Chapitre VIII.
Épître.
L’épître est une lettre en vers qui peut prendre tous les tons, depuis le plus familier jusqu’au plus élevé. Il n’est pas de sujet qu’elle ne puisse faire entrer dans son domaine. Horace, dans une épitre à Auguste, développe d’excellents principes de littérature ; Boileau raconte le passage du Rhin sur le ton de l’épopée ; Gresset déroule toutes les grâces de son vers facile dans la description de sa Chartreuse.
L’épître, selon le ton et le sujet qu’elle choisit, se distingue en épitre sérieuse et en épitre familière. L’épître sérieuse est rapide, animée, concise, mais toujours relevée par une tournure piquante et ingénieuse. L’épitre familière prend un air de négligence et de liberté ; elle badine agréablement, elle sème partout la saillie, les traits d’esprit et la grâce. Voltaire est inimitable dans ce dernier genre. Quant au style de l’épitre, il doit, comme le caméléon, prendre la couleur de chaque objet qu’il touche.
On nomme héroïde une sorte d’épitre où figurent des héros animés de quelque passion : telles sont les Héroïdes d’Ovide. L’héroïde est souvent élégiaque.
Il y a aussi des épîtres mêlées de prose, où l’auteur cherche à briller par la délicatesse et la grâce25.