Les Egyptiens en furent les inventeurs : par des mouvements variés, des pas assortis, et des figures bien dessinées, ils représentaient sur des airs de caractère l’ordre, le cours des astres, et l’harmonie de leur mouvement. […] Ces danses étaient au reste de trois espèces ; la grave qui répondait à nos danses terre à terre ; la gaie qui avait un grand rapport à nos gavotes légères, à nos passe-pieds, à nos tambourins ; enfin la grave et la gaie mêlées l’une à l’autre, telles que sont nos chacones et nos autres airs de deux ou trois caractères. […] Les jeunes garçons doublaient les pas qu’ils faisaient dans cette danse, tandis que les jeunes filles ne les faisaient que simples ; et voilà toute la magie des deux mouvements différents des uns et des autres en exécutant le même air. […] Les danseurs étaient vêtus de corselets ; ils avaient la tête armée de morions dorés, des sonnettes aux jambes, et l’épée et le bouclier à la main : ils dansaient ainsi avec des contorsions guerrières et comiques, sur des airs de ces deux genres. […] Telles sont nos sarabandes, nos grands airs de caractères que nous appelons danses nobles et terre à terre.
Les familles s’unirent, pour multiplier les Acteurs et le plaisir ; mais l’Assemblée en devenant plus nombreuse, prit un air de Fête, dont les égards, la bienséance et l’orgueil s’établirent bientôt les arbitres suprêmes. […] On n’y trouvait alors, comme de nos jours, que beaucoup de pompe sans art, un grand faste sans invention, l’air de dissipation sans gaieté. […] Ils se ressentaient de cet air de grandeur qu’il imprimait à tout ce qu’il ordonnait ; mais il ne fut pas en son pouvoir de les sauver de la monotonie.
Dire que les soldats Lacédémoniens alloient au combat en dansant est une erreur de mot ; il seroit plus juste de dire qu’ils y alloient en marchant au bruit d’une musique guerrière ; qu’ils régloient leurs pas au mouvement de la mesure et des airs ; qu il y en avoit la lents, de vifs et d’accélérés : chaque mesure de ces airs variés, fixoit le mouvement du pas des soldats ; car l’air qui indiquoit l’attaque n’étoit pas le même que celui qui commandoit la retraite : marcher en mesure n’est donc pas danser.
Le Rythme est ce qui distingue plus sensiblement les compositions musicales ; parce que les combinaisons diverses et infinies des différents temps que la musique emprunte du Rythme avec une grande variété, produisent les différences sensibles d’un air avec un autre, ou de tel ou tel autre motif, d’une pensée, d’un trait, du sujet, sous quelque dénomination qu’on veuille les placer, ce qui a fait dire à Virgile « Qu’il se rappellerait bien l’air s’il avait, les paroles présentes à l’ esprit. » Avec ce Nombre ou Rythme (que nous réglons par la mesure), les danseurs peuvent, sans avoir besoin de l’harmonie (c’est-à-dire du chant ou du son d’un instrument), exécuter leurs imitations.
C’est pourquoi je vais donner la maniere de les faire selon toute la propreté qu’ils doivent estre faits ; ainsi lorsque vous prenez votre demi-coupé, soit en avant, vous le pliez très-doucement, & vous vous élevez de même sur le pied qui a passé devant, les jambes bien étenduës : le corps se portant sur le pied de devant attire celle de derriere qui s’étend également, mais dans le même moment le talon du pied de devant se pose, & son genou se plie & la jambe qui est en l’air s’ouvre un peu à côté, & le genou, qui est plié en s’étendant rejette cette jambe en devant, en vous laissant tomber dessus en ne sautant qu’à demi, ce qu’on appelle demi-jetté, ce qui termine ce pas.
Il prend cependant un air assuré, et s’approche du Commandeur.
Et que Giraud9 et sa Compagne,10 Qu’un air grâcieux accompagne, Dans de favorables instants, Agréèrent aux Assistants !
D’ANJAU, Marquis fort martial, Pourvu du Régiment Royal, Et qui très joliment s’escrime De la Plume pour faire Rime, Par l’ordre du ROI fit les Vers, Un autre composa les Airs,58 Et ce Ballet eut neuf ENTRÉES, Qui de tous furent admirées, D’autant plus qu’en ce pressant Cas Tous les Danseurs firent leurs pas.
Les ployés dans toutes les positions, les grands et les petits battements, les ronds de jambe à terre et en l’air et les petits battements sur le cou-de-pied sont les exercices du danseur. […] Cependant après que l’élève sera parvenu à bien danser la leçon, il n’a pas encore atteint le but qu’il doit s’être proposé ; il faut, pour qu’il soit un danseur fini, qu’il cherche à perdre cet air d’écolier, qu’il aura nécessairement, en se livrant avec sûreté dans son exécution, et qu’il montre qu’il est passé maître ; il faut aussi qu’il cherche à plaire le plus qu’il pourra ; qu’il charme par la grâce, par un aimable abandon, par une danse toujours animée, expressive, qui entraîne le spectateur, et le ravisse délicieusement.