Ils le peuvent d’autant plus facilement, que toutes les vérités ont cela de commun, qu’on trouve toujours quelques raisons, au moins apparentes, pour les combattre ; et quelque foibles que soient ces raisons, on les saisit avec empressement pour avoir quelque prétexte de ne pas se rendre à des vérités qu’on n’aime pas, et pour continuer à se croire permis ce à quoi on ne veut pas renoncer. […] J’ai cru devoir mettre ici un extrait de ce discours, dans l’espérance que j’ai conçue que l’autorité de ce grand docteur de l’Eglise, qui a souffert pour elle tant de travaux, et la force des preuves et des raisons qu’il allégue, pourroient faire revenir de leurs préjugés plusieurs de ceux qui approuvent et reçoivent sans examen tout ce qui, flattant les passions, est embrassé par le plus grand nombre et soutenu par la coutume. […] N’ayant pas reçu , dit le saint apôtre, et aimé la vérité afin d’être sauvés , c’est pour cela que Dieu leur enverra une séduction si efficace, qu’ils croiront au mensonge ; afin que tous ceux qui n’ont pas cru la vérité et qui ont consenti à l’iniquité, soient condamnés . […] En vérité, Monsieur, si je n’avois pas l’honneur de vous connoître, je croirois qu’en me faisant une telle question, vous ne parlez pas sérieusement, et que vous ne songez qu’à vous divertir. […] Je suis persuadé, Monsieur, que ce ne sera pas vous qui oserez blâmer la conduite d’un pasteur qui connoissant le foible de ses paroissiens, et ayant expérimenté qu’ils ne sauroient s’exposer à un tel péril sans s’y perdre, et qui voit même peut-être qu’ils y ont commis des crimes grossiers, croit devoir exiger d’eux qu’ils se mettent, par une pénitence sincère, en état de recevoir l’absolution avant que de la lui demander.
Aussi Monsieur, le travail le plus opiniâtre n’offre-t-il aux plus grands Artistes qu’une lumiere souvent importune qui les éclaire sur leur insuffisance, tandis que l’Ignorant satisfait de lui-même au milieu des ténebres les plus épaisses, croit qu’il n’est absolument rien au-delà de ce qu’il se flatte de savoir. […] Dorval (c’est le nom de l’Etranger) croit reconnoître à l’approche de cette chaloupe sa sœur & son ami. […] il croit à peine ce qu’il voit, il ne peut se persuader qu’Inès vive encore, & doutant de son bonheur il exprime tour-à-tour sa surprise, sa crainte, sa joie, sa tendresse & son ravissement ; il tombe aux genoux de sa maîtresse qui le reçoit dans ses bras avec les transports de l’amante la plus passionnée. […] Tels sont, Monsieur, la plupart des hommes qui se livrent au Théatre ; ils se croient tous parfaits ; aussi n’est-il pas étonnant que ceux qui se sont efforcés de leur dessiller les yeux, se dégoûtent & se repentent même d’avoir tenté leur guérison. […] Je crois, Monsieur, que celle que je viens de vous montrer dans une perspective éloignée, porte un caractere, auquel l’humanité ne peut être insensible, & qu’elle est en droit d’arracher des larmes & de remuer fortement tous ceux dont le cœur est susceptible de sentiment & de délicatesse.
Elle devint toute pâle, mais je n’avais plus le choix et c’était le seul moyen d’en finir, même si cela devait briser mon cœur qui battait si fort que je le crus sur le point d’éclater. […] Il me regarda, un sourire erra sur ses lèvres, un peu ironique, et il dit : — Alors vous croyez que vous êtes une artiste ? […] Je ne comprenais pas un mot et personne autour, de moi, je crois, ne comprenait davantage. […] Je croyais voir son âme, sa vie, sa grandeur, elle m’absorbait dans sa personnalité.
