(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « [6] » p. 
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(1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « [6] » p. 

NOTE SUR L’EXTRAIT DE LA POLITIQUE.

De chants qui jettent l’âme dans un religieux délire.] Les lexiques ne citent pas un second exemple de ce verbe ἐξοργιάζω, et beaucoup d’interprètes l’entendent dans le sens de calmer le délire. Mais le verbe ἐξοργίζω, qu’on trouve plus souvent, et, entre autres auteurs, dans Xénophon, a toujours le sens d’exciter, jeter dans le délire. G. Budé, qu’a suivi H. Estienne, avait donc tort de traduire ἐξοργιάζω par : « Ad sacra suscipienda præparo, ad sacrorum cultum expio, et idoneum reddo. » Le sens que j’adopte et que M. Weil a fort bien défendu, dans son mémoire Sur l’effet de la Tragédie selon Aristote (Bâle, 1848), s’accorde d’ailleurs et avec l’analogie grammaticale dans les verbes tels que ἐξαλλάττω, ἐξαϰολουθέω, ἐϰπίνω, έϰπίμπλημι, etc., et avec l’ensemble de la théorie aristotélique, telle que nous l’avons exposée dans notre Essai sur l’Histoire de la Critique, p. 180 et suiv. Batteux, qui a traduit deux fois ce passage d’Aristote, s’est d’abord conformé pour le mot en question au latin de Budé (Les quatre Poétiques, t. I, p. 234)  la seconde fois (De la Poésie dramatique, II, 4, t. III des Principes de la Littérature), il s’est dispensé de le traduire.