à éveiller en vous, pour un instant rapide, le souvenir de votre vieil ami. […] Son désir était de rester seul et de s’enfermer avec les chers souvenirs de sa bien-aimée. […] « Vous vous souvenez, écrit-il à Rahel le 13 novembre, des plaintes que m’arracha l’an passé l’absence de Fanny. […] A ce moment-là, on s’en souvient, il écrivait à la comtesse Fuchs que, de cet éloignement, il espérait une victoire de sa raison sur son cœur. […] Il est possible que les recommandations d’un si puissant protecteur et, après sa mort, son souvenir aient aplani pour elle certaines difficultés.
Musset s’en souvenait encore douze ans plus tard, alors qu’il griffonnait ces vers sur l’album de la ballerine, engraissée et alourdie : Si vous ne voulez plus danser, Si vous ne faites que passer Sur ce grand théâtre si sombre, Ne courez pas après votre ombre Et tâchez de nous la laisser. […] Gustave Vaez célébrait ainsi cet événement : Taglioni, grande prêtresse De l’art grec aux chastes contours, Le rêve de notre jeunesse, Ce souvenir qui vit toujours, Cette sylphide à l’aile fine Qui voltigeait comme un brouillard, Cette bayadère mutine Agile comme un léopard, C’est bien elle ! […] On se souvient que, depuis Taglioni, la mode était aux gazes et aux mousselines. […] — Danse, Carlotta, danse, ripostait le maître de ballet, tu es trop jolie pour te faire chanteuse ; il y a déjà deux Grisi qui chantent, tu seras écrasée par la comparaison et plus tard par le souvenir.
IV Je me souviens qu’un soir, à l’issue d’une première représentation qui avait grandement marché, il lui passa par la tète un désir étrange.
L’Espagne conserve encore les restes du Géant à cent bras, et le souvenir de l’enlèvement des bœufs d’Érythée.
Je me permettrai ici, une réflexion, depuis Louis quatorze jusqu’a ce moment la scène Française s’est soutenue glorieusement, malgré les pertes qu’elle a essuyée ; les grands talens ont été succéssivement. remplacés ; quelques-uns à la-vérité ne l’ont pas été complettement ; on se souvient encore des le Kain, des Préville, des Claïron, et des Dumesnil ; mais les éfforts constants de ceux qui sont en possession de leurs emplois, sont près de les égaler ; leurs progrès augmentent chaque jour, et dans peu ils pourront atteindre à la perfection, et soutenir avantageusement la gloire de notre théatre.
Il avait promis à Fanny Elssler de la rappeler au souvenir des Parisiens pendant que les mers la sépareraient d’eux. […] Taglioni vous a pris la Cachucha, prenez-lui la Sylphide maintenant. » L’auteur de l’article fait observer que l’épreuve était dangereuse pour Taglioni, quand elle s’essayait dans un genre que Fanny Elssler s’était attribué, non sans éclat. « Elle avait à lutter contre des souvenirs d’hier, contre un certain engouement du public, encore sous l’impression des œillades agaçantes de la danseuse viennoise et de ce fameux mouvement de hanches dont on a tant parlé. » Le public, simpliste et routinier, avait classé les deux danseuses ; l’une était une Sylphide, l’autre une Andalouse ; il n’y avait pas à sortir de là. […] De Florence, où Fanny se trouvait en 1847, elle rapporta un autre souvenir fort précieux, un moulage de sa jambe. […] voilà ce qui résonne, ce qui vibre au fond de chaque cœur, ce qui remplit encore à présent les esprits, les yeux, les rêves, les souvenirs de Moscou tout entier. […] Hippolyte Hostein, Historiettes et Souvenirs d’un homme de théâtre, Paris, 1878, p. 147.
Avouez, Monsieur, qu’avec le secours de ces deux hommes célèbres, nos académiciens feroient aisément passer à la postérité le mérite des maîtres de ballets et des danseurs habiles dont le nom est à peine conservé parmi nous, et qui ne nous laissent, après qu’ils ont abandonné le théatre, qu’un souvenir confus des talens qui nous forçoient à les admirer. […] S’il dédaigne un pareil secours, il ne les composera de nouveau qu’avec plus de goût ; il réparera même les fautes qui pouvoient y règner, (car le souvenir de nos fautes est celui qui s’efface le moins) ; et s’il prend le crayon, ce ne sera que pour jetter sur le papier le dessin géométral des formes principales et des figures les plus saillantes ; il négligera sûrement de tracer toutes les routes diverses qui conduisoient à ces formes, et qui enchainoient ces figures ; et il ne perdra pas son temps à écrire les pas, ni les attitudes diverses, qui embellissoient ces tableaux.
Avouez, Monsieur, qu’avec le secours de ces deux hommes célebres, nos Académiciens feroient aisément passer à la postérité le mérite des Maîtres de Ballets & des Danseurs habiles dont le nom est à peine conservé parmi nous quelques lustres après eux, & qui ne nous laissent après qu’ils ont abandonné le Théatre qu’un souvenir confus des talents qui nous forçoient à les admirer. […] Lany, après avoir composé les Ballets d’un Opéra à la satisfaction du Public, soit obligé nécessairement d’en conserver ainsi l’idée pour les remettre cinq ou six ans aprés avec la même supériorité ; s’il dédaigne un pareil secours, il ne les composera de nouveau qu’avec plus de goût ; il réparera même les fautes imperceptibles qui pouvoient y régner ; car le souvenir de nos fautes est celui qui s’efface le moins, & s’il prend le crayon, ce ne sera que pour jetter sur le papier le dessein géométral des formes principales & des figures les plus saillantes ; il négligera sûrement de tracer toutes les routes diverses qui conduisoient à ces formes, & qui enchaînoient ces figures ; & il ne perdra pas son temps à écrire les pas, ni les attitudes diverses qui embellissoient ces Tableaux.