Au retour du printemps, dans toute l’Attique, à Sparte, dans l’Arcadie, les jeunes garçons et les jeunes filles une couronne de chêne et de roses sur la tête, le sein paré de fleurs nouvelles, et vêtus à la légère35 couraient dans les bois en formant des Danses pastorales.
Le même trait dont son cœur est atteint va blesser celui de la jeune Princesse.
De plus, c’est que les contre-tems sautez ne conviennent qu’à de jeunes personnes, ou des personnes de moyenne taille : & pour ceux qui sont d’une taille avantageuse, il les faut faire en tems de Courante & demi-jetté, comme je l’ai déja marqué dans la maniere de donner les mains : parce qu’il ne convient point à de grandes personnes de sauter, & de se tourmenter dans les danses figurées, où ce n’est que des mouvemens doux & gracieux, qui ne dérangent pas le corps de ce bon air qui est si fort estimé & usité par notre Nation : ce qui n’est pas de même de plusieurs contre-danses que l’on a introduit en France depuis quelque temps, & qui ne sont pas du goût de tous ceux qui aiment la belle danse.
Nombreuses étaient les demandes, nombreux les remplacements, car, à la moindre faute, la coupable se voyait cassée aux patins et cette expression figurée s’appliqua bientôt aux jeunes personnes qui commettaient une autre erreur. […] Un rire général et des applaudissements unanimes accueillirent ces jeux de scène gais et comiques… Elle mit à l’épreuve un jeune diplomate en lui demandant une de ses dents, celle du milieu. […] Mais Mérante avait prononcé l’arrêt : elle n’est plus jeune ! Sur quoi elle remarqua : « Il ne me trouve plus jeune parce que je le vieillis. » Beaugrand qui dansait mieux que toute autre une variation de violon, qui avait de la nuance, de l’esprit, de l’orthographe, et inspirait un sonnet à Sully-Prudhomme : Beaugrand, Dont le pas élégant, à sa chaste caresse, Sans corrompre le cœur, enchaînait le regard.
Mais il suffit pour cela d’apprendre à de jeunes personnes à ne point s’abandonner à une molle nonchalance qui gâte et corrompt toute l’attitude du corps, à se tenir droites, à marcher d’un pas uni et ferme, à entrer décemment dans une chambre ou dans une compagnie, à se présenter de bonne grâce, à faire une révérence à propos ; en un mot, à garder toutes les bienséances qui font partie de la science du monde, et auxquelles on ne peut pas manquer sans se rendre méprisable. […] Il n’est pas nécessaire que je m’arrête ici à montrer combien tout ce qui est au-delà de ce que je viens de dire, peut devenir dangereux pour de jeunes demoiselles, et combien les suites en peuvent être funestes. […] pour l’engager à ne pas borner l’usage de son autorité au bien temporel des peuples, mais à l’étendre encore à leur bien spirituel : « Si toute la prudence par laquelle vous tâchez de maintenir les choses dans l’ordre, et de faire du bien aux hommes, si toute la force qui vous fait soutenir, sans vous étonner, tout ce que la malice des hommes peut entreprendre contre vous ; si toute la tempérance qui vous fait résister au torrent de la corruption, si toute la justice qui reluit dans l’intégrité de vos jugemens, qui vous fait rendre à chacun ce qui lui appartient ; si tout cela, dis-je, ne tend qu’à garantir ceux à qui vous prétendez faire du bien, de ce qui pourroit menacer leurs corps et leur vie, à assurer leur repos contre les entreprises des méchans, à faire que leurs enfans croissent comme de jeunes plantes, que leurs filles soient parées comme un temple magnifique, que leurs celliers regorgent l’un dans l’autre, que leurs brebis soient fécondes, que leurs bœufs soient gras, que nulle ruine ne défigure leurs héritages, qu’on n’entende point de clameurs publiques, qu’il n’y ait parmi eux ni querelle ni procès ; vos vertus ne sont pas plus de véritables vertus, que le bonheur de ceux pour qui vous travaillerez ne sera un véritable bonheur.
Il faut, donc conclure que les jeunes artistes doivent être continuellement en garde contre les attaques dangereuses et sans cesse renaissantes de la mode, avoir le courage de résister aux assauts de la frivolité et de détourner les yeux à l’aspect des jolies poupées costumées par l’indécence, et de cet essaim de petits pantins à cheveux d’ebène qui les environnent. Que ces jeunes artistes fixent leurs regards sur la nature ; qu’ils n’oublient point qu’elle est mère des arts ; qu’elle ne les égara jamais ; qu’elle rejette tout ce qui ne lui ressemble point ; enfin, qu’elle pose le sceau de la célébrité sur les chefs-d’œuvre qui portent son image. […] Que les jeunes artistes s’empressent donc de suivre les conseils précieux de tous ceux qui embéllissent les arts ; qu’ils les sollicitent avec autant d’ardeur que de modestie.
Mlle Daunt est la Source ; le mouvement imitatif par lequel elle laisse traîner, « couler » une jambe, est charmant ; je reviendrai longuement sur cette jeune artiste à propos de la Tragédie de Salomé.
Mlle Daunt grande, blonde, blanche et rose, c’est Penthésilée, reine des amazones, c’est l’antique chasseresse, Antyope ou Diane ; c’est encore la jeune sportive, foulant, raquette au poing, un ground bien sablé.
Des années avaient passé sur ce grand souvenir quand Tréfilova, jeune grand sujet, dansant la même finale en fit trente-deux avec la même simplicité, la même grâce réservée que nous admirons aujourd’hui en elle.