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46. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre première. » pp. 2-8

Il faudroit que les maîtres de ballets consultâssent les tableaux des grands peintres ; cet examen les rapprocheroit sans doute de la nature ; ils éviteroient alors, le plus souvent qu’il leur seroit possible, cette symétrie dans les figures, qui faisant répétition d’objets, offre sur la même toile deux tableaux semblables. […] Voilà, dis-je, une scène, qui doit offrir un beau désordre, et où l’art du compositeur ne doit se montrer que pour embellir la nature. […] Des critiques de mauvaise humeur, et qui ne connoissent point assez l’art pour juger de ses différents effets, diront que cette scène ne doit offrir que deux tableaux ; que le desir des Faunes doit tracer l’un, et la crainte des nymphes peindre l’autre.

47. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvii.  » pp. 102-108

Les sublimes tableaux que lui offriraient Homère et Virgile, peuvent être transportés sur la scène ; mais pour les peindre d’une manière parfaite, il faudroit que les danseurs qui consacrent tous leurs momens à leurs jambes et à leurs mouvemens plus ou moins accélérés, en donnâssent une partie à l’étude des passions ; qu’ils exerçâssent leur ame à s’en bien pénétrer, et leurs bras, et leur physionomie, à les exprimer avec énergie. […] Tous les danseurs embrassèrent avec idolâtrie le nouveau Palladium que Vestris venoit de leur fabriquer : tous devinrent copistes imparfaits et infidèles ; et singes de leur maître, ils n’en offrent encore aujourd’hui que la charge grossière. […] que la danse de l’opéra est maintenant de la même couleur du même style, du même genre ; la manière de faire n’est qu’une : c’est art a chassé la variété pour adopter la monotonie la plus insupportable : il n’offre plus à l’œil ces oppositions, ces contrastes et ce clair-obscur qui constituent le charme des beaux-arts.

48. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur les fêtes nationales] — Lettre iv. sur le même sujet. » pp. 129-136

Notre révolution offre l’image d’un vaste théâtre élevé par la chimère ; tous les genres y sont confondus, toutes les scènes y sont décousues ; on n’y trouve ni ordre ni règle, ni précision, ni ensemble. Le public est trompé tous les jours par des affiches mensongères ; les décorations changent continuellement ; elles représentent quelquefois des sites agréables, lorsqu’ils sont éclairés par les rayons brillans de l’espérance, mais en général elles n’offrent que les contrastes les plus durs et les plus choquans. […] Aussi, le résultat de toutes ces fêtes maladroitement combinées, n’offrit que du bruit et de la fumée.

49. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 6 janvier. Quelques danses sur des airs populaires espagnols. »

Les « vendredis de danse » ont pris ce pli dangereux de nous offrir, pour nous désennuyer pendant que la danseuse change de costume, le tour du chant.

50. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Enée et Didon. Ballet tragique. » pp. 135-147

Didon ne pouvant plus résister au penchant invincible qui l’entraîne vers Enée, se détermine à lui offrir sa main et son trône. […] Jarbe, Prince Maure et Roi des Gétuliens paroît ; il est devancé et suivi par un cortège aussi nombreux que magnifique ; il offre avec les présens les plus rares de ses climats, sa main et son cœur à la Reine de Carthage. Cette Princesse flattée de l’hommage de Jarbe, reçoit les présens qui lui sont offerts ; mais elle lui donne à entendre qu’elle ne peut accepter le don de son cœur, et que sa liberté lui est plus chère que toutes les couronnes de l’univers : Cependant en dédaignant les vœux de ce Roi, elle fait sentir à Enée que lui seul règne sur son ame, et qu’elle lui sacrifie avec plaisir un double trône, sur le quel elle est la maîtresse de monter. […] Le peristile est prêt à s’écrouler, lorsqu’Jarbe qui s’est ménagé une issue, vient offrir sa main et son trône à cette Reine infortunée.

51. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — III, comment je créai la danse serpentine » pp. 22-

Mme Hoffman m’offrit de venir demeurer auprès d’elle et de sa fille, ce que j’acceptai avec reconnaissance, sans savoir le moins du monde quand et comment il me serait possible de m’acquitter envers elle. […] Mon nouveau directeur m’offrit, pour cette tournée, un engagement de cinquante dollars par semaine. […] Pendant six semaines, je m’offris aux regards des provinciaux, escomptant fébrilement l’heure où je paraîtrais, enfin, sur cette scène de la grande ville. […] J’allai au théâtre et rappelai au directeur que j’avais accepté le cachet trop modeste qu’il m’offrait, à la condition que j’aurais la vedette. […] Il m’offrit cent cinquante dollars par semaine.

52. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 28 décembre. Les Ballets Léonidoff. »

D’autres fois, par contre, nous aurions préféré une méthode plus sévèrement raisonnée, une sélection plus plausible des spectacles qu’il nous offre.

53. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VII. » pp. 72-80

C’est par mon application, mon zèle et mes efforts, que je suis parvenu, Monsieur, à tirer la danse de l’état de langueur, et de léthargie dans la quelle elle étoit plongée ; j’eûs le courage de lutter contre des préjugés fortement enracinés par le tems, et l’habitude ; j’ouvris une nouvelle carrière à la danse ; j’y marchai d’un pas assuré ; les exemples frappants que les talens supérieurs de l’immortel Garrick m’offrirent pendant mon séjour à Londres redoublèrent mon application, et animèrent mon zèle ; j’abandonnai le genre que j’avois adopté, et m’attachai au seul, qui convient à la danse, la pantomime héroïque. […] Le spectacle ravissant que m’offrirent les plus belles galleries, et les cabinets les plus précieux le fortifièrent ; l’habitude de voir cette foule de chefs-d’oeuvre avec l’oeil de l’entendement, d’étudier, de comparer, et d’analyser les genres, et la manière de faire de chaque maître, m’apprit à apprécier le mérite de chacun d’eux. […] Les maîtres de ballets qui qui veulent triompher de ces obstacles donnent dans le Galimatias ; dèslors les gestes sont insignifiants, et le langage qu’ils adoptent n’est entendu que par eux seuls ; cette multiplicité des gestes n’offre qu’un papillotage dont les effets se bornent à fatiguer l’esprit et les yeux.

54. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVII. » pp. 173-184

j’ai si constament vu le contraire, que je me persuade qu’il n’y à qu’un Prince ami des arts et protecteur des talens ; ou le théatre des arts, (qui puisse offrir ce grand et vaste cadre qui réuniroit à la fois tous les genres de beautés. […] La danse Française sera donc celle de toutes les nations ; elle ne présentera dans son exécution aucun signe caractéristique et n’offrira aucun genre distinct. […] Cette monotonie de mouvemens, d’attitudes et des pas, offrira les mêmes effets. […] Il est donc un art ou un pressentiment heureux, qui apprend à juger des éffets par l’assortiment des couleurs ; de telle sorte que cinq principaux personnages obligés de changer de place, et de former successivement divers tableaux, doivent être vêtus de manière à n’offrir que des groupes qui se lient par le choix et l’entente des couleurs.

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