On l’entraîne pour lui dérober la vue de ce spectacle déchirant, et il est conduit au capitole où un peuple nombreux l’attend avec impatience. […] Horace, précédé et suivi du peuple Romain, des troupes de la république et des sénateurs, paroît sur un char de triomphe. […] Les troupes sont rangées à l’entour de cette place, et le peuple est placé derrière elle sur des gradins élevés. […] Le peuple est impatient de voir son libérateur. […] Le vieil Horace marche devant ce char, et montre au peuple les trophées que la valeur de son fils a su lui obtenir.
Pilade, Batyle et Hilas, célèbres pantomimes dans des genres opposés captivèrent l’amour des grands, et fixèrent sur eux l’engouement du peuple. […] Les seigneurs s’associèrent à la cabale du peuple. […] Le retour de Pylade changea tous les esprits, dissipa les complots ; les grands, et le peuple chantèrent la bienfaisance, la justice, et les vertus d’Auguste ; dans cet excès d’enthousiasme ils acceptèrent avec joye les loix sages, que leur délire leur avoit fait regetter. Pylade parut, fut applaudi avec transport ; et le peuple et les grands ne cessèrent de bénir un prince, qui leur avoit rendu l’âme de leurs plaisirs. […] Les arts prirent encore le fuite pour se dérober à la fureur des peuples barbares, qui ravageoient l’empire, et y répandoient la terreur et la mort ; ils errèrent de climats en climats, et ne trouvèrrent dans leur course ni asile, ni protection, ni secours.
Des Danses des Lacédémoniens Un Étranger que le hasard eût conduit à Lacédémone, sans avoir été prévenu d’avance de la sévérité de mœurs qui y régnait, aurait cru, dès l’abord, se trouver au milieu d’un Peuple frivole uniquement occupé du plaisir. […] Tout le Peuple répondait à leurs Chants, et applaudissait à leurs Danses. […] Cette image touchante se gravait dans les cœurs : elle était une nouvelle leçon de vertu pour des Peuples qui ne vivaient que pour elle43. […] « Lycurgue le Législateur, voulant réduire ses Citoyens, de leur ancienne manière de vivre en une qui fût plus honnête, et les rendre plus vertueux, (car auparavant ils étaient par trop délicats en leurs mœurs), il nourrit deux chiens nés d’un même père et d’une même mère ; et en accoutuma l’un à toutes friandises, le tenant en la maison, et l’autre le menant aux champs l’exerça à la chasse ; puis les amena tous deux en pleine assemblée de Ville où était tout le Peuple, et mit devant eux des friandises et fit lâcher un lièvre.
La Marche alors commença : elle fut composée des différents corps Religieux, des Ecclésiastiques, de toute la Noblesse et d’une foule innombrable de Peuple. […] Autour de chacune de ces machines roulantes, des troupes de Danseurs exécutaient au son des plus éclatantes Symphonies, les actions célèbres du Saint, et ceux qui étaient autour du Char de la Renommée semblaient par leurs attitudes aller les apprendre à tous les Peuples du monde. […] Après quoi des Peuples de diverses Nations, vêtus à la manière de leurs Pays, faisaient un ballet très agréable, composant quatre Troupes ou Quadrilles, pour les quatre Parties du Monde. Les Royaumes et les Provinces, représentés par autant de Génies marchaient, avec ces Nations ; et les Peuples différents, devant les Chars des Ambassadeurs de l’Europe, de l’Asie, de l’Afrique, et de l’Amérique, dont chacun était escorté de soixante-dix Cavaliers.
De quelques Danses des Romains Les Bacchanales, qu’originairement les Prêtres et les Prêtresses de Bacchus, exécutaient à l’exclusion du Peuple, furent dans les suites imitées par tous les Grecs sans distinction ; mais l’ivresse, les convulsions, la fureur qui était de l’essence primitive de ces Danses, furent dans l’imitation métamorphosées en des expressions de gaieté, de plaisir et de volupté. […] Le Peuple suivit l’exemple que lui donnait la Noblesse : bientôt il n’y eut plus de distinction sur ce point entre les plus grands noms et la plus vile canaille de Rome.
