(1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre I. De la nature des mots. » pp. 11-86
/ 273
(1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre I. De la nature des mots. » pp. 11-86

Chapitre I.

De la nature des mots.

Les mots sont des sons articulés, ou des caractères, dont nous nous servons pour exprimer nos pensées. Il y en a de huit sortes : le nom, l’article, le pronom, le verbe, la préposition, l’adverbe, la conjonction, et la particule ou interjection. Tous les mots qui composent le discours, sont compris dans l’une de ces huit espèces : voilà pourquoi on les appelle parties de l’oraison.

Article I.

Des trois premières parties de l’oraison.

I.

Du Nom.

Tous les êtres qui existent, sont les objets de nos idées. Les noms ont été inventés, pour exprimer ces objets, soit spirituels, soit corporels. Si l’on parle d’un seul objet, le nom est au nombre singulier. Si l’on parle de plusieurs, le nom est au nombre pluriel. Si cet objet est, ou est censé être mâle, le nom est du genre masculin, désigné par le mot le ou un : = le père, un père : = le livre, un livre. Si cet objet est, ou est censé être femelle, le nom est du genre féminin, désigné par le mot la ou une : = la mère, une mère : = la table, une table.

Division des noms.

Les objets de nos idées peuvent être considérés simplement en eux-mêmes, ou avec quelques qualités dont ils sont revêtus : delà, deux espèces de nom ; le substantif, et l’adjectif. Le nom substantif est un mot, dont nous nous servons, pour désigner simplement une chose ou une personne. Nous employons l’adjectif, pour exprimer la qualité de cette chose ou de cette personne : = Esprit vaste ; vertu rare ; maison commode ; jardin agréable ; César victorieux ; Cicéron éloquent. Ici, esprit, vertu, maison, jardin, César, Cicéron, sont des noms substantifs. Vaste, rare, commode, agréable, victorieux, éloquent, sont des noms adjectifs.

Il est aisé de comprendre que le nom substantif signifie quelque chose par lui-même, comme on le voit dans les mots esprit, vertu, maison, jardin, César, Cicéron, et que l’adjectif ne peut être clairement entendu, s’il n’est joint à un substantif, comme on le voit dans les mots vaste, rare, commode, agréable, victorieux, éloquent.

Lorsqu’un nom substantif peut convenir à tous les objets d’une même espèce, il est commun. Tel est le mot homme, qui convient à tous les hommes en général.

S’il ne peut convenir qu’à un seul objet, comme Annibal (nom d’un homme), Paris (nom d’une ville), la Seine (nom d’une rivière), il est propre.

Celui qui, quoiqu’au singulier, présente à l’esprit l’idée de plusieurs objets réunis ensemble, s’appelle collectif. Tels sont les mots, forêt, peuple, armée, qui font concevoir plusieurs arbres, plusieurs hommes, plusieurs soldats réunis.

Il est essentiel de distinguer dans les noms collectifs, ceux qui renferment l’idée d’un tout (tels sont les noms que je viens de citer), et ceux qui renferment seulement l’idée d’une partie de quelque tout, comme la plupart, une troupe de, etc. une quantité de, etc. Les premiers sont des noms collectifs généraux : les autres sont des noms collectifs partitifs.

Il y a encore des noms qu’on appelle noms de nombre. Les uns expriment la quantité des choses ou des personnes : les autres en marquent l’ordre. Ceux qui désignent une quantité, comme un, deux, trois, quatre, etc., sont appelés nombres cardinaux. Ceux qui marquent l’ordre, comme premier, second, troisième, quatrième, etc., sont appelés nombres ordinaux. Les uns et les autres sont adjectifs.

Les noms de nombre qui marquent assemblage de plusieurs nombres, comme dizaine, vingtaine, cinquantaine, centaine, etc., sont des nombres collectifs. Ceux-ci sont substantifs.

On peut exprimer la qualité d’une chose avec plus ou moins d’étendue. Si on le fait, en comparant l’objet dont on parle, à un autre, l’adjectif est au comparatif ; et il est précédé de l’un de ces mots, plus, moins, aussi, autant : =  un Roi pacifique est aussi grand, plus grand, moins grand qu’un Roi conquérant. Les adjectifs meilleur, moindre, pire, marquent seuls et par eux-mêmes une comparaison.

Lorsque l’adjectif exprime la qualité d’un objet à un très haut degré, il est au superlatif absolu ; et il est précédé du mot très ou fort : =  l’homme savant et modeste est très estimable. S’il exprime la qualité d’un objet au plus haut degré, avec rapport à un autre objet, il est au superlatif relatif ; et il est précédé de le plus : = celui qui vit content de ce qu’il posséde, est le plus heureux de tous les hommes.

Genre des noms.

Tous les noms adjectifs sont des deux genres. Il y en a qui ont un e muet final au masculin et au féminin. Tels sont les adjectifs sage, honnête, aimable, utile, etc. Dans ceux qui n’en ont point, on en ajoute ordinairement un pour former le féminin. Ainsi, aigu fait au féminin aiguë : blond, blonde ; dur, dure ; égal, égale ; fort, forte ; grand, grande ; méchant, méchante ; niais, niaise ; perclus, percluse ; sensé, sensée ; vrai, vraie.

Il y a des adjectifs qui, en prenant au féminin l’e muet, doublent leur consonne finale : ancien, ancienne ; bas, basse ; bon, bonne ; cruel, cruelle ; épais, épaisse ; net, nette ; nul, nulle ; sot, sotte ; vermeil, vermeille, etc.

D’autres adjectifs, exceptés de la règle générale, ont au féminin une terminaison bien différente de celle du masculin. Bénin fait au féminin bénigne ; caduc, caduque ; définitif, définitive ; enchanteur, enchanteresse ; favori, favorite ; frais, fraîche ; long, longue ; mou, molle ; neuf, neuve ; sec, sèche ; trompeur, trompeuse, etc.

Remarquons ici que, quand l’adjectif grande est mis avant un substantif, qui commence par une consonne, on supprime quelquefois l’e dans la prononciation, et même en écrivant, et l’on en marque le retranchement par une apostrophe ; comme dans ces exemples : =il a hérité de sa grand-mère et de sa grand-tante ; = il aime à faire grand-chère ; = je suis arrivé à grand-peine ; = c’est un conseiller de la grand-chambre ; = allez-vous entendre la grand-messe ? = c’est grand-pitié de voir souffrir cet homme.

Les noms substantifs ne sont ordinairement que d’un genre. Je dis ordinairement, parce que, 1°. il y en a quelques-uns qui sont des deux genres, tels que ceux-ci :

Amour est masculin au singulier : =un amour constant ; féminin au pluriel : = des amours constantes. Mais quand le mot amours signifie les jeux, les ris, les attraits, représentés par les poètes, sous la figure de petits enfants ailés, il est masculin : = les amours badins ; les petits amours.

Automne est masculin et féminin : = l’automne a été froid ; l’automne a été pluvieuse.

Chose est féminin : = une bonne chose. Mais quelque chose est masculin : = quelque chose de bon.

Comté et duché sont masculins : = un comté, un duché. On dit cependant une duché-pairie ; une comté-pairie ; une vicomté.

Délice est masculin au singulier : = c’est un grand délice ; féminin au pluriel : = ce sont mes plus chères délices.

Esclave, employé comme substantif, est masculin et féminin : = un petit esclave, une petite esclave. Il l’est aussi, employé comme adjectif : = un homme esclave, une femme esclave.

Le nom pluriel gens exige plusieurs remarques. 1°. Il est masculin, quand il est suivi de son adjectif : = Il y a des gens bien cruels. Il est féminin, quand il en est précédé : = il y a de bien cruelles gens ; = les vieilles gens sont soupçonneux. 2°. Quand le pronom tout précède, avec l’article, le mot gens, ce pronom prend le masculin : = rechercher tous les gens de bien. Quand il le précède sans article, il prend le féminin : = s’accommoder de toutes gens. 3°. Quand un adjectif, qui a la même terminaison au masculin et au féminin, précède, avec le pronom tout, le mot gens, on met ce pronom au masculin : = cet homme voit tous les honnêtes gens, tous les habiles gens, tous les aimables gens. Quand cet adjectif a une terminaison différente dans les deux genres, on met le pronom tout au féminin : = cet homme pense comme toutes les bonnes gens, toutes les petites gens, toutes les sottes gens. Qu’on ne demande point la raison de ces diverses règles. L’usage les a établies ; et cet usage est quelquefois un tyran, auquel il faut obéir sans réplique.

Interprète est masculin et féminin : = un bon et savant interprète a bien traduit ce passage ; = l’église est la seule interprète sûre de l’écriture sainte.

Orgue est masculin au singulier : = l’orgue de cette église est très beau : féminin au pluriel : = on voit dans cette église de très belles orgues.

2°. Il y a des noms substantifs qui sont des deux genres, mais seulement lorsqu’ils sont pris dans des significations différentes. En voici quelques-uns :

Aide signifiant secours, est féminin : = une aide prompte ; une aide assurée. Aide signifiant la personne dont l’emploi consiste à être auprès d’un homme pour servir conjointement avec lui et sous lui, est masculin : = un aide des cérémonies ; un aide de camp.

Aigle, signifiant oiseau, est masculin : = un grand aigle ; un aigle noir. Aigle, en termes d’armoiries et de devises, est féminin : = l’aigle impériale ; une aigle éployée d’argent. Il faut cependant observer que l’aigle qui sert de pupitre dans une église, est toujours masculin.

Cartouche, signifiant un ornement de sculpture ou de peinture, est masculin : = graver, peindre des armes dans un cartouche. Cartouche signifiant la charge d’une arme à feu, est féminin. = ils ont épuisé toutes leurs cartouches.

Couple, signifiant deux choses de même espèce qu’on met ensemble, est féminin : = une couple d’œufs ; une couple de pigeons. Couple se disant de deux personnes unies par l’amitié ou par le mariage, est masculin : = un beau couple d’amis ; un heureux couple.

Enseigne, signifiant un officier qui porte le drapeau d’un régiment, est masculin = un enseigne a paru le premier sur la brèche. Lorsqu’il signifie le drapeau même, il est féminin : = les enseignes romaines ; = marcher tambour battant et enseignes déployées. Il est aussi féminin, lorsqu’il signifie le tableau attaché à la maison d’un marchand, d’un cabaretier, etc. = loger à une telle enseigne.

Forêt, signifiant une étendue de pays couvert de bois, est féminin : = la forêt que nous allons traverser, est bien épaisse. Foret, signifiant un petit instrument de fer avec lequel on perce un tonneau, est masculin : = le foret que vous voulez mettre dans ce muid, n’est pas assez pointu.

Foudre, dans le sens propre, est, suivant l’académie, masculin et féminin, quoique le dernier soit plus usité : = être frappé du foudre ou de la foudre. Mais si l’on applique ce mot à un grand orateur, à un grand capitaine, il est toujours masculin : = cet orateur est un foudre d’éloquence.

Mânes des grands Bourbons, brillants foudres de guerre,
Qui fûtes et l’exemple et l’effroi de la terre, etc.

On dit aussi un foudre de vin, vaisseau qui contient plusieurs muids de vin.

Greffe, signifiant le lieu où se gardent les registres d’une cour de justice, est masculin : = greffe civil, greffe criminel. Greffe, signifiant une branche qu’on ente sur un arbre, est féminin : = une greffe de pommier ; une greffe de poirier.

Moule, signifiant une matière creusée, et propre à donner une forme précise à une autre matière que l’on y verse toute fondue et liquide, est masculin : = un beau moule ; un moule bien fait. Moule, signifiant un petit poisson enfermé dans une coquille, est féminin : = une grosse moule ; de fort bonnes moules.

Période, signifiant le plus haut point où une chose puisse arriver, est masculin : = Cicéron et Démosthène ont porté l’éloquence à son plus haut période. Période, signifiant révolution, époque, est féminin : = le soleil fait sa période en trois cent soixante-cinq jours et près de six heures ; = la lune fait sa période en vingt-neuf jours et demi. Période, en terme de rhétorique est aussi féminin.

