Pourquoi les œuvres serviles, bonnes de leur nature et permises en tout autre jour, sont-elles défendues les jours particulièrement consacrés au service de Dieu ? […] Et cette profanation des jours consacrés à Dieu, n’est-elle pas une sorte de sacrilége ? […] Les jours de dimanches et de fêtes étant consacrés à Dieu, comme une église, un autel, les habits et les vases destinés au sacrifice lui sont consacrés, pourquoi craint-on moins de les profaner par des danses incompatibles avec la sainteté de ces jours, et avec ce qu’on y doit faire pour honorer Dieu ? […] Que Dieu nous garde, mes Frères, de dire qu’ils observent le sabbat ! […] Dieu l’avoit défendu à son ancien peuple dans les termes les plus forts.
Or, telles sont les danses, et Dieu n’aura jamais pour agréable que l’on abuse des remèdes qu’il a ordonnés. […] Ç’a toujours été la coutume de venir à l’église, afin que là leurs mariages fussent sanctifiés par la parole de Dieu et l’oraison, que leurs promesses fussent comme déposées entre les mains de Dieu, que de sa bouche ils prissent les assurances de ses bénédictions. […] N’est-ce pas se moquer de Dieu, et avoir appelé l’Eglise et les anges pour être un jour témoins contre cette perfidie et cet abus des choses saintes ? Et quelle sera la bénédiction de Dieu avec ce mépris ? […] mais il faut devenir agréables, premièrement à Dieu, qui est là présent ; il faut aussi choisir des plaisirs qui ne causent point de dommage.
Toute écriture inspirée de Dieu, est utile pour instruire, pour reprendre, pour corriger et conduire à la piété et à la justice, afin que l’homme de Dieu soit parfait et disposé à toutes sortes de bonnes œuvres ? […] Combien, dans les danses contre lesquelles nous nous élevons, est-on éloigné de penser à chanter ainsi des hymnes à la gloire de Dieu ! […] Y est-on occupé, comme lui, de l’infinie grandeur de Dieu et de l’extrême bassesse de l’homme ? Quoi, au contraire, de plus capable de faire perdre Dieu de vue, que les danses dont le moindre mal est une très-grande dissipation d’esprit et de cœur, où elles jettent ? […] Le but de ces danses dont parle l’Ecriture étoit « de se réjouir en Dieu en lui rendant grâces ; ce que ne pouvoient faire des personnes si saintes, jouissant si saintement en la présence de Dieu, avec une sainte modestie et une gravité convenable.
Le fruit qui se peut tirer des meilleures choses dépend de la grâce de Dieu dont les jugemens sont impénétrables ; et la dépendance où nous sommes de la grâce pour faire le bien, doit-elle nous empêcher de prendre tous les moyens extérieurs qu’il est dans l’ordre de Dieu que l’on prenne pour le pratiquer ou pour le procurer ? […] Mais pourquoi vouloir mettre des bornes à la bonté et à la miséricorde de Dieu, et ne pas espérer que, par le secours de sa grâce, la lumière de la vérité pénètrera dans un plus grand nombre d’esprits et de cœurs ? […] D’ailleurs, nous savons que Dieu nous demande notre travail, et non le fruit de ce travail dont nous ne sommes pas les maîtres. […] Le ministre, chargé de planter et d’arroser, ne sait pas si son travail réussira, parce que c’est Dieu qui donne l’accroissement à ce qui est planté et arrosé : mais il n’est pas douteux que si le ministre ne travaille pas, il ne pourra pas recueillir ce qu’il n’aura pas semé. […] Ce que dit Jésus-Christ, demande qu’on mène sur la terre une vie plus resserrée et plus gênante ; mais c’est pour conduire à la jouissance des biens incompréhensibles et immuables, qui sont réservés dans le ciel pour ceux qui aiment Dieu.
Au reste, le vrai moyen d’attirer les ames à Dieu n’est pas de violer les règles selon lesquelles les ames doivent être conduites, mais de les porter à les observer fidèlement ; parce que c’est à cette observation que Dieu attache sa bénédiction sur le ministère. Et en effet, dans le petit nombre des conversions qui se font aujourd’hui, il est aisé de remarquer que pour l’ordinaire c’est par le ministère des confesseurs les plus instruits des règles et les plus attentifs à les suivre, que Dieu les opère : ils ont à la vérité la douleur de se voir souvent abandonnés de ceux à qui la sainte vérité de l’Evangile déplaît, et qui veulent être conduits par la voie large ; mais quant à l’exactitude et à la fermeté, les confesseurs joignent une grande charité et une grande douceur pour ceux qui leur résistent, et que leurs exhortations sont soutenues par des prières fréquentes et ferventes ; Dieu leur donne aussi de temps en temps la consolation de voir quelques-unes de ces personnes se repentir de leur résistance, céder enfin à la force de la vérité, les remercier de ce qu’ils ne la leur ont pas cachée, et de ce qu’ils n’ont pas eu pour elles une indulgence qu’ils auroient jugée cruelle, parce qu’elle les auroit perdus.
