Chapitre IX.
Plus profond.] Φιλοσοφώτερον. Morale Eudém., I, 6 : Оὐ χρǹ νοµίζειν περίεργον εὶναι τǹν τοιαύτην θεωρίαν, δι’ ής οὐ µόνον τò τί φανερόν, ἀλλὰ ϰαὶ τò δια τί. Φιλόσοφον γὰρ τò τοιοũτο περὶ ἑϰάστην µέθοδον.
Plus sérieux.] Ʃπουδαιότερον. Morale Nicom., VI, 7 : Ἄτoπον γὰρ εἰ τις τὴν πολιτιϰὴν ἣ τὴν φρόνησιν σπουδαιοτάτην οῖεται εῖναι, εἰ µὴ τò ἄριστον τῶν ἐν ϰόσµψ ὁ ἄνθρωπóς ἐστι. Strabon fait peut-être allusion à la Poétique, lorsque, dans son Ier livre, il écrit, à propos d’Ératosthène : Оὐδὲ γὰρ ἀληθές ἐστιν, ὅ φησιν Ἐρατοσθένης, ὅτι ποιητὴς πãς στοχάζεται ψυχαγωγίας, οὐ διδασϰαλίας τἀναντία γὰρ οἱ φρονιµώτατοι τῶν περὶ ποιητιϰñς τι φθεγξαµένων πρώτην τινὰ λέγουσι φιλοσοφίαν τὴν ποιητιϰήν Polybe (Histoire, II, 56) compare, d’une façon peu instructive d’ailleurs, l’histoire à la tragédie, pour en marquer les différences.
Mme Dacier, Préface de sa trad. de l’Odyssée, p. vi
(édition 1716) : « Je tâcherai de prouver la vérité de ce
sentiment d’Aristote que la poésie d’Homère est plus grave et plus morale
que l’histoire. »
La poésie met ensuite des noms propres.] Cf. plus bas le chap. xvii, et le fragment d’Antiphane, traduit dans l’Histoire
de la Critique, p. 43. On trouve aussi quelques idées analogues dans la
Rhétorique attribuée à Denys d’Halicarnasse, chap. xi, § 2. — « Bref, c’est (le poëte) un homme le
quel comme une mouche à miel délibe et suce
toutes fleurs, puis
en fait du miel et son profit selon qu’il vient à propos. Il a pour maxime
très-nécessaire en son art, de ne suivre jamais pas à pas la vérité, mais la
vraysemblance et le possible : et sur le possible et sur ce qui peut se
faire, il bastit son ouvrage, laissant la véritable narration aux
Historiographes qui poursuivent de fil en esguille, comme on dit en
proverbe, leur subject entrepris du premier commencement jusques à la
fin. »
(Ronsard, Préface de la Franciade.) Il se souvient évidemment
d’Aristote, quoiqu’il ne le nomme pas mais l’avait-il bien compris
lorsqu’il ajoute, plus bas (p. 16, éd. 1604) : « Or
imitant ces deux lumières de poésie (Homère et Virgile), fondé et appuyé sur
nos vieilles Annales, j’ay basti ma Franciade sans me soucier si cela est
vrai ou non, ou si nos roys sont Troyens ou Germains, Scythes ou
Arabes : si Francus est venu en France ou non : car il y pouvoit
venir : me servant du possible et non de la vérité. C’est le fait d’un
historiographe d’esplucher toutes ces considérations et non aux poëtes qui
ne cherchent que le possible, etc. »
?
Noms historiques.] En grec : γƐνομένων δνομάτων. Ma traduction dissimule un peu malgré moi cet abus du verbe γίνƐσθαι, que les anciens reprochaient déjà aux philosophes du Lycée. Voyez un fragment du Cléophane d’Antiphane dans Athénée, III, p. 98, 99 et comparez dans Aristote le commencement du livre sur Xénophane, où, du reste, la sécheresse du style est plus facile à excuser que dans une Poétique.
La Fleur d’Agathon.] Malheureusement le témoignage d’Aristote est la seule
trace qui reste aujourd’hui de cette pièce dans les écrits des
anciens. — Lessing, dans sa Dramaturgie, va plus loin qu’Aristote
et soutient que la tragédie a le même droit que la comédie sur les sujets
d’invention mais l’histoire du théâtre moderne, ainsi que celle du
théâtre grec, confirme la judicieuse réserve de notre philosophe. Déjà
Balzac, dans sa célèbre Lettre à Scudéri au sujet du Cid, disait
prudemment : « Aristote blâme la Fleur d’Agathon, quoiqu’il dise
qu’elle fût agréable et l’Œdipe peut-être n’agréoit pas,
quoiqu’Aristote l’approuve. Or, s’il est
vrai que la
satisfaction des spectateurs soit la fin que se proposent les spectacles, et
que les maîtres mêmes du métier aient quelquefois appelé de César au peuple,
le Cid du poëte français ayant plu aussi bien que la Fleur du poëte grec, ne
seroit-il point vrai qu’il a obtenu la fin de la représentation, et qu’il
est arrivé à son but, encore que ce ne soit pas par le chemin, ni par les
adresses de la Poétique ? »
« Les modernes ont, encore plus fréquemment que les Grecs, imaginé des
sujets de pure invention. Nous eûmes beaucoup de ces ouvrages du temps du
cardinal de Richelieu c’était son goût, ainsi que celui des
Espagnols il aimait qu’on cherchât d’abord à peindre les mœurs et à
arranger une intrigue, et qu’ensuite on donnât des noms aux personnages,
comme on en use dans la comédie : c’est ainsi qu’il travaillait
lui-même, quand il voulait se délasser du poids du ministère. Le Venceslas
de Rotrou est entièrement dans ce goût, et toute cette histoire est
fabuleuse… Un sujet de pure invention, et un sujet vrai, mais ignoré, sont
absolument la même chose pour les spectateurs et comme notre scène
embrasse des sujets de tous les temps et de tous les pays, il faudrait qu’un
spectateur allât consulter tous les livres avant qu’il sût si ce qu’on lui
représente est fabuleux ou historique. Il ne prend pas assurément cette
peine il se laisse attendrir quand la pièce est touchante, et il ne
s’avise pas de dire en voyant Polyeucte : « Je n’ai jamais entendu parler
de Sévère et de Pauline ces gens-là ne doivent pas me
toucher. » (Voltaire, Dissertation sur la tragédie, en tête de sa
Sémiramis.)