Relâche, signifiant interruption de quelque travail, repos, etc., est masculin : = le relâche que vous avez pris après ce petit travail, a été trop long. Relâche, en termes de marine, signifiant un lieu propre à y relâcher pour se mettre à l’abri, est féminin : = menacés de la tempête, nous trouvâmes dans cette rade une bonne relâche.

Triomphe, signifiant victoire, ou l’honneur qu’on rend à un vainqueur, est masculin : = la pompe d’un triomphe ; un triomphe éclatant. Triomphe, au jeu des cartes, est féminin : = jouer à la triomphe ; = il n’avait qu’une triomphe.

Vase, signifiant une sorte d’ustensile pour contenir quelque liqueur, est masculin : = un vase d’or ; un vase de porcelaine. Vase, signifiant la bourbe qui est au fond de la mer, des rivières, etc. , est féminin : = ce bateau s’est enfoncé dans la vase.

3°. Il y a des noms substantifs qui sont des deux genres, mais avec des terminaisons différentes. Ainsi l’on dit : un acteur intelligent ; une actrice intelligente : le bienfaiteur de cette maison ; la bienfaitrice de cette communauté : un bon danseur ; une bonne danseuse : le médiateur, la médiatrice de la paix, etc.

Terminaison des noms.

La plupart des noms, tant substantifs qu’adjectifs, doivent être terminés par une s, quand ils sont au pluriel : = quel est le livre le mieux écrit ? quels sont les livres les mieux écrits ? = quelle pensée juste et brillante ! quelles pensées justes et brillantes !

Les noms qui se terminent au singulier en eau ou en eu, prennent un x au pluriel : = le beau côteau ; les beaux côteaux : le berceau ; les berceaux : l’essieu ; les essieux : le feu ; les feux, etc. Mais bleu fait au pluriel bleus.

Parmi les noms en ou, les uns prennent un x : = le chou ; les choux : le caillou ; les cailloux : le genou ; les genoux, etc. Les autres prennent une s : = le clou ; les clous : le bijou ; les bijous : le verrou ; les verrous, etc.

Au reste, il y a des noms, soit substantifs, soit adjectifs, qui finissent au singulier par une s, un x, ou un z ; et l’on doit juger qu’ils les conservent au pluriel.

Les noms en al ont le pluriel en aux : = égal ; égaux : royal ; royaux : le mal ; les maux : un végétal ; les végétaux. Il faut excepter bal, cal, carnaval, régal et pascal, qui font au pluriel bals, cals, carnavals, régals, et pascals. Pal fait paux ou pals.

Les substantifs en ail prennent une s au pluriel : = un attirail ; des attirails : un détail ; des détails : un gouvernail ; des gouvernails : un portail ; des portails, etc. Mais ail, bail, bétail, corail, émail, soupirail, travail, font au pluriel aulx, baux, bestiaux, coraux, émaux, soupiraux, travaux. Lorsque travail signifie une machine de bois à quatre piliers, entre lesquels les maréchaux attachent les chevaux vicieux, pour les ferrer ou pour les panser, il fait au pluriel travails.

Les noms qui sont composés de plusieurs mots liés ensemble par un trait d’union, veulent, lorsqu’ils sont employés au pluriel, une s ou un x à la fin du dernier mot seulement. Ainsi, suivant l’académie, il faut écrire un abat-jour, et des abat-jours ; une orange aigre-douce, et des oranges aigre-douces ; un arc-boutant, et des arc-boutants ; un arc-en ciel, et des arc-en-ciels ; un arrière-neveu, et des arrière-neveux ; un chef-d’œuvre, et des chef-d’œuvres ; un chevau-léger, et des chevau-légers ; un garde-fou, et des garde-fous.

Cependant la même académie ajoute, dans quelques noms de cette espèce, une s à la fin du premier mot. Elle écrit un chat-huant, et des chats-huants ; un ciel-de-lit, et des ciels-de-lits ; un cul-de-lampe, et des culs-de lampes ; un œil-de-bœuf, et des œils-de-bœufs. Il y en a d’autres, à la fin desquels elle ne met point d’s, quoiqu’ils soient au pluriel. Tels sont : des corps-de-garde ; des coq-à-l’âne ; des opéra ; et ceux qui sont pris du latin ; comme, des alibi ; des à-parte ; des errata ; des exeat ; des ex-voto ; des impromptu ; des in-folio ; des item, etc. Elle écrit aussi : des lazzi ; des oui-dire, etc.

Dans les noms qui se terminent en ent, ou ant, c’est aujourd’hui l’usage de supprimer au pluriel le t, qui devrait précéder l’s. Ainsi en écrivant au singulier : un mouvement violent ; un enfant charmant, etc., on écrit au pluriel : des mouvements violens, des enfants charmans, etc. Cependant on laisse le t dans les mots d’une seule syllabe, et l’on écrit : le vent, les vents ; une dent, les dents ; un chant, des chants ; un gant, des gants ; un homme lent, des hommes lents. Mais quoiqu’on écrive au singulier tout, on écrit au pluriel tous.

Nombre des noms.

Il y a des noms qui n’ont point de pluriel. Les substantifs de cette espèce sont, aide (secours) ; bercail, bien-être, butin, courroux, décri (perte de réputation et de crédit) ; estime, faim, faste (vaine ostentation ; affectation de paraître avec éclat) ; gré (bonne, franche volonté), gloire (si l’on ne parle pas d’ouvrages de peinture, de sculpture, etc.) ; renommée, repos, sang, soif, sommeil, etc.

Ajoutez à ces noms, 1°. les noms des métaux pris en général, c’est-à-dire, lorsqu’ils ne sont pas considérés comme mis en œuvre : l’or, l’argent, le fer, le plomb, etc. Lorsqu’ils sont considérés comme mis en œuvre, ils ont un pluriel ; et c’est sous ce rapport seulement qu’on dit, des fers, des plombs, etc. 2°. Les noms des vertus et des vices ; comme foi, sincérité, ambition, orgueil, etc. On connaîtra les autres par l’usage.

Les adjectifs, amical, austral, boréal, canonial, conjugal, fatal, filial, frugal, glacial, grammatical, idéal, naval, pastoral, pectoral, vénal, etc., n’ont point de pluriel au masculin. Ainsi, l’on ne pourra pas dire : des conseils amicaux ; les pays austraux ; les principes grammaticaux ; des trésors idéaux. Mais on dira fort bien : des exhortations amicales ; les terres australes ; les règles grammaticales ; des richesses idéales.

Les substantifs qui n’ont point de singulier, sont accordailles, ancêtres, annales, appas (charmes) ; armoiries, arrhes, balayures, basses (bancs de sable, ou rochers cachés sous l’eau) ; bésicles (sortes de lunettes) ; brisées, broussailles, caravanes (campagnes que les chevaliers de Malte sont obligés de faire sur mer) ; catacombes (grottes souterraines où l’on enterrait les corps morts) ; confins, conserves (lunettes) ; décombres, ébats, échasses, effondrilles (parties grossières qui restent au fond d’un vase) ; élémens (principes d’un art, d’une science) ; émondes (branches superflues) ; entours et environs (lieux d’alentour) ; entrailles, entraves, épousailles, fastes (tables, ou livres du calendrier des anciens romains) ; fiançailles, frais (dépense, dépens) ; francs (pièce de monnoie) ; funérailles, goguettes (propos joyeux) ; hardes, limites, matériaux, mœurs, obsèques, ossemens, pierreries, pleurs, prémices, ténèbres, us (usages) ; vacances (temps auquel les études cessent) ; vacations (cessation de séances des gens de justice) ; vergettes (époussette) ; vitraux, etc.

II.

De l’Article.

Notre langue n’a qu’un article, qui est le pour le masculin singulier et dont on fait la pour le féminin, et les pour le pluriel des deux genres. Ce mot ne signifie rien par lui-même. On le place avant les noms substantifs, lorsqu’on veut les tirer d’une signification vague, pour leur en donner une précise et déterminée. Un nom en effet, employé tout seul, ne présente que la simple idée de la chose qu’il exprime, et par conséquent, n’a qu’une signification vague. Mais comme cette idée peut être ou générale, c’est-à-dire, prise dans toute son étendue ; ou restreinte, c’est-à-dire, prise seulement dans une partie de son étendue ; on se sert de l’article, pour désigner l’étendue que l’on donne à cette idée ; et alors on détermine la signification du nom qui présente cette même idée. Prenons pour exemple une chose matérielle.

Le mot pain ne présente que la simple idée de ce qu’on appelle pain, et par conséquent n’a qu’une signification indéterminée. Mais si je dis : le pain est un aliment nécessaire à l’homme, alors je détermine la signification du substantif pain, en lui donnant une signification générale, puisque je parle ici de toute l’espèce de pain. Si je dis : le pain de ce boulanger est très bon, je détermine encore la signification du substantif pain, en lui donnant une signification restreinte, puisque je ne parle ici que d’un pain particulier. M’objectera-t-on que ce sont les mots, de ce boulanger, qui restreignent la signification du substantif pain ? Je répondrai que je n’ai pu les employer, qu’en vertu de l’article placé avant ce nom, et que par conséquent c’est cet article qui en détermine principalement la signification.

Il s’ensuit de là qu’on met l’article avant les noms, soit que l’on veuille par ces noms exprimer déterminément toute une espèce de choses ou de personnes ; comme les hommes sont mortels ; soit que l’on ne veuille désigner qu’une ou plusieurs parties, un ou plusieurs individus de cette espèce ; comme, les hommes vertueux ne se laissent point maîtriser par leurs passions.

Observons qu’il n’y a que les noms substantifs exprimés ou sous-entendus, qui puissent être accompagnés de l’article. Si on le met avant des mots d’une toute autre espèce, ces mots deviennent alors de véritables substantifs. Tels sont : le vrai, le nécessaire, le beau, le sublime, le savoir, le boire, le manger, le devant de la maison, le dessus de la porte, le pourquoi, le comment, etc. Ces substantifs n’ont pas de pluriel.

Article simple, article particulé.

L’article est simple, ou particulé : simple, lorsqu’il précède tout seul le nom substantif ; le bonheur ; la bienfaisance : particulé, quand il est lui-même précédé de la particule à ou de ; à la franchise ; à la candeur.

On disait autrefois de le, de les, à le, à les ; aujourd’hui, on dit par contraction du, des, au, aux ; du trône, des trônes, au trône, aux trônes, pour de le trône, de les trônes, à le trône, à les trônes. Ainsi du, des, au, aux, sont articles particulés.

Je dois remarquer ici qu’il y a des mots, qui, comme on le verra dans la suite, font la fonction de l’article. Tels sont les nombres cardinaux un, deux, trois, etc. ; et les pronoms tout, chaque, nul, quelque, certain, ce, mon, ton, son, etc.

III.

Du Pronom.

Le mot pronom dit assez par lui-même que c’est un mot qu’on met à la place d’un nom. On l’emploie pour rappeler l’idée de ce nom, dont on veut éviter la répétition trop fréquente.

L’honneur est comme une île escarpée et sans bords :
On n’y peut plus rentrer, dès qu’on en est dehors.
Les peuples sont heureux, quand un seul les gouverne.

Y, en, et les sont pronoms, parce qu’ils sont mis, les deux premiers pour île, et le troisième pour peuples. Ils rappellent l’idée de ces noms, et en font éviter la répétition.

Division des pronoms.

On divise ordinairement les pronoms, en pronoms personnels, relatifs, indéfinis, absolus, et démonstratifs. En admettant ces différentes espèces de pronoms, je ne m’attacherai cependant pas à cette division pour les faire connaître. Il me paraît plus commode de suivre celle de l’abbé d’Olivet, pour démêler ce que les pronoms de chaque espèce ont de particulier. Ils sont de vrais noms ; les uns substantifs, les autres adjectifs, et d’autres tantôt substantifs, tantôt adjectifs.

