Celui-ci par une suite de l’habitude qu’il prend de se tenir de travers et d’avancer une épaule, se déplace une omoplate ; celui-là enfin répétant à chaque instant un mouvement en une situation contrainte, jette son corps tout d’un coté, et parvient à avoir une hanche plus grosse que l’autre. […] Cette erreur naît de la précipitation avec la quelle le corps descend : quoiqu’il en soit l’entrechat est fait lorsque le corps est parvenu à son dégré d’élévation ; les jambes dans l’instant imperceptible qu’il emploie à retomber, ne sont attentives qu’à recevoir le choc et l’ébranlement que la pésanteur de la masse leur prépare ; leur immobilité est absolument nécessaire ; s’il n’y avoit pas un intervalle entre les battemens et la chûte, comment le danseur retomberoit-il ? […] Si l’on admet de la force dans l’instant que le corps tombe, et que l’on croie qu’il lui soit possible d’opérer une seconde fois sans un nouvel effort et un nouveau point d’appui contre le quel les pieds puissent lutter par une pression plus au moins forte, je demanderai pourquoi le même pouvoir n’existe pas dans un homme qui s’élance pour sauter un fossé ? […] Cent personnes autour d’un chêne ou d’un pilier, prennent leurs temps dans le même instant, s’élévent avec la même justesse et retombent avec la même exactitude. […] Le danseur sans oreille, ainsi que le fou, fait des pas mal-combinés, s’égare à chaque instant dans son exécution, court sans cesse après la mesure et ne l’attrape jamais.
Celui-là enfin répétant à chaque instant un mouvement & une situation contrainte jette son corps tout d’un côté, & parvient à avoir une hanche plus grosse que l’autre. […] Cette erreur naît de la précipitation avec laquelle le corps descend ; quoi qu’il en soit l’entrechat est fait lorsque le corps est parvenu à son degré d’élévation ; les jambes, dans l’instant imperceptible qu’il emploie à retomber, ne sont attentives qu’à recevoir le choc & l’ébranlement que la pesanteur de la masse leur prépare ; leur immobilité est absolument nécessaire ; s’il n’y avoit pas un intervalle entre les battements & la chûte, comment le Danseur retomberoit-il, & dans quelle position ses pieds se trouveroient-ils ? […] Si l’on admet de la force dans l’instant que le corps tombe & que l’on croie qu’il lui soit possible d’opérer une seconde fois sans un nouvel effort & un nouveau point d’appui contre lequel les pieds puissent lutter par une pression plus ou moins forte, je demanderai pourquoi le même pouvoir n’existe pas dans un homme qui s’élance pour sauter un fossé ? […] cent personnes autour d’un chêne ou d’un pilier prennent leurs temps dans le même instant, s’élévent avec la même justesse & retombent avec la même exactitude. […] Le Danseur sans oreille ainsi que le fou fait des pas mal combinés, s’égare à chaque instant dans son exécution, court sans cesse après la mesure & ne l’attrape jamais.
Il seroit bien à souhaiter, Monsieur, que les hommes de lettres employassent un instant leurs plumes savantes à célébrer les talens des artistes estimables, à qui le tems ordonne de cesser leurs travaux, ou à qui la parque commande de descendre dans la tombe, ils les arracheroient, pour ainsi dire, de leurs sépulcres ; et en les ressuscitant dans la mémoire des hommes, ils leur assigneraient une place au temple de l’immortalité. […] Cette tradition précieuse qu’il avoit établie avec autant de soin que de succès, s’égara dans un instant ; nous ne connoissons plus celle du créateur de la bonne comédie en France. […] Il seroit bien à désirer sans doute de pouvoir transmettre à la posterité, à l’aide de certains signes, les beautés fugitives de la déclamation, les charmes passagers d’une belle voix, les graces et les contours de la danse ; ces talens précieux sont éphémères ; ils ne vivent qu’un instant ; ils ressemblent à ces phénomènes brillants qui devancent le coucher du soleil, en étalant l’éclat des plus riches couleurs ; mais qui bientôt s’effacent et sont enveloppés sous de sombres voiles, de même la mort, cette nuit éternelle entraîne dans la tombe tous ces êtres rares, qui embellissoient les arts, qui en faisoient le plus bel ornement, et leurs noms, et leurs talons sont pour ainsi dire ensevelis avec eux. […] Un instant après il devient plus ivre ; il perd son chapeau, abandonne ses étriers, il galope, frappe son cheval, le pique de ses éperons, casse son fouet, perd ses gands, et arrive aux murs de son parc ; il n’en trouve plus la porte, il veut absolument que son coursier dont il déchire la bouche, entre par la muraille ; l’animal se débat, se cabre, et jette mon vilain à terre. » Après cet exposé, Garrick commença ; il mit successivement dans cette scène, toutes les gradations dont elle étoit susceptible ; il la rendit avec tant de vérité, que lorsqu’il tomba de cheval Prévillo poussa un cri d’effroi ; sa crainte augmenta encore lorsqu’il vit que son ami ne répondait à aucune de ses questions. […] Le génie de son art l’a élevé en un instant à une perfection vraiment divine.
