(1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300
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(1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300

Chapitre XXI.

des figures

D’abord pourquoi ce mot de figures ?

On en a donné plusieurs définitions96. Sans prétendre en présenter une nouvelle, je crois pouvoir définir les figures des formes particulières de langage qui manifestent l’idée d’une manière plus noble, plus énergique, plus élégante que les formes ordinaires, ou qui indiquent mieux que celles-ci le mouvement de la pensée et la vue de l’esprit. Cette physionomie distincte que prend la pensée dans les figures permet par là même de les reconnaître et de les classer. Comme lorsqu’il se trouve dans une foule de peuple des soldats en uniforme, vous les distinguez immédiatement et les rapportez aux divers corps auxquels ils appartiennent ; ainsi, dans un livre ou dans un discours, vous reconnaissez à certains signes caractéristiques une métaphore, une apostrophe, une hyperbole, etc. ; les mots ou les phrases dont elles se composent ont une forme ou figure qui leur est propre, toujours la même et ne se confondant pas avec d’autres.

Il est inutile de dire que le jeune rhétoricien ne doit pas ignorer le vocabulaire du langage figuré. Que tous ces termes de synecdoque, de catachrèse, d’antonomase, etc., aient quelque chose de pédantesque et de barbare, que certains rhéteurs les aient multipliés outre mesure, en subdivisant sans nécessité les espèces, je n’en disconviens pas ; mais ce n’est pas un motif pour affecter à l’égard de cette nomenclature un dédain déplacé. Est-ce pédantisme que de ne pas vouloir s’exposer à prendre, comme Pradon, la métonymie et la métaphore pour des termes de chimie ?

La connaissance des figures ajoute un charme de plus aux beautés du langage. « Dans les champs et dans les jardins, dit M. Geruzez, les fleurs plaisent à l’ignorant comme au botaniste par leur parfum et l’éclat de leurs couleurs ; mais le naturaliste qui sait leurs noms, qui connaît leurs familles, les retrouve comme de vieilles connaissances avec un sentiment qui tient de l’amitié. La rhétorique sera pour les fleurs du langage qu’on appelle figures ce que la botanique est pour les fleurs des champs et des jardins. »

L’étude théorique des figures est done indispensable à tout homme bien élevé ; l’étude pratique l’est plus encore à l’écrivain. Arrêtons-nous sur ce point.

Molière a dit dans le Misanthrope :

Ce style figuré, dont on fait vanité,
Sort du bon caractère et de la vérité ;
Ce n’est que jeux de mots, qu’affectation pure,
Et ce n’est pas ainsi que parle la nature.

Sans doute le sonnet d’Oronte et les façons de dire des marquis de Mascarille n’étaient point le langage des honnêtes gens du xviie  siècle, et ce n’est pas ainsi que parlaient Montausier, Boileau ou Fénelon ; mais, loin d’être un résultat du raffinement social, ce que les rhéteurs nomment en généra le style figuré est si bien dans la nature, qu’on ne rencontre guère de peuple primitif qui n’en use et n’en abuse en toute occasion. La Sacountala du théâtre indien, les auteurs des Ghazel arabes, des Rosiers persans, des Guzla illyriques, les prophètes d’Israël, les bardes scandinaves, les chefs des tribus mexicaines ou canadiennes, ne chantent, ne pleurent, ne racontent, ne louent et ne maudissent qu’avec une inépuisable profusion de figures. Dans les sociétés civilisées, ce style est plus familier aux diverses conditions, à mesure qu’elles s’éloignent moins de l’état sauvage, de ce que l’on est convenu d’appeler l’état de nature. « Métaphore, allégorie, métonymie, ce sont, dit Montaigne, titres qui touchent le babil de votre chambrière. » Selon Quintilien, en effet, le style figuré, et surtout la partie de ce style qui se rattache à la similitude, nous est si naturel, que les ignorants eux-mêmes en font un fréquent usage sans le savoir : translatio ita est ab ipsa nobis concessa natura, ut indocti quoque ac non sentientes ea frequenter utantur 97

