(1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Préface de la première édition. » pp. -
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(1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Préface de la première édition. » pp. -

Préface de la première édition.

Un Auteur qui produit un Ouvrage sur une matière que tant d’autres Écrivains ont traitée, s’impose l’obligation de dire pourquoi il le fait. Voici en peu de mots les raisons qui m’engagent à publier celui-ci.

Chargé d’enseigner les Belles-Lettres Françaises aux Cadets Gentilshommes de l’École Royale Militaire, je me suis attaché à leur donner des notions générales, mais précises, de tous les objets importants qu’elles renferment, et qu’il n’est pas permis à l’homme du monde d’ignorer. J’ai commencé par les Principes de l’Art d’écrire ; principes que je fais consister dans la correction, dans les agréments, dans la chaleur et la véhémence du style. Pour les leur développer, il a fallu leur apprendre quelles sont les lois que nous prescrit notre langue, quels sont les ornements dont on peut embellir le discours, et en quoi consiste l’éloquence. À ces trois points, qui font la division de la première Partie, j’ai cru devoir ajouter des Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres, et sur le cérémonial qu’on y observe.

En entrant dans le vaste champ des productions littéraires, j’ai présenté un tableau raccourci des quatre siècles, appelés par excellence les siècles des Arts. J’ai tâché d’exposer avec précision et avec clarté les règles des différents Ouvrages en prose ; du Discours oratoire en général, des Discours sacrés, des Discours du barreau, des Discours académiques, des Discours politiques, du genre historique, des Ouvrages didactiques, du Roman : et, après quelques notions préliminaires sur la versification française et sur la poésie en général, j’ai tracé les règles des différents Ouvrages en vers ; de tous ceux qui peuvent être compris sous le titre de Poésies fugitives ; des petits Poèmes et des grands Poèmes.

J’ai cité des exemples, même en assez grand nombre. On sait que les jeunes gens en sont avides : ils les dévorent, quand ils sont bien choisis. D’ailleurs les bons exemples offrent tantôt de belles idées, qui ne peuvent qu’enrichir l’esprit, tantôt de grands sentiments, propres à former le cœur, et contribuent toujours infiniment à épurer le goût. Il était également essentiel de faire connaître les meilleurs modèles en tous les genres ; et, dans cette vue, j’ai terminé chaque article par une notice plus ou moins longue des plus célèbres Écrivains, soit anciens, soit modernes.

Telle est la marche que j’ai suivie dans mes leçons, et tel est le plan de cet ouvrage. On a jugé qu’un des moyens d’accélérer les progrès des Cadets Gentilshommes, serait de le leur mettre entre les mains imprimé. D’un autre côté, des Gens de lettres ont pensé que la jeunesse, et même les personnes dont l’éducation a été négligée, pourraient en retirer quelque avantage. C’est ce qui m’a déterminé à le rendre public, disposé à profiter, le mieux qu’il me sera possible, des observations judicieuses de la critique. Si la voix de cette critique doit être écoutée par un Auteur qui écrit pour sa propre gloire, elle doit l’être encore davantage par celui qui a principalement écrit pour l’instruction des jeunes gens.