sa fertilité qu’aux débordements du Nil.
Élie, prophète d’Israël, qui, après avoir opéré un grand nombre de miracles, fut enlevé au ciel sur un char de feu, vers l’an 895 avant Jésus-Christ.
Élisée, disciple d’Élie, et prophète comme lui. Son maître ayant été enlevé par un tourbillon de feu, lui laissa son manteau et son esprit prophétique. Il mourut vers l’an 830 avant Jésus-Christ.
Élysées (les champs). Lieu des enfers, selon la fable, orné de prairies et de bosquets, qu’arrosait le fleuve Léthé, et où régnait un printemps perpétuel. Les poètes y plaçaient, après la mort, les âmes des héros et des gens de bien.
Enguien. Voyez le mot Condé II.
Éole, fils de Jupiter selon la fable et dieu des vents qu’il tenait enfermés dans les cavernes et les montagnes d’Éolie, royaume composé de plusieurs îles qu’on nommait Éoliennes (aujourd’hui Lipari), voisines des côtes de Sicile, vers le nord. On dit que ce qui a donné lieu à cette fiction des poètes, c’est qu’il y avait un habile astronome, nommé Éole, qui, par l’observation du flux et du reflux de la mer, était parvenu à connaître le cours des vents et à prédire les tempêtes.
Érigone, nymphe que le dieu Pan épousa.
Etna et Vésuve, montagnes d’Italie, qui renferment des volcans. La première est sur la côte orientale de Sicile, et l’autre à deux lieues de Naples. Les poètes ont feint que les géants qui voulaient escalader le ciel pour détrôner Jupiter, furent ensevelis sous ces montagnes, d’où ils ne cessent de vomir des flammes. Encelade, le plus redoutable de tous, fut renversé d’un coup de foudre ; et Minerve jeta sur lui le mont Etna. Aussi les poètes disent-ils que les flammes qui sortent du sommet de cette montagne, ne sont que les feux de la foudre qu’Encelade vomit. Selon la fable aussi, Vulcain, fils de Jupiter et de Junon, et dieu du feu, a ses forges établies dans les cavernes de ces deux montagnes. Les Cyclopes, hommes d’une grandeur énorme, et qui n’ont qu’un œil tout rond au milieu du front, y fabriquent sous ses ordres les foudres de Jupiter.
Je remarquerai ici que, suivant Macrobe, les géants étaient une nation d’hommes qui niaient l’existence des Dieux ; ce qui a fait dire qu’ils voulaient les chasser du ciel.
Au reste, le mont Etna, dont la forme ressemble à un pain de sucre, offre sur sa surface le phénomène de trois régions différentes. Depuis sa base jusqu’au tiers de sa hauteur, il est couvert d’oliviers, d’arbres fruitiers et de moissons ; dans le milieu, d’une épaisse forêt qui environne toute la montagne, et dans la partie supérieure, d’une si grande quantité de neige et de glace, qu’on en fournit toute la Sicile, l’île de Malte, et presque la moitié de l’Italie. Cette dernière partie s’étend jusqu’au sommet de la montagne, où est la bouche du volcan.
F.
Fabricius, un des plus grands généraux et des hommes les plus vertueux de la république Romaine. Il fut trois fois consul, et mérita plusieurs fois les honneurs du triomphe. Ce qui le rend non moins célèbre dans l’histoire, c’est sa frugalité, sa générosité, sa franchise, sa droiture, son désintéressement. Il n’avait pour tout bien qu’un champ qu’il cultivait de ses mains, et ne se nourrissait que des légumes des herbes et des fruits qu’il y recueillait. Il mourut si pauvre, que le sénat fut obligé de marier ses filles aux dépens du trésor public. Il vivait l’an 282 avant Jésus-Christ.
Faunes. C’étaient des demi-Dieux qui habitaient les forêts et les campagnes. On les appelait aussi Sylvains.
Fleuri (André-Hercule de), cardinal, né à Lodève dans le Bas-Languedoc, en 1653 ; élevé au siège de Fréjus en 1698 ; nommé, peu de temps avant la mort de Louis XIV, précepteur de Louis XV ; fait cardinal en 1726 et bientôt après, placé à la tête du ministère. Il répara par sa sagesse, son économie et son caractère pacifique les grandes pertes de l’État, que la guerre de la succession et les opérations de la régence avaient extrêmement appauvri ; mais on lui reproche avec raison d’avoir négligé la marine et le commerce extérieur. Nous devons à ce ministre la Lorraine et le duché de Bar, qui, par le traité de 1738, furent réversibles à la France après la mort du roi Stanislas. Le cardinal mourut en 1743, âgé de 90 ans.
Fontainebleau, bourg de l’Île-de-France dans le Gâtinois. Il y a un ancien palais de nos rois, et une forêt d’une étendue immense. C’est le lieu de la naissance de Henri III et de Louis XIII. Les premiers livres dont on a formé la bibliothèque du roi, ont été placés, sous Louis XII, dans une des salles de ce château.
Fontevrault, petite ville de France en Anjou, à une lieue de la Loire, non loin de Saumur, avec une célèbre abbaye de filles, qui est chef d’ordre.
France (Henriette Marie de), fille de Henri IV et de Marie de Médicis, et femme de Charles I, roi d’Angleterre. Les troubles de ce royaume et les dangers auxquels elle y était exposée, l’obligèrent de venir en France, où elle passa les seize dernières années de sa vie. Elle y mourut en 1669, âgée de 60 ans.
François I, parvenu à la couronne de France en 1515, et le plus vaillant prince de son temps. Il joignait à de grands talents de l’esprit, de grandes qualités du cœur. Il fut fait prisonnier à la bataille de Pavie, où il combattit comme un lion. La gloire qu’il eut de faire fleurir les arts et les sciences, lui mérita le titre de restaurateur des lettres. Il mourut en 1547.
G.
Géants. Voyez le mot Etna.
Germanicus, fils de l’estimable Drusus et de la vertueuse Antonia, nièce d’Auguste. Digne fils d’un tel père et d’une telle mère, il s’acquit beaucoup de gloire par ses exploits militaires, et gagna tous les cœurs par les belles qualités de son âme. Il avait même refusé, à la mort d’Auguste, l’Empire que les soldats lui offraient. Le cruel Tibère, son oncle paternel, jaloux de ses succès, le fit empoisonner l’an 29 de Jésus-Christ, à l’âge de 34 ans. Il avait cultivé les belles-lettres au milieu du tumulte des armes. De tous les ouvrages qu’il composa, il ne nous reste que quelques épigrammes et une traduction en vers latins d’un poème grec d’Aratus sur l’astronomie, intitulé Les Phénomènes.
