Chapitre XXVI.
La moins chargée.] Ἠττον φορτιϰή. « Celle qui se fait avec le moins
d’embarras. » (Racine.)
— Cf. Politique, VIII, 5 : Ol
μὲν φορτιϰωτέρας ἔχουσι τάς ϰινήσεις, οἱ δὲ ἐλευθεριωτέρας ibid., 6,
fin : ἀρετή est opposé à φορτιϰὴ ἡδονἠ ibid., 7 : Θεατὴς
διττός• ὁ μὲν ἐλεύθεοος ϰαὶ πεπαιδευμένος,... ὁ δὲ φορτιϰὸς ἐϰ βαναύσων ϰαὶ
θητῶν ϰαὶ ἄλλων τοιούτων συγϰείμενος. Ce sens du mot φορτιϰός se trouve déjà
dans Platon.
Des gens meilleurs.] La déclamation et l’action théâtrale
semblent donc à Aristote des moyens grossiers de produire l’intérêt. Voyez
plus haut la fin du chap. vi et le commencement du
chap. xiv. Il se plaint ailleurs (chap. xiii du mauvais goût des auditeurs. Cette plainte a été
souvent renouvelée depuis. « J’avouerai, dit Lopez de Véga, que j’ai
travaillé quelquefois (cinq ou six fois, dit-il plus bas,
sur 483 comédies) selon les règles de l’art. Mais quand j’ai vu des monstres
spécieux triompher sur notre théâtre, et que ce triste travail remportait
les applaudissements des dames et du vulgaire, je me suis remis à cette
manière barbare de composer, renfermant les préceptes sous clef toutes les
fois que j’ai entrepris d’écrire, et bannissant de mon cabinet Térence et
Plaute, pour n’être pas importuné de leurs raisons. » (Livre cité,
p. 249.)
On peut voir dans la Poétique de La Mesnardière (préface) avec
quel mépris un pédant du xvii
e siècle
traitait le public des théâtres. D’Aubignac, plus poli que La Mesnardière,
avoue qu’il écrit « pour faire connaître au peuple l’excellence de
l’art des poëtes et pour lui donner sujet de les admirer, en lui montrant
combien il faut d’adresse, de suffisance et de précautions pour achever des
ouvrages qui ne donnent à nos comédiens que la peine de les réciter et qui
ravissent de joie ceux qui les écoutent. » (Pratique du théâtre, I, 2.)
On peut comparer encore Gravina, Della Ragione poetica, I, 14 : del
Giudizio popolari.
Pirouettent.] Κυλίεσθαι pour ϰυλίνδεσθαι. Voyez d’autres exemples : Politique VI, 4 Histoire des Animaux, V, 19 Questions de mécanique, chap. viii.
La Scylla.] Voyez plus haut, chap. xv.
Myniscus.] Ou Mynniscus, de Chalcis, acteur célèbre, sur lequel on trouve un témoignage de Platon le comique dans Athénée, VIII, p. 344 E. L’auteur anonyme de la Vie d’Eschyle, le cite, en altérant son nom, comme un des acteurs employés par ce poëte.
Callippide.] Voyez Xénophon, Banquet, III, 11 Athénée, XII, p. 531 D etc.
Pindarus.] Acteur sur lequel il n’existe aucun autre témoignage. Harles, d’après Sylburg et Batteux, propose de lire Τινδάρου. Ritter : Θεοδώρου, nom d’un acteur cité par Aristote (Rhét., iii, 2), et par Plutarque (Si un vieillard doit s’occuper du gouvernement de l’État).
En récitant des chants épiques.] Ῥαψωδοῦντα. Comparez la Rhétorique, III, 1. Aristote ne semble pas ici bien d’accord avec lui-même car, plus bas, il distingue l’épopée de la tragédie, en ce que la première n’a point de mise en scène ni de musique. Cf. plus haut, p. 70. Sur la rhapsodie, voyez Denys le Thrace, chap. vi, et ses commentateurs.
Sosistrate et Mnasithée.] Personnages inconnus d’ailleurs.
En chantant.] Διᾴδοντα désigne plus spécialement un dialogue chanté, ou une lutte entre deux chanteurs. Voyez Théocrite, V, 22 et cf., dans un Lexique publié dans les Anecdota de Bekker, tome I, p. 37 : διᾴσασθαι, τὸ διαμιλλήσασθα ἐν ᾠδῆ τινι.
Du mètre épique.] Exemple dans Euripide, Troyennes, v. 590-595.
L’étendue de son imitation est plus restreinte.] Comparez le mot malicieux de Xanthias dans les Grenouilles d’Aristophane, v. 798 : Τί δέ; μειαγωγήσουσι τὴν τραγφδίαν
La leçon ἀναγνώυσει pour ἀναγνωρίσει est fort séduisante. On traduirait
alors : « à la lecture comme à la représentation »
;
mais l’idée de lecture est déjà exprimée, six lignes plus
haut, par les mots διὰ τοῦ ἀναγιγνώσϰειν, en opposition avec la
représentation sur un théâtre. Il est donc prudent de ne rien changer.
Nous n’en dirons pas davantage, etc.] Cette conclusion justifie assez bien l’opinion des éditeurs qui, comme Vettori, ont cru que nous avions là le premier livre d’un grand ouvrage d’Aristote sur la Poétique. Voyez l’Essai sur l’Histoire de la Critique, p. 137 et suiv.