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80. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Paralele. DE. LA PEINTURE. ET DE. LA POESIE. » pp. 213-269

Il est vrai que les Anciens ont regardé les Poëtes & les Peintres d’un même œil, puisqu’ils étoient dispensez de rendre compte aux Juges des effets de leurs imaginations, & que la Satyre leur étoit permise pour corriger les vices : c’est pourquoi nous voyons qu’Homere attaque hardiment les Dieux, de même que les Peintres les ont tournez en ridicule, en les représentant sous la figure de plusieurs animaux, que l’on prétendoit qu’ils avoient prise pour satisfaire leurs passions. […] Il ordonna que la Peinture tiendroit le premier rang parmi les Arts libéraux ; qu’il ne seroit permis qu’aux nobles de l’exercer, & que dès leur plus tendre jeunesse ils commenceroient leurs exercices par apprendre à dessiner : il regardoit en cela le dessein comme la chose la plus capable de disposer l’esprit au bon goût, à la connoissance des autres arts, & à juger de la beauté de tous les objets du monde ; il visitoit souvent les Peintres, & prenoit plaisir à s’entretenir avec Appellès des choses qui regardoient la Peinture. […] Ils se seroient bien gardez, dit Pline, de peindre contre un mur qui n’auroit pû appartenir qu’à un maître, qui seroit toujours demeuré dans un même lieu, & qu’on n’auroit pû dérober à la rigueur des flammes : il n’étoit pas permis de retenir comme en prison la peinture sur les murailles, elle demeuroit indifféremment dans toutes les Villes ; un Peintre étoit un bien commun à toute la terre. […] Le tableau de Zeuxis où il avoit peint un garçon qui portoit des raisins, & qui ne fit point de peur aux oiseaux, puisqu’ils vinrent becqueter ses fruits, est une marque que la Peinture de ces tems-là avoit accoutumé de tromper les yeux en tous les objets qu’elle représentoit : cette figure ne fut en effet censurée par Zeuxis même, que parce qu’elle n’avoit pas assez trompé, Voilà à peu près les rapports naturels que la Peinture & la Poésie ont ensemble, & qui ont de tout tems, comme dit Horace, permis également aux Peintres & aux Poëtes de tout oser. […] En effet, si les Poëtes ont le choix des Langues, dès qu’ils se sont déterminez à quelqu’une de ces Langues, il n’y a qu’une nation qui les puisse entendre ; & les Peintres ont un langage, lequel, s’il m’est permis de dire, à l’imitation de celui que Dieu donna aux Apôtres, se fait entendre de tous les peuples de la terre.

81. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « Observations sur la construction d’une salle d’opéra. » pp. 3-32

LA quantité de salles de spectacles détruites depuis 20 années par les incendies ; le nombre effrayant de victimes livrées à la fureur des flammes, et mille autres accidens aussi funestes, engagent tous les gouvernemens, à ne jamais permettre qu’un édifice (qui, dans une grande ville est le rendez vous des citoyens pour y jouir du spectacle des arts, et se délasser de leurs travaux) fut construit dans un espace resserré et entouré de maisons ou de palais qui finissent toujours par être incendiés. […] Il seroit donc à desirer pour le progrès des arts qui concourent unanimement 0 la perfection d’un spectacle dont la nation Française se glorifiera toujours, il seroit à desirer, qu’on élevât un monument digne d’elle, qui permit aux artistes de donner l’essor à leur imagination, et qui rassurât le public sur des craintes que des événemens fâcheux ne rendent que trop légitimes. […] Un théâtre ouvert dans ces flancs permet au peintre décorateur, de supprimer des chassis, par la raison que la distance qui règne entre eux et le mur, lui facilite le moyen de leur donner plus de largeur ; de sorte qu’une décoration composée d’un fond et de trois ou quatre chassis paroîtroit bien plus vaste et plus grandiose que celle qui seroit formée de huit ou dix chassis étroitement resserrés. […] On dira sans doute, (car le bien est toujours contrarié) que mon plan est trop vaste, que le terrein est cher et que la construction de ce grand édifice occasionneroit une dépense considérable ; on me permettra de répondre à ces trois objections.

82. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « IV. Le mastic et le chausson » pp. 36-53

Mademoislle Mariette, — qui vivait vers le milieu du dix-huitième siècle, et qu’on avait baptisée la Princesse, à cause de sa liaison avec le prince de Carignan, intendant pour Sa Majesté près de l’Académie royale de musique, — dansait un soir — 1727 — lorsque sa robe et ses paniers, accrochés par un décor qui émergeait des dessous, restèrent en l’air et permirent aux spectateurs de contempler ce que cette belle personne n’exhibait qu’en particulier. […] C’est à peine si son émotion lui permit d’articuler ces mots : — Quoi !

83. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VI. » pp. 56-71

L’etude de l’homme et de ses facultés physiques dirigera ses préceptes ; ils ne seront plus arbitraires ; il n’exigera de son éléve que ce que la nature lui permettra de faire. […] Fier d’une réputation usurpée, vain par principes, insolent par succès, il se permettait envers des femmes titrées les propos les plus durs, et les plus impertinents.

84. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre huitième. Danseur sérieux, danseur demi-caractère. Danseur comique » pp. 88-95

Le sujet qui s’y destine peut se permettre l’exécution de tous les temps, de tous les pas que l’art nous apprend.

85. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 18 septembre. Je fais l’école buissonnière. »

Car dès que le music-hall se laissera contaminer par des velléités littéraires et « artistes », dès que le jongleur permettra des vues étrangères à son antique métier obscurcissant sa candeur professionnelle, c’en sera fait de ce genre jusqu’ici inusable.

86. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvi » pp. 89-95

Le tems qu’ils donnent à l’étude de leur art et à l’imitation de la nature, ne leur permet pas d’approfondir la langue des Homère et des Virgile.

87. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXVIII. Des pas de Bourée & des Fleurets. » pp. 122-132

Mais comme je ne me suis proposé que de donner la maniere de faire tous ces differens pas, sans m’arrester à l’étimologie de leurs noms, parce que la plus grande partie de ces pas sont tirés des differentes danses qui sont en usage dans nos Provinces, à laquelle on leur a donné toute la propreté que l’art permet, & dont il porte le nom de ces danses.

88. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — LETTRE XII. » pp. 157-180

Vous voyez, Monsieur, que voilà la nature changée ; mais cette opération une fois faite, il n’est plus permis à l’art de faire un second miracle, en rendant à l’arbre sa première forme. […] pour être bon danseur, il faut être sobre ; les chevaux anglais (qu’on me permette la comparaison) destinés aux courses rapides, auroient-ils cette vitesse et cette agilité qui les distingue, et qui leur fait donner la préférence sur les autres chevaux, s’ils étoient moins bien soignés ? […] Je conviens que l’œil qui n’a pas le temps d’examiner nous trompe souvent ; mais la raison et la réflexion nous dévoilent ensuite ce que la vitesse ne lui permet point d’analyser.

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