Pronoms substantifs.

Il y a trois personnes, dont la première est celle qui parle ; la seconde celle à qui l’on parle ; la troisième celle dont on parle. Les pronoms qui suppléent au nom de ces personnes, sont, pour la première, je, me, moi, singulier ; nous, pluriel des deux genres.

Pour la seconde, tu, te, toi, singulier ; vous, pluriel des deux genres : il est singulier, quand on n’adresse la parole qu’à une personne.

Pour la troisième, il, masculin singulier, qui fait au pluriel, ils ; elle, féminin singulier, qui fait au pluriel, elle ; eux, masculin pluriel ; lui, singulier des deux genres ; leur, des deux genres, toujours pluriel, et sans jamais prendre s finale ; se, soi, des deux genres et des deux nombres. On, pronom appelé indéfini, parce qu’il n’exprime point d’objet déterminé, appartient à cette troisième personne.

Le, la, les, placés avant un verbe, sont des pronoms qu’on nomme relatifs, parce qu’ils ont rapport à un nom qui les précède : = il faut aimer la vertu et la pratiquer.

En et y sont, par la même raison, des pronoms relatifs.

Tous ces pronoms, ainsi que les pronoms indéfinis autrui, personne, quelqu’un, chacun, sont substantifs. Il est aisé de le reconnaître, en ce qu’ils ne font que désigner un objet, sans le qualifier.

Pronoms adjectifs.

Les pronoms adjectifs sont principalement ceux qu’on appelle possessifs, parce qu’ils marquent à qui appartient la chose signifiée par leur substantif. Ce sont pour le singulier, mon, ton, son, masculin ; ma, ta, sa, féminin ; notre, votre, leur, des deux genres : pour le pluriel, mes, tes, ses, nos, vos, leurs, les uns et les autres également des deux genres. On voit que ces pronoms ont chacun un rapport de propriété aux divers pronoms des trois personnes.

Le mien, le tien, le sien, le nôtre, le vôtre, le leur, la leur, les leurs, sont des pronoms adjectifs, quand ils sont mis à la place des noms : = je défends son ami ; qu’il défende le mien.

Mais on ne doit pas mettre au rang des pronoms le mien, le tien, le sien, etc. signifiant le bien qui nous appartient, ni les miens, pour dire mes proches, mes alliés. Ils sont alors de vrais substantifs.

Les pronoms indéfinis, quel, lequel, quelque, quiconque, plusieurs, tout, nul, pas un, sont adjectifs. On voit que tous ces pronoms servent en quelque sorte à qualifier un objet. Voici ceux qui sont tantôt substantifs, tantôt adjectifs.

Pronoms tantôt substantifs, tantôt adjectifs.

Que, mis absolument, c’est-à-dire, sans être précédé d’un nom auquel il ait rapport, est substantif : = que vous est-il arrivé ?= Je ne sais que répondre. Il signifie ici quelle chose.

Que, ayant rapport à un nom qui le précède, et pour lors pronom relatif, est adjectif : = je n’oublierai jamais le service que vous m’avez rendu.

Dans cette phrase : = ce qui est beau, mérite notre admiration ; ce est substantif, parce qu’il signifie la chose qui. Dans celle-ci : = ce livre est bien écrit ; ce est adjectif, parce qu’il qualifie, en quelque sorte, le substantif livre.

Celui qui veut se faire estimer, doit être vertueux. Celui est substantif, parce qu’il signifie l’homme qui.

En parlant de deux tableaux : = celui-ci est d’un grand peintre. Celui-ci est adjectif, parce qu’il sert, en quelque manière, de qualificatif au substantif tableau, dont il rappelle l’idée. Tel est le principe d’après lequel on jugera si un pronom est substantif, ou adjectif.

Article II.

Du Verbe.

Le verbe est en général un mot qui exprime une action, soit intentionnelle, c’est-à-dire, produite par un principe spirituel ; soit réelle, c’est-à-dire, produite par un principe matériel, de quelque nature qu’il soit. On appelle sujet, la personne ou la chose qui est le principe de cette action. On appelle objet, la personne ou la chose qui en est le terme. = Nous aimons naturellement la vertu ; = vous ambitionnez trop les honneurs ; = le limon fertilise les terres ; = les vers rongent le bois. Dans ces phrases, les mots aimons, ambitionnez, fertilise, rongent, expriment des actions, dont les deux premières sont intentionnelles, et les deux autres réelles.

Nous, vous, limon, vers, sont sujets, parce qu’ils sont les principes de ces actions, puisqu’ils les produisent. Vertu, honneurs, terres, bois, sont objets, parce qu’ils sont les termes de ces actions, puisque c’est à eux qu’elles se terminent.

L’action qu’exprime le verbe, peut être considérée sous quatre points de vue. De là naissent quatre sortes de verbes ; l’actif, le passif, le réciproque, et le neutre.

Différentes espèces de verbes.

Le verbe actif exprime une action que le sujet produit, et dont un objet étranger peut recevoir, ou souffrir l’impression : = l’homme sensible et compatissant aime et secourt les pauvres : = le tonnerre a renversé un grand édifice.

Le verbe passif exprime une action, dont l’impression est reçue par le sujet : = les pauvres sont aimés et secourus par l’homme sensible et compatissant : = un grand édifice a été renversé par le tonnerre.

Le verbe réciproque exprime une action, dont le sujet qui la produit, ressent l’impression ; en sorte qu’en agissant sur lui-même, il est tout à la fois et le sujet et l’objet de cette action : = je me promène tous les matins : = vous vous fatiguerez dans ce chemin sabloneux : = ce jeune fat se vante toujours. On voit que les verbes de cette espèce sont accompagnés de deux pronoms de la même personne, tandis que les autres n’en ont qu’un.

Le verbe neutre exprime une action produite par le sujet, mais dont l’impression ne peut être reçue ou soufferte par aucun objet : = les arbres fleurissent, et la verdure paraît : = cet homme pense juste, et raisonne de même : = nous dînions agréablement auprès d’une fontaine, lorsque les villageois dansaient sous ces ormeaux. Voici d’autres exemples qui feront sentir la différence essentielle qu’il y a entre un verbe actif et un verbe neutre.

Quand je dis, le père corrige l’enfant, j’exprime par ce verbe une action que fait le père, et dont l’enfant peut recevoir ou souffrir l’impression. Je pourrais dire en effet, sans changer le sens de la phrase : l’enfant est corrigé par le père. Alors l’impression de cette action serait reçue ou soufferte par l’enfant. Donc ce verbe corriger est un verbe actif.

Mais si je dis, le méchant médit de tout le monde ; le maître a parlé aux disciples ; quoique j’exprime, par ces deux verbes, des actions qui passent hors des sujets qui en sont le principe, je ne pourrais cependant pas dire, tout le monde est médit par le méchant ; les disciples ont été parlés par le maître. Donc ces verbes médire, parler, expriment des actions, dont l’impression ne peut être reçue ou soufferte ; par conséquent ils sont des verbes neutres, et non des verbes actifs.

Ainsi le verbe neutre est immuable de sa nature ; et le verbe actif peut être changé en passif, sans que, pour cela, le sens de la phrase soit altéré. Voilà pourquoi des Grammairiens, empruntant le langage de la philosophie, ont dit que les verbes proprement actifs signifient une action, à laquelle est opposée une passion ; mot qui veut dire ici une impression reçue dans un sujet.

Enfin, pour ne rien omettre de ce qui peut empêcher les jeunes gens de confondre ces deux espèces de verbes, voici un moyen facile et sûr de les distinguer. Quand un verbe peut recevoir après lui les mots quelqu’un, quelque chose, employés tout seuls, il est actif : = flatter quelqu’un ; approuver quelque chose. Quand il ne peut pas les recevoir, il est neutre. On dit bien, nuire à quelqu’un ; insister sur quelque chose. Mais on ne peut pas dire, nuire quelqu’un ; insister quelque chose.

En expliquant ainsi la différence qu’il y a entre un verbe actif et un verbe neutre, je n’ai fait que suivre le sentiment de tous nos bons Grammairiens, qui ont bien montré, par la force et la justesse de leurs raisonnements, qu’ils connaissaient toute la métaphysique de notre langue. On voit en effet que cette différence est fondée sur une dialectique très solide. Je dois ajouter qu’elle existe dans les diverses langues, du mélange desquelles la nôtre s’est formée en grande partie, et qu’elle sert, de plus, à simplifier autant qu’à affermir certaines règles essentielles de notre syntaxe. On doit donc regarder comme faux et inadmissible le principe, d’après lequel Wailly prétend que les verbes nuire, médire, parler, danser, jouer, partir, venir, sont des verbes actifs.

Je dois dire également ici que la définition du sujet, donnée par le même auteur, ne paraît guère satisfaisante. Le sujet, dit-il en deux endroits, est la personne ou la chose dont on parle. Quel sera donc le sujet de ces deux phrases ? Dieu éprouve les justes : = l’aimant attire le fer. On y parle des justes comme de Dieu, et du fer comme de l’aimant.

Les verbes qui ne peuvent être accompagnés que du pronom il, à la place duquel on ne peut pas mettre un nom, s’appellent impersonnels : = il faut : il importe : il pleut : il neige, etc.

Verbes être et avoir.

Nous avons dans notre Langue deux verbes qui méritent ici une observation particulière : ce sont les verbes être et avoir. Le premier signifie en lui-même exister ; et en ce sens il est neutre : = Jésus-Christ a voulu mourir pour tous les hommes qui ont été, qui sont, et qui seront. Mais dans sa signification la plus étendue, ce verbe n’exprime point d’action ; et les Grammairiens l’appellent verbe substantif. Un de ses principaux usages est de signifier l’affirmation que l’on fait, soit d’une personne, soit d’une chose qui en est le sujet : = la médiocrité est la sauvegarde de la vertu : = les riches sont heureux de pouvoir être les pères des pauvres. Je remarquerai ici que les verbes devenir, paraître, sembler, etc., servant à ce même usage que le verbe être, sont aussi regardés comme des verbes substantifs.

Le verbe avoir signifie en lui-même posséder ; et en ce sens il est actif. = Ce seigneur a de grandes terres : = vous avez une belle bibliothèque. Mais ce verbe est plus généralement employé à un autre usage. Il sert ainsi que le verbe être, à conjuguer en grande partie tous les autres ; et c’est pour cette raison que l’on appelle ces deux verbes, auxiliaires.

Modes et temps du verbe.

Tous les verbes ont différentes terminaisons ou variations finales : = je pense ; nous pensons ; je pensois ; vous pensâtes ; ils pensèrent, etc. Assembler toutes les terminaisons d’un verbe, c’est le conjuguer. En le conjuguant, on exprime l’action de plusieurs manières ; et ces manières forment les modes, qui sont l’infinitif, l’indicatif, l’impératif, et le subjonctif. On exprime l’action avec tous ses rapports ; et ces rapports forment les temps, les nombres, et les personnes. J’ai déjà parlé des personnes : les nombres dans les verbes sont les mêmes que ceux des noms.

Il n’y a proprement que trois temps dans la nature : le présent ; c’est le temps qui est actuellement : le passé ; c’est le temps qui a été : le futur ; c’est le temps qui sera. Mais comme dans ces trois temps, on peut envisager les choses de diverses manières, on en a introduit plusieurs autres, pour exprimer toutes ces manières. Ainsi au présent absolu se rapportent le conditionnel présent, et l’imparfait ou présent relatif ; au parfait indéfini se rapportent le parfait défini, le parfait antérieur, le plus-que-parfait, et le conditionnel passé ; au futur simple se rapporte le futur composé.

Pour faire connaître ces divers temps, ainsi que les modes, je vais conjuguer un verbe, en plaçant la définition de chaque temps, à côté de ce même temps conjugué. Je joindrai à ce verbe les deux auxiliaires avoir, être.

PREMIER MODE.