C’est donc manquer tout à la fois à ce qu’on doit à Dieu, et aux princes dont la puissance est une image et une émanation de la sienne, que de permettre, et, ce qui est encore pis, d’autoriser ces danses, et d’y aller, lorsque par la négligence de ceux qui ont le pouvoir de les empêcher, elles ont lieu dans une paroisse ; et cependant Jésus-Christ nous dit expressément : (Matth. c. 22, v. 21.) Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. […] Peut-on nier qu’on ne doive obéir à toutes les lois des supérieurs qui sont justes et qui tendent à la gloire de Dieu et au bien des ames ? […] C’est Dieu même qui, comme on l’a fait voir, a révélé dans ses Ecritures, et par la tradition constante des saints pères, que les danses ne peuvent que causer la perte éternelle de ceux et de celles qui les aiment, et qui ne veulent pas y renoncer. […] Est-ce là rendre l’hommage que l’on doit à la vérité infaillible de Dieu, qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper ?
Il fait qu’on ne peut voir, sans en être ému et sans la plus vive douleur, ce qui offense Dieu et ce qui perd les ames. […] Il y en eut près de cinquante, surtout des domestiques d’Erchinoald ou Archambaud, maire du palais, qui se trouvèrent ainsi à la discrétion du démon, et apprirent aux autres à craindre les jugemens de Dieu dans ceux de son Eglise. […] Dieu est patient parce qu’il est éternel, et souvent il n’épargne en ce monde, que pour punir plus rigoureusement en l’autre. […] Il l’a gardé, et il l’a représenté en son entier : mais le Seigneur vouloit du profit ; car Dieu est, pour ainsi dire, avare par rapport à notre salut. […] Ayons soin de demander à Dieu des ministres ainsi remplis de la lumière et de la force de son Esprit.
Et quelle consolation fut-ce pour lui, lorsque Dieu bénissant son ministère, il eut le bonheur d’y réussir ! […] » Le cœur de ses auditeurs fut en effet brisé par la force et l’onction de ses paroles, à laquelle Dieu joignit l’onction intérieure de sa grâce. […] Il le finit en les menaçant que Dieu les frapperoit par la verge de fureur, s’il méprisoit ce qu’on venoit de leur lire. […] Aujourd’hui chrétiens, et demain païens : aujourd’hui religieux, et demain impies : aujourd’hui serviteurs de Jésus-Christ, et demain apostats et ennemis de Dieu. […] Mais surtout comment avec un peu de foi peut-on ne pas craindre de s’en charger devant Dieu, même sans commettre soi-même ces péchés, en prenant la défense des danses qui en sont la source ?
Dieu avoit protégé contre de pareils dangers Sara et Rébecca, aïeules de Dina, parce qu’il n’y avoit point de leur faute, lorsqu’elles s’y trouvèrent ; mais il ne protégea pas Dina, parce qu’elle s’étoit exposée contre son ordre à un danger qu’elle pouvoit et qu’elle devoit éviter. […] On ne peut être chaste que par une grâce spéciale de Dieu, de qui vient la chasteté comme toutes les autres vertus ; et le grand moyen d’obtenir cette grâce, c’est de la demander instamment à Dieu. […] Ce principe posé, je demande si les personnes qui vont aux danses, croient pouvoir par elles-mêmes et sans le secours de Dieu, conserver la chasteté, ou si, étant persuadées qu’elle est un don de sa miséricorde, elles se préparent aux danses par des prières qu’elles font à Dieu d’échapper aux piéges qui sont tendus de toutes parts à cette vertu ? […] Elles ne voient pas ces pièges, et la plupart ne sentent pas assez le prix de la chasteté, pour craindre d’y tomber ; mais je suppose qu’elles le craignent, et que pour éviter ce malheur il leur vienne à la pensée de se recommander à Dieu pour être en garde contre tout ce qui peut attaquer leur innocence : quelles prières seroient celles qu’elles feroient alors pour en demander la conservation, et quel effet auroient-elles devant Dieu ? […] Dieu veut bien nous aider dans les tentations qui nous arrivent par nécessité et que nous ne saurions éviter ; mais il abandonne aisément ceux qui les recherchent par choix.