Elle est une des plus necessaires pour bien danser, elle apprend à se tenir ferme, à tendre les genoux, & assujettit à cette regularité qui fait toute la beauté de cet Art.
De la danse naturelle de quelques élémens & animaux qui dansent au son des instrumens, indépendamment de ce que les Poëtes nous ont dit d’Orphée & d’Amphion.
Robinet, lettre du 10 mars 1667 Le grand BALLET IMPÉRIAL, Ballet que l’on danse à Cheval Et préparé selon les Règles Pour la SOUVERAINE DES AIGLES, Fut dansé, la première fois, Un jour du pénultième mois ; Mais IGNACE, l’amoureux SIRE, Ne partageant pas bien l’Empire Avec le Seigneur JUPITER, Il lui plut le déconcerter Par certaine fâcheuse Pluie, Qui mouilla fort la Compagnie, Qui chiffonna tous les Habits Couverts de Perles et Rubis, Qui défrisa blondes Perruques Qui couvraient quantité de Nuques, Détrempa Plumes et Capots, Sans doute très mal à propos, Et, d’une funeste manière, Fripa la petite Oie entière De ces Équestres Baladins, Ainsi que de leurs Guilledins ; Si bien que tel fut le dommage Que causa cet humide Orage Que, selon ce qu’on en écrit (Dont l’EMPEREUR fut moult contrit).
Dansez donc et soyez gai, dansez et laissez-vous aimer de votre cousine Effie ; dansez, et fi du rêve ! […] Pas une femme ne le danse et ne le dansera, comme elle le dansait. Nous avons vu, dans ce rôle presque impossible, Fanny Elssler toute animée du succès de la Cachucha, Fanny Elssler n’a jamais pu danser le pas du second acte ! […] *** Il y a dans Shakspeare un passage qui exprime assez bien l’effet produit par une de ces belles représentations de la Sylphide, quand mademoiselle Taglioni dansait de toute son âme et de tout son cœur : « L’air est rempli de bruits, de sons et de doux airs qui donnent du plaisir sans jamais nuire. » Mais personne ne saurait dire combien de douleurs mademoiselle Taglioni savait mettre dans le dénouement de son drame ; on eût dit l’agonie d’un beau lis ; elle mourait peu à peu, lentement, d’une mort aérienne, l’horrible sorcière regardant d’un œil narquois cette mort funeste.
Loret, lettre du 21 février 1660 Mollier, Esprit de bon aloi, Illustre Musicien du Roi, Par une agréable boutade, Fit un Ballet, ou Mascarade De Bergères et de Bergers,1 Qui ne craignant plus les dangers2 De la Guerre, qui tout saccage, Dansaient des Danses de Village ; Mais avec tant d’agilité,3 De grâce et de dextérité,4 Que les meilleurs Danseurs des villes N’auraient pas été plus habiles.
Le susdit Ballet harmonique, Allégorique, magnifique, A, durant des soirs, ou des nuits, Été dansé cinq fois depuis, Où Verbec, fille assez jeunette, Et, mêmement, assez brunette, A toujours enchanté les yeux Des spectateurs jeunes et vieux ; Et, sans parler par complaisance, On la tient la fille de France Qui fait ses pas du plus bel air, Et qui sait mieux cabrioler ; Je dis cela volontiers d’elle, Car quand je vois que l’on excelle En quelque art, ou profession, J’en parle avec affection, Et ce fut toujours ma coutume D’en donner quelque trait de plume.
Du menuet On a abandonné depuis longtemps le menuet, et il n’est plus d’usage dans les danses de société, cependant il renferme tous les principes de l’art ; et il est facile de démontrer qu’on ne peut parvenir à danser, je ne dis pas bien, mais même médiocrement sans s’y être appliqué : cette danse développe les membres, leur donne des contours gracieux, du moelleux et de la justesse dans les mouvements, de l’aplomb et du soutien dans l’équilibre du corps ; et si la plupart des danseurs ont des attitudes forcées, des mouvements durs et un équilibre mal assuré, c’est qu’ils ignorent ou qu’ils n’ont pas assez pratiqué ces premiers principes ; aussi voit-on la plupart des danseurs modernes se placer comme des mannequins et se mouvoir comme des automates ; j’invite donc les amateurs à ne point le négliger ; il est très-important de s’appliquer à le bien apprendre, d’autant plus qu’il est à l’art de la danse ce qu’est l’a, b, c, à l’égard des mots et des discours.
Le masque a même la liberté de prendre la Reine du bal pour danser, quand ce seroit une Princesse du Sang, quoique non masquée ; comme je l’ai vû arriver dans un bal que le Roi donnoit à Versailles, par un masque déguisé en paralitique, & envelopé d’une vieille couverture, qui eut la hardiesse d’aller prendre Madame la Duchesse de Bourgogne ; elle eut aussi la complaisance de l’accepter, pour ne pas rompre l’ordre du bal : on sçut depuis que ce masque n’étoit qu’un simple Officier de la Cour ; cependant il n’en fut point blâmé, parce que c’est une licence que le bal masqué autorise. […] Cette action allarma encore M. de N … mais le mal n’alla pas plus loin, par la prudence du Roi, qui calma le ressentiment des Princes & des Princesses, du refus de l’entrée du bal ; desorte qu’ils sortirent sans se faire connoître, après avoir dansé autant qu’ils le voulurent. […] Athénée, Livre 5, parlant de la Danse, rapporte que Plancus Lucius Proconsul des Gaules, l’an 160 de Jesus-Christ, étant à Lyon, & voulant aller à un bal masqué, s’avisa de se déguiser en Glaucus Dieu Marin, que les Peintres représentent comme un monstre marin, ayant une grande queue de poisson : il y dansa sur ses genoux & d’une maniere fort extravagante ; ce qui augmenta la curiosité de l’assemblée, pour sçavoir qui il étoit : il s’attira par l’indécence de ce déguisement, le mépris des principaux Officiers de l’armée des Gaules, dont il étoit le Général. […] Il dit qu’un fameux Peintre nommé Hecmokerke mourut à Harlan l’an 1574, âgé de 76 ans, sans heritiers, & que ne sçachant à qui laisser un bien considérable qu’il avoit amassé par son travail, il s’avisa, pour éterniser sa mémoire, de faire une fondation pour marier un garçon & une fille de son Village, deux fois l’année, à perpétuité ; à condition que le jour des noces, le marié, la mariée, & tous les conviez viendroient danser à l’entour de sa fosse, avec six violons & six haubois, sur laquelle fosse il y a une grande croix de cuivre, pour marquer la Religion du Fondateur : il assure aussi que depuis le tems de cette Fondation, l’exécution n’en a point été interrompue, bien que les habitans du lieu ayent changé de Religion ; ce qui marque la vénération qu’ils ont pour la mémoire de ce fameux Peintre natif de leur Village, dont il portoit le nom, qui est mort bon Catholique.
Tout ceci nous prouve le résultat naturel des causes qui ont d’abord poussé les hommes à danser. Maintenant ces causes sont oubliées et on ne pense plus qu’il faille une raison pour danser. […] je ne peux pas danser sur cet air-là. » Et, pour danser avec une musique nouvelle, la danseuse doit apprendre des pas convenus qui s’adapteront à cette musique.