Puisque je parle de ce secrétaire, je crois devoir lui consacrer quelques lignes, bien que je n’aie aucune raison de me souvenir d’elle avec plaisir. […] Elle avait toujours cru qu’elle en avait commandé davantage, et partait en commander à nouveau. […] Le statuaire Rodin nous montrera peut-être ses traits fins et ses yeux vifs au prochain Salon, car il est occupé présentement de faire le buste et, je crois même, la statue de la comédienne. […] Je crois bien que la Salomé de Loïe Fuller va ajouter une Salomé imprévue à toutes les Salomés que nous avons pu voir.
sont portés à juger de la nature du péché par leurs usages et par leurs coutumes, plutôt que par la malice de la convoitise, il arrive souvent qu’on croit ne devoir blâmer que ce que les gens de son pays et de son temps ont coutume de condamner ; et pareillement ne rien louer et approuver que ce qui est communément approuvé par ceux avec qui l’on est en commerce. » Mais est-ce là une règle bien sûre pour juger sainement des choses et pour se bien conduire ? […] Peut-être que si tous ne reçoivent pas bien ce que je me crois obligé de dire contre ces abus, au moins quelques-uns, quoiqu’en petit nombre, en profiteront ; et qu’ils aimeront mieux être raillés avec nous, que de se moquer et de rire de nous, mais d’un ris digne de larmes et des plus grands supplices… Je souffrirai donc de devenir l’objet des railleries de plusieurs personnes, pourvu que mon discours puisse porter quelque fruit ; et en effet, ne me rendrois-je pas moi-même ridicule et répréhensible, si, pendant que je vous exhorte à ne vous point mettre en peine de la gloire qui vient des hommes, j’étois moi-même attaqué de la maladie qui la fait rechercher, comme on la recherche quand on craint leurs railleries et leurs mépris ? […] « Je leur dis que la meilleure et la plus courte réponse que je pourrai faire à ceux qui parloient ainsi, étoit de leur dire : Otons au moins présentement ce qu’il y a si longtemps qu’on auroit dû ôter. » Ce saint, repassant sous les yeux de Dieu ses égaremens passés, gémit en particulier sur ceux dans lesquels les mauvaises coutumes l’avoient entraîné ; et en déplorant son propre malheur, il déplore en même temps celui de tant de mauvais chrétiens qui croient pouvoir faire innocemment ce qui paroît autorisé par la coutume, et qui par là se perdent sans y penser. […] Quelle erreur et quelle folie est cela, qu’une joie toute simple ne nous paroisse pas en être une, et que nous ne croyions nous bien divertir, que quand le péché accompagne nos divertissemens !
Un soir, mademoiselle François était en train de boutonner son maillot, lorsqu’elle sentit qu’il lui fallait accomplir ce que Gautier appelle, dans Pierrot posthume, je crois : Un travail fort pressé sur les vases étrusques… Il n’y avait pas de vases étrusques ! […] Chacun se croit le préféré. […] si j’avais su que votre projet était de m’entraîner dans l’abîme où tant de camarades… Laissez-moi, monsieur… Votre conduite est indigne… Et moi, qui avais la faiblesse de vous croire meilleur et plus loyal que les autres ! […] Entre autres préjugés, on croit généralement que le pied de nos héroïnes, ce pied, qui, dans le chausson, paraît si élégant, si cambré, si mignon, ne présente au débotté, qu’un affreux entassement de cors, de durillons, d’oignons, d’œils de perdrix ; qu’il est informe, exsangue, racorni, — couvert de cals, d’enflures et de végétations, — avec des doigts recroquevillés qu’un ergot affûte ou qu’un sabot évase… Il n’en est rien.
Je ne parle ici que de celle qui l’est, de celle, pour désigner par un seul trait, que la mauvaise voudrait faire croire ridicule.
La plupart croient en savoir assez pour s’ériger en docteurs, pour décider en maître, et comme des gens consommés dans la science de la religion, que ce qu’il y a de plus criminel ou de plus dangereux est permis.
Il faut croire que l’hommage ne fut point dédaigné, car aussitôt Gentz se sentit encouragé à faire un nouveau cadeau. […] Cependant, s’il est prudent de faire une certaine part à l’exagération, il est permis de croire qu’il restait encore bien assez d’ardeur véritable. […] « Jamais, fût-ce dans les circonstances les plus douloureuses, on ne doit croire à l’impossibilité d’un retour des heures sereines. […] Il n’a pas voulu croire à ce miracle de l’affection fidèle d’une jeune danseuse pour un viveur usé. […] Il faut l’en croire. » Fanny Elssler ne trahit Gentz ni pour le duc de Reichstadt ni pour un autre.