Car elle a fait construire, chez elle, une salle de danse qui tient tout le second etage de l’hôtel : Le plancher est incliné, comme la scène de l’Opéra, et aboutit à une glace, d’un seul morceau, qui monte jusqu’au plafond, — pourvue à hauteur d’appui de la barre traditionnelle des classes de danse.
Elle doit à elle seule sa transformation : elle a appris, on ne sait comment, à porter son châle, à se rouler dans un cachemire ; elle arrive à la contrefaçon de la femme d’agent de change ; seulement, on la reconnaît, quoi qu’elle fasse, au fanatisme qu’elle professe pour la sous-jupe Oudinot. […] Elle date sa lettre d’une localité dont le nom seul fait venir la chair de poule, et elle trace ces mots : De la vallée aux Loups… minuit… Elle parle des heures lentes du soir… du concert du vent qui semble pleurer avec elle, des cris lointains et du mauvais augure des chiens de bergerie qui aboient après la lune… enfin, comme les peintres, elle fait son paysage sans sortir de Paris ; elle a déjà répété cinq fois : Il est minuit, je pense à toi… Quand elle s’aperçoit qu’il est six heures de relevée, comme disent les avoués, elle plie sa lettre ; son cachet place sur la cire noire l’empreinte d’une Héro qui pleure son Léandre absent, elle donne la missive au portier et lui recommande de la porter le lendemain matin. […] Le facteur seul est assez Figeac pour lire l’adresse.
Seules ses chroniques dramatiques qui ne forment qu’une partie de son labeur monstrueux font revivre plus de trente ans de vie théâtrale.
W… est pour elle un compagnon de voyage et un ami particulier, auquel elle s’est confiée en venant sur une terre étrangère, et qui s’acquitte des devoirs de cette hospitalité avec toute la délicatesse d’un gentleman et la pureté d’une amitié dont les cœurs pervertis peuvent seuls méconnaître ou soupçonner le désintéressement. » Qui voudrait passer pour un cœur perverti et ne pas croire à la parfaite innocence de M. […] En Amérique, un seul personnage, avant Fanny Elssler, avait été traité de la sorte : c’était le général Lafayette.
Nestor Roqueplan affirme qu’il n’y eut jamais de loge infernale à l’Opéra : sauf la loge de l’Empereur et la loge voisine, réservée pour la Maison de celui-ci, sauf les deux loges en face et les deux avant-scènes du rez-de-chaussée, toutes les loges d’avant-scène, prétend-il, étaient occupées par des hommes, et organisées en omnibus, c’est-à-dire partagées entre plusieurs souscripteurs, dont un seul était titulaire : « On n’y a jamais tenu de conciliabules infernaux… J’ai compté, il est vrai, parmi les abonnés d’une de ces loges ; on y put remarquer souvent, au nombre des plus assidus et des plus voyants, Balzac, naïvement heureux de montrer au public la pomme de sa fameuse canne.
Après quoi ce cardinal ajoute : « Rougissez ; un païen a pensé plus sainement que vous, et un païen vous condamnera au jour du jugement : la seule lumière naturelle a mis ce païen en état d’enseigner que la danse ne convient qu’à des personnes ivres ou insensées ; et vous qui êtes un enfant de Dieu, et qui êtes éclairé de la lumière céleste de l’Evangile ; vous chez qui on ne devroit pas seulement nommer de telles inepties, vous avez la folie de vous livrer aux danses, même dans les jours les plus sacrés et les plus solennels. » Le même Bellarmin, dans son dix-neuvième sermon, qui est sur le dimanche de la quinquagésime, s’élève en ces termes contre ceux qui donnent ou reçoivent des leçons pour apprendre, non à marcher décemment, mais à danser : « Faut-il donc acheter à prix d’argent l’art de périr pour l’éternité ?
Un petit pot de rouge, le seul qu’elle possède, ne lui sert qu’à raviver les couleurs de ses souliers-chair, lorsqu’ils sont trop pâles.
Une écuyère ou une danseuse possède seule de ces grâces d’Etat.
Pour ne pas laisser reposer sur les épaules de Nourrit seul la lourde tâche de premier ténor, Duponchel, avec le consentement de l’éminent et sympathique artiste, avait engagé Duprez. […] La partie chorégraphique comprenait un pas de Manon Lescaut exécuté par Barrez, Mlles Forster et Albertine ; le pas du Châle, par Fanny et Thérèse ; le vieux ballet de Nina ou la Folle par amour, avec Fanny dans le rôle principal, et une seule nouveauté, la Smolenska, dansée par Fanny.