« Il faut entièrement abolir la coutume irréligieuse qui s’est introduite aux fêtes des saints, que les peuples, au lieu d’assister à l’Office divin, emploient le temps à des danses et à de mauvaises chansons ; ce qui fait que non-seulement ils se nuisent à eux-mêmes, mais ils troublent encore par le bruit qu’ils font, la piété des chrétiens plus religieux. » Le concile recommande aux ministres du Seigneur et aux juges séculiers d’employer tous leurs soins pour bannir ce désordre de toute l’Espagne. […] Que les prêtres aient donc grand soin d’avertir le peuple qu’on ne doit venir à l’église en ces saints jours que pour prier ». Le concile de Rouen, tenu l’an 1581, (Labbe, tom. 15, p. 825) s’exprime ainsi : « Nous connoissons et nous éprouvons combien sont grands les artifices du diable pour susbstituer son culte à celui de Dieu et des saints. » Il en donne pour preuves qu’aux fêtes solennelles des apôtres et des autres saints, « on tient des foires et des marchés publics, par lesquels non-seulement cet esprit de malice détourne le peuple de fréquenter les églises et d’assister à l’office divin et à la prédication de la parole de Dieu, mais où il a encore trouvé moyen d’introduire beaucoup de tromperies, de fraudes, de parjures, de blasphèmes, d’injures et d’outrages faits au prochain, et des jeux obscènes et impudiques : en sorte que les débauches ont en ces jours-là pris la place des aumônes, les danses, celle de la prière, et les bouffonneries, celle des prédications qu’on devroit aller entendre : Diabolus eleemosynas vertit in crapulas, orationem in choreas, et concionem in scurrilitatem ». […] Le concile de Bordeaux, tenu ensuite en 1624, parlant de la célébration des fêtes, commence par remarquer que le cœur de l’homme est si naturellement porté au mal, que ce que les saints pères ont autrefois établi pour réunir les peuples dans des assemblées de prières, ne sert plus, par un renversement étrange, qu’à les emporter dans différens excès. Après quoi il ajoute : « Afin donc que les jours de fêtes établis pour vaquer à la contemplation des choses célestes, et à éclairer les esprits des fidèles sur les choses du salut, soient saintement observées par le peuple chrétien, nous renouvelons le décret du dernier concile provincial, en défendant de profaner ces saints jours par aucuns jeux, par des danses ou d’autres excès semblables : Neque ullis commes sationibus, ludis, ebrietatibus ; choreis et aliis excessibus profanentur.
Je vous ai promis, Monsieur, de donner, s’il est possible, un corps à mes idées, et de remonter aux causes premières qui ont enchaîné les peuples de l’Allemagne à l’étude constante et habituelle de la musique. […] Peut-être n’en fallut il pas d’avantage pour répandre le goût de la musique chez un peuple stagnant. […] Vous en voyez la raison ; c’est que cet art est un besoin pour ces peuples, comme le commerce en est un pour les Anglais ; c’est qu’elle remplace chez les Allemands ces grandes spéculations commerciales qui occupent les nations voisines, et aux quelles la disposition des lieux ne leur permet pas de se livrer.
C’est dans une de ces circonstances que le saint roi David se joignit aux ministres des autels, et qu’il dansa en présence de tout le peuple Juif, en accompagnant l’arche depuis la maison d’Obededon jusqu’à la ville de Bethléem. […] C’est à l’imitation de cette dernière, que le peuple de Dieu imagina dans le désert la danse sacrilège autour du veau d’or. […] Le peuple de Dieu à son tour entraîné par le penchant de l’imitation si naturel à l’homme, se rappela après sa sortie de l’Egypte les cérémonies du peuple qu’il venait de quitter, et il les imita. […] Dans toutes les religions anciennes, les prêtres furent danseurs par état ; parce que la danse a été regardée par tous les peuples de la terre comme une des parties essentielles du culte qu’on devait rendre à la divinité. […] (Hist. anc.) c’est le nom que les Grecs donnaient à ceux qui révélaient les mystères des Orgies de Bacchus, qui ne devaient point être connus du peuple.
Le Peuple se modèle sans cesse sur la Bourgeoisie, qui ne se croit point Peuple, et qui aurait honte de lui ressembler.