Chapitre XXIII.
Un ensemble dramatique.] Comparez, plus haut, le chapitre viii, et, pour plus de détails, les auteurs analysés par Goujet, Bibliothèque française, t. III, p. 153-180. Les controverses modernes ont entièrement renouvelé ce sujet. Voyez : Villemain, Littérature du moyen âge, xi e leçon, et Littérature du xviii e siècle, Ire partie, viii e leçon Sainte-Beuve, Portraits contemporains et divers, t. III : Homère, Apollonius de Rhodes Fauriel, Histoire de la Poésie provençale (Paris, 1846) etc.
Le combat naval de Salamine, etc.] Voy. des exemples analogues de synchronisme dans : Hérodote, VII, 166 Plutarque, Questions symposiaques, VIII, 1 Diodore, XI, 24, et le fragment 137e de l’historien Timée.
Ramener à une juste mesure, etc.] Après μετριάζοντα on attendait ποιεῖν, ἂτε. Mais telle est la concision habituelle du style d’Aristote qu’il n’est peut-être pas nécessaire de supposer ici une altération du texte par la faute des copistes.
Il a employé beaucoup d’épisodes.] Ἐπεισοδίοις ϰέχρηται αὐτῶν πολλοῖς.
« Pronomen αὐτῶν adhuc explicare nemo ita potuit, ut linguæ græcæ
legibus satisfaceret. Victorius et Hermannus belli Trojani partes ab Homero
omissas designari putant, sed id quo modo fieri possit neuter explicuit.
Hermannus auctoris negligentiam agnoscit alii conjecturis sanare
locum tentaverunt. Mihi hæc vox plane supervacua casu illata videtur
esse : nimirum adversus απολαϐών in margine aliquis posuit αὐτῶν, isque
intellexit μερῶν τοῦ πολέμου, ex præcedente ἓν μέρος, ut ne lectorem fugeret
quo ἀπολαϐών referendum esset. » (Ritter.)
Le catalogue des vaisseaux, etc.] Voici sur ce sujet une curieuse observation
du Tasse, à propos de quelques stances de son quatrième chant, qu’on lui
avait reprochées comme suspendant d’une manière désagréable l’action du
poëme « Che cinque o sei stanze si spendino fuor
dell’ azione principale e senza parlar punto di lei, non veggio come possa
parere strano a coloro, i quali mettono la favola dell’ Iliade non nella
guerra Trojana, ma nell’ ira d’Achille, e che credono esser vero quello che
dice Aristotile, che i due cataloghi, l’un de’ quali segue all’ altro, siano
episodi nell’ Iliade ch’episodi essi non sarebbono, se la guerra
Trojana fosse la favola, oltre molte altre ragioni, che ciò provano, delle
quali ne’ miei Discorsi : perchè se così è, sta talora per molti libri
intieri sospesa nell’ Iliade la favola principale. » (Lettere poetiche,
14 mai 1575.)
Les chants Cypriaques, etc.] Voyez sur ces poëmes, qui faisaient partie du Cycle épique, outre les ouvrages déjà cités, celui de Welcker, Der epische Cyclus.
