Cette difficulté se fait presque toujours sentir quand on danse au piano ; instrument ingrat par la vitesse de son jeu, en ce qu’il ne peut soutenir les tems simples de la mesure, qui donne l’expression à l’exécution de la danse.
Sçache donc qu’il y a trois ans que fraischement arriué en Angleterre ie communiquay au sieur Montagut le dessain que i’auois de faire quelque chose sur la danse, & luy laissant vne coppie de ce que i’en auois desia trassé, le priay de la considerer & me conseiller en amy s’il seroit à propos que ie passasse outre : Il ne l’eut pas si tost veuë que loüant infiniment ma premiere resolution il me tentoit par mille flateuses paroles a la poursuitte de cest œuure, dont il protestoit souhaitter l’accomplissement auec impatience, & qui seroit indubitablement (disoit-il) bien veu de tout le monde, me faisant deslors sentir que ses persuasions ne tendoient qu’à son aduantage, & que sa vanité se promettoit cela de ma franchise que ie luy cederois aisement tout l’honneur qui se pourroit tirer de mes peines.
Ces derniers sentirent cependant le danger dont les menaçait cette formule qui leur conférait le titre de musiciens et ils cherchent à s’en échapper en affirmant la priorité, dans leur art, de l’invention et de la réalisation plastiques, en s’attribuant de plus un entraînement gymnastique qui me semble, d’ailleurs, purement imaginaire.
Tout danseur qui altère ses traits par des efforts, et dont le visage est sans cesse en convulsion, est un mauvais danseur qui ignore les premiers élémens de son art, qui ne s’attache qu’à la partie grossière de la danse, et qui n’en a jamais senti l’esprit. […] les difficultés ne sont en droit de plaire que lorsqu’on ne les sent pas, et qu’elles empruntent enfin cet air noble et aisé, qui, dérobant la peine, ne laisse voir que la légèreté. […] C’est qu’elles apportent une attention particulière à l’exercice ; qu’elles savent qu’une contorsion enlaidit la figure, et change le caractère de la physionomie ; c’est qu’elles sentent que l’ame se déploie sur le visage, qu’elle se peint dans les yeux, qu’elle anime les traits ; c’est qu’elles sont persuadées enfin que la physionomie est, ainsi que je l’ai dit, la partie de nous-même où toute l’expression se rassemble, et qu’elle est le miroir fidèle de nos sentimens, de nos mouvemens et de nos affections. […] On lui diroit alors : « Votre physionomie étoit trop froide dans tel endroit ; dans tel autre, vos regards n’étoient pas assez animés ; le sentiment que vous aviez à peindre étant foible au dedans, n’a pu se manifester au dehors avec assez de force et d’énergie ; aussi vos gestes et vos attitudes se sont ils ressentis du peu de feu que vous avez mis dans l’action : Livrez vous donc davantage une autre fois ; pénétrez-vous de la situation que vous avez à rendre, et n’oubliez jamais que pour bien peindre, il faut sentir, mais sentir vivement. » De tels conseils, Monsieur, rendroient la danse aussi florissante que la pantomime l’étoit chez les anciens, et lui donneroient un lustre, qu’elle n’atteindra jamais, tant que l’habitude prévaudra sur le bon goût. […] On a senti que ces ombres inanimées et imparfaites de la belle nature s’opposoient à la vérité et à la perfection des comédies.
Il se sentait de taille à entreprendre de nouvelles conquêtes. […] On y sent l’humilité inquiète du vieillard qui n’est pas sûr de plaire et qui redoute le ridicule. […] Il est accablé de dettes et sent le poids de plus en plus lourd de la vieillesse. […] Gentz sentait-il ce qu’il exprimait avec tant de flamme ? […] Il sentait déjà sur lui la main glacée de la mort.
Pour moi j’entends qu’il n’y ait aucun intervale, & que ces tems soient si imperceptibles, qu’ils n’en fassent qu’un ; parce que ce n’est qu’une seule action en trois tems, que j’ai jugé à propos de marquer par chaque attitude principale pour les faire mieux sentir : sçavoir lever le bras à côté de soi en pliant le coude, approcher la main de la tête & prendre le chapeau, le lever de dessus, & laisser tomber le bras à côté de soi.
Deux jours durant, je me cachais lorsque quelqu’un venait, et j’avais pris une garde-malade pour veiller ma mère, tellement je me sentais dans les mains des philistins. […] Après dix minutes qui me semblèrent un siècle, tant j’étais désireuse de savoir, il rouvrit les yeux et me dit en allemand : — Non, non, votre mère ne mourra pas : Je sentis ce qu’il disait et compris les mots « mère » et « non ».
D’après ces réflexions on saisira les rapports sous les quels j’envisageai la danse, dès l’instant que je m’en occupai, et combien mes premières idées sur cet art étoient déjà loin de celles qu’on en avoit alors ; mais semblable à l’homme qui gravit le sommet des montagnes, et qui voit l’horison s’étendre et se développer devant lui ; à mesure que j’avançois dans la carrière que je venois de m’ouvrir, je la vis s’agrandir, pour ainsi dire, à chaque pas : je sentis que la danse en action pouvoit s’associer tous les arts imitateurs et le devenir elle-même. […] On sent bien que j’ai dû faire beaucoup de réflexions sur chacun d’eux séparément, et sur les rapports généraux qui les lient les uns aux autres.
Si le NU doit se faire sentir sous la draperie, il faut encore que les os se fassent sentir sous les chairs.