Infinitif.

L’infinitif exprime l’action d’une manière indéfinie et indéterminée, et par conséquent, n’a ni nombres ni personnes. En l’employant on fait entendre la signification d’un verbe d’une manière seulement générale.

Présent.

Le présent est toujours précédé d’un verbe, et se rapporte au temps marqué par ce verbe : = j’entends, j’ai entendu, j’entendrai votre frère chanter.

Participe.

Le participe a la signification du verbe, et de plus est souvent employé comme adjectif : = voilà un champ bien cultivé, des arbres bien émondés.

Parfait.

Le parfait désigne un temps passé, relatif au verbe qui le précède : = vous paraissez avoir étudié votre langue.

Gérondif présent.

Le gérondif présent se rapporte, comme le présent, au temps marqué par le verbe dont il est précédé : = il va, il est allé, il ira toujours courant.

PREMIER MODE.

Infinitif.

Bien des personnes sont dans l’habitude de lire en se promenant, après avoir travaillé, durant plusieurs heures, dans leur cabinet.

Présent.

blâmer. avoir. être.

Participe.

blâmé, ée. eu, eue. été.

Parfait.

avoir blâmé. eu. été.

Gérondif présent.

blâmant. ayant. étant.

Gérondif passé.

Le gérondif passé marque par lui-même un temps passé : = je suis resté, ayant appris que vous deviez partir.

DEUXIÈME MODE.

Indicatif.

L’indicatif exprime l’action d’une manière positive, et forme un sens par lui-même.

Présent absolu.

Le présent absolu désigne une chose qui est, ou se fait au temps où l’on parle ; = je vois notre ami qui arrive de la campagne ; ou qu’on est dans l’habitude de faire : = vous vous levez tous les jours trop matin.

Conditionnel présent.

Le conditionnel présent marque une chose qui se ferait moyennant une condition : = je vous aimerais, si vous remplissiez bien votre devoir.

Imparfait ou Présent relatif.

L’imparfait ou présent relatif marque ou le commencement, le cours d’une action, sans en désigner précisément la fin : = je me promenais ce matin au champ de Mars ; ou une action qui se faisait dans le temps qu’une autre s’est faite : = il pleuvait, lorsque je vous ai vu passer.

Gérondif passé.

ayant blâmé. eu. été.

DEUXIÈME MODE.

Indicatif.

La pratique des vertus chrétiennes rehausse la gloire des plus grands Héros.

Présent absolu.

je blâme. ai. suis.
tu blâmes. as. es.
il blâme. a. est.
nous blâmons. avons. sommes.
vous blâmez. avez. êtes.
ils blâment. ont. sont.

Conditionnel présent.

je blâmerais. aurais. serais.
tu blâmerais. aurais. serais.
il blâmerait. aurait. serait.
nous blâmerions. aurions. serions.
vous blâmeriez. auriez. seriez.
ils blâmeraient. auraient. seraient.

Imparfait ou Présent relatif.

je blâmais. avais. étais.
tu blâmais. avais. étais.
il blâmait. avait. était.
nous blâmions. avions. étions.
vous blâmiez. aviez. étiez.
ils blâmaient. avaient. étaient.

Parfait indéfini.

Le parfait indéfini marque une chose faite dans un temps qui n’est pas désigné, ou qui, s’il est désigné, n’est pas tout à fait écoulé : = notre pays a été le théâtre de bien des guerres sanglantes : = un habile marin a commandé cette année une escadre.

Parfait défini.

Le parfait défini marque une chose faite dans un temps qui est entièrement écoulé : = je reçus hier votre lettre.

Parfait antérieur.

Le parfait antérieur marque une chose faite avant une autre qui se fit dans un temps dont il ne reste plus rien : = je vis hier votre ami, après que je vous eus quitté.

Plus-que-parfait.

Le plus-que-parfait marque une chose qui était déjà faite, quand une autre s’est

Parfait indéfini.

j’ai blâmé. eu. été.
tu as blâmé. eu. été.
il a blâmé. eu. été.
nous avons blâmé. eu. été.
vous avez blâmé. eu. été.
ils ont blâmé. eu. été.

Parfait défini.

je blâmai. eus. fus.
tu blâmas. eus. fus.
il blâma. eut. fut.
nous blâmâmes. eûmes. fûmes.
vous blâmâtes. eûtes. fûtes.
ils blâmèrent. eurent. furent.

Parfait antérieur.

j’eus blâmé. eu. été.
tu eus blâmé. eu. été.
il eut blâmé. eu. été.
nous eûmes blâmé. eu. été.
vous eûtes blâmé. eu. été.
ils eurent blâmé. eu. été.

Plus-que-parfait.

j’avais blâmé. eu. été.
tu avais blâmé. eu. été.
il avait blâmé. eu. été.

faite : = j’avais achevé ma besogne, quand vous avez commencé la vôtre.

Conditionnel passé.

Le conditionnel passé marque une chose qui aurait été faite, si certaine condition avait eu lieu : = j’aurais lu votre ouvrage, si j’en avais eu le temps.

Futur simple.

Le futur simple marque une chose qui sera ou se fera : = la vertu sera récompensée.

Futur composé.

Le futur composé marque une chose qui aura été faite, quand une autre se fera : = j’aurai fini toutes mes affaires, quand vous me verrez partir.

nous avions blâmé. eu. été.
vous aviez blâmé. eu. été.
ils avaient blâmé. eu. été.

Conditionnel passé.

j’aurais ou j’eusse blâmé. eu. été.
tu aurais ou tu eusses blâmé. eu. été.
il aurait ou il eût blâmé. eu. été.
nous aurions ou nous eussions blâmé. eu. été.
vous auriez ou vous eussiez blâmé. eu. été.
ils auraient ou ils eussent blâmé. eu. été.

Futur simple.

je blâmerai. aurai. serai.
tu blâmeras. auras. seras.
il blâmera. aura. sera.
nous blâmerons. aurons. serons.
vous blâmerez. aurez. serez.
ils blâmeront. auront. seront.

Futur composé.

j’aurai blâmé. eu. été.
tu auras blâmé. eu. été.
il aura blâmé. eu. été.
nous aurons blâmé. eu. été.
vous aurez blâmé. eu. été.
ils auront blâmé. eu. été.

TROISIÈME MODE.

Impératif.

L’impératif exprime l’action d’une manière qui signifie le commandement, la prière, ou l’exhortation.

Présent ou Futur.

Ce temps marque un présent par rapport à l’action de commander, et un futur par rapport à la chose commandée : = soyez soumis aux puissances de la terre, veut dire ; vous serez soumis, etc.

QUATRIÈME MODE.

Subjonctif.

Le subjonctif exprime l’action d’une manière indirecte, et dépend tellement de ce qui le précède, que si on l’en sépare, il ne forme plus de sens clair.

Présent ou Futur.

Ce temps est appelé présent ou futur, parce qu’il s’emploie aussi souvent pour l’un que pour l’autre : = croyez-vous que votre frère vienne ? Le verbe vienne marque un présent, si l’on veut dire que votre frère est en chemin, et un futur, si l’on veut dire qu’il viendra.

La définition des trois temps suivants est la même que celle des pareils temps de l’indicatif.

TROISIÈME MODE.

Impératif.

Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille.
Ne dis plus, ô Jacob1, que ton Seigneur sommeille.
Pécheurs, disparaissez ; le Seigneur se réveille.

Présent ou Futur.

blâme. aie. sois.
qu’il blâme. ait. soit.
blâmons. ayons. soyons.
blâmez. ayez. soyez.
qu’ils blâment. aient. soient.

QUATRIÈME MODE.

Subjonctif.

Il faut que l’innocence soit justifiée. Si l’on supprimoit, il faut que, le reste n’aurait plus un sens déterminé.

Présent ou Futur.

que je blâme. aie. sois.
que tu blâmes. aies. sois.
qu’il blâme. ait. soit.
que nous blâmions. ayons. soyons.
que vous blâmiez. ayez. soyez.
qu’ils blâment. aient. soient.

Imparfait.

Il n’était pas nécessaire que vous vous en allassiez si promptement.

Parfait.

Cet homme est trop franc et trop sincère, pour qu’ il n’ ait point dit la vérité.

Plus-que-parfait.

Il a bien fallu que j’eusse terminé, à votre arrivée, une affaire d’une telle importance.

Imparfait.

que je blâmasse. eusse. fusse.
que tu blâmasses. eusses. fusses.
qu’il blâmât. eût. fût.
que nous blâmassions. eussions. fussions.
que vous blâmassiez. eussiez. fussiez.
qu’ils blâmassent. eussent. fussent.

Parfait.

que j’aie blâmé. eu. été.
que tu aies blâmé. eu. été.
qu’il ait blâmé. eu. été.
que nous ayons blâmé. eu. été.
que vous ayez blâmé. eu. été.
qu’ils aient blâmé. eu. été.

Plus-que-parfait.

que j’eusse blâmé. eu. été.
que tu eusses blâmé. eu. été.
qu’il eût blâmé. eu. été.
que nous eussions blâmé. eu. été.
que vous eussiez blâmé. eu. été.
qu’ils eussent blâmé. eu. été.

Ce verbe, que je viens de conjuguer, est actif. Pour en avoir le passif, il ne faudrait que mettre son participe (blâmé) après le verbe être dans tous ses temps : = je suis blâmé ; j’étois blâmé ; je serai blâmé, etc. Ce même verbe serait réciproque, si on le conjuguoit avec deux pronoms de la même personne ; comme je me blâme ; je me blâmais ; je me blâmerai, etc. Alors plusieurs de ses temps se conjugueraient avec le verbe être. Ainsi, dans l’infinitif, le parfait serait, s’être blâmé ; le gérondif passé, s’étant blâmé. Dans l’indicatif, le présent indéfini serait, je me suis blâmé ; le parfait antérieur, je me fus blâmé ; le plus-que-parfait, je m’étais blâmé ; le conditionnel passé, je me serais ou je me fusse blâmé le futur composé, je me serai blâmé. Dans l’impératif, on dirait blâme-toi, etc. Dans le subjonctif, le parfait serait, que je me sois blâmé ; le plus-que-parfait, que je me fusse blâmé.

Diverses conjugaisons des verbes.

Tous les verbes ne se conjuguent pas de la même manière. Cette différence des conjugaisons dépend de la différence qui se trouve dans les terminaisons de toutes les parties des verbes, et principalement dans celle de l’infinitif. Les différentes terminaisons de l’infinitif dans les verbes, se réduisent à quatre, qui forment autant de conjugaisons.

La première comprend les verbes, dont l’infinitif est terminé en er, = aimer. La seconde, ceux dont l’infinitif est terminé en ir, = punir. La troisième, ceux dont l’infinitif est terminé en oir, = recevoir. La quatrième, ceux dont l’infinitif est terminé en re, = rendre. On voit que le verbe que j’ai conjugué, est de la première conjugaison. Je vais, dans un même tableau, en présenter un de chacune des trois autres. Mais je ne mettrai que la première personne du conditionnel présent, de l’imparfait de l’indicatif, du futur simple, et des temps qui prennent le verbe avoir, parce que tous ces temps se conjuguent de même dans toutes les conjugaisons.

INFINITIF

Présent.

punir. recevoir. rendre.

Participe.

puni. reçu. rendu.

Parfait.

avoir puni. reçu. rendu.

Gérondif présent.

punissant. recevant. rendant.

Gérondif passé.

ayant puni. reçu. rendu.

INDICATIF

Présent absolu.

je punis. reçois. rends.
tu punis. reçois. rends.
il punit. reçoit. rend.
nous punissons. recevons. rendons.
vous punissez. recevez. rendez.
ils punissent. reçoivent. rendent.

Conditionnel présent.

je punirais. recevrais. rendrais.

Imparfait ou présent relatif.

je punissais. recevais. rendais.

Parfait indéfini.

j’ai puni. reçu. rendu.