Germanie, aujourd’hui l’Allemagne, prise, à peu de chose près, dans toute son étendue. Les habitants étaient nommés Germains, c’est-à-dire, hommes de guerre, suivant plusieurs modernes qui font dériver ce mot de gerra, qui, en langue celtique, signifie guerre, et de man qui signifie homme. D’autres prétendent que ce nom de Germains signifiant frères, ne fut d’abord donné qu’à cinq peuples, qui, semblables par la figure, la taille, les mœurs et les inclinations, composaient la nation des Tongres, habitants du pays situé entre la Meuse et l’Escaut, et que ce nom passa dans la suite à tous les peuples de la Germanie.
Grâces, filles, selon la fable, de Jupiter et de Vénus, déesse de la beauté, et dont elles composaient la cour. Elles étaient au nombre de trois, qu’on représente se tenant par la main. Elles présidaient, dit le P. Sanadon, aux bienfaits et à la reconnaissance : elles donnaient la sagesse et l’éloquence, et dispensaient aux hommes la bonne grâce, la gaieté, la facilité des manières, et toutes les autres qualités liantes qui font la douceur de la société.
Grammont (le comte de Guiche, fils aîné du maréchal de). Il était lieutenant-général, et tenta le premier le passage du Rhin Chargé de reconnaître si le fleuve était guéable, pour qu’on pût aller à l’ennemi posté sur la rive opposée, il vint rapporter au roi qu’il avait trouvé un gué, et promit de passer à la tête de la cavalerie. Rien n’était cependant moins vrai que ce rapport ; de manière que l’armée fut obligée de traverser une grande partie du Rhin à la nage.
I.
Ida, montagne très élevée dans la Troade, contrée de l’Asie mineure (aujourd’hui Natolie), et au pied de laquelle était située la ville de Troie. Le sommet en était appelé gargare.
Ilion. Voyez le mot Troie.
Isaïe, fils d’Amos, de la famille royale de David, né dans le royaume de Juda, l’an 811 avant Jésus-Christ, et le premier des quatre grands prophètes du peuple de Dieu. Il prophétisa sous les règnes d’Osias, de Joathan, d’Achaz, d’Ézéchias et de Manassès, et mourut dans un âge très avancé. Ses prophéties sont d’une force et d’une élévation admirables. Il y parle si clairement de Jésus-Christ et de son église, qu’il a toujours passé, à cet égard, pour un évangéliste et un historien, plutôt que pour un prophète.
Israël. Nom que l’ange du Seigneur donna au patriarche Jacob, et que prirent les dix tribus du peuple de Dieu, qui se séparèrent de celles de Juda et de Benjamin, pour former un royaume particulier.
J.
Jacob. Nom que l’on donne souvent au peuple de Dieu, comme étant celui du célèbre patriarche, père des chefs des douze tribus qui formaient le corps entier de la nation. Ce patriarche, né vers l’an 836 avant Jésus-Christ, mourut l’an 1689.
Jeux, à peu près les mêmes que les Amours personnifiés. Voyez ce mot.
Jezabel, femme de l’impie Achab, roi d’Israël, et digne d’un tel époux. Elle suscita de faux témoins pour faire condamner Naboth, de la vigne duquel Achab s’était emparé. Jéhu, nouveau roi d’Israël, la fit jeter du haut d’une fenêtre, l’an 884 avant Jésus-Christ ; et les chiens dévorant son corps, ne laissèrent que le crâne, les pieds et les extrémités des mains.
Joas, fils d’Ochosias, roi de Juda. Il naquit l’an 890 avant Jésus-Christ, très peu de temps avant la mort de son père. À cette époque, Athalie, sa grand-mère, s’étant saisie du gouvernement, fit égorger tous les princes de la maison royale ; mais Joas fut sauvé de ce massacre par Josabet, sa tante, femme du grand-prêtre Joïada ou Joad. Élevé secrètement dans le temple, il fut reconnu roi à l’âge de sept ans, par les soins du grand-prêtre, qui mourut quelques années après, et qui en considération de ses services, fut inhumé dans le sépulcre des rois de Juda. À peine ce saint homme fut mort, que Joas se laissa séduire par des flatteurs corrompus. Aussi souilla-t-il la suite de son règne par le rétablissement du culte de l’idolâtrie, et par le meurtre du grand-prêtre Zacharie, fils de ce même Joad, son ancien bienfaiteur.
Jonathas, pontife des Juifs depuis l’an 161 jusqu’à l’an 143 avant Jésus-Christ. Cette dignité était à vie, et donnait au grand-prêtre toute la plénitude de l’autorité souveraine.
Joseph, fils du patriarche Jacob et de Rachel, né l’an 1745 avant Jésus-Christ, dans le pays de Canaan, appelé par la suite Judée. La prédilection que son père avait pour lui, et sa supériorité sur ses frères, qui lui fut annoncée dans un songe, excitèrent la jalousie et la haine de ceux-ci, au point qu’un jour qu’il était allé les voir à la campagne, où ils faisaient paître les troupeaux, ils résolurent de le tuer. Cependant ils se contentèrent de le jeter dans une vieille citerne sans eau, et presque aussitôt ils l’en retirèrent pour le vendre à des marchands étrangers, après lui avoir ôté ses habits, qu’ils trempèrent dans le sang d’un chevreau, et qu’ils envoyèrent à leur père, en lui faisant dire qu’une bête féroce l’avait dévoré. Ces mêmes marchands le revendirent en Égypte, à Putiphar, général des armées de Pharaon. Calomnié par la femme de ce seigneur, aux désirs de laquelle il n’avait pas voulu se rendre, Joseph fut mis dans les prisons, où il expliqua les songes des deux prisonniers illustres qui étaient avec lui. Peu de temps après, il en fit de même à l’égard d’un songe effrayant qu’avait eu Pharaon. Ce monarque admirant la sagesse de Joseph, lui confia l’administration de son royaume qu’il gouverna pendant 80 ans. Il y mourut l’an 1636 avant Jésus-Christ, après avoir fait venir auprès de lui son père et ses frères, à qui le roi donna la grande terre de Gessen. Ses cendres furent dans la suite transportées au lieu de sa naissance, comme il l’avait lui-même ordonné.
