Chrisostome & quelques autres Péres de l’Eglise ont déclamé avec tant de chaleur, étoient ou des danses payennes instituées pour le culte des fausses Divinitez, où les Chrétiens ne se pouvoient trouver sans sacrilege ; ou des danses scandaleuses qui inspiroient le vice & la débauche : ce sont celles que nous connoissons aujourd’hui sous le nom de danses Baladoires, & contre lesquelles les Payens mêmes ont déclamé ouvertement ; ce qui est bien different des danses graves & sérieuses qui impriment le respect dans l’ame des spectateurs. […] Les danses graves & innocentes ont toujours été admises aux réjouissances publiques & aux spectacles, & elles ont paru même très-utiles pour l’éducation de la jeunesse chez toutes les Nations, pour perfectionner la vie civile.
Ce qui me touche beaucoup plus, c’est qu’en me plaçant au nombre des personnes que je n’ai point à juger, vous commettez une erreur beaucoup plus grave et contre laquelle proteste ma situation artistique autant que ma vie privée. […] La vie était grave, sévère, presque dure.
Il faut avouer cependant, en faveur des anciens danseurs, de nos premiers maîtres, qu’ils se sont distingués dans le genre grave ou sérieux, beaucoup plus que nous et que les Dupré, et Vestris père, ont été les modèles les plus parfaits de ce genre si vanté, et qu’ils ont eu très peu de bons imitateurs (voyez la note (I), pag. 79).
Il ne faut que voir danser une Entrée de Chaconne par Ballon, une Entrée des Vents ou des Furies par Blondy, une Entrée grave & sérieuse par Lestang, une de Paysans par Dumoulins, & la danse du Caprice par la Prevost, pour juger qu’on ne peut porter plus loin la perfection de la danse Théâtrale ; sans parler d’une infinité d’autres qui charment les spectateurs.
Les mots de grave et d’aigu, de prompt et de lent, de doux et de fort ; n’offrent que des définitions très imparfaites.
Je ne prétends pas dire non plus qu’on dût rassembler sept à huit cens mille âmes dans le même emplacement ; une telle fête n’offriroit que désordre et confusion ; des accidens graves en seroient les suites, et changeraient bientôt ce beau jour, en un jour de calamité et de deuil.
Cet art a frappé même les meilleurs esprits et les plus graves. […] de M. de Rancé, le réformateur de la Trappe, M. de Chateaubriand, s’arrêtant dans le récit de ces austérités chrétiennes, se mettait à saluer, d’un sourire jeune encore, la danse de Marie Taglioni, et ce nom-là, inattendu dans un si grave sujet, ajoutait une grâce nouvelle à ce livre tout rempli des plus austères et mélancoliques reflets.
Et quand Mme D. au milieu d’une danse grave, s’arrête tout à coup, lève le genou jusqu’à la poitrine et fait avec la jambe droite un pas lent d’un si beau caractère tragique… La Danseuse Oui.
Solon qui venoit de l’entretenir de l’utilité des tragédies lui répond ainsi : « j’ai vû jouer des tragédies aux fêtes des Bacchanales ; les tragédiens sont montés sur des éspèces d’échasses ; ils portent des masques énormes dont l’ouverture de la bouche est considérable ; il en sort avec fracas des mots graves et sentencieux.