Parfait défini.

je punis. reçus. rendis.
tu punis. reçus. rendis.
il punit. reçut. rendit.
nous punîmes. reçûmes. rendîmes.
vous punîtes. reçûtes. rendîtes.
ils punirent. reçurent. rendirent.

Parfait antérieur.

j’eus puni. reçu. rendu.

Plus-que-parfait.

j’avais puni. reçu. rendu.

Conditionnel passé.

j’aurais ou j’eusse puni. reçu. rendu.

Futur simple.

je punirai. recevrai. rendrai.

Futur composé.

j’aurai puni. reçu. rendu.

IMPÉRATIF

Présent ou Futur.

punis. reçois. rends.
qu’il punisse. reçoive. rende.
punissons. recevons. rendons.
punissez. recevez. rendez.
qu’ils punissent. reçoivent. rendent.

SUBJONCTIF

Présent ou Futur.

que je punisse. reçoive. rende.
que tu punisses. reçoives. rendes.
qu’il punisse. reçoive. rende.
que nous punissions. recevions. rendions.
que vous punissiez. receviez. rendiez.
qu’ils punissent. reçoivent. rendent.

Imparfait.

que je punisse. reçusse. rendisse.
que tu punisses. reçusses. rendisses.
qu’il punît. reçut. rendît.
que nous punissions. reçussions. rendissions.
que vous punissiez. reçussiez. rendissiez.
qu’ils punissent. reçussent. rendissent.

Parfait.

que j’aie puni. reçu. rendu.

Plus-que-parfait.

que j’eusse puni. reçu. rendu.

La conjugaison en ir, a trois branches, qui ne sont autre chose que des différences dans cette même conjugaison ; c’est-à dire, qu’outre les verbes en ir, qui sont entièrement semblables à celui que nous venons de conjuguer, il y en a de trois espèces, qui ont des terminaisons différentes aux mêmes temps et aux mêmes personnes. Tels sont les verbes suivants.

INFINITIF

Présent.

sentir. tenir. couvrir.

Participe.

senti. tenu. couvert.

Parfait.

avoir senti. tenu. couvert.

Gérondif présent.

sentant. tenant. couvrant.

Gérondif passé.

ayant senti. tenu. couvert.

INDICATIF

présent absolu.

je sens. tiens. couvre.
tu sens. tiens. couvres.
il sent. tient. couvre.
nous sentons. tenons. couvrons.
vous sentez. tenez. couvrez.
ils sentent. tiennent. couvrent.

Conditionnel présent.

je sentirais. tiendrais. couvrirais.

Imparfait ou Présent relatif.

je sentais. tenais. couvrais.

Parfait indéfini.

j’ai senti. tenu. couvert.

Parfait défini.

je sentis. tins. couvris.
tu sentis. tins. couvris.
il sentit. tint. couvrit.
nous sentîmes. tînmes. couvrîmes.
vous sentîtes. tîntes. couvrîtes.
ils sentirent. tinrent. couvrirent.

Parfait antérieur.

j’eus senti. tenu. couvert.

Plus-que-parfait.

j’avais senti. tenu. couvert.

Conditionnel passé.

j’aurais ou j’eusse senti. tenu. couvert.

Futur simple.

je sentirai. tiendrai. couvrirai.

Futur composé.

j’aurai senti. tenu. couvert.

IMPÉRATIF

Présent ou Futur.

sens. tiens. couvre.
qu’il sente. tienne. couvre.
sentons. tenons. couvrons.
sentez. tenez. couvrez.
qu’ils sentent. tiennent. couvrent.

SUBJONCTIF

Présent ou Futur.

que je sente. tienne. couvre.
que tu sentes. tiennes. couvres.
qu’il sente. tienne. couvre.
que nous sentions. tenions. couvrions.
que vous sentiez. teniez. couvriez.
qu’ils sentent. tiennent. couvrent.

Imparfait.

que je sentisse. tinsse. couvrisse.
que tu sentisses. tinsses. couvrisses.
qu’il sentît. tînt. couvrît.
que nous sentissions. tinssions. couvrissions.
que vous sentissiez. tinssiez. couvrissiez.
qu’ils sentissent. tinssent. couvrissent.

Parfait.

que j’aie senti. tenu. couvert.

Plus-que-parfait.

que j’eusse senti. tenu. couvert.

La conjugaison en re a quatre branches. Les voici :

INFINITIF

Présent.

craindre. plaire. réduire. paraître.

Participe.

craint. plu. réduit. paru.

Parfait.

avoir craint. plu. réduit. paru.

Gérondif présent.

craignant. plaisant. réduisant. paraissant.

Gérondif passé.

ayant craint. plu. réduit. paru.

INDICATIF

présent absolu.

je crains. plais. réduis. parais.
tu crains. plais. réduis. parais.
il craint. plaît. réduit. paraît.
nous craignons. plaisons. réduisons. paraissons.
vous craignez. plaisez. réduisez. paraissez.
ils craignent. plaisent. réduisent. paraissent.

Conditionnel présent.

je craindrais. plairais. réduirais. paraîtrais.

Imparfait ou Présent relatif.

je craignais. plaisais. réduisais. paraissais.

Parfait indéfini.

j’ai craint. plus. réduit. paru.

Parfait défini.

je craignis. plus. réduisis. parus.
tu craignis. plus. réduisis. parus.
il craignit. plut. réduisit. parut.
nous craignîmes. plûmes. réduisîmes. parûmes.
vous craignîtes. plûtes. réduisîtes. parûtes.
ils craignirent. plurent. réduisirent. parurent.

Parfait antérieur.

j’eus craint. plu. réduit. paru.

Plus-que-parfait.

j’avais. craint. plu. réduit. paru.

Conditionnel passé.

j’aurais ou j’eusse craint. plu. réduit. paru.

Futur simple.

je craindrai. plairai. réduirai. paraîtrai.

Futur composé.

j’aurai craint. plu. réduit. paru.

IMPÉRATIF

Présent ou Futur.

crains. plais. réduis. parais.
qu’il craigne. plaise. réduise. paraisse.
craignons. plaisons. réduisons. paraissons.
craignez. plaisez. réduisez. paraissez.
qu’ils craignent. plaisent. réduisent. paraissent.

SUBJONCTIF

Présent ou Futur.

que je craigne. plaise. réduise. paraisse.
que tu craignes. plaises. réduises. paraisses.
qu’il craigne. plaise. réduise. paraisse.
q. n. craignions. plaisions. réduisions. paraissions.
q. v. craigniez. plaisiez. réduisiez. paraissiez.
qu’ils craignent. plaisent. réduisent. paraissent.

Imparfait.

que je craignisse. plusse. réduisisse. parusse.
que tu craignisses. plusses. réduisisses. parusses.
qu’il craignît. plût. réduisît. parût.
q. n. craignissions. plussions. réduisissions. parussions.
q. v. craignissiez. plussiez. réduisissiez. parussiez.
qu’ils craignissent. plussent. réduisissent. parussent.

Parfait.

que j’aie craint. plu. réduit. paru.

Plus-que-parfait.

que j’eusse craint. plu. réduit. paru.

Voilà les onze conjugaisons (en y comprenant les quatre principales, qui sont comme la tige des sept autres) qu’on peut distinguer, et qu’on distingue en effet dans notre langue.

Il y a des verbes qu’on appelle verbes simples, d’autres qu’on appelle verbes composés. Les verbes simples sont ceux qui servent à en former d’autres. Les verbes composés sont ceux qu’on forme d’un verbe simple, en y ajoutant une ou plusieurs syllabes. Ainsi, permettre, promettre, commettre, compromettre, sont des verbes composés du verbe mettre.

Formation des temps et leurs terminaisons.

Les temps dans les verbes sont également simples ou composés. Les temps simples sont ceux qui n’empruntent aucun des temps des verbes auxiliaires, avoir, être ; = je finissais ; = il venait. Les temps composés sont, au contraire, formés de quelque temps de ces deux verbes auxiliaires et du participe : = j’avais fini ; = il était venu.

Parmi les temps simples, on appelle temps primitifs, ceux qui servent à former les autres. Ce sont le présent de l’infinitif, le participe, le gérondif, le présent absolu, et le parfait défini. Il ne sera pas inutile de rappeler ici ces cinq temps des quatre conjugaisons, et de leurs différentes branches.

1re Conjugaison.

Blâmer. Blâmé. Blâmant. Je blâme. Je blâmai.

2e Conjugaison.

Punir. Puni. Punissant. Je punis. Je punissai.

Branches de la 2e conjugaison.

Sentir. Senti. Sentant. Je sens. Je sentis.

Tenir. Tenu. Tenant. Je tiens. Je tins.

Couvrir. Couvert. Couvrant. Je couvre. Je couvris.

3e Conjugaison.

Recevoir. Reçu. Recevant. Je reçois. Je reçus.

4e Conjugaison.

Rendre. Rendu. Rendant. Je rends. Je rendis.

Branches de la 4e conjugaison.

Craindre. Craint. Craignant. Je crains. Je craignis.

Plaire. Plu. Plaisant. Je plais. Je plus.

Réduire. Réduit. Réduisant. Je réduis. Je réduisis.

Paraître. Paru. Paraissant. Je parais. Je parus.

Pour savoir conjuguer un verbe régulier, il suffit d’en connaître les cinq temps primitifs, et la manière dont les autres temps en dérivent. La voici. J’y joindrai les terminaisons propres aux temps simples : elles sont les mêmes dans tous les verbes.

Du présent de l’infinitif on forme le futur en changeant r ou re en rai, ras, ra, rons, rez, ront ; = Finir. Je finirai ; tu finiras ; il finira ; nous finirons ; vous finirez ; ils finiront ; = Rendre. Je rendrai ; tu rendras ; il rendra ; nous rendrons ; ils rendront.

Pour le conditionnel présent, on change r ou re en rais, rais, rait, rions, riez, raient ; = je finirais ; tu finirais ; il finirait ; nous finirions ; vous finiriez ; ils finiraient.

Cependant les verbes dont l’infinitif est en enir et en voir, font au futur, iendrai et vrai, et au conditionnel présent, iendrais et vrais ; = Tenir. Je tiendrai ; je tiendrais. = Recevoir. Je recevrai ; je recevrais.

Du participe on forme tous les temps composés, en y joignant les temps des verbes avoir ou être ; = j’ai aimé ; = je suis tombé.

Le gérondif sert à former les trois personnes plurielles du présent de l’indicatif. On change pour cela ant en ons, ez, ent ; = sentant. Nous sentons ; vous sentez ; ils sentent. On en forme encore l’imparfait de l’indicatif, = je sentais ; tu sentais ; il sentait ; nous sentions ; vous sentiez ; ils sentaient.

Si la première personne du présent de l’indicatif se termine en e, on ajoute une s pour la seconde : la troisième est semblable à la première ; = je frappe ; tu frappes ; il frappe. Ce serait une faute grossière de ne point mettre une s à la fin de la seconde personne. On doit donc bien se garder d’imiter ce poète, qui dit :

Car dans l’instant que tu combine
Quel est mon nom, mon origine, etc.

Il aurait fallu combines. Cette règle a lieu pour le présent et l’imparfait du subjonctif, dont la première personne se termine toujours en e.

Mais observons ici que quand on place le pronom je après la première personne, on change l’e muet en e fermé. Ainsi au lieu de dire : parle-je mal-à-propos ? puisse-je réussir ! dusse-je faire cela ; on dit et l’on écrit : parlé-je mal-à-propos ? puissé-je réussir ! dussé-je faire cela. De plus, si les pronoms on, il, elle, sont après une troisième personne du présent absolu, du futur, ou du présent du subjonctif, qui se termine par une voyelle, on ajoute un t avec un trait d’union entre le verbe et le pronom ; = aime-t-il l’étude ? viendra-t-on ? puisse-t-elle être heureuse !