Juda, fils du patriarche Jacob et de Lia, sœur de Rachel, né l’an 1755 avant J.-C. Lorsque ses frères eurent jeté Joseph dans une citerne, à dessein de l’y laisser mourir de faim, il leur persuada, pour lui sauver la vie, de le vendre à des marchands madianites, qui allaient en Égypte. Celle des douze tribus d’Israël, dont il fut le chef, devint la plus nombreuse et la plus puissante de toutes. Il mourut l’an 1636 avant J.-C.
Jupiter, fils, selon la fable, de Saturne et de Rhée, ou Cybèle, qui était fille du Ciel et de la Terre. Aussitôt qu’il fut parvenu à l’âge de régner, il détrôna son père, et partagea avec ses frères, Neptune et Pluton, l’empire du monde, se réservant pour lui le ciel et la terre. C’est alors que les Titans, géants terribles, lui déclarèrent la guerre, et entassèrent plusieurs montagnes ; pour escalader le ciel. Mais Jupiter les écrasa tous à coups de foudre sur ces mêmes montagnes. Cicéron, Varron, et plusieurs autres auteurs comptent jusqu’à trois cents Jupiters ; ce qui donne lieu de croire qu’on a attribué toutes leurs grandes actions à celui-ci, que les païens honoraient comme le Dieu suprême, le père des Dieux, et le roi des hommes. On le représente assis sur un trône d’ivoire, tenant la foudre de la main droite, et un sceptre de la gauche, foulant aux pieds les géants vaincus, et ayant auprès de lui un aigle, oiseau qui lui était consacré.
L.
Lamoignon (Guillaume de), marquis de Basville, un des plus grands magistrats qu’ait eus la France. Il fut reçu conseiller au Parlement à 18 ans ; maître des requêtes à 27, et nommé premier président à 40. Il se délassait des travaux de sa place par les charmes de la littérature, et admit particulièrement au nombre de ses amis les PP. Bourdaloue et Rapin, jésuites, Racine et Boileau. Il mourut en 1677, âgé de 60 ans.
Lesdiguière (François-Emmanuel de Blanchefort de Bonne de Créqui, duc de Lesdiguière, pair de France, comte de Saux). Il se fit remarquer au passage du Rhin par son impétueuse valeur. Quoiqu’il eût été blessé, il ne quitta point son rang, sortit le premier de l’eau, et eut la gloire de porter le premier coup.
Leucate, ancienne petite ville du Bas-Languedoc, remarquable par le siège qu’elle soutint, en 1637, contre les Espagnols, que défit le maréchal de Schomberg.
Liban, la plus grande montagne de Syrie (aujourd’hui Sourie, dans la Turquie d’Asie). Elle est couverte de forêts de sapins, de cyprès et de cèdres. Les carrières qu’elle renferme, fournirent à Salomon le marbre et les pierres nécessaires pour la construction du temple de Jérusalem.
Loire, fleuve qui partage la France en deux parties presque égales. Il prend sa source au mont Gerbier dans le Vivarais ; traverse le Velay, le Forez, le Bourbonnais, le Nivernais, l’Orléanais, la Touraine, l’Anjou, la partie méridionale de la Bretagne ; et se jette dans l’Océan entre Croisic et Bourgneuf, après avoir baigné la ville de Roanne, dans le Forez, où elle commence à porter bateau ; celle de Nevers, d’Orléans, de Blois, de Tours, de Saumur et de Nantes.
Luther, moine augustin d’Allemagne, hérésiarque fameux, et le premier auteur de la religion protestante. Un caractère violent et fougueux, un amour ardent pour les nouveautés, un orgueil excessif, et des mœurs corrompues le précipitèrent dans ces erreurs, qui inondèrent de sang l’Allemagne et la France. Il était né à Islèbe, dans le comté de Mansfeld, en 1483, et y mourut en 1546.
M.
Maintenon (Françoise d’Aubigné, marquise de), née en 1635 dans une prison de Niort, où étaient enfermés Constant d’Aubigné, son père, et Anne de Cardillac, sa mère, fille du gouverneur du Château-Trompette à Bordeaux. Devenue orpheline, elle fut élevée chez une de ses tantes à Paris. La dureté avec laquelle elle y fut traitée, l’engagea à accepter la main du vieux poète Scarron, qui lui proposait ou de l’épouser, ou de payer sa dot, si elle voulait se faire religieuse. Après la mort de son mari, elle obtint avec peine une pension de Louis XIV ; devint ensuite gouvernante des enfants de ce monarque et de madame de Montespan ; fut quelque temps après, dame d’atours de la dauphine, et gagna enfin toute la confiance et toute l’estime de Louis XIV, avec lequel elle fut unie par les liens d’un mariage secret, mais revêtu de toutes les formalités de l’église. Cette dame, non moins illustre par ses vertus que par son esprit et la prééminence de son rang, mourut en 1719, âgée de 84 ans, dans l’abbaye de Saint-Cyr, que Louis XIV avait fondée à sa prière, en 1686, pour l’éducation gratuite de trois cents jeunes demoiselles nobles.
Marguerite (île Sainte-), la plus grande de deux petites îles de la mer Méditerranée, sur la côte de Provence, et dont la seconde est appelée l’île Saint-Honorat. Dans la première, il y a une bonne citadelle, où l’on enferme les prisonniers d’état.
Mars, fils, selon la fable, de Jupiter et de Junon, Dieu de la guerre, et l’arbitre des combats. Les anciens le représentaient avec un visage irrité, monté sur un char, et quelquefois à cheval, ayant une pique ou un fouet à la main. On l’appelle assez souvent le Dieu de la Thrace, parce qu’il faisait son séjour ordinaire dans ce pays, dont les habitants étaient très belliqueux.
Mathan, prêtre de Baal. Il fut tué dans le temple de ce faux dieu, par les ordres du grand prêtre Joad vers l’an 880 avant J.-C.