D’où vient donc que le style figuré se présente ainsi tout à la fois comme naturel et comme opposé à la nature ? Cette contradiction n’est qu’apparente, et il est aisé de l’expliquer. Si l’on peut en effet hasarder quelques conjectures sur les origines du langage, on est porté à croire que les hommes n’ont point donné arbitrairement et au hasard des noms aux objets qui les frappaient le plus vivement et le plus souvent. Il est probable que ces noms ont été en grande partie déterminés par ce penchant à l’imitation, à l’observation des rapports et des similitudes, qu’Aristote proclame le père des arts, et par cette liaison des idées, ce réveil de l’une par l’autre, qui est aussi un des éléments de notre nature intellectuelle. Ainsi tout objet rendant un son quelconque a été représenté par un mot analogue au son produit : le serpent a sifflé, le bourdon a bourdonné, l’onde a murmuré, le tonnerre a grondé. La première de toutes les figures, chronologiquement parlant, est l’onomatopée, c’est-à-dire l’imitation du son naturel par le son articulé. Elle a presque devancé la parole, et les premiers vocabulaires n’auraient été, sans doute, qu’un recueil d’onomatopées.

Un acte souvent répété, une habitude, un effet toujours identique observé dans un être quelconque, ont donné à cet être son nom. On prétend qu’en sanscrit le mot employé pour désigner la grenouille signifie littéralement sauteur ; pour l’abeille, suce-fleur ; pour l’oiseau, hôte de l’air ; pour le nuage, verse-eau, et ainsi de suite. Et nous remarquons encore aujourd’hui un procédé pareil dans les noms propres des sauvages.

Cette nomenclature par similitude s’est étendue à plus forte raison aux idées abstraites ; les mots consacrés à leur expression ont été dérivés du nom des choses sensibles avec lesquelles on leur trouvait quelque analogie. Le courage de l’homme a rappelé celui du lion, et l’on a donné à l’homme brave et fort le nom de lion ; on a été enflammé de colère, quand on s’est aperçu que cette passion produisait dans tout notre être quelque chose d’analogue à la sensation physique éprouvée au contact de la flamme. Les noms consacrés aux objets matériels ont sans doute précédé ceux qui expriment les abstractions, comme dans le discours les gestes ont précédé la parole, comme les hiéroglyphes ont précédé l’écriture alphabétique. Voilà l’origine réelle du style figuré, voilà comment on peut dire qu’il est éminemment naturel.

A mesure que l’homme a découvert un plus grand nombre d’objets, à mesure que des rapports plus multipliés avec ses semblables ou avec ces objets ont fait naître en lui des sentiments nouveaux, il lui a fallu créer des mots pour rendre les uns et les autres, et il a procédé à ces nouvelles créations par la méthode déjà employée. « Dans toutes les langues, dit Voltaire, le cœur brûle, le courage s’allume, les yeux étincellent ; l’esprit est accablé, il se partage, il s’épuise ; le sang se glace, la tête se renverse ; on est enflé d’orgueil, enivré de vengeance, etc. »

A ce penchant à l’imitation et à l’association, première source du style figuré, ajoutez la puissante influence qu’une imagination encore vierge et des passions libres et naïves exerçaient sur l’homme primitif. Celle fraîcheur d’émotions que faisait naître en lui le spectacle tout neuf des phénomènes du monde extérieur, ce relief énergique de sentiment que le frottement social n’avait point encore usé, donnaient à son expression un coloris, une vivacité, un pittoresque, une spontanéité de rapprochements, une énergie de tours qui nous semblent aller jusqu’à l’exagération.