Quand la première personne du présent de l’indicatif est terminée en s ou x, la seconde est semblable à la première ; et l’on change à la troisième s ou x en t : = je viens ; tu viens ; il vient : = je veux ; tu veux ; il veut. Si la première se termine en cs, ds, ou ts, on retranche s à la troisième : = je convaincs ; il convainc : = je prends ; il prend : = je combats ; il combat.

La seconde personne singulière, la première et la seconde plurielles de l’impératif, sont les mêmes que la première personne singulière, la première et la seconde plurielles du présent de l’indicatif. On supprime seulement le pronom personnel.

indic. je donne. nous donnons. vous donnez
impér. donne. donnons. donnez.

Mais quand la seconde personne singulière de l’impératif terminant en e, est suivie de y ou de en, elle prend une s : = donnes-en tant que tu voudras : = c’est une affaire importante, donnes-y tes soins.

De la troisième personne plurielle du présent de l’indicatif, se forment les troisièmes de l’impératif, les trois singulières, et la troisième plurielle du subjonctif.

indic. ils écrivent.
impér. qu’il écrive. qu’ils écrivent.
subj. que j’écrive. que tu écrives.
qu’il écrive. qu’ils écrivent.

La première et la seconde personne plurielles du présent du subjonctif, sont semblables aux deux mêmes personnes de l’imparfait de l’indicâtif.

Le parfait défini a quatre terminaisons, ai, is, us, ins.

je chantai ; tu chantas ; il chanta ; nous chantâmes ; vous chantâtes ; ils chantèrent.
je couvris ; tu couvris ; il couvrit ; nous couvrîmes ; vous couvrîtes ; ils couvrirent.
je reçus ; tu reçus ; il reçut ; nous reçûmes ; vous reçûtes ; ils reçurent.
je devins ; tu devins ; il devint ; nous devînmes ; vous devîntes ; ils devinrent.

Il sert à former l’imparfait du subjonctif, par le changement d’ai en asse pour la première conjugaison.

je chantasse ; tu chantasses ; il chantât ; nous chantassions ; vous chantassiez ; ils chantassent.

Et par l’addition de se pour les autres.

je couvrisse ; tu couvrisses ; il couvrît ; nous couvrissions ; vous couvrissiez ; ils couvrissent.
je reçusse ; tu reçusses ; il reçût ; nous reçussions ; vous reçussiez ; ils reçussent.
je devinsse ; tu devinsses ; il devînt ; nous devinssions ; vous devinssiez ; ils devinssent.

Verbes irréguliers, et verbes défectueux.

Un verbe, dont les cinq temps primitifs se terminent de la même manière que ceux de quelqu’une des quatre conjugaisons ou de leurs différentes branches, et dont les autres temps se forment suivant les règles que je viens d’exposer succinctement, est appelé verbe régulier. Un verbe au contraire, dont les temps primitifs ne se terminent pas de la même manière que ceux de quelqu’une des différentes conjugaisons, ou dont les autres temps ne se forment pas suivant les règles communes, est appelé verbe irrégulier. Celui auquel il manque certains temps, ou certaines personnes que l’usage n’admet pas, est appelé verbe défectueux.

Je crois qu’il serait superflu de conjuguer ici tous les verbes de ces deux dernières espèces. Il suffira de dire un mot des moins connus, concernant les temps, les personnes, les terminaisons qui peuvent embarrasser les jeunes gens. C’est ce que je vais faire, en suivant l’ordre des quatre principales conjugaisons.

Conjugaison en er.

Aller, fait au présent absolu, je vais, ou je vas, moins usité, tu vas, etc. La seconde personne de l’impératif est va, qui prend une s, lorsqu’il est suivi de y ; vas-y ; et un t, lorsqu’il est suivi de en ; va-t-en. Les temps composés se forment avec le verbe être et le participe allé, lorsqu’ils marquent que quelqu’un est ou était encore dans l’endroit dont on parle. Mais s’ils marquent qu’on n’est plus dans cet endroit, ils se forment avec le verbe avoir et le participe été. Alors il fait au parfait défini, je fus ; au plus-que-parfait, j’avais été, etc. Ainsi, il est allé à la campagne, signifie qu’il y est encore. Il a été à la campagne, signifie qu’il en est revenu.

Je dois observer ici que, quand ce verbe se conjugue avec un second pronom personnel et la particule en, cette particule précède toujours le verbe être dans les temps composés : s’en être allé : s’en étant allé : il s’en est allé : elles s’en sont allées. C’est le sentiment de l’Académie.

Envoyer, et ses composés, font au futur et au conditionnel présent, j’enverrai ; j’enverrois.

Dialoguer, suivant l’Académie, n’est guère d’usage qu’au passif : = cette scène est bien dialoguée.

Puer, fait au présent ; je pus, tu pus, il put, nous puons, vous puez, ils puent. Il n’a ni participe ni parfait défini.

Tisser (faire un tissu) et tistre (faire de la toile ou des étoffes, en entrelaçant les fils dont on doit les composer) font au participe tissu. Mais tistre n’est plus en usage qu’aux temps formés de son participe : = il a tissu du coton : il a tissu cette toile.

Conjugaison en ir.

Alourdir, suivant l’Académie, n’a guère d’usage qu’au participe et aux temps composés : = j’ai la tête alourdie : cela m’a tout alourdi.

Bénir, fait au participe béni, bénie. Mais il fait bénit, bénite, lorsqu’on parle de certaines choses, sur lesquelles la bénédiction du prêtre a été donnée : = du pain bénit ; de l’eau bénite.

Bouillir, fait au présent absolu, je bous, tu bous, il bout, nous bouillons, etc. Ébouillir, son composé, se conjugueroit de même. Mais, suivant l’Académie, il ne s’emploie guère qu’au présent de l’infinitif et au participe : = ne laissez point tant ébouillir le pot. Le pot est trop ébouilli.

Courir (quelquefois courre), et ses composés, font au futur et au conditionnel présent ; je courrai, je courrais. Les deux rr se prononcent.

Cueillir, et ses composés accueillir, recueillir, font au gérondif, cueillant ; au présent absolu, je cueille ; au futur et au conditionnel présent, je cueillerai, je cueillerais.

Faillir, participe failli, et son composé défaillir, ne sont guère d’usage qu’à l’infinitif, au parfait défini, je faillis, et aux temps composés.

Fleurir, fait au gérondif, fleurissant, et à l’imparfait de l’indicatif, fleurissais. Mais dans le sens figuré, c’est-à-dire, si l’on parle des arts et des sciences, il fait florissant, florissais : = la poésie et l’éloquence florissaient, ou étaient florissantes.

Gésir (être couché) n’est plus usité. On ne l’emploie qu’à la troisième personne du présent absolu. Il gît. Cependant on dit encore, nous gisons, vous gisez, ils gisent, il gisait.

Le gérondif gisant est aussi en usage.

Haïr. Participe, haï. Présent absolu, je hais, tu hais, il hait, qu’on prononce comme dans je fais, tu fais, il fait. La seconde personne de l’impératif, hais, n’est guère en usage, non plus que le parfait défini.

Ouïr. Participe, ouï. Parfait défini, j’ouïs. Imparfait du subjonctif, que j’ouïsse. Les autres temps simples n’en sont pas usités.

Quérir, n’a que le présent de l’infinitif avec les verbes aller, venir, envoyer : = aller quérir quelqu’un. Il m’est venu quérir. Je les ai envoyé quérir. Ses composés acquérir, enquérir, et requérir ont tous les temps. Participe, acquis. Gérondif, acquérant. Présent absolu, j’acquiers, nous acquérons, ils acquièrent. Futur, j’acquerrai, etc. Mais conquérir, autre verbe composé, ne s’emploie bien qu’au présent de l’infinitif ; au parfait défini, je conquis ; à l’imparfait du subjonctif, je conquisse ; et aux temps composés.

Saillir, signifiant jaillir, sortir avec impétuosité, n’a, suivant quelques grammairiens, que les troisièmes personnes de tous les temps. Mais, suivant l’Académie, il les a toutes : il fait au gérondif saillissant, et se conjugue comme punir.

Saillir, signifiant, en terme d’architecture, s’avancer en dehors, ne s’emploie qu’au présent de l’infinitif ; au gérondif, saillant, et aux troisièmes personnes. Présent absolu, il saille, ils saillent. Imparfait, il saillait. Futur, il saillera. Conditionnel présent, il saillerait. Subjonctif présent, qu’il saille. Imparfait, qu’il saillit. Ses composés, assaillir et tressaillir se conjuguent de même avec toutes les personnes. J’assaille, tu assailles, il assaille, etc. Ils ont de plus un participe, assailli, tressailli, et par conséquent tous les temps composés. Mais ils font au futur et au conditionnel présent, j’assaillirai, j’assaillirais ; je tressaillirai, je tressaillirais.

Vêtir. Participe, vêtu. Gérondif, vêtant. Présent absolu, je vêts, tu vêts, il vêt, nous vêtons, vous vêtez, ils vêtent. Mais le singulier de ce temps n’est guère en usage. Il l’est dans ses composés dévêtir, et revêtir, qui se conjuguent de même.

Conjugaison en oir.

Choir. Participe, chu. Les autres temps ne sont pas en usage.

Déchoir a tous les temps, excepté le gérondif et l’imparfait de l’indicatif. Participe, déchu. Présent absolu, je déchois, nous déchoyons. Parfait défini, je déchus. Futur, je décherrai. Conditionnel présent, je décherrais. Subjonctif présent, que je déchoie. Imparfait, que je déchusse. Échoir, gérondif, échéant, se conjugue de même, avec cette différence qu’au présent absolu la troisième personne, il échoit, ou il échet, est la seule usitée.

Mouvoir, participe mu. Gérondif, mouvant. Présent absolu, je meus, nous mouvons, ils meuvent. Imparfait, je mouvais, etc. Parfait défini, je mus, etc. Futur, je mouvrai. Conditionnel présent, je mouvrais. Subjonctif présent, que je meuve, que nous mouvions, etc. Imparfait, que je musse, etc. Conjuguez de même son composé émouvoir.

Savoir, participe su, fait au présent absolu, je sai, ou je sais, tu sais, etc. Je sache, présent du subjonctif, s’emploie quelquefois pour le présent de l’indicatif. On dit, suivant l’Académie, je ne sache personne ; je ne sache rien de si beau : pour dire, je ne connais personne ; je ne connais rien de si beau : mais il ne se dit jamais qu’avec la négation. Que je sache, se met à la fin d’une phrase : = il n’y a personne que je sache : = il n’a point été à la campagne, que je sache.

Seoir, signifiant être convenable, n’est plus en usage à l’infinitif (on peut, en certaines occasions, y substituer être séant). Il ne s’emploie qu’aux troisièmes personnes des temps suivants. Présent absolu, il sied, ils siéent. Imparfait, il seyait, ils seyaient. Futur, il siéra, ils siéront. Conditionnel présent, il siérait, ils siéraient. Subjonctif présent, qu’il siée, qu’ils siéent. Il a aussi le gérondif seyant.

Seoir, signifiant être assis, n’est plus en usage qu’au présent de l’infinitif ; au participe, sis ; et au gérondif, séant. Asseoir, son composé, se conjugue ainsi, suivant l’Académie. Participe, assis. Gérondif, asseyant. Présent absolu, j’assieds, tu assieds, il assied, nous asseyons, vous asseyez, ils asseyent. Imparfait, j’asseyais. Parfait défini, j’assis. Futur, j’asseyerai ou j’assiérai. Conditionnel présent, j’asseyerais ou j’assiérais. Impératif, assieds. Subjonctif présent, que j’asseye. Imparfait, que j’assisse. Conjuguez de même s’asseoir et se rasseoir. Mais, surseoir, se conjugue différemment. Participe, sursis. Gérondif, sursoyant. Présent absolu, je sursois. Imparfait, je sursoyais. Parfait défini, je sursis. Futur, je surseoirai. Conditionnel présent, je surseoirais. Impératif, surseois. Subjonctif présent, que je surseoie. Imparfait, que je sursisse.