Médicis (Marie de), femme de Henri IV, et mère de Louis XIII. Elle mourut à Cologne, en 1642, réduite aux plus fâcheuses extrémités. Depuis son départ de France, en 1631, elle avait erré pendant plusieurs années en Flandres et en Angleterre.
Melpomène, une des neuf Muses qui préside à la tragédie. On la représente sous la figure d’une jeune fille, superbement vêtue, chaussée d’un cothurne, tenant des sceptres et des couronnes d’une main, et un poignard de l’autre.
Ménades, mot qui veut dire furieuses. Les Ménades étaient prêtresses de Bacchus, et suivirent ce Dieu à la conquête des Indes, faisant partout de grandes acclamations pour publier ses victoires. On les appelait aussi Bacchantes. Dans les fêtes qu’on célébrait, et qu’on appelait bacchanales ou orgies, elles couraient, vêtues de peaux de tigres, tout échevelées, tenant des thyrses, des torches et des flambeaux, et poussant des hurlements effroyables.
Mer morte. Voyez Asphaltite (lac).
Milan, capitale du duché de ce nom, et l’une des plus grandes et des plus belles villes de l’Europe. Elle est située entre l’Adda et le Tessin, d’où l’on a tiré deux canaux ; ce qui la rend très commerçante. Il y a plusieurs églises de la plus grande beauté. La cathédrale surtout passe pour une merveille.
Minerve, déesse de la sagesse, des sciences et des beaux arts. Les poètes ont feint qu’elle était sortie, armée de pied en cap, du cerveau de Jupiter. On l’appelle encore Pallas, et on la regarde aussi comme la déesse de la guerre. Elle est toujours représentée avec le casque sur la tête, tenant de la main droite une lance, de l’autre une égide, et ayant auprès d’elle divers instruments pour les sciences et les arts. Au haut de son casque, paraît une chouette, son oiseau favori ; et sur son égide est peinte la tête de Méduse, dont les beaux cheveux furent changés en serpents, en punition du sacrilège que cette nymphe commit avec Neptune dans un des temples de Minerve.
Minos, roi de l’île de Crète (aujourd’hui Candie), fils de Jupiter, selon la fable, et mari de Pasiphaë, fille du Soleil. La sagesse de ses lois, et son équité le firent choisir, après sa mort, par Pluton, pour être un des juges des enfers. On lui met dans les mains une urne, où sont renfermées les destinées des hommes.
Momus, fils du Sommeil et de la Nuit, et regardé par les poètes comme le Dieu de la raillerie, parce qu’il ne s’occupait qu’à examiner et à critiquer les actions des Dieux et des hommes. Voilà pourquoi on le représente levant le masque de dessus le visage, et tenant une marotte à la main. Lucien fait sur ce Dieu une remarque qui mérite d’être rapportée ici. Neptune ayant fait un taureau, Vulcain un homme, et Minerve une maison, Momus trouva que les cornes du taureau auraient dû être placées plus près des yeux ou des épaules, afin qu’il pût donner des coups plus sûrs et plus violents. Quant à l’homme, il aurait voulu qu’on lui fît une petite fenêtre au cœur, pour qu’on vit ses pensées les plus secrètes. Enfin, il trouva la maison trop massive, pour qu’elle pût être transportée dans un autre lieu, lorsqu’on aurait un mauvais voisin. (Dialogues des Dieux ou des Sectes.)
Mornai, seigneur de Duplessis Marly, sincèrement aimé de Henri IV, qui l’envoya à Elizabeth, reine d’Angleterre, auprès de laquelle il réussit dans ses négociations. Attaché aux erreurs de Calvin, il les défendit avec tant d’opiniâtreté, qu’on l’appelait le pape des huguenots ; et lorsque Henri IV abjura cette hérésie, Mornai osa lui en faire de très vifs reproches et se retira d’auprès de sa personne. Son livre sur les prétendus abus de la messe ayant été censuré par les théologiens catholiques, il ne voulut leur répondre que dans une conférence publique, qui se tint à Fontainebleau, en 1600, en présence de toute la cour. Mornai y fut confondu par Duperron, évêque d’Évreux, qui fit remarquer, comme il l’avait promis, cinq cents fautes dans cet ouvrage. Il mourut en 1623, à 74 ans.
Morphée, ministre du dieu du Sommeil, et que les poètes grecs, ainsi que les latins, prennent souvent pour ce même Dieu. Celui-ci, fils de l’Érèbe et de la Nuit, habitait un antre profond, silencieux, impénétrable aux rayons du soleil, environné de pavots et d’herbes assoupissantes, et baigné des eaux du fleuve d’Oubli. Le Dieu mollement couché sur un lit de duvet, avait les Songes à ses côtés et Morphée qui veillait sans cesse, pour empêcher qu’on ne fît le moindre bruit. On le représente sur un lit, tenant une corne d’une main, et une dent de l’autre. Morphée endormait ceux qu’il touchait d’une branche de pavot, et présentait les songes sous diverses figures.
Moyse, fils d’Amram et de Jocabed, né en Égypte l’an 1571 avant Jésus-Christ, prophète et législateur des Juifs, qu’il délivra de l’oppression de Pharaon, roi de ce royaume, après avoir fait plusieurs miracles en présence de ce monarque, qui les laissa sortir de ses États. C’est à la prière de ce saint conducteur du peuple de Dieu, que ce peuple toujours murmurateur, mais toujours chéri, fut miraculeusement nourri pendant quatre ans dans le désert (aujourd’hui l’Arabie pétrée). Moyse y reçut la loi de la main de Dieu même, au milieu des éclairs, sur le mont Sinaï, et mourut âgé de 120 ans, l’an 1451 avant Jésus-Christ, sur la montagne de Nébo, du sommet de laquelle Dieu lui fit voir la terre promise (aujourd’hui la Terre-Sainte) où il ne devait point entrer.
Munich, grande et belle ville d’Allemagne, capitale de la Bavière, et la résidence ordinaire des Électeurs.
N.
Naïades, nymphes des fleuves et des fontaines.
Nantouillet (le chevalier de). Après le passage du Rhin, il reçut deux coups dans son chapeau.
Narbonne, ville du Bas-Languedoc, anciennement colonie romaine, et capitale de la Gaule Narbonnaise : les Romains l’appelaient même la sœur de Rome. Elle est située sur un canal tiré de la rivière d’Aude, à deux lieues de la mer. L’archevêque de Narbonne prenait le titre de primat, et présidait aux États de la province.