Leurs mouvemens, leurs efforts, leurs entrelacemens, enfin toutes les attitudes, toutes les situations qui caractérisent l’adresse, la souplesse et la force, offrent à chaque instant des grouppes pittoresques. […] Cette Princesse vivement frappée de l’indifférence de son époux, et outrée de l’éclat humiliant de sa jalousie, l’accable de reproches ; des reproches elle passe à la fureur ; en vain cherche-t-il à détruire ses soupçons et à la calmer : son amour plus fort que son désaveu, le trahit à chaque instant. […] Cette Princesse, troublée par les idées les plus funestes, exprime par des gestes, les tourmens qu’elle endure ; elle voit Hercule infidèle, elle le surprend dans les bras d’Jolé elle apperçoit cette Princesse sensible à ses feux ; un instant après tenant un poignard, elle semble s’élancer sur elle pour lui percer le sein.
Il examine son modèle, et le place dans plusieurs attitudes ; des Amours cherchent à les saisir et à les dessiner ; d’autres arrangent les couleurs qui doivent servir à reproduire les traits de Campaspe ; Apelles éperdu, troublé, ne sait plus quel choix il doit faire : toutes les situations lui paroissent également belles ; il crayonne, il efface, il esquisse de nouveaux traits, il les efface encore, et après un instant de réflexion, il veut la peindre en Déesse. […] C’est dans cet instant que l’artiste se saisit de ses crayons, qu’il trace et retrace encore, qu’il efface, qu’il recommence, et que ses crayons indociles s’échappent de sa tremblante main. […] Il donne ses ordres à son élève chéri, et dans l’instant on apporte tout ce qui est nécessaire à la composition de ce vaste tableau.
Le dernier acte n’étoit employé qu’aux regrets et à la douleur ; l’humanité triomphoit des meurtres et de la barbarie ; le tyran sensible à sa voix détestoit ses crimes ; ils devenoient par gradation ses juges et ses bourreaux ; la mort à chaque instant s’imprimoit sur son visage ; ses yeux s’obscurcissoient ; sa voix se prêtoit à peine aux efforts qu’il faisoit pour articuler sa pensée : Ses gestes, sans perdre de leur expression, caractérisoient les approches du dernier instant ; ses jambes se déroboient sous lui, ses traits s’alongeoient ; son teint pâle et livide portoit l’emprunte de la douleur et du repentir ; il tomboit enfin ; dans cet instant, ses crimes se retraçoient à son imagination sous des formes horribles ; effrayé des tableaux hideux que ses forfaits lui présentoient, il luttoit contre la mort ; la nature sembloit faire un dernier effort. […] surtout dans un spectacle, où tout varie, où tout est en mouvement, où les lieux changent, où les nations se succédent, où les vêtemens différent à chaque instant, tandis que les physionomies des danseurs ne sont qu’une. […] Je demanderai donc pourquoi les danseuses conservent les graces de leur physionomie dans les instants les plus violens de leur exécution ? […] Ils doivent saisir cet instant de vérité et cette imitation juste qui place la copie au rang de l’original et montre l’objet réel dans l’objet imité. […] Voilà pourtant l’effet que produit le masque sérieux ; il est toujours gracieux et ne peut changer de caractère, lorsque les yeux en prennent à chaque instant de nouveaux.
L’instant où Oreste lève le voile qui lui déroboit les traits de sa mère qu’il vient de poignarder involontairement ; cet instant où reculant avec horreur, il exprimeroit les regrets et le desespoir, qui peuvent déchirer une ame sensible, l’artiste ne l’eût pas manqué. […] Un instant après son cœur dément ce qu’elle vient d’avouer ; elle se reproche sa barbarie, elle est effrayée de l’énormité d’nn tel crime. Egisthe qui n’a de ressource que dans la fuite ou dans la trahison, s’irrite, s’emporte, menace ; son bras accoutumé au meurtre, sa main exercée au Parricide, ne cherche que de nouvelles victimes, Clytetmnestre, qui dans un instant aussi fatal, ne sait à quoi se résoudre, cède et s’unit au projet d’Egisthe. […] Egisthe et Clytemnestre en embrassant Agamemnon, employent tous les détours de la politique, pour lui montrer combien ils sont charmés de son retour ; mais, leur haine les trahissant à chaque instant, en fait découvrir les traces. […] Elle veut armer les mains d’Egisthe du fer homicide : celui-ci, quoiqu’accoutumé au meurtre, voyant de plus près l’instant de le commettre, n’en reçoit la proposition de la Reine qu’avec effroi ; mais les emportemens de Clytemnestre, ses reproches, ses menaces et l’éclat du trône le déterminent.
Etant élevez sur la pointe des pieds ainsi que je viens de le dire, les pieds à la quatriéme position, le corps également posé ; je suppose que le pied droit soit devant, de-là vous laissez échaper vos deux jambes, comme si les forces vous manquoient, en laissant glisser le pied droit derriere, & le pied gauche revient devant en partant tous deux à la fois, & en tombant les deux genoux pliez, & du même instant vous relever en remettant le pied droit devant, & le pied gauche revient derriere, ce qui vous remet à la même position que vous estiez en commençant ; mais vous estes encore plié, & vous vous relevez du même tems en rejettant le corps sur le pied gauche, & assemblant par ce mouvement sauté, le pied droit auprès du gauche en se posant à la premiere position, puis vous faites un pas du pied gauche ; ce qui s’appelle dégager le pied, & c’est aussi ce qui vous met dans la liberté de faire les pas qui suivent, mais cet enchaînement de pas se fait dans l’étenduë de deux mesures à deux tems legers, j’ay taché de le circonstancier dans toutes ces parties, afin d’en rendre l’execution plus facile.
Et que Giraud9 et sa Compagne,10 Qu’un air grâcieux accompagne, Dans de favorables instants, Agréèrent aux Assistants !