Voir, et ses composés revoir, entrevoir, font au futur, je verrai, et au conditionnel présent, je verrais. Mais pourvoir et prévoir font, je pourvoirai, je prévoirai ; je pourvoirais, je prévoirais. Pourvoir, fait de plus au parfait défini, je pourvus, et à l’imparfait du subjonctif, je pourvusse.

Conjugaison en re.

Braire, ne se dit qu’au présent de l’infinitif ; aux troisièmes personnes du présent absolu, il brait, ils braient ; du futur, il braira, ils brairont, et du conditionnel présent, il brairait, ils brairaient.

Bruire, ne s’emploie qu’au gérondif, bruyant, et aux troisièmes personnes de l’imparfait de l’indicatif, il bruyait, ils bruyaient.

Clore. Participe, clos. Présent absolu, je clos, tu clos, il clôt. Le pluriel n’est pas en usage. Futur, je clorrai. Conditionnel présent, je clorrais. Impératif, clos, sans autres personnes. Enclore et reclore, se conjuguent de même. Éclore a aussi ses temps composés. Mais il n’est usité qu’aux troisièmes personnes dans les temps suivants. Présent absolu, il éclot, ils éclosent. Futur, il éclora, ils écloront. Conditionnel présent, il éclorait, ils écloraient. Subjonctif présent, qu’il éclose, qu’ils éclosent.

Conclure et exclure ont la même conjugaison, avec cette différence qu’exclure fait au participe exclus, excluse, ou exclu, exclue, tandis que conclure fait toujours conclu. Reclure (renfermer dans une clôture étroite et rigoureuse), n’a d’usage qu’à l’infinitif, et aux temps formés de son participe reclus, recluse.

Circoncire. Participe, circoncis. Parfait défini, je circoncis. Imparfait du subjonctif, que je circoncisse.

Confire. Participe confit. Parfait défini, je confis. Imparfait du subjonctif, que je confisse.

Coudre et ses composés découdre, recoudre. Participe, cousu. Gérondif, cousant. Parfait défini, je cousis. Imparfait du subjonctif, que je cousisse.

Croire. L’Académie écrit à l’impératif, crois, ou croi. Accroire, son composé, ne s’emploie qu’à l’infinitif, avec le verbe faire : = vous voudriez m’en faire accroire.

Dire, et son composé redire, font à la seconde personne plurielle du présent absolu, vous dites, vous redites. Mais contredire, dédire, interdire, médire et prédire, font vous contredisez, vous dédisez, vous interdisez, vous médisez, vous prédisez. Maudire, prend deux ss dans vous maudissez, ainsi que dans les autres temps et les autres personnes formées de cette manière.

Éprendre, s’éprendre (se laisser surprendre par une passion), n’a guère d’usage qu’au participe : = il est épris d’un fol amour pour cette femme.

Frire. Participe, frit. Présent absolu, je fris, tu fris, il frit, sans pluriel. Futur, je frirai. Conditionnel présent, je frirais. Impératif, fris, sans autres personnes. Les autres temps simples ne sont pas usités.

Luire et nuire font au participe lui et nui.

Moudre, et ses composés émoudre, remoudre. Participe, moulu. Présent absolu, je mouds, tu mouds, il moud, nous moulons, etc.

Paître, se conjugue comme repaître, qui est un verbe régulier. Mais il n’a ni participe (par conséquent point de temps composés), ni parfait défini ni imparfait du subjonctif. Ainsi, l’on ne pourrait pas dire j’ai pu, je pus, je pusse, comme l’on dit, j’ai repu, je repus, je repusse.

Poindre signifiant piquer, n’a guère d’usage, suivant l’Académie, qu’en cette phrase proverbiale : = oignez vilain, il vous poindra ; poignez vilain, il vous caressera. Poindre se disant du jour qui commence à paraître, et des herbes qui commencent à pousser, n’est guère usité qu’au présent de l’infinitif : = le jour ne faisait que poindre. Les herbes commencent à poindre.

Soudre, n’est en usage qu’au présent de l’infinitif ; et encore même est-il vieux : = soudre un problème, un argument (on ne dit plus que résoudre). Ses composés absoudre, dissoudre, font au participe, absous, dissous, féminin absoute ; au gérondif, absolvant ; au présent absolu, j’absous, tu absous, il absout, nous absolvons ; à l’imparfait, j’absolvais ; au futur, j’absoudrai ; au conditionnel présent, j’absoudrais ; à l’impératif, absous, qu’il absolve, et au subjonctif présent, que j’absolve. Ces verbes n’ont ni parfait défini, ni imparfait du subjonctif. Résoudre, qui se conjugue de même, a le parfait défini, je résolus, et l’imparfait du subjonctif, je résolusse. Il fait au participe, résolu, lorsqu’il signifie déterminé, décidé : = il a résolu la difficulté. Il fait résous, sans féminin, lorsqu’il signifie réduit, changé en quelque autre chose : = le soleil a résous la pluie en brouillard.

Traire, et ses composés abstraire, attraire, distraire, extraire, rentraire, retraire, soustraire, font au participe, trait ; au gérondif, trayant, et au présent absolu, je trais, tu trais, il trait, nous trayons. Ils n’ont ni parfait défini, ni imparfait du subjonctif.

Vivre, et ses composés revivre, survivre, font au participe, vécu. On ne dit plus au parfait défini, je véquis, je survéquis. Il faut dire, je vécus, je survécus.

Emploi des verbes avoir et être.

J’ai déjà dit que les verbes avoir et être servent à conjuguer, en grande partie, tous les autres. C’est ici le lieu de dire quel est l’emploi de ces deux auxiliaires.

On a vu que le verbe avoir est employé dans ses propres temps composés ; j’ai eu, j’avais eu ; dans ceux du verbe être ; j’eus été, j’aurais été, et dans ceux de tous les verbes actifs. Il est aussi employé dans les temps composés de la plupart des verbes neutres : = il a dormi ; ils avaient soupé ; nous aurions parlé ; vous avez couru, etc.

Le verbe être sert, comme je l’ai déjà dit, à conjuguer les verbes passifs dans tous les temps. Il sert aussi à conjuguer les temps composés de quelques verbes neutres, tels que aller, arriver, choir, déchoir, échoir, décéder, descendre, entrer, monter, mourir, naître, partir, rester, sortir, tomber, venir, et ses composés devenir, intervenir, parvenir, revenir et survenir ; mais subvenir prend toujours avoir ; = vous avez subvenu à votre ami dans ses besoins. Contrevenir prend avoir ou être ; = il prétendoit n’avoir point contrevenu, n’être point contrevenu à la loi.

Il y a des verbes neutres, qui, comme ces derniers, se conjuguent indifféremment avec avoir ou être. Tels sont aborder, accourir, périr, cesser, échapper, apparaître, comparaître, disparaître, croître, accroître, décroître, recroître, etc. Ainsi l’on peut dire, vous avez abordé ou vous êtes abordé. Nous avons accouru, ou nous sommes accourus. Il a péri, ou il est péri. Sa fièvre a cessé, ou est cessée.

Le cerf a échappé, ou est échappé aux chiens.

La rivière a cru ou est crue.

D’autres prennent être ou avoir, suivant leur signification et la manière dont ils sont employés ; en voici quelques-uns :

Accoucher, signifiant enfanter, est neutre, et prend être : = la femme de mon ami est accouchée heureusement. Il est actif, et prend avoir, lorsqu’il signifie, aider à une femme à accoucher : = cette sage-femme a accouché plusieurs dames.

Accroître, cesser, descendre, monter, sortir, verbes neutres, sont quelquefois employés comme verbes actifs ; et alors ils doivent se conjuguer avec avoir : = vous avez accru votre bien : = il a cessé ses plaintes : = on a descendu du vin à la cave : = l’horloger a monté la pendule : = vous avez sorti votre ami d’une affaire bien désagréable. Il en est de même du verbe échapper, lorsqu’il signifie éviter : = nous avons échappé un grand danger.

Convenir, signifiant être convenable, prend avoir : = ce jardin vous aurait convenu. Il prend être, quand il signifie être d’accord : = ils sont convenus du prix de cette maison.

Demeurer, signifiant faire sa demeure, prend être, quand il doit marquer qu’on est encore dans un lieu : = il est demeuré à Paris pour se former le goût. Il prend avoir, quand il marque qu’on n’est plus dans un lieu : = il a demeuré quelque temps à Rome. Demeurer, signifiant rester, prend toujours être : = il est demeuré deux mille hommes sur la place. Ainsi, Racine et Boileau ont fait une faute, en disant :

                                          Ma langue embarrassée
Dans ma bouche, vingt fois, a demeuré glacée.
Grand Roi, si jusqu’ici, par un trait de prudence,
J’ai demeuré, pour toi, dans un humble silence.

Il aurait fallu, est demeurée : je suis demeuré.

Expirer, suivant l’Académie, prend être, lorsqu’on parle d’une chose qui est finie, et qui avait une durée : = le temps est expiré : la trêve est expirée. Mais en parlant d’un homme qui vient de mourir, il faut dire ; il a expiré, et non, il est expiré. Ainsi, il y a une faute dans ce vers de Racine :

              Ce Héros expiré
N’a laissé, dans mes bras, qu’un corps défiguré.

Parce qu’on ne peut pas supprimer, avant le participe, le gérondif ayant, comme on supprime quelquefois le gérondif étant. De-là, l’abbé d’Olivet conclut que, ce héros expiré, n’est pas plus français, que ce héros parlé, pour ayant parlé.

Passer, suivi d’un nom substantif, prend avoir : = les troupes ont passé un grand fleuve : = elles ont passé par notre province. Ainsi, il y a une faute dans cette phrase : l’esprit de révolte n’était pas éteint : il était passé parmi de nouveaux factieux. Il fallait dire avait passé. Quand ce verbe n’est pas suivi d’un nom, il prend être : = l’armée est passée : ces fleurs sont passées. Cependant il prend avoir, quand il signifie être reçu : = ce mot a passé. Il prend indifféremment avoir ou être, quand il signifie mourir, expirer : = il a passé ou il est passé.

Rester, prend toujours, comme je l’ai déjà dit, le verbe être. Ne dites donc pas, avec deux écrivains modernes : combien de grands hommes, dont le nom a resté dans l’oubli ! = les ennemis, après avoir resté quelque temps dans l’irrésolution, rétrogradèrent lentement. Il fallait dire : est resté : être restés.

Voici une règle pour connaître les verbes neutres qui prennent, dans leurs temps composés, l’auxiliaire être, et ceux qui prennent avoir. Si le participe d’un verbe neutre peut être joint à un substantif, ce verbe se conjugue avec l’auxiliaire être. On dit, je suis tombé, elle est décédée, parce qu’on peut dire, un homme tombé, une femme décédée. Si le participe, au contraire, ne peut pas être joint à un substantif, le verbe se conjugue avec l’auxiliaire avoir. On dit, j’ai frémi ; elle a tremblé, parce qu’on ne peut pas dire, un homme frémi, une femme tremblée. Cette règle est généralement sûre : mais l’usage est ici le meilleur maître.

Article III.

Des autres parties de l’Oraison.

I.

De la Préposition.

Les prépositions sont des mots, qui marquent les différens rapports, c’est-à-dire, l’espèce de liaison et de relation, que les choses ont les unes avec les autres. Par exemple, si je dis simplement : le soleil brille ; les arts fleurissent ; votre frère est parti : je considérerai le soleil, les arts, votre frère, sans aucun rapport avec d’autres objets. Mais si je dis : le soleil brille sur nos contrées ; les arts fleurissent chez les peuples policés ; votre frère est parti pour la campagne ; j’exprimerai, par ces mots, sur, chez, pour, les rapports qu’il y a entre le soleil et nos contrées, les arts et les peuples policés, votre frère et la campagne. Par conséquent, ces mots, sur, chez, pour, sont des prépositions.