Neptune, fils, selon la fable, de Saturne et de Rhée, et frère de Jupiter et de Pluton. Après que Saturne eut été chassé du ciel, ses trois fils se partagèrent l’Empire du monde ; et Neptune eut celui de toutes les mers. Les poètes ajoutent que d’un coup de son trident (fourche à trois pointes), il fit sortir le premier cheval des entrailles de la terre. C’est pour cela qu’ils lui attribuent le soin des chevaux et des chars, et l’art de monter à cheval. On le représente avec un visage de vieillard, un trident à la main, et porté sur un char traîné par quatre chevaux marins, ou par des dauphins.
Néron, fils de Domitius Œnobarbus et d’Agrippine, adopté par Claude, empereur romain, dont il fut le successeur. Il souilla le trône de tous les crimes, même de crimes jusqu’alors inouïs : c’était une bête féroce altérée de sang. Après le règne le plus dur et le plus tyrannique dont l’histoire fasse mention, il fut condamné par le sénat au dernier supplice, que le monstre prévint en se poignardant, l’an 68 de Jésus-Christ, dans sa trente-deuxième année.
Nil (le), fleuve qui prend sa source dans l’Abyssinie en Afrique. Il arrose, entre autres pays, l’Égypte, et se jette dans la Méditerranée par sept embouchures suivant les anciens, mais par cinq seulement suivant les modernes. Il se déborde régulièrement tous les ans vers le mois d’août, et laisse dans les terres un limon, qui, en les engraissant, les met en état d’être labourées et ensemencées, et leur fait produire la plus abondante récolte. Il nourrit une grande quantité de crocodiles, gros poissons qui dévorent les hommes et les animaux qu’ils peuvent surprendre. Ce qu’on appelle les cataractes du Nil, ce sont de grandes chutes de ce fleuve, c’est-à-dire, les endroits où il trouve dans son cours des rochers, à travers lesquels il se précipite avec grand bruit ; mais dans le temps de sa crue, ses eaux couvrent ces rochers, au-dessus desquels elles coulent paisiblement.
Nogent (Armand de Bautru, comte de), capitaine des gardes de la Porte, maître de la garde-robe, et maréchal de camp des armées du roi. Il fut tué, après le passage du Rhin, d’un coup de mousquet à la tête.
Nymphes, filles de Nérée, dieu marin, et de sa sœur Doris. Elles étaient révérées chez les païens comme des divinités, et avaient séparément pour domaines les mers, les fleuves et les fontaines, les lacs, les forêts les arbres, les montagnes, les bocages et les prairies.
O.
Orphée, poète célèbre et excellent musicien, né dans la Thrace (aujourd’hui Romanie), et qui vivoit environ 1250 ans avant Jésus-Christ. Les poètes anciens ont feint qu’il était fils d’Apollon et de la muse Calliope, et que son père lui fit présent d’une lyre dont il jouait si bien, qu’il attirait après lui les bêtes féroces, les arbres et les rochers, suspendait le cours des fleuves et arrêtait le souffle des vents. La fable dit aussi qu’Orphée ayant perdu sa femme Euridice, descendit aux enfers, où, par les accords de sa lyre et la douceur de son chant, il fléchit Pluton, qui la lui rendit. Mais il eut la douleur de la perdre une seconde fois, n’ayant pas rempli la condition qui lui avait été imposée, de ne pas tourner la tête pour la regarder jusqu’à ce qu’il fût arrivé sur la terre.
P.
Pan, fils de Mercure suivant la fable, et dieu des bergers, des chasseurs et des campagnes, où il était jour et nuit, jouant continuellement de la flûte en gardant ses troupeaux. Les poètes le confondent souvent avec le dieu Sylvain et le dieu Faune. Ils le représentent avec un visage enflammé, des cornes sur la tête, ayant sur sa poitrine une peau de chevreuil, parsemée d’étoiles, et la partie inférieure du corps semblable à celle d’un bouc.
Paris, capitale du royaume de France, et située sur les deux rives de la Seine qui la traverse. Elle passe pour être la ville la plus belle, la plus riche, la plus peuplée, la plus florissante, et l’une des plus grandes de l’Europe.
Pavie, ville d’Italie, avec une célèbre université, dans le duché de Milan. Elle n’a pu se rétablir dans son ancienne splendeur, depuis que le vicomte de Lautrec la saccagea en 1527, deux ans après que François I y avait été fait prisonnier.
Pélion, montagne (aujourd’hui Laca) dans la Thessalie qu’on nomme à présent Janna ou Jannina, contrée de la Turquie d’Europe.
Philippe, fils d’Amyntas, et roi de Macédoine (aujourd’hui Coménolitari dans la Turquie d’Europe). Grand politique et grand guerrier, il assujettit ses voisins, autant par ses négociations et ses richesses, que par sa valeur et ses armes ; parvint à l’Empire de toute la Grèce, sous le titre de généralissime des Grecs qu’il se fit donner, et prépara ainsi les immenses conquêtes de son fils Alexandre. Il mourut assassiné l’an 335 avant Jésus-Christ.
Philipsbourg, ville d’Allemagne dans l’évêché de Spire, sur la rive droite du Rhin. Elle est, par ses fortifications, un des boulevards de l’Empire.
Pignerol, petite ville d’Italie, où Louis XIV avait fait bâtir une citadelle très forte, et qu’il fit démolir lorsqu’il la rendit au duc de Savoie, en 1696.
Pluton, fils, selon la fable, de Saturne et de Rhée, et frère de Jupiter et de Neptune. Le royaume des enfers lui échut lorsque ces trois dieux se partagèrent l’Empire du monde. On le représente assis sur un trône d’ébène, avec un visage noir et menaçant, une couronne de même bois sur la tête, tenant d’une main un sceptre, et de l’autre une clef, qu’on suppose être celle des enfers.
Polymnestor, roi de Thrace (aujourd’hui Romanie), durant le siège de Troie. C’était un des hommes les plus avares et les plus cruels.
Pomone, nymphe du Latium, contrée de l’Italie. Elle était révérée chez les Romains comme la déesse des fruits et des jardins. On la représente avec une serpette à la main, et une couronne de fruits sur la tête.