D’une autre part, la stérilité forcée du langage naissant, la paresse d’invention naturelle au sauvage et à l’habitant de la zone tropicale, la commodité qu’il trouvait à employer les mots existants en les détournant de leur sens primitif, au lieu de prendre la peine d’en créer de nouveaux, tout contribua à donner un plus grand développement au langage figuré, et c’est ainsi qu’à l’onomatopée et à la métaphore se joignirent tout naturellement l’hyperbole, la prosopopée, l’apostrophe, l’inversion, la catachrèse, etc.

Mais plus le besoin multiplia et par là même facilita le travail, tant intellectuel que matériel, plus les langues se perfectionnèrent avec la civilisation. Elles devinrent tout à la fois plus abondantes et plus précises. On préféra la netteté du mot propre à l’éclat ou au piquant du rapprochement, on demanda à chaque idée son expression individuelle. En même temps, la raison mieux exercée par l’expérience et l’analyse dissipa les illusions de l’imagination. Celle-ci se blasa peu à peu sur des phénomènes dont la nouveauté avait pu enthousiasmer le monde enfant, mais avec lesquels l’habitude la familiarisait, tandis que la science les lui expliquait98. L’allusion avait toujours eu le défaut d’être un peu vague, elle eut celui de devenir commune. Les passions, de leur côté, apprivoisées par les relations plus étendues et plus suivies des hommes entre eux, refrénées par les lois, les coutumes, les bienséances sociales, perdirent de l’énergie de leurs manifestations. On accusa la métaphore de vulgarité, l’hyperbole, l’exclamation, l’apostrophe multipliées, de mauvais ton ; ceux qui avaient l’esprit droit et juste et le sentiment des convenances s’éloignèrent du style figuré des premiers âges, non point qu’il ne fût naturel, mais parce qu’il ne l’était plus. En user c’était retourner aux hiéroglyphes après l’invention de l’écriture.

Il en est de ce langage comme de la poésie dont il est un des caractères distinctifs. A mesure qu’un peuple s’éclaire et vieillit, la littérature tourne à la prose. La poésie est la langue des enfants et des dieux, la prose est celle des hommes. Si parfois la poésie fait encore entendre de nos jours une voix aussi pure et aussi brillante que dans les temps antérieurs, ce ne sont que des accents personnels, en quelque sorte, presque toujours sans écho, perdus dans la foule qui ne les écoute pas, et auxquels renonce le poëte lui-même, à mesure qu’il avance dans la société et se mêle à la vie active et réelle. Walter Scott, le barde écossais, a fini par d’admirables romans et de mauvaises histoires, et si lord Byron eût vécu plus longtemps, la seconde partie de ses œuvres se composerait sans doute de discours au parlement, de compositions historiques et d’impressions de voyage, comme il est avenu de Lamartine et de Victor Hugo.

Les réflexions qui précèdent éclairciront ce que j’ai à dire du style figuré. Si l’on n’en perd de vue ni l’origine, ni la nature, il sera facile d’en apprécier le but, d’en déterminer et d’en limiter l’usage, d’en saisir et d’en signaler les défauts. Remarquons d’abord qu’il est un assez grand nombre de figures dont il suffit de connaître la nomenclature, dont il ne reste plus rien à dire dès qu’on en a exposé la définition et l’étymologie, parce qu’elles ne comportent que certaines phrases stéréotypées, en quelque sorte, par l’usage, des espèces d’idiotismes dont il n’est pas permis de s’écarter ; parce que, en un mot, elles ne sont, comme je l’expliquerai plus tard, que des catachrèses. Celles-là, si notre définition est exacte, méritent à peine le nom de figures. Car, puisqu’elles sont forcées et imposées par la langue, comment donneraient-elles au discours l’énergie, l’élégance, la nouveauté ? Les figures vraiment dignes de ce titre sont celles qui se reproduisent à chaque pas sous une foule de formes diverses, que l’écrivain peut traiter librement, manier à son gré, et dont par là même l’emploi est soumis à des règles et prête aux observations du rhéteur, la métaphore, par exemple, la périphrase, l’antithèse, etc. Celles-là doivent être soigneusement étudiées.