Même observation dans Marmontel, au mot Vraisemblance.
Ne sont connus que du petit nombre.] Diderot emprunte cette réflexion ainsi que beaucoup d’autres à la Poétique (De la Poésie dramatique, § 10).
Les fables et les actions simples.] Απλοì offre ici une difficulté, car il
semble anticiper sur la définition qui ne sera donnée qu’au chapitre x. Hermann transporte, en conséquence, tout le paragraphe
dans le chapitre x. Castelvetro a proposé assez
heureusement de lire άπλώς, mot souvent employé dans Aristote pour xαθόλου.
Le sens deviendrait :
« Parmi les fables, en général
(qu’elles soient historiques ou inventées par le poëte), les moins bonnes,
etc. »
Épisodiques.] ’ΕπƐισοδιώδη. Le même mot se retrouve dans la Métaph., XII, 10 XIV, 3. Aristote emploie beaucoup les adjectifs de ce genre par exemple▶ : γƐώδης, Problèmes, X, 43 νƐυρώδης, δστώδης, σαρχώδης, ibid., X, 41 φλƐγματώδης, Hist. des Animaux, VI, 20 φυσώδης, ibid., VIII, 26 χƐρατώδης, ibid., VIII, 28 πυρώδης, Sur le Mouv. des Animaux, X σοφισματώδης, Topiques, VIII, 6 αίνιγμα-τώδης, Rhétorique, II, 21 παραδƐιγματώδης, ibid., I, 2 II, 25. Les formes en Ɛιδής ne lui sont pas moins familières, ◀par exemple : νƐφροβιδής, Hist. des Animaux, VI, 22 δμοƐιδής, Métaphysique, VII, 7 θυμοƐιδής, Analytiques post. II, 7 etc.
Pour plaire aux acteurs.] « On voit que ce n’est pas d’aujourd’hui que
l’on s’est plaint de l’inévitable tyrannie qu’exercent sur un artiste ceux
qui sont les instruments uniques et nécessaires de son art. » (La
Harpe, Analyse de la Poétique d’Aristote.)
Aristote dit encore, Rhétorique,
III, 1 : ΜƐίζον δύνανται νūν των ποιητών οί ύποχριταί. Il ne faut donc
pas lire ici χριταί pour ύποχριταί, quelque séduisante que cette leçon
puisse paraître. Un ancien biographe de Sophocle dit que ce poëte composa
souvent des caractères tragiques pour la convenance de ses acteurs, et
Aristophane nous est représenté comme vivant en grande intimité avec les
deux acteurs Callistrate et Philonide. Cf. Cicéron, Des Devoirs, I, 31.
Pour le succès du jour.] Αγωνίσματα. Thucydide, I, 22 : Κτημά τƐ ές άƐì
μάλλον ή άγώνισμα ές τδ παράχρημα ξúγχƐιται. Quintilien, X, 1, § 31 :
« Historia scribitur ad narrandum non ad probandum, totumque opus non
ad actum rei pugnamve præsentem, sed ad memoriam posteritatis et ingenii
famam componitur. » Cf. Suétone, Caligula, ch. lii.
. — Le plus ancien des traducteurs français, de
Norville, est ici celui qui se rapproche le plus du sens d’Aristote :
« Comme ils font des pièces qui doivent être représentées et disputer
le prix, etc. »
Et celles-ci, etc.] Nous avons pensé avec Vahlen qu’une lacune est ici plus probable qu’une transposition. Hermann : Τοūτα δέ γίγνƐται μάλιστα τοιαūτα, όταν γένηται παρά τήν δόξαν, χαì μάλλον δταν δι’ άλληλα, et il marque une lacune après le dernier mot. Batteux proposait déjà un changement analogue. Le plus simple serait peut-être de mettre μάλλον à la place de μάλιστα, et vice versa. De même, Hist. des Animaux, IX, 1 : μάλλον.…. χαι μάλιστα. Cf. De l’Ame, I, 2 : xαί μάλιστα χαι πρώτωι;..
La statue de Mitys.] L’anecdote est copiée presque mot à mot dans la
compilation de Récits merveilleux qui figure parmi les ouvrages d’Aristote,
§ 156 (ou 167) le compilateur met seulement οûν au lieu de γάρ dans
la remarque qui suit. Plutarque, Des Délais de la vengeance divine,
chap. viii, dit que l’accident eut lieu θέας
ούσης, pendant une fête, ce qui induit Dacier à traduire θƐωροūντι par
« au milieu d’une grande fête. »
Il est certain que θƐωρƐīν a
souvent le sens d’assister à une fête. Voy. les Récits merveilleux, § 31, et
Aristote, De la Mémoire, ch. i cf.
Rhétorique, I, 3. Sur le hasard considéré comme cause des événements, voyez
la Physique, II, 4 et suiv.