Pont (le), royaume de l’Asie mineure (aujourd’hui Natolie) dans la Cappadoce septentrionale (aujourd’hui le gouvernement de Sivas dans la Turquie d’Asie).
Priam, fils de Laomédon, et dernier roi de Troie. Les poètes lui donnent cinquante fils ou filles, dont il en eut dix-neuf d’Hécube. Il recula par de grandes conquêtes les frontières de son royaume, et passait pour le plus heureux prince de toute l’Asie, lorsque son Empire fut détruit par les Grecs. Après avoir vu périr tous ses enfants par le fer de l’ennemi, il fut lui-même égorgé dans son palais, l’an 1209 avant Jésus-Christ, par Pirrhus, fils d’Achille, au pied de l’autel de Jupiter, qu’il tenait embrassé. (Voyez le mot Hector dans les notes du second volume.)
Printemps, divinité poétique représentée, comme le Zéphyre, sous la figure d’un jeune homme couronné de fleurs : mais on le confond le plus souvent avec Flore, déesse de cette saison.
Prisonnier inconnu, sous le règne de Louis XIV. On l’appelait l’homme au masque de fer (quoique improprement), parce qu’il portait un masque de velours noir, dont la mentonnière avait des ressorts d’acier, qui lui laissaient la liberté de manger et de boire. Il n’est pas douteux que ce captif ne fût un homme de la plus haute importance ; mais on ne sait, ni l’on ne saura probablement jamais qui il était. Il mourut à Paris dans le château de la Bastille en 1703, et fut enterré, sous le nom de Marchiali, dans le cimetière de la paroisse de Saint-Paul.
R.
Rachel, fille de Laban, habitant de la Mésopotamie dans le pays de Canaan (aujourd’hui la Terre-Sainte), et épouse du patriarche Jacob. Elle mourut en accouchant de Benjamin, l’an 1738 avant Jésus-Christ, et fut enterrée sur le chemin qui conduit à Ephrata (aujourd’hui Bethléem), où Jacob lui érigea un tombeau, qu’on dit être encore subsistant. On voit du moins, dans ce même endroit, une espèce de dôme soutenu sur quatre piliers carrés, qui forment autant d’arcades.
Revel (le marquis de), colonel des cuirassiers, et frère du comte de Broglie. Il reçut trois coups d’épée dans l’action qui suivit le passage du Rhin.
Rhin (le), un des plus grands fleuves de l’Europe. Il prend sa source au pied du mont Saint-Gothard, ou Adula, dans le pays des Grisons ; traverse le lac de Constance ; baigne la partie orientale de l’Alsace ; passe dans les électorats du Palatinat, de Mayence, de Trèves, de Cologne, dans le duché de Clèves, et enfin dans la Gueldre, où il se divise en quatre branches. Ce sont l’Yssel, qui tombe dans le vieux Yssel à Doësbourg, et qui va se décharger dans le Zuiderzée, golfe de la mer du Nord ; le Vecht, qui se jette dans le même golfe à Muyden, non loin d’Amsterdam ; le Leck, qui se joint à la Meuse, au-dessous de Roterdam ; enfin le Rhin même, qui, après avoir baigné la ville de Leyde, se perd dans les sables de l’Océan à Catwich. L’endroit où l’armée de Louis XIV passa ce fleuve le 2 juin 1672, est près du village de Tolhus, au-dessous du fort de Schench, à deux lieues nord de Clèves.
Richelieu (Armand Duplessis de), né à Paris en 1585, nommé, par dispense d’âge, évêque de Luçon en 1607 ; secrétaire d’état en 1616 ; cardinal en 1620 ; membre du conseil en 1624, et presque en même temps principal ministre, etc. Durant tout le cours de son administration, il eut tout à-la fois à combattre, et les ennemis étrangers, et les ennemis domestiques, et ses propres ennemis. Il brava la jalousie, la haine et la vengeance de ceux-ci ; et au milieu des intrigues, des cabales de toutes les espèces, il conserva toute la force et tout le calme de son âme pour parvenir aux deux grands objets de sa politique, la pacification du royaume et l’établissement de la balance de l’Europe. Il pacifia le royaume, en portant, par la prise de la Rochelle, un coup mortel au calvinisme, faction de tout temps ennemie de la royauté. Il établit la balance de l’Europe, en affaiblissant considérablement la trop redoutable maison d’Autriche. Sous son ministère, la France acquit le Roussillon et une partie de la Catalogne. Il mourut en 1642.
Rome, ville d’Italie, autrefois la plus célèbre de l’univers, et la capitale du monde. Elle fut fondée l’an 754 avant Jésus-Christ, sur les bords du Tibre, par Romulus, descendant des rois d’Albe. Il en fut le premier roi, en partageant néanmoins la souveraine puissance avec un sénat qui lui servait de conseil, et le peuple qui autorisait les lois. Du nombre des gardes que prit Romulus, se forma dans la suite l’ordre des chevaliers, qui tenait le milieu entre le peuple et le sénat. Rome fut ainsi gouvernée par des rois jusqu’à l’an 244 avant Jésus-Christ, qu’on y établit une république, en nommant deux consuls, chefs du sénat et du peuple, et dont l’autorité ne devait être qu’annuelle. Cette république, anéantie par Jules César, qui s’en fit nommer dictateur perpétuel, devint un Empire sou Auguste, son fils adoptif, qui en fut reconnus le premier empereur l’an 31 avant Jésus-Christ. Rome était alors maîtresse du monde entier ; mais ce trop vaste Empire romain fut divisé, l’an 396 de l’ère chrétienne, en Empire d’occident, dont Rome fut la capitale, et qui fut détruit par les barbares du Nord, l’an 475 ; et en Empire d’orient, qui avait pour capitale Constantinople, et qui fut envahi par Mahomet II, sultan des Turcs, l’an 1463. Rome, aujourd’hui capitale du monde chrétien, est le siège du souverain pontife, ou chef de l’Église. On y voit une infinité de précieux restes de son ancienne splendeur, et bien d’autres monuments, les plus beaux qu’offre l’Europe moderne.
S.
Salart, officier d’un grade distingué. Il se battit vigoureusement au passage du Rhin.
Salle (le marquis de la), un des premiers qui passèrent le Rhin. Il fut blessé de cinq coups par les cuirassiers mêmes, qui l’ayant rencontré devant eux, le croyaient Hollandais.