Bien que nous venions en effet de constater les modifications et les restrictions que les progrès de la raison et de la langue apportent à l’usage des figures, cela ne signifie, en aucune façon, qu’il faille les bannir du style. Elles sont fondées, nous l’avons dit aussi, sur des qualités ou des besoins de notre nature, penchant à l’imitation, association d’idées, imagination, passion, etc. ; leurs avantages, sous ce rapport, sont incontestables. Réveiller une idée principale au moyen d’idées accessoires, déguiser des pensées tristes, pénibles, inconvenantes même, mais indispensables au sujet, enrichir la langue par des alliances de mots inattendues, donner au style, soit par le piquant des rapprochements et des oppositions, soit par le tour et le mouvement de la phrase, plus de clarté, d’énergie, d’élégance, de vivacité, de noblesse, de nouveauté, d’intérêt : voilà des mérites que nous leur reconnaissons avec tous les critiques. Sans les figures, le langage, sec et incolore, peut parler encore à la raison, mais il laisse l’imagination froide et inanimée. Sans les figures, des idées peut-être, mais point de style ; une esquisse, mais point de tableau ; du dessin, mais point de couleur ; il ne faut donc pas en négliger l’étude. Loin de là ; plus le temps en a rendu l’emploi difficile, plus elles exigent de soins et d’attention.

Dès les temps les plus anciens, les rhéteurs étaient divisés sur les genres, les espèces, le nombre, le nom même des figures ; ces questions étaient, au siècle de Quintilien, une source intarissable de chicanes et de subtilités, et l’on ne s’accorde guère mieux aujourd’hui. Ce que les uns nomment hypallage, les autres l’appellent métonymie ; certaines synecdoques, qui chez ceux-ci restent synecdoques, deviennent métonymies ou antonomases chez ceux-là. Ajoutez que souvent une locution unique comprend en elle plusieurs figures, comme nous avons remarqué plus haut que les divers topiques rentrent souvent l’un dans l’autre. Les rhéteurs les plus sensés de l’antiquité latine, Cicéron même et Quintilien, ont beaucoup trop multiplié les figures, et souvent ont donné ce nom à ce qui fait le fond de l’idée et n’a rien de figuré, c’est-à-dire rien qui s’écarte du langage ordinaire ou de l’expression propre. Leur excuse est, comme ils nous l’apprennent eux-mêmes, que leurs prédécesseurs et leurs contemporains, Visellius, Rutilius, Cécilius, Cornificius, Celsus et tant d’autres avaient été beaucoup plus loin, et rangeaient parmi les figures presque toutes les partie ; du discours, ou plutôt le discours tout entier, sentences, narration, confirmation, etc.

Quoi qu’il en soit, voici le système le plus généralement adopté jusqu’ici pour les divisions et subdivisions de figures :

On les partage en figures de mots et figures de pensées.

Les figures de mots affectent uniquement l’expression. Elles comprennent :

1° Les figures de diction ou de grammaire qui modifient la forme matérielle des mots ;

2° Les figures de construction ou de syntaxe qui modifient leur arrangement ;

3° Les figures de mots proprement dites, soit que les vocables y conservent leur signification essentielle, soit qu’ils y prennent un autre sens que leur sens primitif, ce que l’on nomme aussi tropes.

Les figures de pensées tiennent uniquement à l’idée, quels que soient d’ailleurs les mots qui la rendent99.

En général, comme je l’ai déjà dit, je fais assez bon marché des nomenclatures, persuadé que dans toutes les sciences de création humaine et qui n’ont point pour objet la nature réelle, le point essentiel est de bien saisir le fond des idées, et laissant d’ailleurs aux gens du métier liberté entière de ranger et de classer à leur goût. Je ne puis cependant omettre ici quelques observations.

D’abord il me semble que ce qu’on appelle figures de diction doit être complétement relégué dans la grammaire. Les modifications qui n’affectent que le matériel du signe par des additions, des retranchements ou des déplacements de lettres, n’appartiennent pas plus aux figures, que les altérations semblables produites dans le corps des mots par les règles des déclinaisons et des conjugaisons100.