Un ou deux sujets de tragédies.] Aristote veut dire que chacun de ces deux
poëmes pourrait être resserré en une tragédie ou tout au plus divisé de
manière à former deux tragédies (ce que Dacier montre bien dans ses
Remarques) autrement il serait contredit par l’histoire même du
théâtre grec, où l’on peut signaler encore aujourd’hui, après tant de
pertes, plusieurs tragédies tirées de l’Iliade, plusieurs tirées de
l’Odyssée. De l’Iliade : Les Myrmidons, les Néréides, les Phrygiens ou
la Rançon d’Hector, la Psychostasie, d’Eschyle les Phrygiens et le
Chrysès, de Sophocle le Rhésus d’Euripide peut-être aussi le
Bellérophon du même poëte, puisque cette histoire se trouve racontée dans
l’Iliade. De l’Odyssée : les Convives, la Pénélope, la Circé,
d’Eschyle la Nausicaa et les Phéaciens, drames satyriques de
Sophocle, lequel, même, selon la remarque de son biographe anonyme,
« transcrit l’Odyssée dans beaucoup de ses drames »
; enfin
le Cyclope d’Euripide, drame satyrique. Tout cela sans parler des tragiques
du second ordre. Mais la différence, qu’il y avait à cet égard entre les
deux poëmes d’Homère et les autres poëmes du Cycle épique, c’est que les
deux premiers ne fournissaient que d’une façon très-sommaire les sujets de
tragédie développés par Eschyle, Sophocle et Euripide tandis que les
autres épopées, ayant moins d’unité, se décomposaient naturellement et sans
peine en
plusieurs tragédies. Cela ressort très-bien de
l’exemple donné plus bas par Aristote : les sujets traités dans les
huit ou dix tragédies qu’il cite, se succédaient, sans se tenir par le lien
d’une véritable action dramatique, et avec des développements à peu près
égaux, dans les poëmes où les auteurs tragiques les avaient pris pour les
mettre sur la scène. Ces réflexions montrent, je pense, comment la fin de ce
chapitre se rattache au commencement. Ritter essaye vainement de mettre en
doute l’authenticité des dernières lignes depuis Τοιγαροῦν jusqu’à
Τρῳάδες.
Plus de huit.] Il ne faut donc pas s’étonner, comme fait Ritter, si l’on trouve ci-dessous neuf ou dix titres de tragédies.
Le Jugement des armes.] Sujet traité par Eschyle, et d’après lui, en latin, par Accius et par Pacuvius. Voy. Hermann, Opuscules, VII, p. 362.
Néoptolème.] Sujet traité par Sophocle, sous le titre des Scyriens ou des Scyriennes, et par Nicomaque.
Eurypyle.] Eurypyle, fils de Télèphe, allié des Troyens, fut tué par Néoptolème devant Troie (Petite Iliade, livre ii, selon l’analyse de Proclus). On ignore quel poëte avait tiré de ce sujet la matière d’une tragédie.
Le Mendiant.] En grec, la Mendicité. Ulysse s’introduisant dans Troie sous le costume d’un mendiant, reconnu par Hélène, réussissant, par son secours, à s’échapper pour revenir avec Diomède enlever le Palladium : tel est le sujet de cette pièce, dont l’Odyssée (IV, 252-264 cf. Euripide, Hécube, v. 239) pouvait aussi fournir le plan. On ne sait pas par quel auteur elle avait été traitée, ni même si le mot Πτωχεια en est le titre ou en indique seulement le sujet.
Les Lacédémoniennes.] Ce n’était peut-être que la dernière partie de l’épisode précédent, où les servantes de la suite d’Hélène aidaient Ulysse et Diomède dans l’enlèvement du Palladium. Sophocle avait composé sous ce titre une pièce dont il ne reste que trois courts fragments.
La prise de Troie et le départ.] Peut-être faut-il voir là deux titres distincts. Sur le premier, voyez plus haut, p. 112. L’Hécube et les Troyennes d’Euripide peuvent donner une idée du sujet de ces tragédies.
Sinon.] Sujet traité par Sophocle. L’Épéus d’Euripide devait offrir à peu près la même fable, Épéus étant l’artiste qui fabriqua le fameux cheval de bois par conséquent cet épisode, comme aussi sans doute celui des Troyennes, qui termine l’énumération d’Aristote, devrait être placé avant la Prise de Troie. Les trois dernières tragédies peuvent d’ailleurs se rapporter aussi bien à l’Ἰλίου πέρσις d’Arctinus, qui faisait également partie du Cycle. Il n’est pas inutile de remarquer que l’auteur n’épuise pas ici l’énumération des pièces qui se rattachaient à la Petite Iliade par exemple, il omet la folie et la mort d’Ajax, dont Sophocle a tiré un de ses chefs-d’œuvre. Voy., pour plus de détails, le livre de Welcker, Tragédies grecques dans leur rapport avec le Cycle épique.