Sardanapale, dernier roi des Assyriens, qui passa sa vie dans la mollesse, les plaisirs et la débauche. Ses propres sujets se révoltèrent contre lui ; et des débris de son empire, qui finit l’an 770 avant Jésus-Christ, se formèrent les royaumes des Mèdes, de Ninive et de Babylone.
Satyres, espèce de demi-dieux champêtres qui habitaient les forêts et les montagnes ; monstres moitié hommes et moitié boucs, avant des cornes sur la tête, de longues oreilles pointues, le corps velu, avec les pieds et la queue d’un bouc.
Seine (la), une des plus grandes rivières de France. Elle prend sa source dans un endroit nommé le Doui de Seine, c’est à-dire, la source de la Seine, à une lieue et demie du bourg Saint-Seine en Bourgogne ; traverse la Champagne, l’Île-de-France, la Normandie, et se jette dans cette partie de l’Océan qu’on appelle la Manche, près du Hâvre de Grâce, après avoir baigné les murs de Troyes, de Melun, de Paris et de Rouen.
Serbelloni, d’une ancienne maison d’Italie, féconde en hommes de mérite.
Styx, un des cinq fleuves des enfers selon la fable, et qui en fait neuf fois le tour. Les Dieux eux-mêmes l’avaient si fort en vénération, qu’ils craignaient de jurer par ses eaux ; et si quelqu’un d’eux avait violé son serment, il aurait été privé des honneurs de la divinité et du nectar pendant cinq ans. Dans la réalité c’était une fontaine de l’Arcadie, près de la ville de Nonacris, dans le Péloponnèse (aujourd’hui Morée). Les poètes en ont fait un fleuve des enfers, parce que les eaux en étaient, dit-on, mortelles.
Sylvains, les mêmes demi-dieux champêtres que les faunes (Voyez ce mot).
Syrie, vaste contrée d’Asie, et que les Orientaux nomment ordinairement le Sham. Elle renfermait anciennement la Syrie, la Phénicie et la Palestine : c’est aujourd’hui la Sourie, possédée par les Turcs, qui l’ont divisée en six gouvernements.
T.
Télémaque, fils d’Ulysse, roi d’Ithaque, et de la vertueuse Pénélope. Accompagné de Minerve, cachée sous la figure de Mentor, son gouverneur, il courut les mers pour chercher son père, qui errait en divers pays depuis la prise de Troie. Entre autres aventures périlleuses qui arrivèrent au jeune Télémaque, un naufrage le jeta dans l’île d’Ogygie, nommée alors Calypso, parce qu’elle était habitée par une déesse de ce nom. Il y conçut une violente passion pour une de ses nymphes. Mais soutenu par les conseils du sage Mentor, il sauva sa gloire et sa vertu, en s’éloignant de ce séjour funeste ; et après bien des voyages qui lui furent très utiles pour son instruction, il arriva dans sa patrie, où il eut le bonheur de voir son père. L’île d’Ogygie est aujourd’hui suivant quelques géographes, Aguse, près de Trapano, ville maritime et cap de Sicile, et, suivant d’autres, l’île de Malte.
Temps (le), divinité poétique, qu’on représente sous la figure d’un vieillard décrépit, ayant des ailes et tenant une faux, pour marquer que le temps détruit tout. On le confond souvent avec Saturne, qui, selon la fable, est le dieu du temps.
Terpsichore, muse qui présidait à la musique, mais plus particulièrement à la danse. On la représente couronnée de guirlandes, tenant une harpe, et ayant autour d’elle des instruments de musique.
Thalie, muse qui présidait à la comédie, et même à la botanique. Elle est représentée couronnée de lierre, tenant un masque à la main, et chaussée avec des brodequins.
Thomas de Cantorbéry (saint), né à Londres l’an 1117, et dont le nom de famille était Becquet. Il mérita, par ses grandes connaissances dans les affaires civiles, d’être élevé à la dignité de chancelier d’Angleterre, et par ses vertus évangéliques, d’être placé sur le siège archiépiscopal de Cantorbéry. Il se brouilla dans la suite avec le roi Henri II, au sujet des privilèges, des franchises et des droits de l’église anglicane. Durant ces querelles, qui ne furent pas moins longues que vives, ce monarque étant en Normandie dans son château de Bure, près de Caen, s’écria un jour dans un excès de colère : Est-il possible qu’aucun de ceux que j’ai comblés de bienfaits, ne me venge pas d’un prêtre qui trouble mon royaume ! Aussitôt quatre de ses gentilshommes passent la mer, et vont assassiner le saint archevêque au pied de l’autel, l’an 1170.
Thrace, contrée d’Europe, qu’aujourd’hui on appelle improprement Romanie.
Tibre, fleuve d’Italie, qui prend sa source dans le mont Apennin et qui, après avoir passé près de Pérouse, d’Orviette, et dans Rome, se jette dans la mer à Ostie.
Triptolème, fils de Celeus, roi d’Éleusis (aujourd’hui Liesina, dans la Dalmatie Vénitienne). Il apprit, selon la fable, de Cérès elle-même l’art de cultiver la terre.
Tritons, Dieux marins. On les représente avec des coquillages, et on leur donne un corps d’homme jusqu’à la ceinture : le reste est terminé en queue de poisson.
Troie, ville autrefois très célèbre et capitale de la Troade dans la Phrygie, qui fait aujourd’hui partie de la Natolie propre dans la Turquie d’Asie. Elle était située au pied du mont Ida, à une lieue de l’Archipel, et du détroit de Gallipoli ou des Dardanelles, bâtie environ l’an 1480 avant Jésus-Christ par Dardanus et Teucer, son beau-père, qui régnait dans cette contrée ; elle fut d’abord appelée suivant quelques-uns, Teucrie, et suivant d’autres, Dardante. À Dardanus succéda son fils Érichton, et à celui-ci son fils Tros, qui donna à cette ville le nom de Troie. Après lui, son fils Ilus voulut qu’elle fût appelée Ilion. Il eut pour successeur son fils Laomédon, qui la fit entourer de plus fortes murailles et de tours. Enfin Priam, le dernier roi de Troie, y fit bâtir une forteresse plus élevée que toutes les autres, et qu’on appelle Pergame, forteresse que les poètes prennent souvent pour Troie même. Cette ville fut réduite en cendres l’an 1209 avant Jésus-Christ, après un siège de dix ans, par les princes unis de la Grèce, irrités de ce que Pâris, fils de Priam, avait enlevé Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte. L’énorme cheval de bois, où ils enfermèrent des troupes, et qui fut introduit dans la ville par les Troyens même, est une pure fiction de Virgile.