Ensuite, la seconde classe des figures de mots, où la construction seule est modifiée, devrait comprendre l’apostrophe, l’exclamation et autres formes que l’on a mal à propos rangées parmi les figures de pensée, puisque l’idée n’y est pas plus affectée que le mot, et que tout leur artifice ne consiste que dans le tour ou le mouvement donné à la phrase.

Enfin, à propos de la troisième classe de figures de mots, je demanderai comment on peut donner ce nom à celles où les vocables conservent leur signification essentielle ; s’il n’y a point certaines figures qui portent à la fois sur le sens et sur le signe de l’idée ; si la métaphore, figure de mots, n’affecte pas la pensée, en la rapprochant d’une autre, en la doublant en quelque sorte, tandis que la métonymie et la synecdoque, comme il sera prouvé plus tard, ne sont et ne peuvent être, d’après leur racine même, que des figures de mots ; si l’apostrophe, figure de pensée, n’affecte pas le mot, en modifiant son inflexion ; si l’antithèse n’appartient pas évidemment aux deux classes, puisqu’elle oppose les mots aux mots, aussi bien que les pensées aux pensées ; s’il n’eût pas fallu par conséquent ajouter à cette nomenclature une catégorie de figures mixtes, amphibies, pour ainsi dire, qui touchent à la fois et à la pensée et aux mots, et souvent même au tour de la phrase.

Je ne prétends établir aucun système, mais il me semble que l’on pourrait en trouver un plus rationnel.

Si, au lieu de nous préoccuper de l’élément du discours, mot, pensée, tour ou construction, qu’affectent les figures, nous pénétrons dans leur essence même, et ne nous attachons qu’à leur but et aux moyens employés pour y arriver, nous verrons que, destinées à donner au langage l’énergie, l’élégance, la variété, l’intérêt, elles y parviennent par un des moyens suivants :

1° En rapprochant deux idées, pour en faire mieux sentir ou la ressemblance, ou l’opposition : à la première classe appartiennent toutes les formes de la comparaison, métaphore, métonymie, synecdoque, allégorie, allusion, hyperbole, litote, métalepse, prosopopée, etc. ; à la seconde, l’antithèse, l’ironie, la correction, la prétérition, etc. ;

2° En développant ou en abrégeant l’expression de l’idée : on la développe par toutes les variétés de l’amplification, périphrase, synonymie, gradation, pléonasme, répétition ; on l’abrége par la disjonction, l’ellipse, la syllepse, l’anacoluthe ;

3° Enfin, en changeant la forme de l’idée, et en substituant à l’énonciation simple ou régulière l’interrogation, l’exclamation, l’apostrophe, l’hyperbate, la suspension, etc.

Ainsi, on pourrait ranger toutes les figures sous cinq grandes bannières que j’appellerai :

Trope et antithèse ;

Pléonasme et ellipse ;

Mutation ou inversion.

Avant d’entrer dans les détails, et sans vouloir, je le répète, imposer mon système, je recommanderai seulement à celui qui étudie les figures, d’abord, de ne point perdre de vue dans son travail la division que je viens d’indiquer, d’en vérifier l’exactitude par l’examen des faits, et, à mesure que se présente un terme nouveau, de le ramener sous ce que j’ai appelé sa bannière ; cette attention lui facilitera l’intelligence et le souvenir de chaque figure ; ensuite de mettre à part, d’un côté, celles qui ne sont, selon la remarque consignée plus haut, que des idiotismes consacrés par l’usage, de simples catachrèses, n’admettant par conséquent aucun précepte, aucune modification, en un mot, choses de mémoire et de théorie ; de l’autre, celles qui sont entièrement abandonnées au libre arbitre de l’écrivain, et par là même obligent le rhéteur à en régler l’emploi, à en déterminer les limites, choses de réflexion et de pratique.