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73. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 21 février : Mascarade de Bergers et de Bergères — Lettres en vers à Madame de Loret — Loret, lettre du 14 février 1665 »

Monsieur, avec sa belle Suite, Par les Grâce mêmes, conduite Et Madame, pareillement, Du Bal, le second Ornement, Vinrent en Bergers et Bergères, Revêtus d’étoffes légères, Et d’habits assez peu dorés, Mais si superbement parés De rubans de toutes manières, De houlettes, de panetières, Que, certes, le beau Céladon, Qui, de charmer, avait le don ; Que, certes, l’amoureux Sylvandre, Pour qui Diane eut le coeur tendre, Que Dorinde, Astrée et Philis, Aux teints de roses et de lys, Stelle, Hylas, Tersandre et Madonte, Dont tant de choses l’on raconte, Dans le plus fort de leur beauté, Assurément n’eussent été Auprès de ces rares Personnes, Que des chiffons et des chiffonnes.

74. (1881) Albine Fiori « Albine. Le dernier roman de George Sand — Septième lettre. Juste Odoard à Mlle de Nesmes. » pp. 446-448

Je ne pense pas qu’il m’ouvre jamais les profondeurs de son cœur meurtri, car il me paraît esclave d’un savoir-vivre à toute épreuve, et la crainte d’attrister les autres semble dominer chez lui tout besoin d’épanchement. […] Je te rapporte tous ces riens pour que tu juges par les préoccupations de l’homme, de l’aménité de son attitude et de la bonté de son cœur, d’autant plus évidente qu’il est plus timide à se montrer.

75. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre II. Objections tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 151-166

presque tout le monde dit dans son cœur : Heureux ceux qui rient et qui se divertissent ! […] « Un homme touché de Dieu jusqu’au fond du cœur, dit un célèbre interprète sur la danse de David, (M. d’Asfeld, concordance et explication des rois et des paralipomènes, tom. 4. p. 100 et suiv. […] Si on étoit de loin spectateur de toutes ces actions et de ces gestes, on en seroit d’abord étonné ; mais si, en approchant de plus près, on entendoit ses paroles, et si on pouvoit lire dans le cœur qui les dicte, on seroit attendri par le spectacle d’une religion si vive, si enflammée et si pure. […] Quoi, au contraire, de plus capable de faire perdre Dieu de vue, que les danses dont le moindre mal est une très-grande dissipation d’esprit et de cœur, où elles jettent ? […] C’étoient là des mouvemens de personnes touchées et émues d’une douce jouissance des bienfaits de Dieu ; et ce sont ici des danses, après des banquets, de personnes pleines de vin et de viande, ou de cœurs vains et folâtres.

76. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre VI. Objection : Il faut se récréer quelquefois. » pp. 179-187

Il parle néanmoins avec une toute autre douceur, lorsqu’il se fait entendre dans le cœur, et qu’il y fait sentir ce feu céleste dont David étoit transporté en prononçant ces paroles : (Ps. 38, v. 4.) […] S’il faut pour nous émouvoir, des spectacles, du sang répandu, de l’amour, que peut-on voir de plus beau ni de plus touchant que la mort sanglante de Jésus-Christ et de ses martyrs, que ses conquêtes par toute la terre, et le règne de la vérité dans les cœurs, que les flèches dont il les perce, et que les chastes soupirs de son Eglise, et des ames qu’il a gagnées et qui courent après ses parfums ? […] Les pécheurs (ceux qui aiment le monde) me racontent des fables, des mensonges et des inventions de leur esprit ; ou, comme disent les septante, ils me racontent, ils me proposent des plaisirs, mais il n’y a rien là qui ressemble à votre loi  ; elle seule remplit les cœurs d’une joie qui, fondée sur la vérité, dure toujours. » Je prie que l’on considère que ce n’est point ici une pure mysticité destituée de fondement, puisqu’elle est toute appuyée sur les saintes Ecritures.

77. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Le jugement de Pâris. Ballet héroïque. » pp. 171-182

Les Bergers et les Bergères s’empressent à féliciter Paris sur son retour au mont Ida ; ils l’accueillent, ils lui offrent des fleurs et des fruits ; ces hommages plaisent à son cœur ; il leur exprime sa reconnoissance et se mêle à leurs jeux(1). […] L’ordre qu’il a transmis à Paris, inquiéte et embarrasse le Berger ; il ne peut sans danger désobéir au Maître du Tonnerre ; et en lui obéissant, il s’expose au courroux et à la vengeance de deux Déesses ; cette cruelle alternative porte dans son cœur le sentiment de la crainte et du désespoir. […] Son cœur vivement ému ne voit qu’Hélène, ne palpite que pour elle ; Vénus et l’Amour lui en promettent la possession.

78. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XI, une visite chez rodin » pp. 118-123

« Je suis bien au-dessous de ce que je devrais dire de cette grande figure ; ma parole est peu préparée pour cela, mais mon cœur d’artiste lui est reconnaissant. » Moins certes que je ne le suis moi-même à l’homme qui a écrit ces lignes. Mais je suis heureuse, surtout, d’avoir pu réunir, dans une même page, les noms de deux maîtres de la forme, qui m’ont profondément émue et que je vénère affectueusement dans le fond de mon cœur.

79. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 29 juin. Le gala Karsavina. »

Vous saviez à quel point nous tous vous portons dans nos cœurs.

80. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VIII. » pp. 129-194

L’Opéra n’est fait que pour les yeux & les oreilles ; il est moins le Spectacle du cœur & de la raison, que celui de la variété & de l’amusement. […] Tircis abandonné, Tircis méprisé, peint son trouble & sa douleur ; bientôt la jalousie & la fureur s’emparent de son cœur : il s’y livre tout entier, & il m’avertit par sa retraite qu’il court à la vengeance, & qu’il veut immoler son rival. […] Cette agitation est suspendue, cette indécision cruelle cesse : un instant de réflexion fait triompher dans son cœur l’amitié ; il s’arrache enfin de Thémire pour voler à Tircis. […] Les deux pas de trois sont l’image de la Scene dialoguée dans deux genres opposés, & le Ballet en action qui termine ce petit Roman intéressera toujours très-vivement tous ceux qui auront un cœur & des yeux ; si toutefois ceux qui l’exécutent ont une ame & une expression de sentiment aussi vive qu’animée. […] Dumesnil, Actrice, qui remuera toujours infailliblement les cœurs sensibles aux accents & au cri de la nature.

81. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre V. Objection : On n’a pas été tenté dans les Danses. » pp. 177-178

Mais je demande : veille-t-on assez sur son cœur pour s’apercevoir de tout le mal qui s’y passe ?

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