Turenne (Henri de la Tour, vicomte de), né à Sedan, en 1611. L’histoire moderne n’offre point de siècle aussi fécond en grands capitaines que celui-là ; et Turenne occupe exclusivement, avec le grand Condé, le premier rang parmi eux. Ses services distingués et les ◀preuves éclatantes qu’il donna de son génie supérieur, lui méritèrent à 22 ans, le grade de maréchal de camp ; à 38, le bâton de maréchal de France, et à 48, le titre de maréchal général des camps et armées du roi, titre dont il paraît qu’il a été honoré le premier. De toutes ses campagnes, la dernière est regardée par les gens du métier comme son chef-d’œuvre. Il n’y en a point, suivant le chevalier Folard, d’aussi belle dans l’antiquité. Opposé au célèbre Montecuculli, qui commandait les troupes impériales, Turenne avait fait pendant deux mois les manœuvres les plus savantes, et s’était mis dans la disposition la plus favorable pour l’attaquer avec avantage. Il voyait même décamper l’armée des ennemis, lorsqu’étant monté sur une petite hauteur, pour observer leur marche, dans le dessein de tomber sur leur arrière-garde, il fut emporté par un boulet de canon, le 27 juillet 1675, près du village de Salsbach, entre Bade et Strasbourg. Louis XIV sensiblement affligé de la perte de ce grand homme, lui fit faire un service solennel dans l’église cathédrale de Paris, comme au premier prince du sang, et voulut qu’il fût enterré dans le tombeau de nos rois. Ce qui rehausse la gloire de Turenne, c’est qu’à ses grands talents militaires, il joignait toutes les qualités de l’homme social, toutes les vertus de l’honnête homme, et celles du vrai chrétien.
Tyr, ville de Phénicie, une des plus anciennes et des plus florissantes de toute l’Asie, et principalement célèbre par la teinture de ses étoffes de pourpre. Elle est aujourd’hui toute en ruines, dans le gouvernement de Seyde, Turquie d’Asie, et s’appelle Sour.
U.
Ulysse, fils de Laërte, et roi des îles d’Ithaque et de Dulichium, dans la mer Égée (aujourd’hui l’Archipel). Ce prince, qui, suivant Homère, était d’une patience admirable dans les revers, d’un courage héroïque dans les combats, et le plus éloquent, le plus sage, le plus ruse des Grecs, leur rendit au siège de Troie les services les plus importants. Déguisé en marchand, il reconnut, à la cour du roi Lycomède, le jeune Achille, que la déesse Thétis, sa mère, y avait envoyé sous l’habit de femme, et l’amena au camp, où il apporta en même temps les flèches d’Hercule. Il s’introduisit ensuite dans la ville de Troie, et enleva du temple de Minerve le Palladium, statue de cette déesse. Enfin il tua Rhésus, roi de Thrace, et lui prit ses chevaux avant qu’ils eussent bu de l’eau du Xanthe. C’est de toutes ces choses que dépendait la destinée de Troie. Après la prise de cette ville, il erra pendant dix ans sur la mer, et dans divers pays, où il courut les plus grands dangers. De retour à Ithaque, il extermina tous les courtisans, qui, pendant son absence, avaient mis le désordre dans son royaume. Peu de temps après, il laissa ses États à son fils Télémaque, et fut tué, dans une émeute, par Télégon, qu’il avait eu de la fameuse magicienne Circé, et qui étant venu pour le voir, ne le connaissait pas encore. Ithaque est aujourd’hui l’île Théaki ; et Dulichium est une des cinq petites îles nommées Échinades.
V.
Vauban (Sébastien Leprestre, seigneur de), né d’une ancienne famille noble de Nivernais, en 1633, et le plus grand ingénieur que la France ait produit. Il porta la manière de fortifier les places, de les attaquer, et de les défendre, à un degré de perfection, auquel personne n’était parvenu avant lui. Il mourut maréchal de France, à Paris, en 1707, après avoir travaillé à 300 places anciennes et en avoir construit 33 nouvelles après s’être trouvé à 140 actions de vigueur, et avoir conduit 53 siéges. C’est lui qui a fait le fameux port de Dunkerque, regardé comme son chef-d’œuvre et celui de l’art.
Vendôme (Philippe, chevalier de), grand-prieur de France, arrière-petit-fils de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, et frère de ce fameux duc de Vendôme qui, dans la guerre de la succession, affermit, par ses victoires, la couronne d’Espagne sur la tête de Philippe V, petit fils de Louis XIV. Le chevalier de Vendôme n’avait pas encore dix-sept ans, lorsqu’il se trouva au passage du Rhin. Il gagna sur l’ennemi un drapeau et un étendard qu’il apporta au roi.
Vendôme(ville), capitale du Vendômois dans la Beauce. Cette ville est célèbre par les augustes seigneurs qu’elle a eus, et qui sont montés sur le trône de France en la personne de Henri IV.
Verney, (Pâris du). Il concourut efficacement à l’établissement de l’École Royale Militaire à Paris, et aux moyens de le maintenir.
Versailles, ville célèbre par la résidence ordinaire de nos rois, et située dans l’Île-de-France, à quatre lieues de Paris. Il y a un château magnifique, où tout est digne de la plus grande admiration. La grande galerie passe pour le plus beau morceau du monde en ce genre.
Vésuve. Voyez le mot Etna.
Vivonne (Louis-Victor de Rochechouart, duc de Mortemart et de), général des galères de France. Il montra la plus grande intrépidité dans l’action au passage du Rhin.
Z.
Zéphyrs (les). Les poètes, en personnifiant les vents, ont donné ce nom aux vents doux et agréables qui soufflent au printemps. Le principal, qui vient du couchant équinoxial est, selon la fable, fils d’Éole et de l’Aurore. On le représente sous la figure d’un jeune homme, avec des ailes, couronné de fleurs, ayant un air serein.