On peut voir, dans ces exemples, que les prépositions ne présentent seules et d’elles-mêmes, qu’un sens incomplet. Voilà pourquoi elles doivent être suivies de quelques mots, qui, en formant le sens entier, leur servent de complément. Ces mots en sont appelés le régime ; et les prépositions sont ainsi nommées, parce qu’on les place toujours avant ces mots qu’elles régissent.

Différentes espèces de prépositions.

Il serait bien difficile, ou du moins bien long, d’indiquer exactement les différentes espèces de prépositions. Il y en a autant qu’il y a de manières de considérer les choses, les unes à l’égard des autres ; et ces manières sont presque infinies. Je me bornerai donc à faire connaître celles que l’abbé Girard distingue.

Ce sont 1°. les prépositions qui marquent la place, et qui sont, chez, dans, sous, sur, devant, derrière, parmi, vers, etc. 2°. Celles qui marquent l’ordre, et qui sont, avant, après, entre, depuis, etc. 3°. Celles qui marquent l’union, et qui sont, avec, selon, suivant, par, outre, durant, pendant, etc. 4°. Celles qui marquent la séparation, et qui sont, sans, excepté, hors, hormis, etc. 5°. Celles qui marquent l’opposition, et qui sont, contre, malgré, nonobstant, etc. 6°. Celles qui marquent le but, et qui sont, envers, touchant, pour, etc. 7°. Celles qui marquent la spécification, c’est-à-dire, la manière d’exprimer et de déterminer, en particulier, une chose, et qui sont, à, de et en.

Il y a bien d’autres rapports qui peuvent être marqués par les prépositions ; et j’observerai qu’il arrive, bien souvent, que la même en indique plusieurs différents. En voici des exemples. Cela se fait par tout pays : ici par marque le lieu. Il l’a mené par la main : ici par marque l’endroit de la chose. Il se promène par la ville : ici par marque le mouvement. Il a entrepris un voyage par ce grand froid : ici par marque le temps. Il a fait cela par crainte, par haine : ici par marque la cause, le motif. Il est venu à bout, par ses flatteries, de captiver sa bienveillance : ici par marque le moyen. Il a dit cela par ironie : ici par marque la manière.

Quoique la préposition soit un mot simple, cependant ces expressions, à couvert de, en présence de, en dépit de, à cause de, et autres semblables, sont regardées comme des prépositions, qu’on appelle composées.

II.

De l’Adverbe.

L’Adverbe, différent de la préposition, n’est point susceptible de régime, et forme, de lui-même, un sens complet. Tels sont les adverbes généreusement, aujourd’hui, ici, qui signifient avec générosité, en ce jour, en ce lieu.

On définit l’adverbe, un mot qui sert à modifier la signification d’un autre mot auquel il a rapport. Modifier, qui signifie, en général, donner une manière d’être, signifie ici, déterminer la signification d’un mot, en exprimant quelque circonstance ou particularité qui accompagne ce mot. Si l’on dit, il faut s’occuper, la signification du mot s’occuper, sera simple et sans aucune circonstance. Mais si l’on dit, il faut s’occuper utilement, la signification de ce verbe sera modifiée, ou déterminée, par l’adverbe utilement, puisque celui-ci sera employé, pour faire entendre qu’il faut s’occuper d’une manière plutôt que d’une autre.

L’adverbe sert à modifier l’adjectif. = Ce dessein est parfaitement beau ; et quelquefois un autre adverbe : = Vous êtes mis trop richement. Mais il modifie plus souvent le verbe que les autres mots ; et c’est pour cette raison qu’il est appelé adverbe.

Différentes espèces d’adverbes.

On peut réduire toutes les espèces d’adverbes à cinq. Ce sont, 1°. les adverbes de manière, qui expriment la manière dont les choses se font ; comme amicalement, fortement, inconsidérément, modestement, patiemment, vivement, etc. ; 2°. les adverbes d’ordre qui expriment comment les choses sont arrangées : tels sont, premièrement, secondement, d’abord, ensuite, auparavant, etc. ; 3°. les adverbes de lieu, qui servent à marquer les situations ; comme, , ici, , dedans, dehors, dessus, dessous, partout, etc. Je comprends dans ceux-là les adverbes de distance, près, loin ; 4°. les adverbes de temps, qui expriment quelques circonstances, ou rapports de temps ; comme, hier, autrefois, aujourd’hui, demain, désormais, tard, matin, souvent, quelquefois, ordinairement, incessamment, toujours, jamais, etc. ; 5°. les adverbes de quantité, qui servent à marquer une quantité, ou un nombre ; comme, assez, suffisamment, trop, peu, beaucoup, guère, plus, moins, davantage, infiniment, autant, pas, point, etc.

L’adverbe est, comme la préposition, un mot simple. Cependant on met au nombre des adverbes, qu’on appelle composés, ces expressions, pour le présent, à l’avenir, tour à tour, tout à fait, mal à propos, à contretemps, etc.

Formation de l’adverbe.

La plupart des adjectifs ont chacun leur adverbe, qui se forme 1°. du masculin, lorsqu’il se termine par une voyelle, en y ajoutant ment : = utile, utilement ; vrai, vraiment ; ingénu, ingénument ; aisé, aisément ; poli, poliment ; infini, infiniment, etc. Mais l’adjectif gentil, fait gentiment, et impuni fait impunément.

2°. Du féminin, quand l’adjectif se termine au masculin par une consonne : = doux, douce, doucement ; bon, bonne, bonnement ; franc, franche, franchement ; civil, civile, civilement, etc.

Les adjectifs lent, lente ; présent, présente, suivent cette règle, et font lentement, présentement. Mais les autres terminés en ent et ant, changent les deux dernières lettres nt en mment : = prudent, prudemment ; élégant, élégamment.

III.

De la Conjonction.

Les conjonctions sont des mots qui servent à lier d’autres mots, ou les différentes parties du discours. J’en vais citer des exemples, en faisant connaître les diverses espèces de conjonctions que distinguent les grammairiens. Ils en comptent jusqu’à douze.

Différentes espèces de conjonctions.

1°. Les conjonctions copulatives qui lient les mots avec affirmation, ou avec négation, et qui sont, et, ni : = La science et la vertu sont estimables : = Il ne faut ni trop se livrer aux plaisirs honnêtes, ni s’en abstenir entièrement.

2°. Les augmentatives, qui lient en ajoutant à ce qui précède, et qui sont, de plus, d’ailleurs, encore, etc. = Mangez de ce fruit : il est agréable au goût ; de plus, il est bon pour la santé. = Ce n’est pas assez de fuir le vice, il faut encore pratiquer la vertu.

3°. Les alternatives, qui lient, soit en laissant la liberté du choix entre plusieurs choses ; soit en substituant positivement, dans cette offre, une chose au défaut d’une autre ; soit en présentant plusieurs choses qui agissent continuellement l’une après l’autre. Ces conjonctions sont, ou, sinon, tantôt : = Il faut que dans l’instant même, vous accordiez ou vous refusiez ce que l’on vous demande : = Obéissez ; sinon vous serez puni : = L’homme inconstant veut tantôt une chose, tantôt une autre.

4°. Les hypothétiques, qui lient par supposition, ou en marquant une condition, et qui sont, si, soit, pourvu que, quand, sauf, etc. : = Nous remporterons la victoire, si nous sommes bien commandés, ou, pourvu que nous soyons bien commandés : = L’homme sage est toujours le même, soit dans la prospérité, soit dans l’adversité.

5°. Les adversatives, qui lient deux propositions, en marquant l’opposition de la seconde à la première, et qui sont, mais, quoique, cependant, pourtant, néanmoins, toutefois, etc. : = Votre ami est vif ; mais il est sensible et bon : = Cette affaire n’est pas bien sérieuse ; il ne faut pourtant pas la négliger.

6°. Les extensives, qui lient en étendant le sens, et qui sont, jusque, encore, aussi, même, enfin, etc. : = Ce vin est clair, et bon jusqu’à la lie : = Il faut aimer tout le monde, même ses ennemis.

7°. Les périodiques, qui lient en marquant le temps, et qui sont, quand, lorsque, tandis que, etc. : Nous sentons moins la chaleur du soleil, quand il est plus près de nous.

8°. Les motivales, qui lient en exprimant la cause, et qui sont, afin, parce que, puisque, car, etc. : = Allons nous promener, puisque le temps est beau.

9°. Les conclusives, qui lient en exprimant une conséquence qu’on tire d’une proposition, et qui sont, donc, ainsi, partant, etc. : = La vertu seule peut faire notre bonheur : donc nous devons la préférer à tout.

10°. Les explicatives, qui lient en expliquant, et qui sont, comme, savoir, surtout, etc. : = Il y a trois vertus théologales, savoir, la foi, l’espérance et la charité : = Cet homme est propre à bien des choses, surtout aux négociations.

11°. Les transitives, qui lient en passant d’une chose à une autre, et qui sont, or, au reste, pour, quant, etc. : = Tous les arts sont estimables : or la peinture est un art : = La nouvelle de la victoire est sûre : quant au nombre (ou) pour le nombre des morts, on ne le sait pas positivement.

12°. La conductive, qui lie en conduisant le sens à sa perfection : c’est que : = Il n’est pas douteux que l’étude de notre langue ne soit des plus nécessaires : = Rien de si agréable que de converser avec des gens instruits : = Si vous venez, et que nous soyons seuls, nous lirons l’ouvrage de votre ami.

Je dois observer ici qu’une conjonction se rapporte bien souvent à plusieurs espèces, suivant le sens dans lequel elle est employée : = Comme vous êtes honnête homme, vous ne manquerez pas à votre parole : = C’est une affaire très importante : aussi devons-nous y apporter tous nos soins. Dans ces phrases, comme et aussi sont des conjonctions motivales : = Tout s’est passé comme on vous l’a dit. Ici, comme est une conjonction explicative : = Les ennemis se sont retirés en désordre : ils nous ont aussi abandonné leur artillerie. Ici, aussi est une conjonction extensive.

Il en est de la conjonction, comme de la préposition et de l’adverbe. Quoiqu’elle soit un mot simple et unique, il y a beaucoup d’expressions qu’on regarde comme des conjonctions composées. Telles sont, à la bonne heure, à la vérité, après que, au cas que, aussi bien que, attendu que, c’est pourquoi, de sorte que, par conséquent, si ce n’est que, supposé que, etc.

IV.

De la Particule ou Interjection.

Les particules ou interjections sont des mots, dont nous nous servons, pour exprimer un mouvement ou un sentiment de notre âme, soit de joie, soit de tristesse, soit de crainte, soit d’aversion, etc. Tels sont les mots ha, bon, aïe, ouf, hélas, , fi, etc. On s’en sert aussi pour exciter, encourager, avertir, appeler, etc., comme, ça, allons, courage, gare, holà, hem, etc.

Le mot que est souvent particule, et marque l’admiration, le reproche, le commandement, le souhait : = Que la campagne est belle ! = Que n’obéissez-vous ? = Que chacun fasse son devoir. = Que tous vos désirs soient accomplis.

De est appelé particule en bien des circonstances, comme on aura occasion de le voir.

Récapitulation des huit parties de l’oraison.

Telles sont les huit espèces de mots qui composent le discours, et dont on ne saurait trop bien retenir les définitions que je vais rappeler ici.

Le nom désigne les objets (c’est le substantif), ou en exprime quelque qualité (c’est l’adjectif).

L’article tire les noms d’une signification vague, pour leur en donner une précise et déterminée.

Le pronom tient la place d’un nom, en rappelle l’idée, et en fait éviter la répétition.

Le verbe exprime une action produite par un principe spirituel, ou par un principe matériel.

La préposition marque les différents rapports que les choses ont les unes avec les autres.

L’adverbe modifie la signification d’un autre mot, en exprimant quelque circonstance ou particularité qui accompagne ce mot.

La conjonction sert à lier les mots, ou les différentes parties du discours.

L’interjection exprime un mouvement ou un sentiment de notre âme.